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Citations sur Camarade Papa (99)

Raconter n'importe quoi n'est pas une maladie, sinon la moitié du village serait internée.
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En forêt tropicale, une petite colline est l'équivalent d'un mont de chez vous. Les pentes sont escarpées, boueuses, et couvertes d'une végétation inextricable. Quand on ne s'est brisé la nuque ni à la montée ni à la descente, éviter de se noyer dans l'inévitable cours d'eau au pied de chaque coteau. Et s'il est tombé le moindre crachin en amont, le plus petit ruisseau se transforme en mer biblique.. Gravir les montagnes puis fendre les eaux... En ton état de santé, mon bon ami, il est déconseillé de jouer, plusieurs fois par jour, le Moise des pays agnys.
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Un homme, blanc, seul dans les tréfonds de terres inconnues, au coeur d'un enfer de forêt dense, empêtré dans un fatras de lianes, machette à la main, fusil en bandoulière, en lutte contre les éléments déchainés, sous la menace de créatures inconnues des naturalistes les plus érudits, à la merci de la cruauté de peuplades anthropophages.. mais un homme avançant sans peur, guidé par le génie de sa race, transcendé par le sens du devoir, exalté par l'intérêt supérieur de la civilisation... livres, journaux, illustrés, récits, publications construisent un imaginaire collectif où l'explorateur, porteur des plus hautes valeurs morales, repousse les limites du courage en même temps que les bornes de l'empire.
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"Je suis né là. Je connais toutes les vitrines à bisous et elles me connaissent toutes. Lors des sorties de la classe populaire, je bonjoure toute la rue. Marko-le-jaloux me chuchote « Klootzak ! » Réaction : tirage automatique de cheveux et lutte de classe. On finit en lacets par terre. Les autres enfants de la classe populaire crient et rient, les maîtresses se follent, Yolanda sort trapper Marko au-dessus de moi. La lutte de classe se fait toujours devant la vitrine de Yolanda. Marko se trompe : Maman ne vend pas des bisous. Maman est seulement une putain de socialiste, dit Camarade Papa."
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Dans la chaîne des discours de Camarade Papa, après les Philips, il y a les tulipes. Ce sont des fleurs turques qui ont attrapé la coqueluche chez les bourgeois hollandais il y a longtemps. Bien avant la vapeur anglaise, les bourgeois protestants hollandais utilisent la fleur turque pour fabriquer une bourse. La fleur n’est pas très belle, même les moutons refusent de la brouter. Mais à cause de la plus value, ils s’achètent et se vendent la mauvaise herbe. Ils inventent le capitalisme des bourses. Il ne vient pas d’Angleterre, tout le monde s’est trompé. Marx et son ange aussi. À partir de la Hollande, pays après pays, ce capitalisme bourses soufflées contamine le monde. Sans le mois d’octobre rouge, la grande URSS aurait été atteinte. La Chine est sauvée par le camarade Mao et ses mollets qui savent faire des grandes marches et des grands bonds en avant pour fuir les épidémies. Camarade Papa, il appelle la Hollande Patient Zéro. Comme un chercheur, il est venu ici avec Maman pour comprendre Patient Zéro et trouver le vaccin mondial contre le grand mal des bourses. Je suis né à Amsterdam par la faute des tulipes. À la fin de ce discours, il y a aussi des pendules publiques de suppositoires du grand capital et des abolitions en pagaille.
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Sur la rive, une douzaine de fonctionnaires et représentants des factoreries. La quasi-totalité de la population blanche. Chacun est flanqué d’un boy dont la mission du moment est de réparer une injustice physiologique. Contre le soleil, la mélanine pour le noir ; pour le blanc, l’ombrelle tenue par le boy. Sont aussi présents porteurs mandés-dyoulas, tirailleurs sénégalais, groupes d’Aboureys, rebelles akapless. Des pagayeurs apoloniens prolongent odieusement leur nuit, allongés sous les ombres étoilées des rameaux de cocotiers phototropes aux longs cous tirés vers les vagues. Les Kroumens, encore plus flegmatiques que leurs rivaux, sont à peine visibles alentour. L’ethnologie de Grand-Bassam est complète.
Ce matin du 5 septembre 1893, la plage est bondée plus que de coutume. Les corps et les esprits sont tendus par un enjeu nouveau. Depuis quelques mois, cette côte est française, et avec elle tout ce qui vit et gît jusqu’au 10e parallèle, plus de six cents kilomètres au nord. C’est officiel, le Capitaine Ménard envoie aujourd’hui son premier gouverneur à la Côte-d’Ivoire. On sait depuis quelques années que dans ce pays les fouets et les balles peuvent soumettre, mais que seuls les symboles conquièrent. Parmi eux, l’entrée de scène est d’importance. Nous l’avons préparée. Nous ne répéterons pas les erreurs de l’Histoire. Aujourd’hui, la barre sera avec nous.
Sur le flanc bâbord, le premier esquif à se dandiner au rythme des flots est apolonien. Un treuil descend quelques caisses emmaillotées dans un filet. Lorsqu’arrive la pirogue kroumen, apparaît un homme blanc, immaculé du casque aux bottillons. Il est descendu dans la baleinière. Il se tient debout. De la plage, on a l’illusion d’un homme marchant sur les flots. L’index et le majeur dans l’eau, puis portés à ses yeux. Le signe est inusité depuis longtemps mais tout le monde le reconnaît. Les Kroumen élancent la baleinière tout en entonnant un refrain jamais entendu. Le vent porte à la plage les quatre mesures du mystérieux chant. « Ablééééé véno sioooon… » La foule se met à hurler. Les tirailleurs reconnaissent, se dressent et courent. Chassepot à l’épaule, s’aligner sur deux rangs. « Ablééééé véno sioooon, ablééééé véno sioooon… » La dernière mesure de La Marseillaise, paroles et accent kroument, ad libitum.
La baleinière porte bien son nom anglais surfboat. Elle glisse sur la « mère ». Les sept pagaies sont brandies au ciel, l’homme blanc est debout, drapeau tricolore à bout de bras, face altière, menton haut. En quelques manœuvres du barreur, la baleinière s’immobilise face à l’allée de tirailleurs. Clameurs et vivats. Ancien capitaine d’infanterie, ancien explorateur de la boucle du Niger, nommé premier gouverneur de la Côte d’Ivoire, Louis-Gustave Binger débarque à Grand-Bassam. Voilà comment revient la France officielle dans sa colonie.
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À la maison, Maman me parle le néerlandais de l’école, Camarade Papa le français de la révolution. Entre eux, ils parlent le cri. Le cri du peuple souverain pour dénoncer l’odieuse pression capitaliste sur les sources de ressources.
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Pour moi comme pour Jules Ferry et ses sénateurs civilisateurs des bancs de gauche, l’Afrique est inimaginable. Elle ne peut pas faire peur.
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Lorsque je la regarde me regarder (...), je sais que Ogun a créé Grand-mère avec beaucoup plus de terre d’amour que tout le monde sous le ciel entier.
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Lorsque la nuit veut tomber, on se laisse ami-distance car on est très copains et on ne voudrait pas que pour rentrer chez lui, l’un marche plus longtemps que l’autre.
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