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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore un beau roman symbolique de Romain Gary.
Un petit gars de la campagne normande tombe amoureux d'une belle aristocrate polonaise de son âge, Lila, qui passe ses étés en villégiature au château à côté de chez lui. Toute sa vie et ses actions sont marquées par son amour.

Face à la résignation et aux petits calculs d'apparence rationnelle adoptés par la population dans les années 30 et au début de l'occupation, les Cerfs Volants de l'oncle - Ambroise Fleury - du héros naïf de ce roman - Ludo Fleury - sont le symbole des idéaux gardés, de la folie utopique des principes purs à garder en tête, flottant au dessus de nous. Pour Ludo, c'est Lila, pour le vieil Ambroise, ce sont les droits de l'homme, pour le chef Marcellin, c'est la France du terroir.

La thématique rappelle la vision "brelesque" de Don Quichotte: "et si la vraie folie était de voir le monde tel qu'il est, et non tel qu'il devrait être?"
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Dernier roman de RG avant son suicide le 02/12/1980. Un roman où certainement des faits autobio sont parsemés dans l'histoire. Une histoire d'amour idéaliste entre une aristocrate polonaise et un cul terreux du bocage normand pendant la guerre, avec l'occupation, la résistance et la collaboration en toile de fond. Un roman plein d'espoir puisque les héros restent vivants. du grand Romain Gary.


