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sur 1123 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ayant lu dans ma prime jeunesse le Capitaine Fracasse, il ne me restait en mémoire que la difficulté à lire ce texte aux mots bien compliqués et aux références littéraires un peu difficiles pour moi, à l'époque. Mais voilà que j'apprends qu'aux Fêtes Nocturnes de Grignan où, chaque été, depuis plus de trente ans, une pièce de théâtre est jouée en plein air et où je me rends régulièrement depuis une dizaine d'années, du 23 juin au 22 août 2020, ce sera "Fracasse", d'après le Capitaine Fracasse, roman de Théophile Gautier, la mise en scène étant de Jean-Christophe Hembert.
Décision est prise, je dois me replonger dans ce roman, car il me plaît toujours de lire auparavant, le roman ou la pièce avant de voir le spectacle.
Bien m'en a pris, car j'ai vraiment apprécié la lecture de ce roman de cape et d'épée, plein de romantisme dont la fantaisie est remarquable.
L'histoire se déroule en Gascogne, entre Dax et Mont-de-Marsan, au XVIIe siècle. Un jeune baron, le dernier héritier des Sigognac vit mélancoliquement dans la misère et la solitude, dans son château en ruines, au milieu de ses terres en friches. Il a pour seule compagnie, son vieux et fidèle serviteur Pierre, son chien Miraut et son chat Béelzébuth. Il est le dernier descendant d'une famille illustre qui s'est peu à peu ruinée.
Voilà qu'un soir, une troupe de comédiens ambulants dont le chariot s'est embourbé se présente à sa porte pour lui demander l'hospitalité pour la nuit. Sigognac les reçoit et tombe sous le charme de l'une des comédiennes, Isabelle.
Les comédiens, en route pour Paris vont proposer au baron de se joindre à eux : " Il faudrait que Monsieur le baron allât à Paris, l'oeil et le nombril du monde, le rendez-vous des beaux esprits et des vaillants..." Après avoir hésité, il quittera son château pour suivre la troupe. L'un des acteurs va trouver la mort en cours de route, lors d'une tempête de neige et Sigognac le remplacera, Capitaine Fracasse devenant alors son nom de scène.
Dès le départ du château, les péripéties vont s'enchaîner et se dérouler à une allure folle. Que d'aventures dans ce livre ! Et, si le dénouement final n'est pas vraiment une surprise, Théophile Gautier réussit néanmoins à nous tenir en haleine jusqu'au bout.
Même si le roman se déroule au XVIIe siècle, les valeurs d'amitié, d'entraide, de fraternité qu'il véhicule sont toujours d'actualité. D'autre part, la description de la vie des comédiens ambulants est particulièrement intéressante et fidèle, et les personnages attachants. Quant aux descriptions du château, de son mobilier, des alentours, du voyage entrepris par cette troupe itinérante, elles sont splendides et savoureuses, le vocabulaire étant riche en termes souvent tombés en désuétude, ce qui leur apporte un charme fou. Les envolées lyriques des comédiens sont aussi des moments forts de l'épopée. Les aventures toutes plus épiques les unes que les autres, à la limite du burlesque parfois, et les rebondissements incessants qui émaillent le récit, alliés à cet amour pur entre Isabelle et ce capitaine Fracasse font que celui-ci s'apparente presque à un conte.
Le capitaine Fracasse est en tout cas un bel hommage rendu au théâtre avec une écriture flamboyante et se révèle un merveilleux roman d'amour.
J'ai hâte de me retrouver cet été dans la cour du château de Grignan pour assister à cette représentation qui pour moi, sans nul doute, me ravira, en espérant de toutes mes forces que cette période folle de pandémie et de confinement ne soit plus qu'un mauvais souvenir.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Dans un petit château délabré au fin fond de la Gascogne, le baron de Sigognac s'ennuie à mourir. Elevé depuis sa plus tendre enfance dans la misère et le dénuement, il voit sa jeunesse se flétrir entre les quatre murs pourrissants de la demeure familiale et s'est résigné depuis longtemps à être le dernier descendant de la noble – mais fauchée – lignée des Sigognac. Jusqu'au soir où un événement inattendu vient rompre ce morne train-train : portée par la tempête, une troupe de comédiens vient chercher refuge au château. le coeur et les yeux de Sigognac sont immédiatement attirés par la plus jeune des actrices de la troupe, la charmante Isabelle abonnée aux rôles d'ingénues, et, poussé à la fois par l'ennui et l'amour naissant, il prend la décision de partir aux côtés des comédiens quand ceux-ci quittent la Gascogne. Pour plaire à la belle, il pousse même le vice jusqu'à se faire acteur et endosse sur scène l'extravagant habit du Capitaine Fracasse, matamore et faux brave de comédie ! Voici le dernier descendant des Sigognac sur les routes et les planches, prêt à affronter amours, aventures et périls également, car un jeune et orgueilleux noble, le duc de Vallombreuse, poursuit l'innocente Isabelle de ses assiduités et, pour arriver à ses fins, il ne reculera devant aucune vilénie, rapt, assassinat et viol inclus…

