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sur 1078 notes
Narcisse Pelletier, un matelot français, n'a que dix-huit ans lorsqu'il se retrouve seul, abandonné sur une plage d'Australie par son équipage. le Saint-Paul a levé l'ancre sans lui, le laissant complètement démuni et livré à lui-même sur un territoire méconnu et hostile. Comment trouver de l'eau ? Comment se protéger des bêtes sauvages lorsqu'on a pour seule arme un simple canif ? La situation semble désespérée et ne laisse que peu de chances de survie au jeune homme, jusqu'à l'arrivée d'une vieille femme, noire comme l'ébène, qui va lui apporter son secours et lui faire une place dans sa tribu. Faute de mieux, Narcisse Pelletier n'a d'autre choix, s'il veut s'en sortir, que de suivre ce groupe de sauvages et d'apprendre avec eux les bases de la survie…

Ce n'est que dix-sept ans plus tard qu'un navire anglais le trouve, par hasard, et le ramène à Sydney. de son ancienne vie, Narcisse Pelletier a tout oublié, jusqu'à sa langue et son nom. Son corps est recouvert de tatouages et ses manières sont celles d'un sauvage. Celui que l'on surnomme dorénavant « le sauvage blanc », va être mis sous la tutelle d'Octave de Vallombrun, un explorateur français, qui voit dans ce cas insolite un objet d'étude et de découverte passionnant. Ensemble, ils vont tenter de réapprendre ce qui a été oublié et perdu afin de remettre en ordre les morceaux éparpillés de la mémoire du marin. Un travail de longue haleine qui risque de bouleverser tout le milieu scientifique…

Que dire, si ce n'est que ce roman, inspiré d'une histoire vraie, m'a réellement passionné ! A la fois récit de voyage et d'aventures, François Garde nous offre une analyse anthropologique absolument fascinante sur un cas isolé de survie, mais aussi et surtout d'intégration et d'adaptation à un milieu parfaitement étranger, puis de retour à un milieu autrefois connu mais complètement oublié ! A travers l'étude de Narcisse Pelletier, on pénètre également dans le monde scientifique et intellectuel français du XIXème siècle, dans lequel les découvertes, la morale et la religion sont au coeur des débats.

Le récit est construit en deux temps. D'un côté, on suit le drame de Narcisse au moment de son abandon, ses réflexions, son désespoir et son acclimatation à cette nouvelle vie. de l'autre, on découvre la correspondance d'Octave de Vallombrun avec le président de la Société de Géographie, à qui il fait part de toutes ses réflexions, ses doutes et ses analyses concernant son sujet d'étude. Deux voix se font entendre donc, qui s'alternent et viennent enrichir chacune le portrait de Narcisse Pelletier. La plume de François Garde est simple, mais prenante et redoutablement efficace. On se laisse complètement embarquer dans cette aventure au long cours à la fois captivante et édifiante ! Un Goncourt du premier roman amplement mérité !

Je remercie vivement Livraddict et les éditions Folio pour ce partenariat et cette passionnante découverte !
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En total accord avec les critiques littéraires, je trouve ce Prix Goncourt du premier roman amplement mérité.
Pour moi, ce fut un vrai bonheur que de suivre l'histoire de ce Narcisse Pelletier, matelot jeune et naïf, oublié par son navire dans un coin perdu d'Australie, en 1843.
L'écriture à la fois élégante et fluide m'évoque parfois un livre d'un autre siècle. Sa construction très originale fait alterner des chapitres qui racontent la rencontre de Narcisse avec une peuplade aborigène, avec la correspondance du scientifique Octave de Vallombrun, qui l'a recueilli,17 ans après son naufrage, échangée avec le Président de la Société de Géographie.
D'un côté, on assiste donc à la "dé-civilisation" d'un homme, désespéré au départ lorsqu'il prend conscience de son réel abandon, et à ses difficultés d'intégration au sein de cette tribu, qui l'accepte mais le relègue au rang des enfants. Viendra enfin la joie d'être intégré dans cette nouvelle communauté, une fois les us et coutumes compris.
De l'autre côté, 17 ans après, le retour à la civilisation se passera moins bien, malgré les efforts de son tuteur. Ce dernier espère, avec cette mission, être utile à la science mais ces idées modernes vont se heurter à l'incompréhension de ses pairs, de sa famille et à la mauvaise volonté de Narcisse qui refuse de raconter sa vie de naufragé car pour lui, "Parler, c'est comme mourir".
Ce roman a été une véritable bouffée d'air pur et c'est avec un clin d'oeil que je l'ajoute dans mes livres "à emporter sur une île déserte".
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Narcisse Pelletier, jeune marin Vendéen est abandonné sur une plage d'Australie encore inexplorée. Il faut survivre.
Il va chercher à découvrir ce nouveau territoire et sera bientôt pris en charge par une vieille femme qui l'emmènera auprès d'une tribu nomade locale.
Là, aucun des codes auxquels il est habitué ne subsiste et peu à peu les critères de sa civilisation vont voler en éclat les uns après les autres.

