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D'habitude, je lis vite mais il m'a fallu plusieurs soirées pour arriver au bout de " Femmes et filles" , un délicieux pavé de 648 pages .
Un énorme roman donc, qui aurait pu être encore plus long d'un chapitre, si l'auteur, Elizabeth Gaskell n'était pas décédée soudainement . Mais arrivée à ce stade , on est si imprégnée de cette histoire , on a eu tellement de détails que l'on peut imaginer la fin sans problème , d'autant plus que le directeur du journal dans lequel était publié ce récit sous forme d'extraits , nous indique gentiment la direction que souhaitait l'auteur.
Elizabeth Gaskell nous plonge dans la vie de Molly , 12 ans, orpheline de mère qui vit une relation parfaite avec son père , médecin de campagne, jusqu'au jour où celui-ci décide de reprendre une épouse pour "tenir sa maison" . Clare , cette nouvelle" maman" est elle même , mère d'une jeune fille dont elle ne s'occupe pas beaucoup, toute occupée qu'elle est à gagner sa vie et paraître . Héritant donc d'une "sœur" , c'est tout le paisible équilibre de Molly qui va être bouleversé par ces nouvelles venues . Féminité, manigances, secrets, manipulations et complicité vont envahir son quotidien , elle qui n'est que simplicité et bonté ...

Le fait que ce roman soit très long , que j' ai passé plusieurs soirées d'affilée à le lire , installe l'histoire profondément (un peu comme une série télé dont vous regarderiez toutes les saisons à la suite... ).
J'ai vécu au rythme de ce petit bourg , pris le thé avec les soeurs Browning, vieilles filles affectueuses, me suis inquiétée pour la santé de Mrs Hamley chez qui Molly va séjourner afin de distraire par sa jeunesse , la malade. J'ai soupiré devant le nombre de soupirants de Cynthia , la nouvelle soeur de Molly en me demandant si cette dernière serait récompensée de son bon caractère . J'ai été amusée et agacée par la nouvelle "maman" de Molly , si égoïste et manipulatrice qui m'a un peu rappelé les mères dans les roman de Jane Austen.
Et bien que 2 siècles nous séparent , j'ai trouvé que le monde avait bien changé certes , au niveau politesse mais que certains personnages pourraient être nos contemporains ...
Femmes, épouses, mères, belle-mères , amies, sœurs et filles parfaitement croquées par une auteur à la plume gentiment ironique . Il faut lire entre ces lignes ...
648 pages de pur délice , un formidable portrait d'un quotidien tranquille dans la campagne anglaise au 19° siècle ...
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Je viens de terminer "Femmes et Filles" et je ne peux que dire que ce livre est une merveille ! L'histoire relate la vie dans le petit village de Hollingford de Molly Gibson, fille d'un médecin de campagne, qui, lorsque celui-ci décide de se remarier avec Mrs.Kirkpatrick, une domestique du domaine prestigieux de Cumnor Towers, a du mal à accepter cette initiative...Elizabeth Gaskell, à travers les évènements d'un village, leurs habitants plus ou moins semblables, nous fait donc le portrait de la société de son époque !!

Ce roman, un pavé de 650 pages, est vraiment sublime ! Je ne me suis jamais ennuyée : en effet, à chaque nouveau chapitre se préparait un rebondissement -tragique ou heureux- pour aboutir finalement à une issue que le lecteur attendait depuis le début du livre, un heureux mariage entre Molly et celui qui l'a si profondément marquée depuis qu'elle a fait sa connaissance, ce cher Roger Hamley...

En outre, je me suis totalement mise dans la peau de Molly, héroïne presque parfaite de ce roman, tellement sincère, attachante, généreuse, gentille et dotée d'une grande beauté. J'ai également aimé M.Gibson, un père vraiment sympathique et protecteur, Lady Harriet, Roger (malgré ses erreurs) mais aussi Osborne, M. Hamley, les miss Browning et quelquefois Cynthia.

Ainsi, ce roman malheureusement inachevé à cause de la mort de l'auteure me laisse parfaitement conquise, malgré un dernier chapitre manquant, le plus heureux du livre, mais comme disent si bien les auteurs de la lettre adressé aux lecteurs : "On ne peut qu'imaginer avec quelle exquise habileté cette scène aurait été dépeinte si la mort avait épargné Mrs. Gaskell ; ce que l'on sait, à coups sûrs, c'est qu'elle aurait été charmante...-surtout dans tout ce qu'aurait pu faire, exprimer et dire Molly".

