Lune captive dans un oeil mort

- Quelle horreur ! Je ne peux pas me supporter en photo.
Les autres la rassuraient d'une même voix :
- Pas du tout. Vous êtes très bien. C'est la lumière, le flash ça écrase.

Nadine pointait l’index sur un coin de gazon. L’œil droit de M. Flesh, imperturbable, poursuivait son bras de fer avec la lune.

- Les églises !... Quand on en a vu une, on les a toutes vues. Après avoir visité Saint-Pierre, à Rome... Vous connaissez, Martial ?
- Non. Ce doit être quelque chose !
- C'est grand, foutrement grand ! Du marbre ! De l'or ! En veux-tu en voilà ! ça c'est une église ! Alors l'abbatiale de Saint-Glinglin, qu'est-ce qu'on en a à foutre ?...

Ça va péter... Ça finit toujours par péter, tout, même le ciel criblé d'étoiles que c'est plus rien qu'un grand rideau mité, un cache-misère avec l'autre cyclope qui nous mate au travers. Il avait raison, le lieutenant Bardu : " La vie c'est ce putain de champ de mines, personne n'en sortira vivant.

Martial posa son arrosoir. Il était à peine 9 heures et déjà il faisait chaud. Il avait l'air un peu con ce palmier. Il lui rappelait ce jeune grouillât au ministère que tout le monde appelait Gaston, un grand benêt toujours dans la lune avec un long cou. Personne n'y avait quand on avait appris qu'il s'était fait arrêter pour attaque à main armée. Comme quoi...

Oui, c’était comme de vivre en vacances, à la différence près que les vacances avaient une fin alors qu’ici il n’y en avait pas. C’était un peu comme s’ils s’étaient payé l’éternité, ils n’avaient plus d’avenir. Preuve qu’on pouvait s’en passer.

Odette, elle, colonisait les lieux avec une détermination de missionnaire. (p. 14)

Ce n’était pas à cause de la température de l’eau, simplement, nager l’ennuyait. On n’allait jamais nulle part en nageant et il fallait constamment agiter bras et jambes pour ne pas couler. Il n’y avait rien à voir que du bleu, dessus, dessous, c’était con.

Une fourmi sortit d'entre deux dalles. Tricotant des antennes, elle semblait hésiter sur le chemin à prendre. Marlène posa le pied dessus.

Oui, c'était comme de vivre en vacances, à la différence près que les vacances avaient une fin alors qu'ici il n'y en avait pas. C'était un peu comme s'ils s'étaient payé l'éternité, ils n'avaient plus d'avenir. Preuve qu'on pouvait s'en passer.