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4,1

sur 1042 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai découvert ce livre grâce à Nathalie, et c'est là mon premier contact avec Romain Gary. Rugueux. Il m'a rappelé cette sentence d'un de ses compagnons sur Charles Nungesser : « il avait un courage de fou, mais il pilotait comme un cochon ». de même, Romain Gary a bien des choses à dire et du courage pour le faire, mais il écrit comme un sagouin. C'est brute, haché, décousu parfois. Scènes d'actions au présent, passé composé pour le reste, saupoudrage de jurons et hop.

Il date de l'époque où Romain Gary vivait aux États-Unis avec sa femme, l'actrice Jean Seberg. Un jour, leur chien fait une fugue. Quelque jour plus tard, il revient avec un nouveau compagnon. Un grand berger allemand parfaitement dressé, plein de réserve et d'élégance, affectueux avec tout le monde. Tout le monde, ou presque. Quand un noir approche de la maison, il devient fou de rage. C'est un « white dog ». On l'a dressé à haïr les noirs. Peut-on défaire ce qui a été inculqué ? On peut tenter...

Cela étant, on voit en fait assez peu Chien Blanc dans cette histoire. Il est avant tout un prétexte à Romain Gary pour régler ses comptes. Avec les partisans du White power comme ceux du Black power, avec les flics et les soixante-huitards, avec les racistes et les anti-racistes... Mais surtout, avec la mouvance américaine des droits civils, dans laquelle il s'était fortement investi, et où sa femme s'était jetée à corps perdu.

Derrière les souvenirs héroïque, la marche de Selma à Montgomery et les protests songs, on découvre un mouvement ayant éclaté en mille fragments avec la mort de Martin Luther King, mais qui avait déjà commencé à se fissurer avant. Une nébuleuse où émergeaient les idéologies les plus délirantes, dont profitaient ceux qui n'avaient pas de scrupules, où pullulaient les informateurs du FBI, mais surtout faisant l'objet d'une lutte de pouvoir acharnée, où tout le monde tirait dans les pattes de tout le monde. Où toutes les raisons et tous les moyens étaient bons pour se critiquer, se menacer, s'entre-déchirer, discréditer ses rivaux.

Aujourd'hui, la lutte contre le racisme s'est enrichie de multiples combat, mais il suffit d'ouvrir Slate, Libération ou Médiapart pour constater que pas grand chose n'a changé depuis Romain Gary...
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Tout commence par la rencontre avec un chien...
Cette fois encore, le récit est autobiographique. Gary vit à Los Angeles avec sa femme, Jean Seberg, actrice. Ils ont une grande maison pleine d'animaux. Gary adore les animaux. N'écoutant que son coeur, il adopte illico le gros chien sans collier tout trempé qui vient se présenter à sa porte. C'est un beau berger allemand, doux et affectueux. Quelques jours après son arrivée à la maison, le chien attaque l'homme chargé de l'entretien de la piscine. Puis un livreur. Il ne faut pas longtemps à Gary pour comprendre que le gentil toutou n'est pas un chien ordinaire, il a été dressé à l'attaque. C'est un chien blanc: un chien de flic dressé à attaquer les noirs. Gary est profondément choqué par le dressage dont le chien a fait l'objet. Il se rend dans un chenil spécialisé pour faire re-dresser le chien. Impossible, trop tard, lui dit-on. Guérir le chien de la haine qu'il a en lui devient alors son obsession, pour ne pas faire piquer le chien mais surtout pour le symbole. On est en 1968, en pleine guerre du Vietnam, les mouvements civiques contre la ségrégation sont très actifs, Martin Luther King est assassiné, les émeutes raciales embrasent le pays. A la maison, Jean est très investie dans la cause noire. Elle donne beaucoup de temps et d'argent à des associations. Elle est constamment sollicitée, mais aussi beaucoup critiquée, on l'accuse (à tort) de vouloir soigner son image, de manquer de sincérité. On la menace de mort aussi.

Chien blanc est un récit assez touffu bien que court (220 pages), plein de personnages secondaires, notamment des militants de tous bords. Bien sûr, l'histoire du chien est emblématique, elle permet à Gary d'élargir la réflexion, de revenir sur l'histoire passée et actuelle des noirs aux États-Unis, de faire une étude de la société américaine. N'oublions pas qu'il est diplomate et qu'il voyage beaucoup, il a une vision du monde très globale, beaucoup de recul sur la situation (d'autant plus qu'il n'est pas américain). Pour ça, ce livre est hyper intéressant.

