Eldorado

Une fenêtre ouverte sur l'immigration de gens venus d'Afrique vers l'Europe. Nous croisons très peu de personnages et il n'y a pas vraiment d'histoire.
Alors oui, la plume de Laurent Gaudé reste belle, et sait très bien utiliser le pathos pour nous émouvoir.
J'ai trouvé ça intéressant cette idée de se mettre dans la tête d'immigrants, et de mieux comprendre leur périple. Et bien sûr nous ne pouvons qu'être compatissants/horrifiés par leurs parcours.
Cependant, je suis restée à l'orée de ce roman, je n'ai pas été emballée comme dans les autres romans de l'auteur. Pas de souffle épique, ni vraiment de souffle. Une impression de vite fait, bien fait.

Comment ne pas être profondément touché par ce livre court, si clair, si dur mais si beau, décrivant les états d'âme humains avec une criante vérité ? Laurent Gaudé, dont je découvre ici la magnifique plume, raconte le phénomène des migrants, sujet brûlant d'actualité, avec une sensibilité et une humanité saisissants.

Il emprunte le regard et la vie de deux hommes que tout oppose.
Le commandant Salvatore Piracci, chargé de "garder la forteresse", de prévenir l'Europe d'une trop forte immigration, et accessoirement de sauver nombre de naufragés. La rencontre avec une femme secourue va bouleverser ses certitudes et le mener vers une quête personnelle absolue.
Le jeune Soleïmane s'apprête à tenter de gagner l'Europe avec son frère Jamal avant que la vie n'en décide autrement. Entre espoir et découragement, son parcours semé d'embûches s'avère captivant et touchant du début à la fin.

Ces deux destins racontés en alternance donnent vie à cette histoire contemporaine dont nous connaissons l'existence sans l'appréhender. C'est réel et poétique, beau et cruel, obsédant, bouleversant et révoltant.

C'est le second roman de Laurent Gaudé qui passe entre mes mains. Et je suis une nouvelle fois émerveillée par les talents de conteur de cet écrivain.
C'est des histoires assez simples qui nous sont racontées, sans aucun jugement, avec uniquement les sentiments des personnages. Et cela suffit à semer dans la tête des petits graines de réflexion.
C'est très facile à lire, et très rapide aussi, deux petites soirées et c'est fini... mais c'est intense.

Ce livre est petit par le format mais grand par le message qu'il transmet. Il fait naturellement écho à ce qui se vit, ici, à Mayotte où j'habite avec les Comores toutes proches: de bien tristes et tragiques similitudes !
Quel douloureux bonheur que de penser que je vis dans un "Eldorado" ! Ce petit coin de France fait la convoitise de tous les pays alentours : les Comores, Madagascar, l'Afrique par le Mozambique...
Ce livre est d'autant plus poignant qu'il est le reflet de ces tragédies que l'on vit quotidiennement et dont on entend parler sans se rendre compte qu'elles se produisent sur la plage d'à côté.
Que de vies gâchées à espérer, de morts échoués au fond du lagon, de douleurs insatiables !
Que ce livre est triste et fort car il nous renvoie à nous-mêmes qui ne nous satisfaisons jamais de ce que nous offre généreusement notre pays : nous sommes repus et pourtant avons tout perdu : l'espoir !

Entre Laurent Gaudé et moi c'est souvent quitte ou double, soit dès le début je suis emportée ou soit cela ne passe pas dès les premières lignes.

Il y a des thèmes qui nous touchent plus que d'autre et ici le thème de l'exil et de l'immigration ont fait mouche de mon côté, comment resté insensible à ce récit si court mais tellement intense du côté de émotions que cela fait naitre en nous.

Ce bouleversement dans de nombreuses existences dans l'espoir de trouver une terre d'exil et d'avoir une vie meilleure, mais qui est semé d'embuches, certains hommes profitant de la misère des autres, aussi bien niveau financier que d'autres sévices qui peuvent également être infliger aux femmes.

Cela fait écho a cette question de l'immigration toujours autant d'actualité de nos jours ou peu de pays souhaite prendre en charge les migrants.

Cette plume si belle qui contraste avec la dureté de ce que cela narre, un récit court mais qui me restera longtemps en mémoire.

Laurent Gaudé reste une valeur sûre à mes yeux malgré quelques petits loupés selon moi.

Un livre magnifique, bouleversant, empli de poésie, où se côtoient misère et espoir en une vie meilleure.