A lire ABSOLUMENT !!
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Je remercie chaleureusement l'équipe de Babelio et les éditions de L'Herne. Grâce à eux j'ai enfin découvert Elisabeth Gaskell. Je ne sais absolument pas comment j'ai pu ignorer le nom de cette contemporaine de DIckens pendant si longtemps, c'est un mystère...

Ce gros roman de plus de 600 pages est demeuré inachevé en raison du décès de la romancière. L'éditeur a néanmoins ajouté quelques lignes pour nous permettre de connaître le dénouement de cette histoire.

Si on aime Charles Dickens et Jane Austen, on ne peut être qu'enthousiaste devant l'oeuvre d'Elizabeth Gaskell qui se trouve être à mi-chemin entre ces deux univers.

L'écrivain nous fait entrer dans l'intimité de la famille Gibson. le père est un médecin de campagne veuf (homme de bon sens et à l'humour sarcastique) qui élève seul sa fille Molly, jeune personne douce, aimable a priori un peu fade qui sait faire preuve d'une belle indépendance de caractère en quelques occasions. le lecteur va les suivre durant quelques années. Molly devient une jeune fille, elle va connaître les premiers élans du coeur, tandis que son père décide de se remarier avec une veuve frivole et coquette, elle-même mère d'une jeune fille, Cynthia, de l'âge de Molly. La vie de Hollingford, cette petite bourgade du début du XIXème siècle, est réglée sur celle des occupants de Cumnor Towers, le château des aristocrates locaux.

Le roman est autant une étude de moeurs qu'une histoire d'amour et fourmille de ces mille et un détails de la vie quotidienne qui nous apprennent beaucoup sur la vie des classes moyennes à l'époque victorienne. J'ai longtemps regretté de ne pas avoir connu cette époque, néanmoins je ne l'idéaliserai pas non plus, compte tenu du portrait brossé par Elizabeth Gaskell.

Bien sûr, lorsqu'on est une jeune fille, la vie peut-être délicieuse : les promenades dans la campagne anglaise si charmante, les après-midis passés autour d'un thé, les soirées à jouer aux cartes, les brefs séjours à Londres ou chez des amis plus fortunés... mais il y a le revers de la médaille. Tout est si codifié en société... s'habiller pour telle occasion, respecter une certaine heure pour les repas (impossible de songer à manger quand on a faim, oh non), le décorum, la façon dont vous parlez à une personne, le strict respect des convenances, sans compter que dans une petite bourgade comme Hollington, tout se sait. Vous êtes épiée par vos voisins si complaisants, votre toilette est sujette à commentaires, vous ne pouvez fréquenter un homme ou parler à une tierce personne sans que la moitié de la ville soit au courant. Ne courez pas, ne riez pas trop fort, souriez sans cesse, acquiescez plusieurs fois dans une conversation... et vous serez estimée. Quel fardeau cela devait être pour certaines femmes. Cette constante surveillance, cette maîtrise de soi indispensable. L'auteur parvient fort bien à restituer tous ces petits désagréments à travers plusieurs personnages.

Un autre point, non moins important, est abordé : l'argent. On sait déjà, depuis Jane Austen, qu'un domaine ne pouvait échoir à une fille et que l'hériter devait nécessairement être un homme. S'il n'y avait pas de fils, on allait chercher un neveu ou un cousin éloigné. La principale préoccupation de toute jeune fille n'ayant pas de frère, était de trouver un mari possédant des revenus suffisants. A travers le personnage de Cynthia, l'auteur évoque les problèmes qui pouvaient se poser aux jeunes filles pauvres mais capables de se maintenir dans un certain milieu social : les contraintes et les sacrifices, les faux-pas et les erreurs étaient sans doute plus courants qu'on ne l'imagine.