Cependant, j'ai été un peu gênée par le ton de l'auteur. Gary semble se sentir vieux et las dans ce livre, bien qu'il n'ait que 54 ans. Par moments, il est si désabusé et blasé de ses frères humains qu'il en vient à préférer la compagnie des animaux. Il humanise énormément ses amis à 4 pattes et ne cesse de raconter des petites anecdotes à leur sujet. Au risque de me mettre la SPA (et plein d'autres) à dos, je dois avouer que ça m'a agacée. Gary choisit un thème hyper ambitieux, développe son propos en prenant plusieurs angles d'attaque, plusieurs point de vue - des militants, des politiques - et il le fait vachement bien! Puis de conclure que les hommes sont vraiment des salauds avec leurs guerres et leur haine alors que les chiens...méritent vraiment tout l'amour qu'on leur porte. Je schématise évidemment. Mais vraiment...pour moi il y a trop de sentiments dégoulinants d'affection pour les animaux et de froideur vis à vis de l'Homme dans ce bouquin.

En fait, j'avais espéré (même si le thème ne s'y prête pas) retrouver l'humour et le ton que j'avais tant aimés dans la promesse de l'aube. D'où ma déception.

Je n'ai lu que des critiques élogieuses sur Chien blanc, il est donc probable que l'amour de Gary pour les bêtes (mais pas pour les humains) n'a dérangé que moi. Et il serait dommage de se priver de cette lecture pour cette raison, d'autant plus qu'il y a vraiment plein de bonnes choses dedans.
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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Résidant alors aux USA avec sa compagne Jean Seberg, le romancier Romain Gary va un jour recueillir un superbe berger allemand avant de déchanter lorsqu'il découvrira que l'animal en question est un White Dog, un chien du sud spécialement dressé pour attaquer... les noirs.

Se mettant lui-même en scène dans son quotidien de l'époque (les 60's), le romancier brouille les pistes, nous balance inlassablement entre réalité et fiction, dépeignant la scandaleuse instrumentalisation de l'animal par l'homme, la bouleversante destruction psychique d'un chien pour qui l'homme n'est décidément pas le meilleur ami.

Un récit qui sert cependant de prétexte à Romain Gary pour livrer un réflexion pertinente et inconfortable sur la bêtise humaine, l'auteur ayant visiblement à coeur de dénoncer toute sorte de racisme et d'idéologie douteuse, pointant du doigt non sans humour une société hypocrite et complètement à côté de ses pompes, s'amusant, jusqu'à un certain point, de la culpabilité bienveillante des blancs, s'attardant en particulier sur le milieu du cinéma.

Loin de faire preuve de manichéisme, ne sombrant jamais dans la facilité "gentils noirs / méchants blancs", Romain Gary montre au contraire chaque facette du problème, et surtout l'incohérence et les paradoxes de militants se transformant rapidement en avatars de leurs propres ennemis, creusant avec plus d'ardeur leur propre tombeau, tout en mettant en parallèle les divers conflits de l'époque et l'étrange manie des peuples à se définir par leurs souffrances.

Extrêmement court et utilisant son point de départ avant tout comme déclencheur d'une réflexion sur notre propension à la connerie, Romain Gary signe là un pamphlet féroce d'autant plus efficace qu'il ne cherche jamais à se poser comme modèle de pensée, un constat effrayant malheureusement d'une brûlante actualité.
Lien : https://www.senscritique.com..
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À travers l'histoire d'un chien blanc (dressé par des blancs pour attaquer les noirs) l'auteur brosse le tableau du problème noir aux États-Unis durant la période Martin Luther King et celui des biens pensants qui gravitent autour de sa compagne Jean D'énergie. EviÉvidemm, c'est très bien écrit mais, évidemment aussi, ca date.
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Assez mitigée, je m'attendais à mieux.

J'ai surtout lu pour découvrir ce qu'est un chien blanc, un chien entrainé par la police pour attaquer les personnes noires et finalement, on ne voit pas le chien tant que ça...

Concernant le témoignage de cette époque (années 60 aux États-Unis), c'est évidemment très bien fait puisque non fictif et on est presque dans un style journalistique. J'ai également apprécié retrouver les révoltes de mai 68 en France et l'aspect des stars hollywoodiennes avec la femme du narrateur/auteur.

J'ai par contre halluciné quand le narrateur nous sort une hypothèse qui pourrait expliquer le racisme.
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L'histoire vraie d'un chien dressé pour attaquer les noirs. Romain Gary l'adopte et le découvre, horrifié, alors que Jean, sa femme vedette d'Hollywood milite et finance les groupes antiracistes. Romain Gary raconte ses révoltes contre l'Amérique alors que la guerre au Vietnam soulève les campus, qu'on assassine Martin Luther King, que brûlent les ghettos noirs révoltés et que Paris, où il fuit, est secoué par mai 68. Ses déchirements le confronte à son humanisme, son désir de sauver ce chien et son amour dont il se sent distant (elle à plus de 20 ans de moins que lui) et se retrouve pris dans ses contradictions dans Paris assiégé par le CRS. C'est un récit direct qui témoigne de l'époque et des débats qui y faisaient rage et qui sont un peu dépassés, même si la lutte des noirs aux USA demeure un enjeu existentiel non résolu de la société américaine.
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