Les deux personnages principaux vivent de part et d'autre de la Méditerranée. Tout les sépare et rien ne les prédispose à se croiser. le commandant Piracci sillonne la mer pour sauver (ou plutôt confier aux centres de détention) les migrants parqués sur des embarcations précaires ou abandonnés par des passeurs sans scrupules. Confronté à la détresse, au désespoir, à ces vagues sans fin d'hommes, de femmes, d'enfants venus d'Afrique à la recherche d'un permis de vivre, le marin ne trouve plus de sens à sa mission, questionne son rôle dans cette catastrophe, sa capacité à résister, à s'élever contre l'ordre établi. Il va entreprendre un voyage, qui sonne comme une quête initiatique. Si on accepte de l'accompagner, de se laisser guider par son errance, on est rapidement saisi par une tristesse immense, un poids accablant... En Lybie, Soleiman et son frère, s'apprêtent à faire le chemin dans l'autre sens, à tout tenter pour entrer en Europe, avec l'espoir de se faire une petite place dans un environnement plus favorable. On sait déjà que le voyage va être périlleux, peut-être avec comme seule issue la mort, qu'il y a peu de chances qu'ils parviennent à atteindre l'Eldorado. Pourtant, l'espoir les porte qu'un ailleurs les accueille, où ils pourront faire autre chose que survivre. On est de tout coeur avec Soleiman, on sait pourtant qu'arrivé en Europe, tout ne sera pas réglé, mais sa pulsion de vie nous embarque, nous tend vers son projet.
Laurent Gaudé ne nous apprend rien de nouveau sur le drame qui se joue (surtout quand on vit en zone frontalière). Pour autant, l'humanité est là, à chaque détour de phrase. Les personnages transcendent les situations, incarnent ce qu'il y a de plus noble mais aussi de plus noir dans l'homme.
Quand on lit dans le silence de la nuit ce court roman, on ne peut qu'être envahi par l'émotion et, malgré le message résolument optimiste, se laisser gagner par un brin de découragement. Un vrai coup de coeur.

Deux histoires s'alternent : celle du Capitaine Savatore Piracci qui est chargé d'arrêter les émigrés clandestins qui arrivent au large de l'île de Lampedusa et celle de Soleiman qui quitte le Soudan avec l'aide de son frère avec l'espoir de trouver une nouvelle vie en Europe, peu importe où.

La vie du capitaine bascule après quelques rencontres avec certains émigrants clandestins qui le bouleversent. Il ne supporte plus sa vie telle qu'il la vit et va commencer un voyage loin de ce qu'il était. le voyage de Soleiman est presque un parcours initiatique à travers de multiples pays où il va croiser le meilleur et le pire dans les rapports humains.

C'est un roman sur la quête d'un monde meilleur mais aussi la quête de soi. C'est aussi un roman d'actualité qui pointe le doigt sur ce que certains sont prêts à vivre pour quitter leur pays et ce que certains sont prêts à leur faire subir pour qu'ils y parviennent...ou pas.

L'écriture est magnifique, ciselée, précise, poétique tout en état sobre. Encore une fois, il y a du théâtre dans le style de Laurent Gaudé qui est décidément un auteur que j'aime beaucoup! Les personnages sont riches et forts, emprunts à la fois d'une grande détermination et d'une sorte d'innocence.

Bravo pour ce style superbe et le sujet puissant.
Lien : http://ennalit.canalblog.com..

Laurent Gaudé a livré là un livre d'une très grande puissance. Un livre qui prend aux tripes. Un livre d'une justesse incroyable et toujours empreint d'une grande poésie malgré la lourdeur du sujet. Bref, un livre que l'on ne peut oublier.

J'ai découvert ce titre dans un corpus documentaire sur les frontières dans un cours à l'université, et déjà le passage étudié laissait présager de très bonnes choses. J'ai donc inscrit ce titre dans un coin de ma mémoire, et les vacances ont été une occasion de m'y plonger.

Eldorado trace la route de deux personnages : Salvatore Piracci, commandant chargé d'arrêter les migrants aux portes de l'Europe et Soleimane qui tente lui de rejoindre l'Europe. Les deux récits se font alternativement et cela rend le livre encore plus prenant, encore plus passionnant.