Mais les hommes étaient-ils mieux lotis ? Parmi les intimes de la famille Gibson se trouve le Squire Hamley et sa famille. Il a deux fils qui vont à l'université. L'un, Roger, semble être d'une intelligence moyenne mais sait s'occuper du domaine familial et montre du bon sens, l'autre, Osborne, est un jeune dandy, élégant, à qui tout semble réussir, d'une sensibilité et d'une érudition supérieures... Les événements démentiront ces apparences. le fils aîné dépend encore de son père pour subsister à ses besoins, situation inconfortable, et rarement évoqué dans les romans se situant à l'époque victorienne.

Molly est l'élément central, le fil conducteur entre tous ces personnages. Douce et réservée, elle sait se faire apprécier non seulement de son voisinage mais aussi de Lord et Lady Cumnor (qui se croient perpétuellement obligés de mettre le nez dans les affaires du bon peuple de Hollingford) et du Squire Hamley, homme bourru aux idées fort étroites mais généreux. J'avoue que j'ai pensé plus d'une fois au personnage de Lady Catherine de Burgh dans Orgueil et préjugés, même si Lady Cumnor est bien moins tranchante. A noter également, quelques considérations politiques sur les Tories et les Wighs qui expliquent en partie l'antagonisme entre Hamley et les Cumnor.

J'ai particulièrement apprécié les nuances apportées aux personnages, aucun n'étant ni tout noir ni tout blanc, à l'image de la coquette Mrs Gibson, ou du séduisant mais vil Mr Preston. Certes, on pourra peut-être reprocher à Molly de représenter la jeune fille parfaite, qui n'a que de bons côtés et possède presque toutes les qualités, mais l'agacement qu'elle pourrait susciter est finalement gommé par quelques unes de ses décisions qui la rendent plus faillible.

Je suis donc tout à fait ravie de ma découverte, je crois qu'Elizabeth Gaskell va figurer en bonne place dans ma bibliothèque car maintenant, je souhaite découvrir ses autres romans.
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Femmes et filles d'Elizabeth Gaskell est le deuxième roman que je lis de cette écrivaine après Nord et Sud dont j'avais déjà apprécié l'analyse psychologique et sociale. Comme le titre l'indique, le livre offre une galerie de portraits de femmes et de filles qui révèle de la part de l'auteur une finesse de plume, une acuité du regard et une vive intelligence dans la peinture de la société victorienne d'une petite ville de la province anglaise. Elizabeth Gaskell refuse tout manichéisme et sait peindre d'un trait précis et pourtant subtil toutes les nuances de l'âme humaine.