Cela doit faire une douzaine d'année que je n'avais pas relu ce grand classique de Théophile Gautier et, si je me rappelais clairement les grandes lignes de son intrigue, j'avais tout oublié en revanche de ses particularités stylistiques. Il faut avouer que celui-ci a de quoi un peu rebuter au premier abord : grands envolées lyriques parfois un peu pompeuses, interminables descriptions, personnages à la limite du caricatural, héros bourré de vertus jusqu'à la nausée… Les cent premières pages ont été, je l'avoue, un peu difficile à passer, mais, une fois cet obstacle surmonté, je suis à nouveau tombée sous le charme de ce chef d'oeuvre ardu mais plein de séduction de la littérature française. Certes, la langue est un peu lourde et difficile d'accès pour un lecteur du XXIe siècle, mais elle séduit également par sa richesse et son éloquence. Lire « le Capitaine Fracasse », c'est éprouver le plaisir du beau mot, de la phrase joliment tournée, du calembour habilement trouvé – plaisir peut-être un peu superficiel, mais non négligeable pour autant !

D'autant plus que l'intrigue est beaucoup moins classique et artificielle que l'on pourrait le croire. Pour l'apprécier à sa juste valeur, il suffit de comprendre que la thématique principale du « Capitaine Fracasse » n'est ni l'amour, ni la vengeance, ni l'aventure, mais le théâtre. le style est grandiloquent, les dialogues manquent de naturel, les personnages de réalisme ? Quelle importance puisque ce ne sont pas ces qualités-là que l'on recherche dans une pièce de théâtre comique ! Dans « le Capitaine Fracasse », scène et vie réelle se mêlent et se confondent ; Scapins, Leandres, Tyrans et Soubrettes se mêlent au commun des mortels pour égailler de leur joyeuse fantaisie la trop morne réalité. On s'aime et on se hait avec la même folie et la même démesure que sur les planches de la scène. Qu'importe alors si tout ceci sonne un peu toc, un peu creux, un peu factice, puisque ce n'est pas pour leurs vrais visages que l'on aime les comédiens, mais bien pour leurs masques ?

Un fort réjouissant roman que ce « Capitaine Fracasse » : à lire avec un brin de second degré mais à lire tout de même !
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Vouloir faire une critique du Capitaine Fracasse et n'en retenir que l'aspect descriptif est - à mon sens - fort dommage ! Et préjudiciable à ce roman.

Certes des passages sont très longs pour les lecteurs de notre siècle plus habitués à un style expéditif.
Mais il est utile de rappeler ce roman (comme d'autres de la même époque) que nous avons aujourd'hui dans les mains d'un seul tenant était à l'époque distillés en épisodes dans les périodiques !
Puis ces auteurs n'avaient d'autre choix que de décrire : sinon comment permettre au lecteur d'avoir la vision la plus nette et la plus précise. Impossible pour eux de ne pas rentrer dans tous les détails pour faire en sorte que tout lecteur lise bien la même histoire!
Si je vous dis "imaginez vous un château"... chacun prendra l'image qui lui plait. Si je vous le décris en long, en large et en travers : tout le monde verra le même !

Le feuilleton est un style à part entière qui a ses règles et ses codes; la description diluée en fait partie.

Alors si vous n'aimez pas les grandes phrases et les chapitres entiers de description d'un lieu... n'ouvrez pas Fracasse !
En revanche si vous aimez l'art de manier les mot... vous allez être servi !

Pour ma part, je suis friande de feuilleton. Je ne suis pas loin du "plus c'est long plus c'est bon" et Fracasse m'a beaucoup amusée !
On y retrouve tous les clichés du roman de cape et d'épée; la glorification de l'honneur, l'amour bouffon qui pousse le héros, la troupe de fidèles amis, le hasard qui fait toujours bien les choses... et le happy end un peu niais !

