... Madame Rosa ne voulait pas courir le risque d'être couchée en bonne et due forme sur des papiers qui le prouvent, car dès qu'on sait qui vous êtes on est sûr de vous le reprocher.
Moi l'héroïne, je crache dessus. Les mômes qui se piquent deviennent tous habitués au bonheur et ça ne pardonne pas, vu que le bonheur est connu pour ses états de manque.
- La droit sacré des peuples ça existe, oui ou merde ?
- Bien sûr que ça existe, dit le docteur Kats et il s'est même levé de la marche sur laquelle il était assis pour lui témoigner du respect.
- Bien sûr que ça existe. C'est une grande et belle chose mais je ne vois pas le rapport.
- Le rapport, c'est que si ça existe, Madame Roza a le droit sacré des peuples à disposer d'elle-même, comme tout le monde. Et si elle veut se faire avorter, c'est son droit. Et c'est vous qui devriez le lui faire parce qu'il faut un médecin juif pour ça pour ne pas avoir d'antisémitisme.
Vous ne devriez pas vous faire souffrir entre Juifs. C'est dégueulasse.
La première chose que je peux vous dire c’est qu’on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu’elle portait sur elle et seulement deux jambes, c’était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu’elle ne se plaignait pas d’autre part, car elle était également juive. Sa santé n’était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c’était une femme qui aurait mérité un ascenseur.
- C'est là que je viens me cacher quand j'ai peur.
- Peur de quoi, Madame Rosa ?
- C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur, Momo.
Ca, j'ai jamais oublié, parce que c'est la chose la plus vraie que j'aie jamais entendue.
(p.63)
Malheureusement ,Madame Rosa subissait des modifications ,à cause des lois de la nature qui s'attaquaient à elle de tous les côtés ,les jambes , les jambes ,les yeux ,les organes connus tels que le coeur ,le foie ,les artères et tout ce qu'on peut trouver chez les personnes usagées .
J'ai jamais vu deux mômes aussi blonds que ces deux-là. Et je vous jure qu'ils avaient pas beaucoup servi, ils étaient tout neufs. Ils étaient vraiment sans aucun rapport.
Moi la vie je vais pas lui lécher le cul pour être heureux. Moi la vie je veux pas lui faire une beauté, je l'emmerde. On a rien l'un pour l'autre.
" Je voyais bien qu'elle ne respirait plus mais ça m'était égal, je l'aimais même sans respirer " .
Je voudrais aller très loin dans un endroit plein d'autre chose , et je cherche même pas à l'imaginer pour ne pas le gâcher.