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Citations sur Camarade Papa (99)

Pour un voyage d’exploration de trois mois, le transport des conserves et boissons destinées à l’alimentation d’un seul blanc rallonge le convoi d’une douzaine de porteurs. En plus de la lenteur, il en résulte une augmentation des coûts. La rentabilité et l’efficience d’une expédition coloniale dépendent donc de la capacité à manger local, c’est-à-dire à supporter le piment à ces doses homicides.
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Clamer en public son nom, sa filiation, ses origines, Eugène appelle cela « lever drapeau ! » À Krinjabo comme à Abilly, porter un nom, c’est porter des parents et une terre. Explorateur est un mythe européen. Il n’existe pas un lopin de terre qui ne soit revendiqué par un humain. On ne découvre pas, on s’invite. À d’autres hommes, on dit qui on est. « Bonjour, je m’appelle… »
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Ici, tout ce qui compte se sait vite. Ne l’oublie jamais. Donner le gîte et le couvert à n’importe quel étranger de passage n’est pas une simple tradition d’hospitalité. Lui demander en retour les nouvelles d’où il vient n’est pas qu’un protocole de bienséance. L’hospitalité est un service de renseignements.
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Pour la première fois depuis le début de ce conseil, le silence s’invite à la véranda. Sur la plage, un homme accoste les quatre tresses. Au lieu de la tancer pour impudeur comme je m’y attends, il lui fait la révérence. Pendant que je m’interroge, deux autres hommes accourent s’aplatir à ses pieds. Sous un ciel nuageux perforé d’un soleil de plomb, une plage figée par la chaleur, jonchée de pirogues, hérissée de cocotiers, surmontée d’une dune au sommet de laquelle une femme presque nue comme un ange, quatre tresses hirsutes sur la tête et une demi-douzaine d’hommes à ses pieds… Une scène banale devient tableau baroque sous influence tropicale.
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La lune est passée dans notre dos. Devant nous sur la plage, une tache en mouvement émet des cliquetis. Des crabes ! Des crabes par millions entrechoquent leurs cuticules dans une danse insensée. Le jour, ils sont planqués dans des trous. La nuit, ils sont maîtres du banc de sable. Sous nos pas, ce tapis de crabes s’ouvre sans qu’un pied n’en écrase un seul.
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Accrochée au ventre des nuages, la lune en croissant est couchée sur le dos dans un hamac d’étoiles. Indolence, même dans les cieux. Sous les reflets de l’astre, l’océan est un bac d’argent en fusion.
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Il m’informe que je serai affecté « à un poste dans une zone boisée comprise au nord d’Assinie. » Dans ce pays inconnu, je devrai bâtir un poste et le tenir. Que je ne connaisse aucune paperasse bureaucratique, que mes notions de commerce soient sommaires, que je n’aie jamais été commis à une quelconque ambassade, que les lois de la construction me soient un total mystère, que mon savoir militaire s’arrête à la défense d’un poulailler contre les renards, aucune de mes incompétences ne fait l’objet d’inquiétude.
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Lorsque Ogun crée les hommes avec du fer et de la terre d’amour, ils ont quatre doigts sur chaque main. Un jour, un cinquième pousse à l’écart des autres. Il permet aux hommes de faire beaucoup de choses qu’ils ne peuvent pas faire avec les quatre premiers doigts seulement. La vie des hommes change. Mais le progrès, il porte les choses bien et les choses pas bien dans le même sac. La méchanceté et l’égoïsme viennent avec le cinquième doigt. L’humanité se divise, les hommes se déchirent, ils perdent la mémoire du bonheur passé. Mais dans la forêt verte, la tribu des Boni-marrons du Surinam de Yolanda se souvient encore que l’homme a été créé avec du fer, de la terre d’amour et quatre doigts égaux. Ils font notre signe pour ne jamais oublier.
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J’aime comment le néerlandais se transforme dans sa bouche lorsqu’elle me raconte ses histoires. Les mots qu’elle utilise, on ne les apprend pas tous à l’école. Ils dansent sur sa langue, glissent sur ses dents, se roulent sur ses lèvres. Elle raconte des histoires à beaucoup de rires. Ah ! la belle bouche de Yolanda quand elle rit
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5. « Elle part seule, sans se poser de question, sans en poser. On peut lui objecter la vieille superstition familiale interdisant la traversée de la rivière Tanoé à toute femme n'ayant jamais enfanté. Mais que vaut telle religion lorsqu'est en jeu la vie de son homme-destin, celui que la devineresse voit dans l'alignement des cauris jetés le jour de la naissance, celui que la prépubère chante dans les assemblées au clair de lune, qui apparaît dans les songes la nuit des premières menstrues. L'homme ignore tout de sa femme-destin, elle seule peut se révéler à lui. Adjo aperçoit le sien un matin où elle contemple la mer, assise sur une crête de la plage de Grand-Bassam. Elle passe son temps libre à scruter cet horizon bleu d'où est venu le sang qui coule en elle. "Nous sommes le fruit d'une histoire qui commence avant nous et ne s'arrêtera pas", lui dit toujours sa tante Alloua. Penser aux ancêtres l'apaise. » (p. 226)
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