Recueilli dix-sept ans plus tard par un bateau Anglais puis un aristocrate voyageur Français, il semble avoir tout oublié, aussi bien de sa vie avant cet exil que de sa vie pendant son séjour avec cette tribu.
Démarre alors un réapprentissage de la vie, de notre civilisation. Mais malgré la volonté de chacun d'en apprendre plus sur les peuplades de l'Australie intérieure, il gardera une grande part de mystère.

Partant d'une histoire vraie, François Garde brosse un beau roman d'aventure, mais aussi une sorte d'interrogation sociologique voire philosophique sur les codes qui régissent nos relations.

C'est une lecture intéressante, passionnante et pleine d'enseignement.
Pas étonnant que ce récit ait obtenu huit prix littéraires dont le Goncourt du premier roman en 2012.
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Narcisse Pelletier, le "sauvage blanc" avait 18 ans quand il fut abandonné sur une plage du nord-est de l'Australie en 1858. Il y vécut pendant 17 ans avec une famille d'aborigènes, jusqu'à ce qu'il soit ramené contre son gré, à la "civilisation".
À partir de cette histoire vraie, François Garde nous a écrit un premier roman récompensé par plusieurs prix.

Dans le roman, Octave de Vallombrun qui a pris en charge Narcisse, relate son évolution dans des lettres destinées au président de la société de géographie, puis le récit alterne avec un narrateur omniscient décrivant les premiers temps de l'abandon de Narcisse et sa difficile adaptation parmi une tribu aborigène.
D'une vision toute personnelle et contestée par des spécialistes, François Garde reconnait n'avoir pas du tout étudié la réalité de la tribu ayant recueilli Narcisse. C'est une image fausse, pleine d'idées préconçues, exactement la vision de l'époque avec tous ses préjugés sur les "sauvages" qui est reproduite dans cette partie et qui aurait dû être placée plutôt, dans la bouche des scientifiques du XIX siècle.
L'histoire aurait été tellement plus intéressante si il y avait eu plus de réalité dans ces passages sur les conditions de vie de Narcisse avec les aborigènes. Dommage !

