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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Son visage est noir, sale et ridé. Assis sur le quai de ce métro new-yorkais qui voit des centaines d'hommes et de femmes descendre et monter dans la rame, il attend. Il entame le récit de sa vie à cet homme qui s'est approché de lui...
Né en pleine nuit, dans les monts Zagros à Tepe Sarab, village de huttes de terre séchée, entouré de mulets et de corbeaux, les hommes et les femmes ont fait un feu pour célébrer sa naissance et ont dansé, mangé, bu à s'enivrer. Soudain, quatre ou cinq hommes se sont approchés de lui, l'ont égorgé, démembré et ont fait bouillir ses morceaux de chair avant de le dévorer. Mais, ils ont oublié le coeur. Son père, le maître des dieux, l'a fait naître à nouveau. Ainsi est né Onysos, mi-homme mi-dieu. Furieux, insaisissable, il est prêt à se venger des hommes...

Silence. Alexandre est malade et va mourir. Il réclame le silence et la solitude. Dehors les servantes et ses nombreuses femmes! Fini les remèdes pour le soulager! Fini les onguents! Il en a fini avec le monde. Il interpelle la mort et l'invite dans sa chambre à prendre possession de son corps. Avant cela, il tient à parler. A raconter ce que fut sa vie. Ce que furent ses batailles et son empire. Il lui demande de prendre pitié de lui...

Les éditions Babel rassemblent dans ce petit livre deux pièces de théâtre, l'une écrite en 1996 et l'autre en 2001. Deux textes qui s'opposent mais qui, en même temps, traitent de mêmes sujets tels que la mort, la vieillesse, le temps qui passe, la violence... Ils interpellent de par leur narration puisque Onysos et Alexandre s'adressent à un passant pour l'un et à la mort pour l'autre. Ils nous racontent ce que furent leur vie si riche et si comblée, fut-elle courte pour Alexandre. Ces deux textes nous plongent dans l'Antiquité, espace mythologique et fantasmagorique, lieu de l'épopée et du tragique, selon l'auteur. Deux textes lyriques et tragiques à l'écriture poétique et, évidemment, théâtrale.

Ecoutez Onysos le furieux...
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Dès qu'il s'agit de Laurent Gaudé, je confesse un manque fondamental d'objectivité. Depuis ma découverte de "La mort du roi Tsongor", qui n'est pas sans avoir une certaine parenté avec les deux textes de l'ouvrage présent, je me délecte de l'écriture de Gaudé, des thèmes qu'il explore, de sa capacité à se renouveler tout en creusant un même sillon inlassablement ...
Onysos le furieux, le tigre bleu de l'Euphrate ... deux textes de bruit et de fureur, deux longs monologues qui prennent racine dans les récits antiques. Deux oeuvres de jeunesse de Laurent Gaudé qui m'ont à nouveau estomaqué par la puissance des mots, l'énergie qui s'en dégage. Une petite préférence pour le Tigre bleu de l'Euphrate, sans doute parce que davantage ancré dans L Histoire et si plein d'humanité, lorsqu'Alexandre, au seuil de sa vie, livre comme un dernier combat et dialogue avec la mort elle-même. Sans renoncer à son être profond mais en étant lucide sur ce qu'il a été.
Et comme j'aurais aimé être le témoin de sa création en janvier 2005, avec sur scène Carlo Brandt, le Méléagant de Kaamelott. Qui d'autre que lui pour incarner Alexandre au moment du grand passage !
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Ce livre regroupe deux courts récits, monologues de théâtre, écrits en vers libres, à dire sur scène plutôt qu'à lire, selon la préface l'auteur .

Le premier texte donne la parole à un vieillard durant tout une nuit sur le quai du métro de New-York, « sa ville », dit-il. Devant un jeune homme, il se remémore son passé, lui, Onysos à la peau noire et aux lèvres sèches. Il est né à Tepe Sarab, en Perse, dans les monts Zagros (Iran et Irak actuels) mais à peine venu au monde, expulsé brutalement par sa mère la déesse Ino, il a été démembré et brûlé. Les assassins n'ont oublié qu'un détail : son coeur est resté intact, ce qui lui a permis de renaître, furieux, avide de violences et de vengeances, avide aussi d'orgies avec les femmes dont il fait des furies dévouées et lubriques.
A partir de là, nous le suivons à travers le Proche et le Moyen Orient, en Égypte, à Akko (Saint Jean d'Acre, en Israël actuel), Chypre, enfin Ilion (Troie) qui subit la guerre avec les Achéens depuis neuf ans et sera vaincue le lendemain.
Il tue beaucoup (notamment un jeune chef qui s'est travesti en femme pour le séduire), aime aussi de façon très physique, se livre aux célèbres orgies dionysiaques, provoque la haine des hommes et la folie des femmes.
La seule belle scène reste à mon avis celle où, les Troyens étant assiégés et sans espoir, il leur révèle le théâtre. Il joue les personnages présents et leur devenir immédiat : Priam, mort, Hector dont la dépouille est traînée autour des murailles de la ville, Andromaque, désespérée.

