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sur 3362 notes
Après La mort du roi Tsongor, j'avais envie de retourner du côté de chez Laurent Gaudé, histoire de vérifier si le talent narratif, la force de l'émotion, l'art de capter le lecteur, se retrouvaient dans Eldorado. Eh bien je peux dire que j'ai été comblée! L'histoire n'a pourtant pas la force épique de Tsongor, mais elle sait nous prendre par la main, nous entraîner vers d'autres destins, nous rendre acteurs devant la détresse humaine. L'existence du commandant Piracci arrive à ce point névralgique où tout doit changer, où l'homme sent enfin en lui la force de faire des choix, si difficiles soient-ils, qui correspondent le mieux à ses aspirations profondes. C'est dans les yeux des émigrants clandestins en route pour l'Italie qu'il a perçu cette force d'y croire, cette volonté de devenir qui lui manque tant. Quelle errance les attends tous? Par quels rivages devra-t-il lui-même passer, et pour aller où, devenir quoi?
J'ai lu ce roman très vite. J'ai eu l'impression que la mer, implacable et indifférente au sort des hommes, formait une allégorie des multiples destinées humaines, épargnant les uns, submergeant les autres. Un vent tragique souffle encore sur ce roman, saisissant dans le sort des anonymes une sorte de message assez sombre, voire désespéré de la condition humaine.
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J'ai aimé "Ouragan" Mais "Eldorado" m'a vraiment touchée au coeur. Ce récit à plusieurs voix , qui nous emporte sur ces bateaux incertains mais chargés de tous les espoirs, m'a bouleversée. Ce que je retiens de cette excellente écriture: humaine, juste, pudique, c'est que l'espoir de l'homme est immense, et qu'en chaque individu sommeille un besoin de dépassement de soi qui fait "briller ses yeux".
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C'est le premier livre que je lis de Laurent Gaudé !
J'ai lu récemment « entre deux mondes » d'Olivier Norek sur le même sujet l'immigration.
Alors ce récit m'a semblé, moins profond, moins sensible, moins attachant.
Je ne me suis pas vraiment noué aux personnages malgré leurs périples, qui fût, malgré tout, très palpitants.
La fin m'a énormément surprise, mais l'émotion n'était pas au rendez-vous.
Je lirais quand même d'autres ouvrages de cet auteur, vu les multiples compliments que je lis sur lui.

Extrait :

Il avait livré son amulette à une des ombres de Massambalo et partait dorénavant à l'assaut de l'Europe. Plus rien ne l'effraierait. le dieu des émigrés veillait sur lui. Cela le rendait sûr de lui sans vanité, et courageux sans arrogance.


Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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A chaque lecture d'un Gaudé, je me dis qu'il ne peut pas faire mieux... et toujours, il me surprends et en refermant la dernière page, je me dis que celui-ci est mon préféré... Et puis, j'ouvre, je plonge, je me laisse porter par les mots. Il me touche, me captive, m'attendrit, me fait mal... et puis, ça y est, ça devient une fois de plus mon nouveau Gaudé préféré... Ici n'a pas fait exception. Ce livre m'a ému aux larmes, m'a toucher droit au coeur... Ces deux histoires d'homme singulier, dont la route se croisera, à la toute fin, m'a donné des frissons... Gaudé est un homme assurément intelligent... un homme d'esprit, et pour sur, un homme de coeur... Ouvrez ces bouquins sans crainte, ça ne peut que vous plaire.
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Roman sorti il y a 17 ans, et encore brûlant d'actualité…

Ici, nous suivons d'un côté le commandant Salvatore Piracci, qui intercepte les embarcations clandestines pour remettre les migrants aux autorités siciliennes.
Et de l'autre côté, nous suivons Soleiman, quittant son Soudan natal et son frère avec douleur pour se rendre en Europe, un vagabond épuisé, peureux et brave à la fois.

Pendant ma lecture, j'ai donc croisé la route de Soleiman, son frère Jamal, Boubakar, le commandant Piracci, et la femme anonyme. Que ce soient aussi bien les garde-côtes que les émigrés ou bien les passeurs, chacun a comme principe la détermination et la rage.