Dommage surtout, d'avoir encore à notre époque, une vision d'aborigènes laids, impudiques et violeurs.
Pour moi, ça enlève beaucoup à l'appréciation que j'aurais pu avoir pour ce roman qui sait être prenant, avec de bonnes idées comme sa construction qui symbolise bien les différences entre les deux cultures, la réflexion qu'il suscite sur les sentiments éprouvés par ce personnage qui, par deux fois, a du oublier sa vie précédente pour survivre dans la nouvelle.
J'espère que pour ses ouvrages suivants, François Garde s'est assuré de ne pas offenser un peuple ou l'Histoire.
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Narcisse Pelletier, matelot sur la goélette De Saint Paul, est abandonné sur les côtes nord est de l'Australie en 1844, alors qu'il est âgé de 18 ans. Il se retrouve dans une grande solitude. Recueilli par une tribu aborigène, il va peu à peu oublier son identité d'européen et adopter les coutumes et les moeurs de sa tribu adoptive.
Retrouvé par hasard 17 ans plus tard par un navire anglais, alors qu'il ramasse des coquillages sur une plage. Docilement, il se laisse capturer.
Le récit alterne habilement entre la vie de Narcisse avec la tribu aborigène et celle de son retour parmi la civilisation européenne, ce qui donne du rythme au roman.
L'abandon de Narcisse est émouvant. On imagine l'abime d'angoisse et de terreur dans lequel il est plongé. Tout lui est étranger dans cette tribu. Il n'en connait pas les codes, il ne peut communiquer. Et c'est sur ce point que son exil est atroce ; Ne plus pouvoir partager ses émotions avec l'autre.
Petit à petit il va oublier Narcisse, le matelot vendéen, et devenir Amglo, membre de la tribu qui l'a recueilli.
Refaisant le chemin inverse, de retour vers la civilisation européenne, il ne peut vivre, qu'en faisant abstraction de son passé parmi les aborigènes. Il reste muet sur cette partie de sa vie, au grand désespoir d'Octave de Vallombrun, qui est son tuteur. La démarche du vicomte est plus scientifique qu'affective. Malgré sa patience et ses efforts déployés pour lire en Narcisse, pour essayer de comprendre son évolution et son apprentissage, il se heurtera à un mur. Narcisse révèlera très peu de secrets.
Ce récit aurait été plus intéressant s'il n'avait pas été aussi empreint de clichés de la société scientifique du 19è siècle, nous montrant ces tribus aborigènes comme des « sauvages » laids et barbares, avec une vie culturelle limitée. Il aurait pu être mieux documenté sur l'histoire et la civilisation des aborigènes. Narcisse aurait pu réintégrer sa vie d'occidental en gardant les souvenirs d'Amglo. Pourquoi les deux personnages ne pourraient- ils pas cohabiter? Pourquoi Amglo devrait-il s'effacer, comme s'il était impropre à vivre parmi les hommes soi-disant civilisés ?
Ces deux cultures se valent. L'une n'est pas inférieure à l'autre et au contraire elles peuvent s'enrichir l'une de l'autre. Et de cette façon, le lecteur aurait pu bénéficier de l'expérience d'Amglo ; découvrir la richesse de la culture aborigène, découvrir dans ce qui peut nous paraitre étrange toute la beauté d'une culture humaine et certaines valeurs essentielles que l'on a perdu dans nos sociétés.





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Prenez un bon matelot charentais de 18 ans, larguez le sur une côte inhospitalière du nord de l'Australie, revenez le chercher 18 ans plus tard et étudiez son comportement : cela pourrait résumer une expérience anthropologique cruelle et déplacée mais c'est à peu près la véritable histoire de Narcisse Pelletier, matelot à bord de la goélette Saint-Paul en 1843, abandonné et déclaré mort par son capitaine, et retrouvé par hasard 18 ans plus tard sur la même côte, au milieu d'une tribu aborigène. Mais le « sauvage blanc » présente une énigme véritablement confondante pour la communauté scientifique car durant son séjour dans la tribu australienne, il a oublié sa langue, son identité et sa culture …
François Garde présente une version très légèrement romancée de ce fait divers qui défraya la chronique du 19e siècle et plongea dans la perplexité les scientifiques qui essayèrent de décrypter son aventure. Car bien évidemment, l'idée qu'on puisse « perdre » sa civilisation pour adopter les us et coutumes de sauvages n'ayant jamais vu d'homme blanc ne pouvait que paraître éminemment saugrenue à de doctes savants certains de la supériorité de l'homme blanc.
J'ai beaucoup aimé ce roman à la construction intéressante, aussi passionnant en ce qui concerne l'incroyable aventure de ce marin que le raisonnement passionné qui habita jusqu'à sa mort Octave de Vallombrun, l'ange gardien qui mit tout en oeuvre pour essayer comprendre Narcisse et le ramener à la civilisation.
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Si Daniel Defoe et son Robinson ont fait de nombreux émules en littérature, il n'est pas si fréquent de rapatrier le naufragé plus ou moins volontaire dans son milieu d'origine, 18 ans plus tard. C'est le parti pris de l'auteur, et l'occasion pour lui de disserter sur un sujet classique du type inné et acquis, rôle de la culture sur le développement de l'homme. Et il s'en sort avec brio :

La construction fait alterner les récits, histoire du matelot Narcisse Pelletier parmi les sauvages australiens, et compte rendu d'observation de Octave de Vallombrun qui l'a recueilli et rééduqué pour tenter de l'intégrer dans le monde qui était le sien avant l'avarie du vaisseau sur lequel il officiait. le lecteur en sait donc beaucoup plus que notre rapporteur qui se perd en conjectures face à l'évolution de Narcisse, qui semble avoir tout oublié de ses origines et reste muet sur ce qu'il a vécu au sein de la tribu qu'il a côtoyé

Bonne analyse des retentissements qu'ont eus ces explorations et découvertes du dix neuvième siècle sur la philosophie, la morale et la religion. Nous sommes à l'époque où Darwin a publié son célèbre " de l'origine des espèces" remettant en question bien des dogmes fondateurs de notre civilisation.

