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Bodas de Sangre, le chant maudit de Garcia Lorca

“Mieux vaut mourir saigné que vivre avec du sang pourri”. le célèbre écrivain espagnol, soupirant éconduit de Salvador Dali, poète membre de la “Génération des 27” avec Antonio Machado ou encore Rafael Alberti, signe un succès de théâtre sur le funeste destin d'un mariage arrangé.

Cette pièce, proposée par Folio en version bilingue, aux allures de drame romantique du XIXe siècle est d'une singulière modernité dans les phrases, très brèves, définitives, vertigineuses aux accents presque durassiens.

Cette économie de moyen dans les dialogues est un peu contrebalancée par les interventions poétiques, peut-être un peu trop lyriques, de choeurs anonymes et même “la Luna” s'exprime sur ce drame, inspiré d'un fait divers qui poussa le poète, toujours engagé, à se faire dramaturge en 1933, quelques années seulement avant son assassinat par les franquistes.

L'intrigue est prenante, les tableaux se succèdent, implacables, sans l'ombre d'un doute sur le dernier rideau de sang qui va s'abattre sur les amants impossibles.

“Et moi je dormirai à tes pieds
pour veiller sur tes rêves.
Toute nue, surveillant la campagne,
(Tragique.)
comme si j'étais une chienne,
voilà ce que je suis ! Car je te regarde
et c'est ta beauté qui me brûle.”

Un chant éculé, désespéré, manichéen, sans nuance et sans issue. Les noces de sang, c'est beau ainsi, et pas autrement.

Qu'en pensez-vous ?
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Dans "Noces de sang" l'élément m'ayant interpellé est l'aspect symbolique de la lune . Dans le théatre de Lorca elle représente la mort,comme l'avertissement de la servante dans l'acte 2 premier tableau. Lorca utilise les avertissements de la servante comme celle des tragédies antiques. L'attraction entre l'amant leonardo et la fiancé est tellurique, il est soumis à un magnétisme qui les dépasse et ne peut que conduire à un destin tragique. le langage évoque dans cette piéce un rêve qui traverse les personnages et leur destinée.
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Despierte, la novia! Lève-toi, la mariée!
Le ciel est sombre à l'aube de la noce. La promise qui l'attend a été fiancée à l'homme qui a tué son frère. La mère du promis, elle, se souvient et ne pardonne pas.
L'atmosphère est déjà lourde à l'ouverture de la pièce, mais va s'obscurcir encore, inéluctablement, quand à l'issue de la noce la mariée s'enfuit avec celui qu'elle n'a pas cessé d'aimer.
Tout marque la tragédie dans cette pièce âpre comme une vallée sans eau: les mots sont durs et tranchants au milieu des chants des convives qui se transforment en cris, le climat devient insoutenable au point que l'on accueille la mort comme un soulagement.
Rien ne vaut de voir le spectacle vivant, mais le texte se tient également seul et ouvre à toutes les évocations grâce au talent de l'auteur, maître du climat.

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Une histoire d'amour passionnel contrarié, des vies difficiles à la campagne, des rivalités qui peuvent rapidement se terminer en coups de couteau et une fin funeste. On pourrait résumer à cela cette pièce, c'est déjà beaucoup de thèmes, mais ce n'est pas que cela. Car il y a l'écriture de Garcia Lorca, une forme de poésie et de lyrisme même si ce qu'il écrit est très dur - la mort n'est pas présente que de manière allégorique, ses propos sont assez clairs, et ceux de la lune cruels. Cela faisait longtemps que je voulais lire un livre de lui et je n'ai pas été déçue. J'aime son écriture. La pièce se lit très vite mais je pense peut-être la relire pour découvrir d'autres choses. Même si c'est court les sentiments sont bien décrits, les luttes intérieures des différents personnages et leurs douleurs bien retranscrites. Néanmoins j'aurais aimé plus d'approfondissement sur certaines raisons même si on les devine et c'était probablement volontaire de la part de l'auteur, de laisser la conclusion finale au lecteur.
Bref une pièce que je recommande !
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Noces de sang (Bodas de sangre en espagnol) : avec un titre pareil, pas de doute, vous savez que vous allez rigoler un bon coup.


