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sur 3384 notes
Voici un roman encore bien situé sur ce qui se passe à notre époque, la traversée de plusieurs migrants par la traversée de la Méditerranée pour s'échouer sur l'ile de Lampedusa, on traverse avec eux leurs difficultés et on partage le ressenti du commandant Piracci que ces traversées ne vont pas laissé indifférent...
Un roman dur et profond qui nous met face à la dure réalité de l'humanité d'aujourd'hui et d'hier
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La Méditerranée est un cimetière. Cette image ne m'a pas quittée tout au long de cette lecture. L'Eldorado, pour certains, est juste en face, sur l'autre rive, là où nous vivons, nous. Pour eux, un coin à rejoindre absolument pour échapper à la misère, la violence, la faim, la mort. Ils savent tous que le chemin est long et parsemé de pièges mortels, pourtant ils économisent, des familles et même des villages entiers pour permettre à l'un d'entre eux de passer la Méditerranée pour atteindre l'Europe, terre de paix et de délices.

Depuis 20 ans, le commandant Salvatore Piracci à bord de sa frégate d'interception les surveillent, les retrouvent, les appréhendent, les interrogent, les repêchent et les déposent au centre de détention pour qu'ils soient ramenés là d'où ils viennent, qu'ils retrouvent ce qu'ils ont fui. Salvatore Piracci est la sentinelle, il garde les portes de l'Europe, il repousse poliment les envahisseurs. Jusqu'au jour où cette femme le suit et lui raconte sa traversée, qui lui a coûté 3000euros, 1500 pour elle et 1500 pour son bébé, un bébé mort de soif sur le Vittoria, qui devait les déposer de l'autre côté. Mort comme tant d'autres abandonnés en mer, sans eau, sans nourriture, sans carte, ils ont dérivé, entassés, au gré du vent, sous un soleil de plomb. C'est Salvatore qui les a trouvés au bout de 3 jours et a ramené à terre les quelques survivants. Elle ne l'a jamais oublié et vient lui demander un service, une arme pour se venger, tuer le responsable, Hussein Marouk, un homme d'affaires véreux, celui qui a "trouvé le bateau, l'a acheté et l'a mis à la disposition des passeurs, moyennant un pourcentage sur les bénéfices. C'est lui qui a fixé le nombre de passagers qu'il fallait et ui a donné l'ordre d'abandonné le bateau."

De l'autre côté, il y a aussi Soleiman, qui doit quitter son pays et la misère, il doit partir, trouver du travail pour nourrir son frère aîné Jamal, gravement malade et sa mère restés au village. Il va faire la route au côté de Boubakar, parti de chez lui depuis sept ans, ils seront compagnons de route. Il va réussir, il le faut pour sauver Jamal et pour tous ceux qui croient en lui.

Salvatore aussi franchira cette frontière mais dans l'autre sens, parce que la détermination, la force qu'il a vu dans les yeux de ces déracinés, clandestins, lui font rendre conscience de la vacuité de sa vie, de l'horreur de son travail. A son tour, il fuit son pays, sa vie et son unique ami. A son tour, la peur, la faim, la misère, la violence vont accompagner sa quête d'un ailleurs différent.

Ce roman est terrible, aussi terrible que le regard des hommes si souvent repêchés au large de Lampedusa. Je ne sais qu'ajouter. Ah si ! J'avais adoré "Le soleil des Scorta", prix Goncourt 2004, et "Ouragan" du même Laurent Gaudé.

Alors une seule chose à dire : Lisez-les !
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Avoir passé 20 ans de sa vie à croire à son rôle de gardien de la forteresse Europe et se rendre compte, soudain, de l'absurdité et de la vacuité de son métier, voilà ce qui arrive à Salvatore Piracci, commandant de frégate, chargé de surveiller les côtes où viennent s'échouer les clandestins de tous bords. Bien sûr il sauve des vies, mais pourquoi ? Pour les remettre ensuite dans les camps de rétention ? Pour les renvoyer dans leur pays et les voir revenir ?

Ses convictions vacillent lorsqu'une rescapée, le retrouve, trois ans plus tard et lui demande une arme pour pouvoir se venger des passeurs qui les ont abandonnés en pleine mer.

Parallèlement, Soleiman commence son périple du Soudan à la côte afin de rejoindre cet Eldorado que représente l'Europe. Il participe à l'un des assauts menés par des centaines d'immigrés contre les barbelés qui séparent la frontière du Maroc et de l'Espagne à Ceuta et Melilla.


Le destin les fera se rencontrer dans une circonstance paradoxale et c'est là tout le secret de l'art de Laurent Gaudé.

Il sait construire des romans à partir de faits d'actualité (rappelons-nous "Ouragan") sans jamais tomber dans la banalité. Il crée des personnages qui incarnent les drames que nous lisons trop souvent dans nos journaux sans théoriser, sans prétendre avoir de solution, mais en nous rappelant l'essentiel, à savoir qu'il s'agit d'abord d'être humains.

