Citations sur La vie devant soi (1018)
Malheureusement, Madame Rosa subissait des modifications, à cause des lois de la nature qui s'attaquaient à elle de tous les côtés, les jambes, les yeux, les organes connus tels que le coeur, le foie, les artères et tout ce qu'on peut trouver chez des personnes très usagées. Et comme elle n'avait pas d'ascenseur, il lui arrivait de tomber en panne entre les étages et on était tous obligés de déscendre et de la pousser..."
(p. 87)
Elle ne voulait pas entendre parler de l’hôpital où l'on vous fait mourir jusqu'au bout au lieu de vous faire une piqûre.
« Écoute, Momo, tu es l’aîné, tu dois donner l’exemple, alors ne nous fais plus le bordel ici avec ta maman. Vos mamans, vous avez la chance de ne pas les connaître, parce qu’à votre âge, il y a encore la sensibilité, et c’est des putains comme c’est pas permis, on croit même rêver, des fois. Tu sais ce que c’est, une putain ?
-C’est des personnes qui se défendent avec leur cul.
-Je me demande où tu as appris des horreurs pareilles, mais il y a beaucoup de vérité dans ce que tu dis.
Vous aussi, vous vous êtes défendue avec votre cul, Madame Rosa, quand vous étiez jeune et belle ?
Elle a souri, ça lui faisait plaisir d’entendre qu’elle avait été jeune et belle. (p34)
Madame Rosa pouvait prouver qu’elle n’avait jamais été juive depuis plusieurs générations, si la police faisait des perquisitions pour la trouver. Elle s’était protégée de tous les côtés depuis qu’elle avait été saisie à l’improviste par la police française qui fournissait les Allemands et placée dans un vélodrome pour Juifs. Après on l’a transportée dans un foyer juif en Allemagne où on les brûlait. Elle avait tout le temps peur, mais pas comme tout le monde, elle avait encore plus peur que ça.
Si le coeur s'arrête, on ne peut plus continuer comme avant et si la tête se détache de tout et ne tourne plus rond, la personne perd ses attributions et ne profite plus de la vie. Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux.
(p.88).
-Ecoute,Momo, tu es l'aîné, tu dois donner l'exemple, alors ne fais plus le bordel ici avec ta maman . Vos mamans, vous avez la chance de ne pas les connaître, parce qu'à votre âge, il y a encore la sensibilité, et c'est des putains comme c'est pas permis, on croit même rêver des fois. Tu sais ce que c'est une putain ?
- C'est des personnes qui se défendent avec leur cul.
- Je me demande où tu as appris des horreurs pareilles, mais il y a beaucoup de vérité dans ce que tu dis.
- Vous aussi, vous vous êtes défendue avec votre cul, Madame Rosa, quand vous étiez jeune ?
Elle a souri, ca lui faisait plaisir d'entendre qu'elle avait été jeune et belle.
(pp.22-23).
-Tu es bien jeune, et quand on est très jeune, il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir.
- Monsieur Hamil, est-ce qu'on peut vivre sans amour ?
- Oui, dit-il, et il baissa la tête comme s'il avait honte.
Je me suis mis à pleurer.
(p.12)
Je suis resté un bon moment avec lui en laissant passer le temps, celui qui va lentement et qui n'est pas français. Monsieur Hamil m'avait souvent dit que le temps vient lentement du désert avec ses caravanes de chameaux et qu'il n'était pas pressé car il transportait l'éternité.
La loi c'est fait pour protéger les gens qui ont quelque chose à protéger contre les autres.
La nature, elle fait n'importe quoi à n'importe qui et elle ne sait même pas ce qu'elle fait, quelquefois ce sont des fleurs et des oiseaux et quelquefois, c'est une vieille Juive au sixième qui ne peut plus descendre