Les plus anciens contes de l'humanité

Ce livre fut écrit en anglais en 1953 par un très grand spécialiste des langues anciennes (le Hittite, le Babylonien, le Syrien, l'Arméen, le Cananéen...), l'Américain Theodor H. Gaster. La traduction proposée a été faite la même année par la maison Payot. Elle est écrite dans un style clair et simple et se lit parfaitement bien. Il s'agit là d'une réédition. Gaster a traduit directement à partir des tessons et morceaux de terre cuite retrouvés dans les fouilles archéologiques du Levant. Nous sommes avec ce livre aux sources du monde de l'écrit.

C'est donc un recueil de contes de ces époques fort reculées dont le plus célèbre est l'Epopée de Gilgamesh écrite il y a près de 4000 ans. Pour rappel, Gilgamesh ne pouvant accepter la mort de son meilleur ami Enkidou, part braver mille dangers pour tenter d'obtenir la vie éternelle et ne pas subir les assauts de la mort ! Thème éternel s'il en est.

Quelques remarques :
Tous ces contes sont la transcription d'histoires elles-mêmes beaucoup plus anciennes et transmises par voie orale pendant des millénaires qu'il est impossible de dater.
Après l'invention de l'écriture - vers 2000 avant notre ère - , des contes de diverses origines ont été parfois assemblées en un même texte. Il est donc malaisé de comprendre le fil conducteur de certains récits.
Tous ces contes parlent de rois, de reines, de dieux, de maîtres, de grands personnages (hommes et femmes, il faut le souligner) à qui il arrive mille aventures et mille tracas. Comme dans tous les récits anciens, le peuple, l'homme de la rue dirait-on aujourd'hui, est le grand absent
Tous ces récits parlent des grandes questions qui habitent et même hantent les hommes depuis qu'ils sont hommes. On y parle de mensonge, de trahison, de duplicité, de jalousie, de vengeance mais aussi de générosité, d'amour charnel ou non, de devoir familial ou filial... C'est dire si ce qui remplit la littérature, le théâtre, le cinéma du monde depuis ces temps reculés, n'a pas beaucoup innové !
Enfin, on remarque la similitude des situations, des thèmes, des événements entre les différents textes qui circulaient à cette époque avec ceux que l'on peut lire dans l'Ancien Testament de la Bible (le mythe du serpent fauteur de trouble, la pomme, le déluge, les luttes fratricides....).

On le voit, ce livre raconte des histoires qui se déroulent toutes avant la révolution conceptuelle grecque d'Hésiode dans laquelle le Chaos des dieux va devoir céder la place aux Cosmos des hommes et des réalités intelligibles. C'est bien d'un monde disparu que nous parlent ces sympathiques contes.

Un joli livre de culture générale qui nous rappelle qu'il existât un temps où l'écrit était une chose rare.

Un livre érudit et très éclairant sur les origines des mythes présents dans des nombreux récits de par le monde.
Cela se lit vraiment très bien.