Le personnage principal est Molly Gibson, fille du médecin de la ville, une jeune fille douce et gentille, "docile" comme disent les gens autour d'elle, qualité éminemment recommandable pour une femme dans la société victorienne! Ce qui ne l'empêche pas d'avoir du caractère et de savoir, à l'occasion, affronter l'opprobre générale si elle est consciente de son bon droit. Courageuse donc, altruiste, elle a un petit rien de méchanceté qui lui permet parfois de prendre plaisir à avoir raison sur ses détracteurs. Face à elle, sa belle mère, la second épouse de son père et la fille de celle-ci, Cynthia, sont des personnages plus négatifs.
Hyacinth Clare, Mrs Kirkpatrick du nom de son premier mariage, devient donc Mrs Gibson. Elle est le type de la femme de condition modeste qui ne doit sa fortune qu'à sa beauté. Pour le reste, elle est sotte et superficielle, inculte, snob, monstrueusement égocentrique, incapable d'amour vrai mais très habile pour défendre ses intérêts. Si Elizabeth Gaskell ne l'aime pas, elle ne l'accable pas. A travers elle, elle peint les humiliations que doit subir une femme sans fortune, engagée comme gouvernante dans une noble famille, à la merci des sautes d'humeur, des revirements de sa patronne et devant avaler en silence toutes les vexations. Malgré ses défauts, Hyacinth Clare sait faire preuve de dignité quand elle essaie de cacher sa pauvreté, ses dettes et raccommode ses toilettes pour se rendre présentable.
Cynthia sa fille, qui n'a jamais reçu d'amour de sa mère, est un curieux mélange de qualités et de faiblesses. Son charisme et sa beauté agissent sur tout son entourage et lui ouvrent les coeurs, mais son désir de plaire, sa coquetterie désespèrent maints jeunes gens et la mettent dans une situation épouvantable aux yeux de la société. Elle est parfois égoïste, légère, vaniteuse mais elle peut être aussi dévouée et sincère.
Autour des trois personnages centraux, il y a les vieilles filles, les miss Browning, un peu ridicules mais attendrissantes qui veillent sur Molly comme sur leur fille, Mrs Hamley, la charmante et languissante épouse du squire, la redoutable et autoritaire Lady Cumnor et sa fille Harriet, l'insubordonnée qui refuse d'obéir aux règles imposées aux femmes mais peut se le permettre parce qu'elle est fille de lord. Et puis, autour de toutes ces femmes, des hommes, qui sont les pères, les fiancés, les maris, les soupirants, les amants, les amis, ce qui permet de brosser un tableau complet des classes sociales de l'époque (l'action se situe dans les années 1820 alors que Gaskell écrit à la fin de sa vie en 1865; elle n'aura pas le temps de terminer son roman). La condition féminine dans toutes les couches sociales est ainsi évoquée par une écrivaine qui possède à la fois une culture et un esprit indépendant et a donc le possibilité de dénoncer et de critiquer le pouvoir dominateur exercé par les hommes sur l'éducation des filles, leur mariage, leur place dans la société. Elizabeth Gaskell est donc une femme à l'esprit critique, à la conscience sociale affirmée et ce n'est pas étonnant que certaines de ses oeuvres aient fait scandale..
C'est aussi une excellente écrivaine qui sait par touches légères et ironiques montrer les défauts et les faiblesses de ses personnages, les hiérarchies sociales, les travers d'une grande noblesse encore féodale et tyrannique, ceux aussi d'une bourgeoisie vaniteuse, prise entre son admiration pour les grands de ce monde et son mépris des plus humbles, microcosme obéissant à des règles précises, à des conventions, des préjugés, société corsetée dans ses principes, ses certitudes religieuses et sa bonne conscience. le trait est parfois acéré qui décrit les mesquineries de la vie provinciale, la méchanceté, la médisance, la jalousie. Mais il est pourtant adouci par l'humour et la tendresse que Gaskell porte à ces personnages!
Un très bon roman!
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Hollingford est un petit village rural de l'Angleterre, Elizabeth Gaskell nous convie à partager la vie de ses habitants dans son dernier roman “Femmes et filles”. Elle nous invite tout particulièrement à suivre l'évolution de Molly Gibson, la fille unique du médecin. Nous la découvrons enfant, dans le premier chapitre, impatiente de participer à la grande fête annuelle au château de Cumnors Towers. Nous ne la quitterons qu'à l'âge adulte à la veille de sa vie de femme. Au travers de 651 pages, nous partageons la vie quotidienne de Molly. Celle-ci vit seule avec son père, veuf, duquel elle est très complice. Mais Molly grandissant, son père pense qu'il serait opportun que sa fille soit au contact d'une nouvelle mère. le remariage de Mr Gibson est le début d'une nouvelle vie pour Molly qui doit s'adapter à Mrs Gibson et à sa fille Cynthia. Elizabeth Gaskell aime jouer des oppositions comme nous avons pu le constater dans “Nord et Sud”. Les deux soeurs sont parfaitement opposées. Cynthia est d'une grande beauté, frivole et séductrice. Personne ne lui résiste et de nombreux coeurs se laissent prendre à ses minauderies, ce qui lui vaudra de sérieux ennuis. Molly a un physique plus ingrat, elle est réservée mais son caractère droit et honnête lui permet de conquérir l'amitié et l'amour de son entourage. Nous sommes quand même dans un roman victorien où la droiture et la probité finissent toujours par triompher !

Mais les Gibson ne sont pas les seuls à habiter Hollingford. L'extraordinaire talent de Elizabeth Gaskell est de ne jamais laisser aucun personnage de côté. Tous les habitants nous deviennent familiers grâce aux descriptions, aux aspects psychologiques détaillés par l'auteur. On s'attache terriblement à la famille Hamley où séjourne Molly à plusieurs reprises. Les deux fils Hamley sont également au coeur du roman et en opposition comme les soeurs Gibson. Osborne, l'héritier à qui tout est promis, est choyé et mis en avant. Roger, le cadet, a un rôle secondaire, son avenir semble beaucoup moins prometteur. Mais on sait qu'il ne faut pas se fier aux apparences chez Mrs Gaskell ! On croise également les délicieuses Miss Browning toujours prêtes à défendre Molly, l'acariâtre Lady Cumnor et sa fille Harriet qui deviendra la protectrice de Molly, le mystérieux et inquiétant Mr Preston régisseur des domaines des Cumnors, c'est réellement tout un monde que nous offre Elizabeth Gaskell. J'étais en parfaite empathie avec tous ces personnages et j'ai vécu pendant deux semaines au rythme de Hollingford. Il est bien difficile d'abandonner ce village après avoir refermé le roman.