Mais Fracasse c'est surtout le jeu des mots ! Lisez ce livre doucement, prenez le temps de sentir le plaisir de Gautier dans son écriture. Il faut savoir que Gautier écrit Fracasse en fin de carrière. L'homme est abouti, reconnu... Fracasse c'est sa récréation. Il y met tout son coeur et se redonne le plaisir de la plume.

C'est là le sel de cet ouvrage... Lire pour lire. L'histoire n'est que la serveuse du verbe.
Alors vous prendrez beaucoup de plaisir quand vos yeux tomberont sur des phrases telles que: "sa poignée de main était froide comme celle d'un serpent" !
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Le jeune baron de Sigognac, dernier rejeton désargenté d'une lignée jadis riche et puissante, vit seul, abandonné de tous, dans son triste château, niché entre Dax et Mont-de-Marsan.
Lassé de cette vie sans éclat, il décide, un matin d'hiver, de suivre une troupe de baladins auxquels il avait donné l'hospitalité la veille au soir. Et voilà, notre jeune seigneur parcourant les routes et vivant les aventures souvent comiques et parfois dramatiques de cette troupe.
Il aime Isabelle, la jeune actrice et remplace bientôt l'acteur Matamore, disparu lors d'une tempête de neige, dans le rôle du capitaine Fracasse.
Lors de leur passage à Poitiers, Isabelle est remarqué par le jeune duc de Vallombreuse qui n'aura de cesse que de la harceler pour obtenir ses faveurs.
Le jeune baron de Sigognac, alias le capitaine Fracasse, devra vivre bien des péripéties et combattre, l'épée au poing, bien des spadassins au service de Vallombreuse, pour finir dans les bras de sa bien-aimée au "château de la misère" devenu par un retour de fortune inattendu "le château du bonheur".
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Je dois dire à ma grande honte que je connaissais très peu les oeuvres de Théophile Gautier, à part le roman de la momie que j'avais lu étant adolescente. Certes, j'avais déjà entendu parlé du Capitaine Fracasse sans avoir eu l'occasion de m'y plonger jusqu'à présent. Aussi, je loue l'initiative du journal le Monde qui a eu l'idée d'adapter dans cette collection intitulée "Les grands Classiques de la Littérature en Bande-dessinée" afin de permettre à tous de découvrir ou redécouvrir ces chefs-d'oeuvre parfois trop négligés.

Ici, l'histoire se déroule sous le règne du roi Louis XIII et entre Dax et Mont-de-Mersan, dans une campagne où la nature reprenait ses droit faute d'agriculteurs pour la travailler demeurait la demeure (plus que château car celui-ci commence à partir en ruine) du baron de Sigognac, dernier survivant de sa lignée. Vivant seul avec son fidèle serviteur Pierre, son chat et son chien, le jeune duc a tout juste de quoi joindre les deux bouts et il y a longtemps que ce château n'a plus vu ni bals ni festins. Aussi, lorsqu'un soir de grande pluie se présente aux portes du château, une troupe de comédiens ambulants, le baron, bien que navré de ne pouvoir leur apporter grand chose, les accueille dans ce qu'il reste de sa demeure. Il est tout de suite ébloui par la beauté de la jeune Isabelle, qui correspondrait plus à une dame de la noblesse de par sa grâce et son éloquence qu'à une comédienne et l'histoire va d'ailleurs lui donner raison mais je me tairais sur ce point. Cependant, en les suivant à Paris, notre jeune baron va tout de suite se rendre compte qu'il n'est pas le seul à faire tourner la tête d'Isabelle et devra faire face au duc de Vallombreuse qui ne va pas y aller pas quatre chemins : il désire Isabelle et est prêt à l'avoir, quels que soient les moyens employés.
Sigognac, s'il ne conserve que son titre de baron en gage de sa haute lignée, va se faire un devoir de défendre les honneurs de la belle...