Donc. Attaquons. García Lorca s'est servi d'un fait divers survenu en 1928, devenu le matériau de cette pièce écrite en 1932. Andalousie, terre sauvage, mère endeuillée : le drame qui va suivre est déjà en germe depuis bien longtemps dans la petite communauté où nous entrons. Dès le départ, la mère (qui n'a pas de nom, pas plus que la plupart des personnages), parle de couteau, de mort, de deuil. Elle voit déjà son dernier fils, qui va se fiancer, courir à la mort à la suite de son père et de son frère. On sent la malédiction peser dès le départ sur cette femme. Pourtant, elle veut préserver son dernier fils, elle veut des petits-enfants. Elle veut le préserver, peut-être, de fiançailles funestes (ce qu'elles ne seront bien entendu pas, je rappelle que le titre nous incite à penser que tout se passera très très bien). Elle cherche à apprendre quelque chose, n'importe quoi, sur cette fiancée mystérieuse, qui vit dans un lieu reculé, et dont on dit vaguement que c'est une fille bien. Elle interroge une voisine, qui n'en dit pas beaucoup. Car personne ne souhaite dire grand-chose dans cette pièce : les non-dits, les silences, les allusions sont pléthore.


Mais bien vite le lecteur est submergé (puisque les êtres humains ne veulent rien révéler) par des signes. Les chansons, le cheval qui galope dans la nuit, la chaleur écrasante, la poussière, les motifs du couteau, et, bien entendu, celui du sang, sont omniprésents. Et cette histoire qui semble se répéter inlassablement. Pas une histoire de vendetta qui n'en finit plus, comme chez Mérimée, mais une histoire plus ancienne, qui vient peut-être même de la nuit des temps. D'où, sans doute, l'absence de noms (excepté un), qui rend cette histoire intemporelle. La mère a vu son mari mourir, puis un de ses deux fils. Son dernier fils lui paraît bien parti pour suivre le même chemin. La fiancée aurait hérité de sa mère, dont on ne parle que par énigmes, une nature maudite. La cousine de la fiancée dit quant à elle clairement qu'elle est en train de revivre la même chose que sa propre mère. Vous l'aurez compris, Noces de sang, ce n'est pas juste une histoire de fiançailles et de mariage traditionnel arrangé qui tournent court, c'est une histoire de passion et de désir irrépressibles, de mort, de destin inéluctable. Même la Lune s'en mêle et y va de ses tirades - morbides, ça va de soi.



Je regrette que García Lorca ait un peu trop appuyé sur l'allégorie de la mort. On voit une mendiante apparaître, qui discute notamment avec la Lune, et on ne saurait se tromper sur son identité. Pourquoi, alors, avoir précisé un peu plus loin que la mendiante était la Mort ? On avait compris, quand même ! Mais surtout, j'ai eu la sensation de me heurter à certaines barrières. La première, c'est celle de la langue. J'ai lu la pièce en français, je n'ai pas eu accès à une version bilingue, et j'en ai été très frustrée, car j'avais la sensation qu'il me manquait quelque chose d'essentiel - on ressent souvent ça chez Shakespeare, entre autres, et assez souvent dans le théâtre, mais pas forcément à ce point. Il faut préciser que cette pièce est composée de façon très spécifique. Beaucoup de chansons traditionnelles, voire de danses, y sont insérées, et le changement de style est fréquent. On peut passer de dialogues qui passeraient pour réalistes à des passages carrément lyriques. Et ne pas connaître la poésie de García Lorca - ce qui s'applique à mon cas - n'aide pas vraiment non plus, pour le coup.


Noces de sang mériterait donc que je me remette sérieusement à l'espagnol et que je m'intéresse de plus près à l'auteur - sans parler de voir la pièce sur scène, ne serait-ce qu'à cause de la musique et des danses. Malgré ces inconvénients, je trouve que c'est une pièce qui vaut la peine d'être lue, même en français, et que l'écriture de cette critique m'a aidée, je pense, à l'appréhender.


Et puis, on ne le répétera jamais assez, qu'est-ce que c'est rigolo !



Challenge Théâtre 2020
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j'ai adore ccette piee comme les deux autres que j'ai pu lire du maitre un rythme soutenu, un suspense et des rebondissements une belle peinture sociale une velle decouverte de cet auteur!
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Quelque part dans l'Espagne rural du début du 20ème siècle, un jeune homme cherche à se marier à une jeune fille de sa campagne. Cette alliance intéressée, transaction financière ou investissement, devrait faire le bonheur des deux familles et pourtant... L'Amour, cet impossible trouble fête vient se mêler à la noce avec un mari volage épri de la donzelle, et la donzelle innocente trop prompte à brûler ses ailes pour des promesses de passions fougueuses...