Le style est une bonne copie d'écrits de l'époque, qui donne un air d'authenticité pas désagréable du tout.

Salué par la critique, prix Goncourt du premier roman 2012, ce roman qui offre bien du plaisir en peu de pages mérite le détour
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Jeune marin de dix huit ans à bord du Saint Paul, Narcisse Pelletier à été abandonné après s'être éloigné de l'équipage, en recherche d'une source d'eau dans une baie du Nord-est de l'Australie. D'abord confiant - il ne doute pas que le navire va revenir rapidement le chercher - il voit ses espoirs faire vite place à l'angoisse et la peur quand, après quelques jours sans boire ni manger, il doit se résoudre à subsister par ses propres moyens. Il va être recueilli par une tribu aborigène d'une cinquantaine de personnes et restera à leurs côtés pendant dix-sept ans.

Ce qu'il advint du sauvage blanc est le récit imaginé du destin d'un jeune homme de dix-huit ans, abandonné sur la côte nord-est de l'Australie et qui y restera dix sept ans avant d'être ramené de force dans son pays natal, la France, ayant oublié sa langue, accueilli par une famille qui avait fait son deuil et qui doit réapprendre à vivre dans une civilisation qu'il a quitté adolescent.
François Garde livre un roman alternant les premiers pas du jeune homme dans une terre hostile qu'il devra apprendre à connaître, et le récit d'Octave de Vallombrun, un explorateur qui va se charger de ramener le sauvage blanc après dix sept ans passés avec le peuple des plages sablonneuses.
Ce qu'il advint du sauvage blanc rapporte une aventure extraordinaire, peu connue et qui aurait pu faire l'objet d'un roman d'aventure encore plus poignant si l'auteur s'était un peu plus renseigné sur le vrai passé et les péripeties de ce jeune homme. Des informations existent quant à ce destin extraordinaire d'un homme abandonné dans une baie australienne, mais l'auteur a préféré imaginer le passé du jeune homme, s'éloignant souvent de la vérité.
Ce bémol mentionné, cela reste un roman intéressant surtout sur un sujet méconnu, sur les réflexions de solitude, la mentalité colonialiste, la supériorité revendiquée de la société européenne, les volontés de conquêtes de territoires, la recherche scientifique qui s'oriente nouvellement vers l'ethnologie pratiquement inexistante et les querelles intestines dans les sociétés savantes (ici la société de Géographes)
Un roman intéressant mais à lire avec quelques réserves sur la véracité des faits.
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Narcisse Pelletier est un jeune matelot français. Il a 18 ans quand, pour une raison inconnue, la goélette Saint-Paul sur laquelle il a embarqué le laisse à terre après une mission de ravitaillement. « Ce n'était pas un abandon délibéré, une trahison qui le visait personnellement, mais la conséquence d'une situation périlleuse. » (p. 15) C'est en tout cas ce que Narcisse préfère croire. Seul sur une plage d'Australie, il est d'abord persuadé que le navire va faire venir le chercher, mais les jours passent et aucune voile ne se montre au large. Alors qu'il est sur le point de mourir de soif et de faim, il rencontre une tribu de sauvages. Désormais, sa survie dépend de ces humains à la peau sombre, nue et tatouée.