Une adaptation qui rend hommage à son auteur tant celle-ci est soignée et avec un scénario de Philippe Chanoinat / Djan avec le texte de Théophile Gautier et des dessins de Bruno Marivain et Catherine Moreau pour la mise en couleurs, le lecteur n'a qu'une hâte sitôt cet ouvrage terminé : découvrir l'oeuvre originale. Roman de cape et d'épée d'abord paru sous forme de feuilletons à l'époque, je comprends le public d'alors de s'être passionner par cette histoire de chevalerie, d'honneur avec des renversements de situation assez impensables (d'où le fait que je ne mette pas la note maximale à cet ouvrage car il est vrai que c'est parfois un peu trop "tiré par les cheveux" à mon goût) et n'oublions pas, d'amour ! A découvrir et à faire découvrir !
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Oyez, Oyez, braves gens l'illustre troupe déambulatoire dirigée par le sieur Hérode jouera pour vous ce soir et ce soir seulement Les Rodomontades du Capitaine Fracasse. Dans le rôle de l'ingénue venez applaudir la ravissante et prude Isabelle , le rôle titre sera tenu par le Baron de Sigognac mais chut ne le dîtes à personne!
Comment un Baron sur une scène ? Eh oui quand la misère est telle , que la mélancolie s'accroche aux basques, que peut faire l'unique descendant de la famille Sigognac ? Sur un coup de tête il décide à monter à Paris pour essayer de récupérer de quoi relever l'honneur et le nom de sa famille, il va pour cela se joindre à une troupe de comédiens. D'aventures en aventures , ses pas le conduiront vers la douce Isabelle et il lui faudra affronter le Duc de Vallombreuse qui veut la conquérir à tout prix .
Théophile Gautier nous embarque dans une histoire à tiroirs, qu'importent les invraisemblances, les retournements de situation miraculeux, une fois passées les premières pages, une fois acceptées les longues descriptions ( Théophile Gautier se serait vu peintre !), je me suis laissée porter par la prose par le rythme inhérent à ces romans de cape et d'épée et voilà le tour était joué ... tiens à propos je vais peut-être essayer de revoir l'adaptation cinéma avec dans le rôle principal : Jean Marais et oui je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans .......
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Le Capitaine Fracasse est de ces livres qui se dévorent à la fin de l'enfance, et qu'il est toujours un peu dangereux de relire quinze ou vingt ans plus tard. La magie n'est plus la même, et les défauts qu'on ne sentait guère autrefois sont devenus un peu trop sensibles à la relecture.

Et pourtant, il mérite de s'y replonger – de s'y replonger totalement, pas entre deux stations de métro, la tête un peu ailleurs, mais pendant de longs après-midis de farniente, au creux d'une chaise longue ou d'un fauteuil au coin du feu. Car le charme est toujours là, indéniable, et on y découvre bien d'autres choses qui nous avaient échappé autrefois.

Evidemment, la psychologie des personnages est on ne peut plus sommaire, les coups de théâtre se devinent dix lieues à la ronde et les retournements du scénario n'oublient aucun cliché du genre.
Mais à travers ces défauts, le roman forme un bel hommage à la littérature du XVIIe siècle et surtout à son théâtre qu'il met en scène – ses convenances établies et ses personnages figés... dont au passage il subvertit assez joliment quelques rôles. Ici, le bel amoureux paré de tous les charmes est ridicule ou odieux, quand le prétendant ridicule n'a qu'a être malheureux pour conquérir à jamais le coeur de sa belle.

Et si les généralités débitées sur le sexe faible avec toute la délicatesse de la génération romantique font assez souvent grincer des dents, les personnages féminins sont finalement plutôt réussis. Isabelle, bien que trop passive et épurée jusqu'à la niaiserie, ne manque pas de caractère ni même d'un certain courage, et s'avère plus sympathique que nombre de ses congénères. Chiquita, la petite sauvageonne sortant à peine de l'enfance, est un personnage indéniablement fort, aussi étrange qu'attachant. Mais ma préférée reste Zerbine, la soubrette aux charmes étincelants, qui fait paraître si fades les convenances et la vertu tant louée par ailleurs, et incarne à la perfection le rôle, ou plutôt l'essence fantasmée, de la comédienne. Sa liaison avec le marquis des Bruyères est d'ailleurs l'occasion d'un développement assez fin et intéressant sur l'attrait qu'exercent les femmes de théâtre sur la gent masculine. Plus encore que l'anti-Isabelle, elle est l'anti-Sibyl Vane, elle qui a dans la peau le théâtre bien plus que l'amour, et qui a compris que pour garder un amant il faut envers et contre tout jouer.

Et puis, par-dessus tout, il y a la langue : cette langue remarquablement riche, qui aux yeux modernes se perd peut-être en descriptions interminables, mais qui savoure jusqu'à la moindre goutte l'univers qu'elle évoque, toute en truculence, en panache et en gourmandise.