C'est d'autant plus difficile que l'on reste sur notre faim. Comme je le disais au départ, “Femmes et filles” est le dernier roman de Elizabeth Gaskell. Il fût publié en feuilleton dans le magazine “Cornhill” de août 1864 à janvier 1866, Elizabeth Gaskell est morte en novembre 1865 sans avoir pu rédiger le tout dernier chapitre. Ceux qui ont lu “Nord et Sud” comprendront ma déception car Mrs Gaskell achève son histoire dans les toutes dernières pages. Cela aurait été également le cas dans “Femmes et filles”. Même si l'avenir de Molly ne fait aucun doute, il manque ce moment délicieux où le destin du personnage central s'accomplit et qui est toujours conté avec une extrême finesse.

Une nouvelle fois, j'ai été prise au piège par le talent de Elizabeth Gaskell. J'ai été captivée par la vie de Molly Gibson et du village de Hollingford. Je ne saurais trop vous conseiller de vous immerger à votre tour dans cette Angleterre des années 1820.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Un bijou de la littérature anglaise.
Oui, c'est un gros pavé, mais il est loin d'être indigeste et ennuyeux, chaque page respire l'humanité. Oui, il manque le dénouement, Elizabeth Gakell étant morte trop tôt (!) pour avoir le temps de le terminer. Quelle terrible frustration quand on arrive aux dernières pages...
Mais quelle profondeur, quelle délicatesse dans la plume d'Elizabeth Gaskell ! Elle sait nous faire entrer dans la psychologie des personnages, par petites touches. Elle excelle à dépeindre l'ambiance de cette petite ville rurale d'Angleterre et à nous faire aimer chaque personnage...oui, nous les faire aimer, car elle ne tombe jamais dans le manichéisme et a cette extraordinaire qualité qui est une profonde bienveillance envers chaque personnage du roman. (sauf peut-être l'odieux M.Preston !)
Molly pourrait sembler presque mièvre, mais elle se révèle au fur et à mesure droite et forte, généreuse dans ses affections, intelligente aussi. "L'affreuse" belle-mère provoquerait presque de la pitié dans certains passages. Cynthia cache derrière sa frivolité une fragilité touchante.
C'est un roman essentiellement féminin - comme son titre l'indique - car finalement les hommes n'ont pas le beau rôle : le choix du remariage du bon docteur n'est pas très heureux, Osborne ne parvient pas à assumer son choix face à sa famille, Roger se précipite bêtement dans un engagement qui ne lui ressemble pas, ...
Les portraits de femmes, qu'elles soient fausses, mesquines, aguicheuses, ou au contraire affectueuses, fidèles, intelligentes, sonnent tous profondément justes. C'est un roman que j'ai trouvé très réaliste et équilibré dans sa vision psychologique des personnages.
Merci Elizabeth Gaskell pour ce fidèle témoignage de votre époque. A découvrir in english - c'est encore mieux pour en goûter toute la saveur !
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J'ai un amour tout particulier pour Elizabeth Gaskell et son roman "Nord et Sud". Suite à la lecture de ce chef d'oeuvre, j'ai acheté tous les livres de l'auteure et parmi ceux-ci, il y en a eu un qui a réussi à me plaire presque autant que le premier. Il s'agit de "femmes et filles".
Dans ce délicieux roman, l'auteure nous invite à la rencontre de Molly, jeune demoiselle de 12 ans, orpheline de mère et vivant avec son père, un médecin de campagne. Sa vie se déroule paisiblement jusqu'à ce que ce bon docteur décide de se remarier. La nouvelle "mère" de Molly, Clare, a déjà une fille dont elle ne s'occupe guère tant elle est occupée à paraître et à plaire. Notre héroïne hérite donc d'une soeur, Cynthia et avec elle, c'est tout son petit univers qui va se retrouver bousculé. En effet, la jeune femme si simple, honnête, fraîche et naturelle va voir arriver dans sa vie les manigances, bassesses, mesquineries, rivalités féminines mais également une certaine complicité avec cette soeur.
Mais cette famille n'est pas la seule à vivre au sein du village de Hollingford, et c'est toute une galerie de personnages que nous allons suivre au fil de ces 650 pages, avec notamment les Hamley, famille chez qui Molly va beaucoup séjourner et qui est terriblement attachante, surtout le fils cadet Roger, qui va charmer notre héroïne.