Un livre fort et efficace.
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Un très beau roman qui prend aux tripes !
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Simple et efficace, juste ce qu'il faut pour être passionné par le récit et susciter des questions en laissant au lecteur le soin d'y répondre. Trés bon roman.
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Mieux vaut certainement commencer par découvrir Gaudé avec La Mort du roi Tsongor, ou le Soleil des Scorta... car Eldorado est un roman à part parmi tous ceux de Gaudé. On y retrouve pourtant les motifs chers à l'auteur : l'Italie, des personnages en quête, la mythologie (parfois imaginée).

Même plusieurs années après la lecture, l'atmosphère grave d'Eldorado persiste dans les souvenirs.
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Le style de Laurent Gaudé est vraiment reconnaissable, dans sa manière de traiter deux histoires en même temps. Dans Eldorado, il s'attaque au thème de l'immigration clandestine, en mettant en exergue la rédemption d'un italien et le dure voyage d'un libyens pour rejoindre l'Europe. C'est vraiment très fluide à lire et émouvant, bien que je reste sur un sentiment d'inachevé à la fin, notamment sur le sort du frère de soleyman, ou de la jeune femme qui avait perdu son enfant. Cependant, cela reste un très bon roman, comme tout ceux de Laurent Gaudé.
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ELDORADO de LAURENT GAUDÉ
Très bon roman sur les migrants à travers plusieurs personnages qui montrent parfaitement la difficulté de ce sujet. Bien écrit comme toujours avec Gaudé, je vous recommande ce livre particulièrement intelligent et passionnant. Je n'en dirai pas plus, il faut le découvrir tout simplement
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Un roman qui se veut bienveillant, mais qui maltraite son récit et ses personnages.
Au commencement: la taille. Un problème si vaste, avec tant d'acteurs impliqués et tant de victimes, comment le réduire à un texte si court, si éclaté, si peu fouillé, si ce n'est pour chercher à surfer sur la gloire littéraire acquise par La Mort du roi Tsongor et le Soleil des Scorta à moindres frais ?
Les personnages manquent cruellement d'ampleur et de profondeur: on nous présente des personnages (le capitaine, Soleiman) dont l'attitude banale, molle n'a d'explication que la magie du non dit: ce que l'on explique pas au lecteur, il l'imaginera. Que le capitaine parte en barque, traverse la mer et se retrouve à Al-Zuwarah, prenne miraculeusement un bus pour Ghardaïa, bus que l'auteur a mis là pour le bien du récit, pour retrouver Soleiman, rien de tout cela n'a de cohérence vis-à-vis de la logique, mais si nous laissons la logique de côté et nous penchons sur la psyché du bon capitaine: qu'y voyons-nous ? le néant. Il en a marre de récupérer des migrants et claque tout, pour faire quoi ? Rien. L'auteur fait donc de son personnage "utile" un bon à rien qui dégoûté de son travail, ne cherche plus à aider. Il l'envoie vers l'autre personnage et le fait mourir. C'est plus simple quand on ne sait pas comment conclure.
Arrive alors un problème supplémentaire: Laurent Gaudé refuse de juger les actions qu'il décrit, organise si chichement. Pas d'axiologie, si ce n'est un discours lisse fait pour ne heurter personne et qui met à égalité toutes les actions des personnages. Alors, à quoi bon proposer ce roman ? En effet, s'il souhaitait faire oeuvre utile, il fallait sans doute alerter avec plus de force, dénoncer avec plus d'implication, critiquer réellement, être corrosif sans doute, mais pour cela creuser le sujet, les personnages, l'action et faire le travail que l'on attend d'un auteur qui s'empare d'un sujet d'une telle importance, non pas d'un simple écrivant qui noircit des pages pour se nourrir.
C'est un livre qui a le mérite de simplifier les choses à l'extrême et de proposer un divertissement gentillet, pour que l'on s'offusque dans son fauteuil. Mais pour qui attend d'une oeuvre de fiction qu'elle soit intelligente, non pas audacieuse, mais impliquée dans son sujet, ce roman est à fuir.
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Suivant les conseils d'une amie, je décide ( enfin !!) de lire Laurent Gaudé. Par quel roman commencer ? Attirée par la belle couverture turquoise, je choisis « Eldorado » L'action se passe à Catane. Tiens, Catane ! Je me souviens très bien de ce petit port sicilien où, un matin d'octobre, le bateau sur lequel je me trouvais a accosté. Juste devant se trouvait un bateau des gardes côtes italiens rempli de réfugiés. Stupeur, malaise, culpabilité, tristesse.
C'est exactement de cela que parle ce livre. Que faisons- nous, nous européens, pour ces malheureux qui traversent la Méditerranée en espérant trouver une vie meilleure ? Ce roman est bouleversant d'humanité. Je le conseille fortement.
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