Contente d'avoir lu ce texte pour ma culture personnelle, d'autant que le texte en espagnol a un petit côté bucolique qui jure de manière très ironique avec le contexte global. C'est surtout un texte très rythmé et imagé, ou tout est raconté et très peu de choses sont montrées.

Intéressant mais pas mémorable en ce qui me concerne.


Challenge Globe-trotteurs 2019
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Pourquoi dès l'ouverture ce sentiment confus d'une inéluctable tragédie qui se prépare ? La Mère - est-elle seulement nommée ? - porte le deuil de son mari et celui de son fils, tué par le couteau d'une famille rivale, « j'ai plongé les mains dans son sang, je l'ai bu, ce sang, c'était le mien », ces hommes qui suivent le vent, portés par la pulsion de mort de leur couteau andalou. Alors que les filles, qu'elle n'a pas eues « j'aurais aimé broder avec elles », c'est l'enracinement dans la terre familiale, l'instinct de vie, les naissances et la transmission.

Et c'est pourtant par une fille, une jeune vierge, l'épouse de son fils, que la tragédie se noue. le jour même des noces, noces de sang, bodas de sangre. Elle va s'enfuit pendant la fête avec son premier fiancé, emportés tous deux dans le galop d'un cheval, avec l'enchaînement tragique de la machine infernale de cet impossible amour. Elle restera dans la toute fin, seule debout, figée, hiératique, la robe tachée de sang devant les cadavres de ses deux amants, dans cette nuit de pleine lune, toujours pure, immaculée et vivante. Attendant sa sentence. Elle aura suivi elle aussi et jusqu'au bout, sa pulsion, la vie, les élans de son coeur mais va expier désormais, scandaleuse, déshonorée, déshonneur de son clan, objet de honte et de haine. Sanctifiée par sa p(P)assion. Pendant que le personnage de la Mort, dans ses oripeaux noirs, aura encore une fois, et comme toujours, triomphé.

Avec les mots superbes du poète Lorca. Magnifique.
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Cette pièce de Garcia Lorca nous présente l'archétype de la société andalouse traditionnelle. La vraie richesse, c'est la terre, travaillée durement sous un soleil de plomb. Cela, c'est pour les riches. Ils se marient entre eux; la femme apporte sa dot et accepte par avance sa fonction de "reproductrice" quasiment cloitrée. A part cela, pour les hommes, le moteur de leur vie, c'est leur honneur: les couteaux sortent à la première occasion...
Dans cette pièce il y a peu de personnages, dont on ne connaît pas toujours le prénom. "Le fiancé" va épouser "la fiancée", malgré certaines réticences de sa mère. C'est un mariage de raison. Autrefois Leonardo a voulu se marier avec la fiancée; mais cela n'a pas été possible, donc il a fondé une famille avec une autre femme. Le jour même de la noce, la passion resurgit avec violence entre la fiancée et Leonardo: ils s'enfuient ensemble. Evidemment, le fiancé veut se venger... la fin sera tragique.
Voici un théâtre qui plonge dans la réalité sociologique d'une Espagne archaïque, que le Garcia Lorca décrit magnifiquement. Mais le réalisme n'exclut pas (à l'acte III) un fort lyrisme, qui semble si naturel chez un poète comme lui.
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Le titre est révélateur. L'Andalousie des années 1930 : une mère doit marier son fils. Elle craint ce mariage car elle va se retrouver seule : elle a déjà perdu son mari et un fils assassinés à coups de couteau par la famille des Felix. Elle le craint aussi car la fiancée de son fils a déjà été fiancée à Leonardo issu de cette même famille qu'elle estime maudite. L'avenir lui donne raison car le soir du mariage, après la célébration des noces, Leonardo marié et la nouvelle mariée s'enfuient poussés par la fatalité. Lorca mêle les registres tragiques, poétiques et fantastique (dans le dernier acte surtout avec le dialogue de la Lune et de la Mort). Cette pièce rappelle les pièces grecques par la fatalité mais elle est bien située en Espagne où l'allégresse, la mort et l'honneur s'entremêlent.
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