Ce sublime roman est vraiment la peinture d'une société, d'une époque. Tout au long de la lecture, on déambule nous aussi au sein de ce bourg que nous décrit l'auteure, on vit avec Molly et tous les autres personnages. Chaque chapitre est plein de rebondissements et de surprises permettant de suivre avec beaucoup de plaisir l'intrigue. Et le rythme est tel que lire ce livre est comme suivre une série à la télévision, on attend impatiemment le prochain épisode(chapitre ici).
Et les personnages sont tellement bien croqués que l'on s'attache, on s'identifie à eux, on vit intensément tout ce qui leur arrive, que ce soit en bien ou en mal. Et puis tout est tellement charmant dans un roman d'Elizabeth Gaskell! Comme Jane Austen avant elle, elle sait créer des romans d'ambiance, des livres desquels il est difficile de sortir, qui vous marquent, vous emportent et qui sont plein d'ironie, d'impertinence et d'un regard très incisif sur son époque. Vraiment une plume brillante.
Ma seule déception pour ce roman est qu'il soit inachevé. En effet, Elizabeth Gaskell est décédée brutalement avant d'achever l'écriture du dernier chapitre. Aussi nous faut il imaginer les dernières phrases, le plus heureux du roman, le dénouement final.
Un pur délice que ce roman sur cette société anglaise du XIXème siècle, sur une vie simple, un quotidien tranquille à la campagne. le charme de l'auteure agit toujours parfaitement sur moi et me fait à chaque lecture passer un moment d'exception. Vraiment une romancière qui mériterait d'être tellement plus connue tant ses romans sont beaux et intelligents. Je ne saurais jamais me lasser de les lire et les relire. Une lecture que je vous recommande si comme moi vous aimez l'Angleterre de cette époque, l'ironie, le féminisme, les jolis paysages et les belles histoires. Et si vous souhaitez poursuivre le voyage dans l'Angleterre des années 1800,je vous conseille l'adaptation qui a été faite de ce livre par la BBC avec Justine Waddell dans le rôle de Molly. Cette mini série, très fidèle au roman se déguste sans modération, sous un plaid avec un bon thé et quelques scones. Juste délicieux ❤
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Un livre que j'avais hâte de lire !
Les années 1820, dans l'Angleterre rurale. Nous allons suivre Molly, la fille d'un médecin de campagne, mais aussi la vie des aristocrates locaux, qui règnent en maître sur cette endroit des Midlands. La vie des notables, domestiques, paysans, et personnages de tout genre va être décrit parfaitement, que ce soit dans leur vie quotidienne, les scandales et autres intrigues, les complots, les amours...
Pour moi, Elizabeth Gaskell est THE romancière, celle qui a détrônée Jane Austen et les soeurs Brontë dans mon coeur. J'ai eu de gros coups de coeur avec notamment Nord et Sud et Ruth, et j'ai grandement apprécié ma lecture de Cranford, Les amoureux de Sylvia et Mary Barton. Je ne cesse de conseiller cette romancière, qui est restée un peu trop dan l'ombre par rapport à d'autres auteurs de son temps.
Mais parlons un peu de Femmes & Filles : qu'en ai-je pensé ? Bon, il ne se site pas dans mon Top des Livres Préférés d'Elizabeth Gaskell mais il reste indubitablement une très bonne lecture ! Pour les romans de cette époque, il est nécessaire d'y être entièrement plongés, et d'accepter de prendre un temps d'adaptation : il faut prendre le temps de s'installer, y aller doucement, et surtout se rappeler que c'est une lecture pas forcément simple (on ne peut pas dire que les années 1800 soient très simples à appréhender pour des personnages des années 2000, surtout si on ne lit pas énormément de romans classiques).
Femmes & Filles, c'est un gros pavé, il faut se souvenir de tout ces personnages, des lieux, des différentes intrigues et des termes propres à cette époque... Mais une fois qu'on y est plongés, que l'on a tout assimilé, c'est parti pour une lecture passionnante !