Laurent Gaudé pousse à la réflexion : l'Eldorado… D'accord, mais à quel prix ? Est-il préférable de mourir en mer ? Une balle dans le coeur au pied d'un mur ? Ou bien d'être impitoyablement repoussé par les garde-côtes, mourir de fatigue, de froid, de chaud, de faim ou de soif ? Où bien d'être victime de passeurs sans scrupules qui fixent leur prix pour la liberté ?

Ces personnes qui n'ont ni nom ni histoire, dont personne ne sait rien, ni d'où elles viennent, ni ce qui les anime, se taisent et sont résignés. Ils sont à cran et continuellement aux aguets parce que rien ne les laisse en paix.

À travers cette lecture, nous retournons à la base de ce qui est important et signifiant. Ce n'est pas l'argent ni la prospérité, non…

« Et nos enfants, Jamal, nos enfants ne seront nés nulle part. Fils d'immigrés là où nous irons. Ignorant tout de leur pays. Leur vie aussi sera brûlée. Mais leurs enfants à eux seront saufs. Je le sais. C'est ainsi. Il faut trois générations. Les enfants de nos enfants naîtront là-bas chez eux. Ils auront l'appétit que nous leur avons transmis et l'habileté qui nous manquait. »

Nous sentons une très grande compassion à travers la plume de l'auteur. Il arrive à parler de ce malheur avec humilité, humanité et pudeur.

Nous avons tous besoin d'empathie et de tolérance. Ce monde se porterait un peu mieux sans les frontières qui nous divise et les murs qui se dressent…

« Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays […]. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes. »

« Reprendre les hommes à la mort. Les extirper de la gueule de l'océan. le reste, tout le reste, les procédures d'arrestation, les centres de rétention, les tampons sur les papiers, tout cela, à cet instant, était dérisoire et laid. »

Nos actes, les plus infimes, qu'il soit, peuvent avoir une répercussion sur autrui.

Une main tendue peut parfois signifier énormément pour celui qui la reçoit.

Vivre peut malheureusement coûter cher… très cher même...
Le prix d'une vie pour certains…
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Illusions perdues.

Salvatore Piracci garde-côte italien sillonne la Méditerranée à la recherche des clandestins. Sa rencontre avec une survivante va briser ses certitudes.

Je n'ai pas assez de mot pour décrire ce magnifique roman. C'est un long cri de désespoir qui m'a accompagné tout au long de celui-ci. Celui des clandestins mais aussi celui de Salvatore. Les espoirs et les illusions se brisent violemment face à la réalité. Les survivants ont fait des sacrifices en vain, Salvatore a perdu le sens de sa vie. Que reste t-il ?

Pour cette jeune femme la vengeance, pour tous les clandestins la survie envers et contre tout, pour Salvatore errer sans but. Toutes ces souffrances paraissent différentes, et pourtant, elles sont universelles. Un point commun les rassemble : la perte de sens.

Les romans qui me font un tel choc sont rares. Laurent Gaudé magnifie cette immense tragédie avec sa plume somptueuse. Il transforme les statistiques en êtres humains dignes malgré la souffrance. Il nous met en empathie avec eux.

En somme, si vous ne deviez lire qu'un seul Gaudé lisez celui-ci.
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Eldorado


Un roman entre témoignage realiste et quête mystique pour nous ouvrir les yeux sur ce qui se passe quotidiennement aux portes de l'Europe.

Avec "Eldorado" Laurent Gaudé met en mots les effets de la migration sur celui où celle qui migre. C'est la transformation de l'homme qui pour survivre en est reduit à commettre des actes auxquels il répugne flirtant constamment sur une ligne de crête qui peut le faire basculer de l'humanité à l'état de bête sauvage. C'est aussi la derive de cette femme qui a presque réussi la traversée mais qui perd son âme en perdant les rêves qu'elle formulait pour son enfant. C'est le déchirement de celui ou de celle qui quitte une vie de misère pour un Eldorado de paille, une autre vie de misère et de rejet. C'est le regard de l''européen qui met fin aux reves de ces être malmenés, trahis, harcelés et que seule la mort empêcherai de rejoindre leur but.