Près de vingt ans plus tard, un navire anglais le retrouve et l'emmène à Sidney. Il est pris en charge par Octave de Vallombrun, membre de la Société française de géographie, qui est fasciné par cet homme revenu à l'état sauvage et ayant oublié sa langue. « Il y a deux personnages en lui : un matelot enfermé au cachot depuis des années et qui lutte pour en sortir ; et un diablotin sauvage qui bataille pied à pied pour l'en empêcher. » (p. 123) Pendant des mois, avec patience et curiosité, le savant ramène Narcisse vers la civilisation. « Il n'apprend pas notre langue comme le ferait un nourrisson ou un étranger : il la retrouve en lui. Il redécouvre ce qu'il a toujours su, puis oublié sur des plages australiennes. » (p. 78) Octave de Vallombrun transmet toutes ses observations, ses petites victoires et ses déconvenues au président de la Société de géographie dans de longues lettres détaillées. En dépit de son travail et de sa patience, Octave se heurte toujours aux mêmes mystères : pourquoi Narcisse a-t-il été abandonné sur cette plage et quelle a été sa vie chez les sauvages ? Autant de questions auquel le sauvage blanc refuse de répondre, rendu muet par un tabou inexplicable.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, notamment pour sa construction en chiasme. D'une part il y a le récit à la troisième personne des errances de Narcisse, de l'autre il y a les lettres d'Octave de Vallombrun. le premier expose l'avancée progressive de l'homme vers le sauvage et les secondes présentent le retour du sauvage vers l'homme. Mais il serait naïf, voire crétin, de penser que la civilisation n'est que ce Narcisse a perdu en débarquant sur la plage sauvage et ce qu'il retrouve au contact d'Octave. Au fil du récit, il devient de plus en plus évident que Narcisse a été en contact avec une culture qui n'est sauvage que parce qu'elle se contente de ce qu'offre la nature. Auprès des sauvages et, ensuite, auprès d'Octave, Narcisse se fait une éducation à rebours de la culture qu'il connaissait, ce qui suppose des abandons douloureux et explique le silence du naufragé. « Mourir de ne pas pouvoir penser à la fois ces deux mondes. Mourir de ne pas pouvoir être même temps blanc et sauvage. » (p. 350) C'est comme si Narcisse avait cessé d'exister en tant que Narcisse pendant 20 ans : devenu le sauvage blanc, il ne se reconnaît plus et c'est ce hiatus identitaire qui sert malheureusement de base à la reconstruction de la personnalité de l'ancien matelot.

Le roman de François Garde se présente comme le récit de voyage d'un grand explorateur. Il en a l'accent et la puissance. le titre, que je trouve d'une singulière beauté, embarque immédiatement le lecteur vers une époque où le monde était encore à découvrir, quand toutes les cartes n'étaient pas encore dessinées. Entre robinsonnade et mythe du bon sauvage, François Garde a créé un nouveau type de personnage qui, comme un pendule déréglé, ne sait plus où est son point de départ. « Aucun, pour tout dire, n'a ainsi adopté entièrement les moeurs et la langue des sauvages. le cas d'un jeune homme blanc, devenu complètement sauvage, oubliant entièrement ses origines, semble sans précédent. » (p. 272)

C'est sans hésitation que je vous conseille ce roman très humain qui soulève des questionnements qui ne cesseront jamais d'être d'actualité.
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Je ne reprendrai pas le terreau non fictif d'où a germé ce roman captivant à mon sens, car il est déjà bien résumé sur la quatrième de couverture.

C'est la très belle écriture délicate précise et jamais redondante de son auteur (multi-récompensé) qui fait de ce texte à l'histoire plutôt classique
( retour à la nature puis à la civilisation du matelot Narcisse Pelletier ) une jolie pépite et un vrai coup de coeur.

Dans son horizon illimitée où ses appels à l'aide se perdent dans l'écho, le personnage central ne se doute pas que son calvaire va durer. Mais ses plus grandes souffrances résideront-elles en Australie, parmi les aborigènes, ou bien après, à son retour ?

Quelques années plus tard Octave de Vallombrun, en sa qualité de membre correspondant de la société française de géographie, cherche dans le Pacifique un vaste champ d'expériences pourtant rendues difficiles par la compétition religieuse ( protestants catholiques ) entre les colons ou entre les scientifiques européens qui séjournent sur place. Réalité très bien décrite et passionnante.

La rencontre entre lui et Narcisse bouleversera son existence et ses certitudes humaines. Comment creuser au coeur des anciennes connaissances dans les plus bas tréfonds de la mémoire quand la communication verbale se joue de vous ?

J'ai plongé allégrement dans cette histoire romancée mais en partie vraie, car François Garde explore les questions que soulève la vie culturellement divisée de Narcisse Pelletier. Bien que l'essentiel du roman s'appuie sur la biographie du marin, l'auteur a choisi d'y mettre son grain littéraire, et notamment les moments de la vie dans le nord-est de l'Australie avec un groupe aborigène ; dans un chapitre sur deux, ce qui donne un rythme à la fois tonique et surprenant au récit.

Un livre tout à fait épatant à mon sens, tant dans la forme que dans le fond.

Lien : http://justelire.fr/100-refl..
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