Les personnages sont criant de réalisme et d'une grande humanité. Les décors dans lesquels prend place le roman sont d'une grande beauté. On ne lit pas, on vit le récit !
Malheureusement les prédictions du récit se confirment : 20 ans plus tard la situation n'a pas changé et s'est même aggravée. Les migrants sont toujours plus nombreux, toujours plus pauvres, toujours aussi mal accueillis et toujours plus nombreux à périr en mer.

Dans ce contexte, ce livre est une véritable lanterne pour nous rappeler le long et difficile parcours de ces Hommes qui tentent chaque année de trouver une vie un peu meilleure dans ce continent qui constituent, pour beaucoup, le paradis. Car un homme n'est beau que des décisions qu'il prend.

Avec ce roman parfumé aux embruns marins et à la poussière des chemins tortueux, Laurent Gaudé nous entraîne sur la piste de ces migrants qui cherchent à traverser les déserts et la mer Méditerranée pour rejoindre l'Eldorado européen, la terre de tous les espoirs. À travers le regard du commandant sicilien Salvatore Piracci, qui dirige une frégate d'interception de navires clandestins, nous découvrons l'absurdité d'une chasse à l'homme sans fin, où l'empathie peut entraver la neutralité et détourner du devoir. Sous les yeux de Soleiman qui cherche à fuir le Soudan avec son frère, nous apprenons la douleur du cheminement, les sacrifices qu'il faut faire pour avancer coûte que coûte, au péril de sa propre innocence.

Deux hommes qui chacun à leur façon doivent arpenter leur destin, tourner le dos à leur existence passée, se remettre en question, pour in fine découvrir le véritable visage de celui qui sommeille au plus profond d'eux-mêmes. Cette structure narrative avec deux arcs distincts qui progressent par alternance, est tout à la fois classique et efficace, car elle permet d'opposer deux mondes qui s'entrechoquent, s'interpénètrent. J'ai moins adhéré à la manière dont l'auteur provoque l'appel à l'action chez le commandant Piracci, introduisant un personnage secondaire mais important pour l'abandonner ensuite à une fin dont nous ignorons tout. Mais il en est ainsi de ces vies en fuite qui prennent la mer sans savoir si elles reverront un jour la terre. Il faut accepter la perte et l'oubli.

Le style de Laurent Gaudé est toujours aussi fluide et agréable, même si je l'ai trouvé dans ce roman moins affiné et vibrant que dans d'autres. « Eldorado » n'est donc pas mon roman préféré de l'auteur, mais il fut une expérience intéressante dans un univers différent de ceux que j'ai déjà explorés avec lui.

Roman de Laurent Gaudé publié en 2006 et, pourtant d'une triste actualité !
Avec son style lyrique, bouleversant et empreint d'humanisme, il nous fait vivre 2 récits, 2 destins, 2 traversées de la Méditerranée .
*Le commandant Salvatore Piracci qui patrouille depuis 20 ans sur les cotes siciliennes et aux alentours de l'île de Lampedusa : 20 ans qu'il tente de sauver les migrants qui ont été les victimes innocentes des passeurs sans scrupules, 20 ans qu'il cherche avec son équipage, la nuit les embarcations perdues, qu'il croise les femmes, les hommes, les enfants qui pensent trouver sur la terre italienne" l'Eldorado " mais qui sont grugés, piégés, tués et qui sont accueillis ensuite par les carabiniers pour être ensuite transférés dans des camps.
Piracci est fatigué par le flux qui ne s'arrête jamais, et il se sent tellement impuissant devant cette détresse humaine !

*Soleiman aidé de son frère Jamal va fuir le Soudan pour aller en Libye : il veut se rappeler ses ancêtres, la douceur de son pays mais Jamal ne peut pas l'accompagner car il a le sida et, il a mis toutes leurs économies pour payer le passeur ...il va être obligé de voler, violenter un riche marchand pour avoir de quoi continuer son trajet et, heureusement il fait la rencontre de Boubakar qui va l'aider et ils vont passer ensemble (comme des frères d'enfer ) par le Maroc pour rejoindre l'Espagne à Ceuta !
Salvatore décide de traverser la Méditerranée en sens inverse des migrants, il déchire ses papiers d'identité , il veut tout oublier , l'Eldorado n'est pas pour lui !
C'est du grand Laurent Gaudé (que j'aime à lire ) : tout en sensibilité, en nuances, en finesse avec sa manie des thèmes de la tragédie grecque !
L.C thématique de Juillet 2021 : les voyages.