Au travers des histoires de Soleiman, de la suvivante, de Boubacar c'est cette longue, douloureuse et dangereuse errance qui se déroule dans un recit qui plus d'une fois nous fait passer de la colère à la compassion.

C'est aussi l'histoire du Commandant Piracci (nom qui sonne comme "pirate") que la survivante et les regards de ceux qu'il parvient à sauver temporairement de ces bateaux à la derive amènent à faire son examen de conscience, à chercher au bout de 20 ans un sens à son rôle de garde côte et à sa vie (une quête dont le final pose un petit bémol sur l'ensemble du roman). Des regards vides, déçus ou téméraires qui le poussent à s'interroger sur le pouvoir que sa fonction lui donne sur ces hommes et ces femmes en quête d'une vie meilleure. Ces vies brisées, faites d'errance et de renoncement sont-elles mieux que la mort et inversement ?

L'écriture de Laurent Gaudé est multiple. Parfois teintée de lyrisme ou de poésie elle se fait aussi suspens ou recit hyperréaliste, conte philosophique ou roman épique, sans jamais ne donner de leçon tant sur la politique européenne ni celle des pays d'origine des migrants. Un constat plus qu'un jugement.

Après avoir lu Eldorado qui peut encore croire que ces hommes et ces femmes migrent par plaisir ?

Un roman bouleversant écrit au moment où l'immigration clandestine en provenance d'Afrique touchait de plein fouet l'ile italienne de Lampedusa et qui reste d'une cruelle actualité. 4 figures pour 4 voyages initiatiques sur les routes de l'espoir, de la rédemption, de la vengeance ou du sacrifice.

Un livre coup de poing
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C'est mon 5è roman de Gaudé et je ne m'en lasse pas, comme je pourrais dire son talent n'est plus à prouver.
Son écriture est toujours aussi profonde et délicate et l'on plonge directement dans un roman psychologique.
Le thème de l'exil en est le coeur principal et l'auteur nous a bien mis en avant le côté existentiel des personnages qui ont le courage de prendre des décisions dans leur vie pour aller risquer leur vie ailleurs. Un sacré courage d'ailleurs quand on sait ce que ces derniers vont vivre au travers de la mer et se heurter au forces de l'ordre à l'arrivée sur la terre ferme.
Un bien beau roman riche en émotions qui nous fait prendre conscience que lorsqu'on décide de partir on ne sait pas à quoi s'attendre mais on aura tout de même fait ce grand pas coûte que coûte.
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Eldorado m'a ouvert les yeux. Jusqu'alors, lorsqu'aux informations on parlait de ces raffiots africains dérivant vers les côtes italiennes ou espagnoles, bourrés jusqu'à ras-bord d'hommes et de femmes fuyant la faim, la misère, c'est à peine si ce triste spectacle, devenu banal, captait quelque peu mon attention.

Dans son roman, destins croisés d'un garde-côte italien et d'un jeune migrant tentant de rejoindre l'Europe, l'Eldorado, Laurent Gaudé parvient à nous ouvrir les yeux sur le drame qui se joue chaque jour en Méditerrannée.
Et pas en jouant sur la corde sensible, sans ton larmoyant. Mais plutôt, au contraire, au travers de l'optimisme et la volonté de Souleiman, ou de la clairvoyance et la prise de conscience de Salvatore.

Un roman très fort. Encore une fois, une écriture puissante, rythmée, les mots justes, pas de longueur. Admirable.
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C'est un livre qui ne peut pas laisser indifférent je pense…
Il mêle finalement le trajet de deux personnages : le commandant Piracci, garde-côtes à Lampedusa en Sicile et Soleiman qui fuit un pays dans lequel il n'a aucun avenir, en quête d'un Eldorado européen.
J'ai aimé la prise de conscience et l'humanité de Piracci qui "déserte" le jour où il ne supporte plus de ne pouvoir sauver tous ces naufragés (au sens propre comme au figuré). Son parcours en quête d'une réponse, d'une rédemption, d'une preuve que la vie a du sens…
Le voyage de Soleiman (et celui de la femme du Vittoria au début du roman) témoigne des horreurs que subissent les migrants, des violences, des humiliations, des injustices qui ne peuvent que modifier leur être même.
Et puis j'ai aimé la légende de Massambalo...
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