(Voir mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Une histoire de plus de 600 pages que j'ai adorée de bout en bout et que je suis triste de quitter, d'autant plus qu'elle n'a jamais été finie par son auteur, Elizabeth Gaskell, qui est décédée avant d'avoir écrit le dernier chapitre.
Cette information je l'ai découverte peu de temps après le début de ma lecture, cela aurait pu me stopper net, mais j'ai été tout simplement happée par la vie quotidienne de la famille Gibson et de son voisinage. Heureusement, une lettre du rédacteur du magazine, où était publiée cette histoire, nous explique ou plutôt nous confirme, les dernières actions des héros de ce livre donnant ainsi une fin à cette belle histoire.
J'ai beaucoup ri, j'ai été triste parfois, j'ai voulu tordre le cou à certains personnages très souvent, mais je n'ai jamais été indifférente et je ne me suis jamais ennuyée…
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Elizabeth Gaskell, au même titre que ses consoeurs, fait partie de mes auteures classiques favorites de l'époque. C'est pourquoi, je mets un point d'honneur à découvrir chacun de ses oeuvres et, cette fois-ci, je me suis attaqué à l'un de ses plus célèbre roman, Femmes et Filles, malheureusement inachevé.

Pour autant et malgré le décès soudain de la romancière, son oeuvre était quasiment achevée et sa lecture ne m'a nullement laissé sur ma faim. Il faut dire qu'Elizabeth Gaskell décortique et analyse son époque, ses moeurs ainsi que ses modes de vie de fond en comble pour livrer à son lecteur une fine et profonde critique. L'aristocratie se veut des plus burlesque et les mondanités frôlent la caricature sans pour autant tombé une seule fois dans le ridicule. Bien que j'avais trouvé justement dosé Nord et Sud, je dois bien admettre que ce texte se veut dans la même veine. En effet, en de nombreuses centaines de pages et de chapitre en chapitre, cette dernière façonne un univers où les bassesses et autres commérages vont bon train et dont notre jeune et naïve héroïne fera bien souvent les frais. Néanmoins et dernier roman oblige, il est à noté que celui-ci démontre toute l'évolution de l'art d'Elizabeth Gaskell et peut sembler assez scolaire aux premiers abords. Ce manque de fraîcheur m'a quelque peu déstabilisé en début de lecture avant de pleinement me plongé, en véritable voyeur, au sein des relations établies.

Des relations rythmant à merveille les intrigues développés par l'auteure. Je ne pensais pas à découvrir autant d'histoires d'amour et de rencontrer autant de secrets et autres non-dits romanesque, conférant à cette oeuvre une part de romantisme séduisante et succulente. Un délice de saveur rendu possible grâce a la minutie apporté à la construction et au développement des portraits fièrement esquissés. À commencer par celui de Molly que le lecteur suivra principalement et dont la crédulité et l'innocence m'a de suite séduit et convaincu. Je n'ai pu faire autrement que m'attacher à cette jeune demoiselle découvrant un univers bien loin des conventions et ce, accompagné de pertinents et drôles compagnons comme Cynthia ou Roger que j'ai fortement apprécié. Chaque peinture permet d'apporter de multiples nuances à cette galerie aussi fines que profondes. Ainsi avec authenticité, Elizabeth Gaskell dévoile une véritable toile où les liens, plus ou moins étroits, se révèlent de véritables intrigues romantiques ou politiques.

Enfin, roman inachevé mais oeuvre des plus fine et aboutie de l'auteure. Bien que la plume puisse parfois sembler parfois scolaire, j'ai pris un plaisir fou à suivre les aventures mondaines dont est victime l'attachante Molly. L'aristocratie n'a jamais été aussi décortiquée et raillée de la part de l'auteure et ce fut un régal !
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