Un festin sans doute un peu lourd, mais qu'il serait bien dommage de dédaigner pour autant !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Roman de cape et d'épée se déroulant à la fin du règne de Louis XIII (1643), entre les Landes et la capitale. Il s'agit en fait d'un roman initiatique : le jeune baron de Sigognac, dernier représentant d'une lignée de nobles désargentés, se morfond dans son vieux castel délabré près de Dax, en compagnie de son valet Pierre et de 3 animaux aussi faméliques qu'affectueux, quand un soir de tempête, une troupe de baladins frappe à sa porte et demande l'hospitalité. Dès le lendemain, le voilà sur la route de Paris en compagnie de comédiens sans le sou, pour les beaux yeux d'Isabelle, une jeune fille au coeur pur. Il deviendra le Capitaine Fracasse, et, fin bretteur, il devra déjouer moult complots sur son chemin, échapper à des bastonnades et autres guet-apens manigancés par un jeune noble arrogant et jaloux, Gautier s'amusant à varier les points de vue pour le plus grand plaisir du lecteur. Comment parler de ce roman au verbe si fleuri, à la verve débordante d'érudition et d'esprit, cette déclaration d'amour à la littérature et aux anciens mythes, se révélant au fil des pages un diamant brut ciselé par une maîtrise de la langue remarquable ? J'ai rarement lu un livre si bien écrit, la virtuosité de Gautier est admirable, même s'il faut reconnaître à l'histoire quelques longueurs et un style très descriptif. Car ici les rebondissements sont au service de la langue, et on est transporté allègrement de retournements de situations en coups du sort bienheureux dignes d'une pièce de théâtre. Les personnages sont avant tout des symboles qui incarnent les valeurs anciennes, où les spadassins côtoient les nobles provoqués en duel pour défendre la vertu d'une belle aux yeux pers, où la loyauté masculine se rend digne de la beauté des femmes en revêtant les sentiments chastes de l'amour courtois. Cet énorme roman se déguste lentement, pour ne pas risquer l'indigestion, et célèbre l'amour et la beauté de la plus belle des manières.
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Le Capitaine Fracasse est avant tout un livre poétique dont le sujet réel est le verbe et ses pouvoirs magiques de création et de libération de la triste réalité objective. Par là il est romantique et absolument de son époque, mais par delà il annonce aussi bien le surréalisme. C'est que ce livre échappe à toute définition temporelle et atteint au lieu rare de l'idéal éternel, où se rejoignent en esprit les poètes, les enfants et les fous.
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J'ai lu le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier il y a fort longtemps… Ce roman d'aventure publié en 1863 est un véritable fleuron du genre… Il est malheureusement un peu oublié de nos jours ; peut-être se souvient-on davantage du film des années 1960, adapté de ce livre par Pierre Gaspard-huit, avec Jean Marais dans le rôle-titre et, entre autres, Jean Rochefort, Louis de Funès, Philippe Noiret

Un roman de capes et d'épées sous le règne de Louis XIII
Le jeune baron de Sigognac, désargenté, offre l'hospitalité à une troupe de comédiens ambulants dans son château délabré… Sans avenir, il décide de les suivre dans leurs aventures et de tenir désormais le rôle du capitaine Fracasse. Amoureux d'Isabelle, la jeune première de la compagnie, il va se découvrir un rival en la personne du duc de Vallombreuse, prêt à tout pour séduire la comédienne...
Des péripéties entrainantes : embuscades, poursuites, enlèvements, intrigues amoureuses, etc…
Une immersion dans la vie des comédiens itinérants et dans le quotidien d'une troupe constituée de rôles stéréotypés : une ingénue, un jeune premier, une soubrette, une coquette, un valet, un barbon, un chevalier, etc…
Une plongée dans une avalanche de grands sentiments…

C'est captivant, drôle, avec un petit côté commedia dell'arte et roman d'apprentissage…
L'écriture mêle des descriptions précises, très visuelles et une succession de mésaventures burlesques et trépidantes. Souvent caricaturale ou satyrique, la plume de Théophile Gautier force le trait à dessein pour livrer un pastiche des travers littéraires de son époque : romantisme, codes de la comédie… On peut lire aussi dans ce roman une mise en scène de la déchéance de l'aristocratie.
Le retournement de situation final est un peu convenu mais dans la logique du genre.

Un roman foisonnant qui ne devrait pas être seulement classé dans la littérature jeunesse.
À relire à tout âge. Pour ma part, je l'ai récemment redécouvert grâce à une adaptation radiophonique sur France Culture.

Lien vers "Le Capitaine Fracasse" sur France Culture :
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/le-capitaine-fracasse-de-theophile-gautier?xtor=EPR-3

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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