Un jour devait venir où un descendant d'Henri IV, Louis XIV, manquerait à la parole donnée aux protestants par son aïeul, violerait les traités conclus par lui et signés de sa main, prendrait pour modèle, non le vainqueur de la Ligue, mais Philippe II lui même, en un mot révoquerait l’Édit de Nantes et chasserait de son royaume tous ceux qui ne partageaient pas ses croyances religieuses.
On vit alors par toutes nos frontières, au Nord comme à l'Est, par terre et par mer, fuir de cette France, qu'Henri IV avait voulu faire libre, et où il n'était plus permis d'adorer Dieu selon sa conscience, près d'un million d'hommes, les plus honnêtes, les plus industrieux, les plus riches. Ils préféraient l'exil à la servitude religieuse. Ils allèrent peupler l'Angleterre, la Hollande, la Prusse, leur apporter nos arts et notre génie national. Jamais la France ne se releva complètement de ces pertes. Encore aujourd'hui, elle paye les fautes de Louis XIV.
Un produit qui fabrique et produit beaucoup a besoin de colonies pour y vendre ses marchandises. Aussi Henri IV voulait-il faire de la France une puissance coloniale. Il fit explorer, au Nord de l'Amérique, le Canada, y envoya des familles françaises et y fit bâtir la capitale, Québec. De ces colons est descendu la forte race qui a conservé dans cette région notre langue, nos mœurs, et qui, bien que soumise par la faute de nos rois à la domination anglaise, chérit encore le nom de la France.