Sexe, violence, amour traversent ce très court récit qui n'a pas vraiment su susciter mon admiration.

J'ai été beaucoup plus sensible au personnage d'Alexandre de Macédoine, conquérant, ambitieux et sans limites. Aller toujours plus loin vers l'est, imposer sa loi de la Phénicie aux rives de l'Indus, fonder des villes et rêver de toujours plus de découvertes, c'est un héros, un géant, un mythe qui se heurte à d'autres héros tels que Darius dont il prendra le trône à Babylone.

Ce texte allie l'épopée antique, le lyrisme de la poésie et la puissance du texte dramatique. Beaucoup plus que le précédent, on le sent vibrer sous le regard comme dans la voix d'un acteur. Alexandre s'adresse au dieu des morts, Hadès, lui raconte et l'oblige à écouter, pour une fois, celui qu'il s'apprête à emporter. Presque mort, mais encore volontaire. Il évoque les grands faits de sa vie mais aussi et surtout l'apparition de ce félin de lapis-lazuli vu sur les fresques de la porte d'Ishtar et rencontré, protecteur et guide, sur son parcours au travers du Moyen-Orient.

Et quand il exprime sa dernière volonté, non pas l'immortalité déjà acquise, on peut le trouver bien arrogant mais aussi partager son désir de ne pas être réduit à la poussière d'un corps fixé dans un lieu pour l'éternité. le personnage, empli de grandeur et d'humilité à la fois, ne peut laisser insensible.
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Ces deux récits lyriques font partis des premiers écrits de Laurent Gaudé et on y trouve la genèse de son oeuvre avec tout son talent et la puissance de son écriture.
J'ai une préférence marquée pour "Le tigre bleu de l'Euphrate" qui nous fait revivre en quelques pages l'épopée d'Alexandre le Grand.
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Je rejoins le ressenti de nilebeh. le premier texte n'est pas désagréable, mais trop de sexe et de violence nuise à la qualité du récit. Par ailleurs la fin, plutôt inattendue, aurait méritée à mon sens, plus de subtilité.

Le deuxième texte (c'est pour lui que j'avais acheté le livre) est beaucoup plus intéressant. C'est un récit plus poétique et poignant.

En bref je recommande le tigre de l'euphrate, et si vous en avez l'envie, Onysos le furieux.

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Il s'agit en réalité de pièces de théâtre, mais s'agissant de longs monologues, cela ne m'a guère gêné dans ma lecture, d'autant qu'elles sont merveilleusement bien écrites et empreintes d'une grande poésie. Bref, j'adore !

Onysos le Furieux :

Vieux, le visage sale, maigre et crasseux, Onysos installé sur le quai d'un métro de New York s'adresse à celui qui l'observe. Dans un long monologue, aux allures épiques, il emonter le fil du temps, traverser les millénaires, et retrouver la ville de Tepe Saras là où tout a commencé. Il va évoquer sa vie pleine de fureur et de violences, mais également de douceur. Au fur et à mesure de l'avancée de son récit, dès qu'une oreille attentive l'écoute, les rides de son visage s'estompent, son torse et ses membres retrouvent leur vigueur.

Engendré par le maître des Dieux, et à peine sorti du ventre de sa mère Ino, le nouveau-né est massacré et démenbré par un groupe d'hommes qui ont ensuite dévoré sa chair. Ayant oublié de se repaître de son coeur, Yonisos renaît prêt à se venger. Désormais, il détruira tout sur son passage.

New York représente la nouvelle Babylone avec ses murs de métro détrempés, ses affiches déchirées et ses détritus jonchant le sol. Dans ce récit à double sens, on retrouver par instants l'homme d'aujourd'hui et celui d'hier, toujours paria et dieu des laissés pour compte, mais qui saurait aujourd'hui encore, faire trembler le monde.



Le Tigre de l'Euphrate :

Monologue évoquant les derniers instants d'un conquérant qui a soumis une grande partie du monde connu, à 27 ans pour mourir à 33.

Alexandre voit défiler sa vie, ses conquêtes, son rêve de grandeur. Il interpelle la mort qui l'écoute revivre une dernière fois l'ivresse de ses épopées, et évoquer, ses choix, ses regrets.
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