Émouvant. L'un des meilleurs livres que j'ai lus.
Commenter  J’apprécie         20
C'est un récit de voyage mais où la plus grande partie du périple reste mystérieuse. Ainsi lorsque Narcisse est abandonné par son navire sur une plage d'Australie on ne découvre pas tout de suite sa destinée. Elle ne nous apparaît que beaucoup plus tard et nous ne voyons de lui que le résultat de ce qui s'est produit sur cette plage.
Petit à petit on découvre ce voyage intérieur qui est l'intégration à une nouvelle culture, à une nouvelle société. On découvre aussi le chemin inverse de celui qui retourne parmi les siens alors qu'il a tout oublié de ce qu'il était "avant".
C'est un récit étrange où on a l'impression de suivre deux personnages et non un seul. On découvre le Narcisse "civilisé" face aux indigènes d'Austalie en même temps que le Narcisse "indigène australien" face aux "civilisés". Et dans les deux cas ce qui frappe c'est l'incompréhension.
Le lieu le plus marquant est peut-être l'Australie sauvage, avec ses paysages grandioses , sa nature hostile mais aussi généreuse, ses habitants si vrais si authentiques et si durs. le présent du récit est lui ancré dans les cités, coloniales , urbaines, mais aussi les petits villages de France. Il y a un contraste entre une nature qui paraît austère et qui est en réalité riche et une société "civilisée" en apparence opulente mais en réalité aride.
On voit tout par les yeux de l'homme blanc . D'abord par le regard que porte Narcisse sur cette tribu qui le recueille, l'adopte puis par la façon dont Octave perçoit l'homme qu'est devenu Narcisse.
Octave est l'autre personnage fort du roman. Même s'il est attachant et généreux, il a parfois un mode de pensées un peu paternaliste. Mais on sent qu'il se remet en question, qu'il cherche le bien de Narcisse même s'il fait fausse route, (pendant un moment j'ai même espéré qu'il allait enfin prendre la seule bonne décision qui s'imposait!). On l'appréhende d'une façon totalement différente à la fin du récit avec le point de vue de sa soeur. Une vilaine voix a même murmurée à mon oreille: "et si elle avait raison...).
Par contre ici pas de récit simpliste avec un "bon sauvage" et un "méchant colon", la réalité est un brin plus complexe et on devine que la bonté ou son contraire sont plus affaire d'individu que de société.
Ce livre est un fabuleux voyage, il ne donne pas d'explications à ce que l'on voit ou perçoit, il nous laisse nous faire notre propre idée, apprendre , découvrir avec Narcisse.
Commenter  J’apprécie         20
Excellent roman sur la notion de différence. A acheter
Commenter  J’apprécie         20
Excellent roman, facile à lire.L'alternance des chapitres et des époques (au moment où le matelot se retrouve abandonné , et 18 ans plus tard lorsqu'il est ramené à la "civilisation" par Vallombrun) rythme agréablement la narration. le style épistolaire raffiné est délectable.
On découvre la force de l'instinct de survie et d'adaptation, et la toute-puissance du formatage de l'éducation.
seul bémol : le passage d'un temps à l'autre dans les lettres de Vallombrun à son Directeur est un peu perturbant (passé, présent...on ne sait plus s'il relate des faits ou si l'on est dans le temps de Narcisse)
Lisez vite ce roman, vous serez captivés !
Commenter  J’apprécie         20
juste adoré ce livre aussi délicat que philosophique, aussi romanesque que profond
Commenter  J’apprécie         20
Grosse déception !
Déception sur le plan narratif et littéraire, d'abord.
L'auteur suit parallèlement l'histoire de Narcisse, abandonné sur une côte australienne parmi les "sauvages", et d'Octave qui, dix-huit ans après, l'a ramené en France et a tenté de le ré-acclimater à la vie européenne tout en l'observant d'un point de vue scientifique pour le compte de la Société de Géographie.
Cette alternance, plaisante dans un premier temps, se met rapidement à tourner à vide : les lettres d'Octave au Président de la Société de Géographie sont de plus en plus répétitives car Narcisse reste mutique sur son passé et Octave n'a en fin de compte... rien à dire. Mais ce qui est le plus frustrant, c'est que la fin débouche juste sur du vide. Les deux histoires ne se rejoignent pas et s'éteignent sans éclat chacune de son côté : Narcisse disparait sans avoir rien raconté de sa vie parmi les "sauvages" et on ne sait même pas vraiment pourquoi ; Octave meurt et on comprend que rien de l'histoire avec Narcisse ne va lui survivre.
Alors, tout ça pour ça ? On a presque l'impression que l'auteur s'est lui-même lassé de son histoire et de ses personnages, au point qu'il les a laissés mourir "bêtement", comme pour en finir.
Déception et malaise sur le fond, ensuite.
Je rejoins sur ce point les nombreuses critiques lues sur Babelio qui reprochent à l'auteur le manque de réalisme de "ses" sauvages, sur lesquels il n'a même pas fait l'effort de se renseigner avant de les dépeindre dans son roman de manière cliché et négative. Cette espèce de paresse littéraire rend le livre peu crédible et souvent répétitif : aucune nuance dans la manière de vivre de cette tribu ni dans leurs comportements, chaque personnage étant finalement très peu incarné. Pourquoi, par exemple, cette vieille femme s'occupe-t-elle de Narcisse ? Qui est-elle ? Où trouve-t-elle l'eau ? Ces questions resteront sans réponse, car l'auteur ne s'est pas suffisamment intéressé à ce personnage pourtant central pour nous faire partager quoi que ce soit avec elle...
Au final, quel message l'auteur a-t-il voulu faire passer avec ce livre ? Interroger le rapport entre monde sauvage et civilisation ? Illustrer le racisme latent de l'époque (jamais remis en question ou contrebalancé par un élément positif venant de "ses" sauvages) ? Juste broder sur une histoire vraie qui l'a interpellé ? La lecture ne permet pas de trancher et cette ambiguïté, ce manque d'engagement de l'auteur dans son propre roman, est peut-être bien là ce qui draine le malaise et l'inintérêt avec lesquels on ressort de cette lecture. Vraiment dommage.
Commenter  J’apprécie         10