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Les cerfs-volants, il faut les tenir ferme « parce que ça tire et quelquefois ils s'arrachent, ils montent trop haut, ils partent à la poursuite du bleu et tu ne les revois plus. » C'est dans cette magnifique prose poétique qu'Ambroise Fleury explique à son neveu Ludovic comment manier ces objets presque dotés d'une volonté propre. "Les cerfs-volants", dernier roman paru du vivant de Romain Gary, m'a fait penser à une fable, un hymne à l'espoir, à la ténacité, à la folie, à la passion avec les ingrédients suivants : un orphelin élevé par son oncle farfelu, une éducation modeste mais humaniste, un don fabuleux de mémoire, des sentiments purs, un contexte violent de guerre, des amours compliquées et contrariées, des personnages qui évoluent à travers une succession d'épreuves, une fin heureuse avec une morale.
Les cerfs-volants constituent le fil rouge de ce roman tendre et délicat sur l'amour, la fraternité et le pouvoir de l'imagination. Sans sombrer dans le manichéisme, il présente même des attitudes extrêmes comme légitimes selon les intentions qui les sous-tendent. Comme les idéaux et les principes qui animent l'homme, les cerfs-volants doivent rester à une distance appropriée du sol. S'ils volent trop haut, ils disparaissent et deviennent inaccessibles et fumeux, s'ils volent près du sol, ils se souillent et deviennent frelatés.
L'histoire s'ouvre avec le jeune Ludo, orphelin de la Grande Guerre qui grandit dans une petite ferme de Normandie sous la tutelle de son excentrique oncle Ambroise, facteur par nécessité et fabricant de cerfs-volants par vocation. La vie de Ludo change le jour où il rencontre Lila, une jeune blonde et arrogante aristocrate polonaise dont la famille possède un manoir dans la région. En un battement de paupières, il en tombe amoureux et ce sera pour la vie ; Lila, en revanche, semble bien plus distante, d'autant plus qu'elle a d'autres prétendants. Des années passent avant qu'ils ne se revoient, mais Ludo, armé d'une formidable imagination et d'une passion indéfectible, a comblé l'absence de l'être aimé. le temps n'a pas altéré la pureté de son amour pour l'insaisissable Lila, qui commence à éprouver des sentiments réciproques. Mais au moment où l'Europe s'enfonce dans la Seconde Guerre mondiale, Lila et Ludo sont de nouveau séparés, elle est en Pologne, lui en Normandie. le roman bascule alors dans le récit de guerre. le nazisme achève brutalement leur enfance, sans pour autant leur faire perdre leur discernement. Pour Lila, « ce qu'il y a d'affreux dans le nazisme, […] c'est son côté inhumain. Oui. Mais il faut bien se rendre à l'évidence : ce côté inhumain fait partie de l'humain. Tant qu'on ne reconnaîtra pas que l'inhumanité est chose humaine, on restera dans le mensonge pieux ». Ludo, résistant en amour, s'engage dans la Résistance française pour que les rêves puissent triompher de la réalité, même de la dure réalité de la guerre et de l'occupation nazie. Retrouvera-t-il la France et, surtout, retrouvera-t-il Lila ? Peu de suspense quant au sort de la France dont le destin est connu. Mais pour Lila, il en est tout autre, car, après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, elle et sa famille sont portées disparues. Les rêves et les espoirs qui planent comme de beaux mais fragiles cerfs-volants protégeront-ils les vies en danger des deux amants ?
Dans ce roman émouvant et charmant, Romain Gary reprend de nombreux thèmes passionnants qui lui sont chers : l'imagination comme arme de défense, le rêve pour combattre la réalité, l'importance du devoir de mémoire, les amours impossibles ou contrariées. Il y lance aussi un appel poétique à la résistance, quelle que soit sa forme, un appel à la fraternité entre les hommes et les peuples. Au-delà de ces thèmes exaltants abordés, l'auteur décrit avec justesse le caractère de ses personnages, constituant clairement pour moi un point fort du récit.
Tout d'abord, l'oncle Ambroise qui symbolise à travers les cerfs-volants l'enfance, les rêves, la naïveté et la fidélité à ses idéaux. Célibataire, il explique à son neveu avec beauté et fatalisme qu'il n'a jamais aimé qu'une femme : « Je l'avais bien en tête, je la voyais tous les jours dans ma tête pendant trente ans, mais ça ne s'est pas trouvé. On ne s'est pas rencontrés. L'imagination vous joue parfois de vrais tours de cochon. » Après la rafle du Vél'd'Hiv, sa décision courageuse de se rendre à Chambon-sur-Lignon pour participer à la résistance non violente et venir en aide aux persécutés m'a bouleversé.
Il y a aussi le trouble et truculent Marcellin Duprat, chef étoilé qui porte haut les couleurs de la France grâce à sa cuisine. Trouble parce qu'il ne cessera jamais durant la guerre de servir les bouches de l'occupant, mais truculent parce qu'il est le défenseur passionné de la cuisine française qui ne doit pas faillir même en temps de guerre. Selon lui, la haute gastronomie représente le patriotisme sans armes ni violence, une forme de résistance avec le goût et la saveur de la haute cuisine française. Les propos qu'il tient avec verve dans le roman m'ont à la fois troublé et amusé.
J'ai adoré également le personnage de Mme Julie, mère maquerelle juive camouflée en comtesse hongroise, genre de personnage haut en couleur qu'on croise souvent dans les romans de Gary. Avec sa lucidité désabusée et poursuivant des idéaux nobles ou pragmatiques, elle accueille dans son établissement de hauts dignitaires nazis et renseigne de première main le réseau de la résistance. Un procédé qui sauvera de nombreuses vies.
Le coeur du récit est habité par Ludo qui en est le narrateur. Résistant en amour et en guerre, il est le fils spirituel de son oncle et le symbole de l'amour absolu pour son pays et pour une femme. C'est un personnage attachant guidé par ses passions et doté d'une mémoire prodigieuse. Il n'en abuse pas, mais au contraire l'utilise pour honorer sa famille et participer activement à la résistance contre l'occupant. Homme de devoir et d'idéaux, il est passionné par l'amour qu'il vit, par la résistance qu'il mène, par les cerfs-volants qu'il fabrique et dont il perpétue la tradition en souvenir de son oncle. Amoureux inconditionnel de Lila, il partage néanmoins ses interrogations avec le lecteur : « J'étais partagé entre l'envie de demeurer là, à ses pieds, jusqu'à la fin de mes jours, et celle de fuir ; aujourd'hui encore, je ne sais si j'ai réussi ma vie parce que je ne me suis pas enfui ou si je l'ai gâchée parce que je suis resté. » Tour à tour lucide ou enflammé, il peut agir de façon dangereuse, mais peut également se montrer perspicace lorsqu'à la fin de la guerre il est conscient que « les nazis allaient beaucoup nous manquer, que ce serait dur, sans eux, car nous n'aurions plus d'excuses. » J'ai gardé les doigts croisés pour que la persévérance de son amour soit récompensée, même s'il était parfois désespéré et confus en raison du malheur qui l'entourait.
Au début du roman, le personnage de Lila est une adolescente qui, comme dit son frère, passe son temps « à rêver d'elle-même ». Très narcissique, elle m'est apparue comme une petite noble gâtée, plutôt agaçante, rêvant à la fois d'un avenir prodigieux et totalement angoissée à l'idée de rater sa vie. Mais petit à petit, Romain Gary amène le lecteur à s'identifier à Ludo et à s'attacher à Lila, ainsi qu'à la petite cour qui gravite autour d'elle : son frère Tad, explorateur marxiste, Bruno, un jeune pianiste italien élevé avec eux, et même Hans, cousin allemand de Lila et rival amoureux de Ludo.
Romain Gary, en aimant ses personnages, nous force à les aimer. Mais il ne les épargne pas non plus, à l'instar de Ludo et Lila dont les amours naissantes seront fortement contrariées par la brutalité de la guerre. Et, si souvent cette dernière dévoile le pire caché dans l'homme, elle permet également de révéler le meilleur. Pour survivre et protéger les siens, Lila errera quelques années en Europe, aura des amants de circonstance, frôlera la mort lors d'un avortement, obtiendra finalement la protection d'un haut dignitaire nazi guère convaincu par les idées hitlériennes. Ludo, lui, acceptera tout ça, forcé de « comprendre » les agissements de sa bien-aimée. Ils se retrouveront, certes, mais bien esquintés, car curieusement, le paradoxe de cette guerre est qu'elle aura autant mis en péril leurs amours qu'elle aura donné une chance à leur couple d'exister.
"Les cerfs-volants" raconte une histoire d'amour riche et complexe qui commence dans l'innocence et évolue à travers différentes épreuves vers une belle humanité. J'ai été touché par l'écriture authentique de Romain Gary, rarement noire ou blanche, mais plutôt grise ou follement colorée, car elle ne manque pas de fantaisie et d'humour pour décrire l'humanité, ses joies, ses peines, ses espoirs et ses désillusions. L'idéal serait de lire ce roman allongé sur une pelouse, afin de lever de temps en temps les yeux vers le ciel bleu limpide qui rappelle cette liberté, cette audace mêlée de vivacité, dont les personnages sont les fiers porte-parole.
Quelques mois après la publication de ce livre, Romain Gary a enfilé sa robe de chambre rouge et s'est tiré une balle dans la tête, ce qui n'a jamais cessé de me sidérer.
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On retrouve dans cet ouvrage des traits communs au style de Romain Gary: un narrateur incarné par un enfant/jeune homme, le rôle important donné aux prostituées et un style profondément européen et humaniste.

L'action se situe pendant le second conflit mondial, en Normandie. Aux yeux du narrateur, orphelin et résistant, les allemands ne sont pas pire que les français. L'inhumain est dans l'humain. Les nazis sont bien humain, ils révèlent simplement leur côté inhumain.

Ludo, le narrateur est doté d'une incroyable mémoire, bien que séparé de sa dulcinée polonaise il reconstitue les scènes, de mémoire, à l'infini, en singeant ce qu'elle aurait pu faire ou dire à tel ou tel moment. Parfois on se perd un peu entre rêve et réalité mais c'est pour mieux nous embrouillé et décrire la folie dans laquelle sombre doucement Ludo face à la cruauté des événements. Mais ce n'est pas un livre pessimiste, ni sombre, bien au contraire, le style est drôle et certains passages carrément hilarant!

J'ai trouvé le personnage de Marcellin Duprat, restaurateur gastronomique, particulièrement réussi et drôle avec ses allusions métaphoriques entre la guerre et la gastronomie à tout prix.
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Splendide ! La plume, la verve, l'esprit de Gary sont éblouissants dans ce roman narrant l'amour, la guerre, la résistance. Malgré des sujets dramatiques, l'auteur ne tombe jamais dans le pathos et conserve une légèreté empreinte d'optimisme qui fait un bien fou au moral. J'ai adoré le personnage rêveur de Ludo, Ambroise le génie fou, Lilas la polonaise irrévérencieuse et ce village normand.
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Les cerfs volants de Romain Gary emportent l'imaginaire ,ils sont des figures de la littérature et de l'histoire ,de Jean Jacques Rousseau à De Gaulle,ils sont des moyens de résistance durant la deuxième guerre,ils soutiennent le rêve chez les enfants durant la guerre,ils deviennent le symbole de l'espoir entre les mains du facteur timbré Auguste Fleury leur créateur.
L histoire se tisse autour d'un amour passionnel et inoxydable entre Ludo,le neveu du facteur timbré et Lila jeune polonaise de l'aristocratie.
J'ai commencé à être captivée par le roman au moment où la guerre se déclenche.On assiste alors à la description de personnages hauts en couleurs,attachants,autour du Clos Joli restaurant gastronomique normand et qui nous renvoient la vrai vie sous l'occupation avec la méfiance mais surtout la solidarité.
L'émotion est au rendez-vous. En CD lu,les voix sont parfois truculentes, parfois pleines d'humour et de sagesse.
Première découverte intéressante et délicieuse pour moi de la lecture de Romain Gary,je continuerais bien avec un autre roman.
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Acheté par curiosité. La couverture m'a plu, j'étais curieuse de découvrir cet auteur que je n.ai ( je crois ) jamais lu ! Très bonne surprise ! Dévoré durant le we malgré mes occupations ! J.ai adoré. C'est rare qu'on parle ainsi de la guerre.
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Ce roman raconte une belle petite histoire d'amour qui a pour fond, la montée du nazisme et la Seconde Guerre Mondiale. On voit comment ce jeune Français fait pour faire survivre son amour pour la belle Lila, une Polonaise de qui il est séparé par le conflit militaire.

J'ai bien aimé voir comment s'organisait la Résistance lors de l'occupation. C'est un sujet dont je n'ai jamais eu la chance de mieux connaitre auparavant. Ce livre m'a aussi réconcilié avec l'auteur dont je gardais un goût amer à cause d'une lecture forcée lorsque j'étais au Cégep.
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J,ai beaucoup aimé ce roman avec en arrière plan la 2e guerre mondiale. Toujours aussi bien écrit par ce grand écrivain. L'histoire d'un grand amour qui survit à tous les drames.
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C'est son dernier opus et bien qu'il se situe pendant la deuxième guerre mondiale il est optimiste car il livre un tableau romantique de ses personnages: le vieil oncle un peu fada fabricant de cerfs-volants humanistes, l'adolescent éperdument amoureux, la "princesse" polonaise qui veut sauver sa famille, le général allemand qui s'acoquine avec l'étoilé Michelin pour transcender le présent autour d'une recette, le pianiste qui devient aviateur, le jeune allemand amoureux de la "princesse" qui tente de tuer Hitler. La structure est classique mais c'est charmant.
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