OSS 117, l'espion est-il mat ?

Pour les plus jeunes OSS 117 évoque surtout la saga cinématographique avec Jean Dujardin dans le rôle de l'espion. Mais OSS 117, de son vrai nom Hubert Bonisseur de la Bath, a avant tout été un héros de papier dans les romans d'espionnage écrits par Jean Bruce à partir de 1949, puis après sa mort en 1963 par sa femme Josette jusqu'en 1985. Il a été un précurseur des héros-espions puisqu'il a été inventé par son auteur avant James Bond, devenu bien plus célèbre grâce au cinéma.

Cette série de plus de 200 titres fait partie de ce qu'on appelle la paralittérature, ou littérature de gare, littérature sérielle ancêtre de la culture des séries que l'on consomme abondamment aujourd'hui mais sur des écrans.

L'autrice, docteur ès lettres en Histoire contemporaine à l'université de Fribourg, décortique la série en la replaçant dans son contexte historique mondial, et en particulier la période de guerre froide, mais aussi française avec la décolonisation, ou la perte d'influence du pays sur la scène internationale après guerre.
En s'appuyant sur un corpus important, de solides connaissances historiques, et tous les outils d'analyse littéraire qu'elle maîtrise (étude du dispositif narratif, analyse quantitative des lieux ou personnages, analyse qualitative, et même recherche du non-dit) l'autrice identifie les raisons du succès populaire d'une telle série, malgré (ou grâce à) de nombreux stéréotypes et des scénarios très répétitifs et manichéens, et elle analyse les causes du déclin progressif de ce genre littéraire.
En amateur de la littérature sérielle de cette période, policière ou d'espionnage, j'avais déjà lu quelques titres d'OSS 117. Grâce à cet essai complet, même si parfois un peu répétitif, je lirai les prochains de manière différente.

Enfin merci à Babelio et aux éditions Antipodes pour ce livre gagné dans le cadre de l'opération masse critique.

Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Un essai d'analyse littéraire dense et fouillé, quoique répétitif sur la série à succès SOS 117 de Jean et Josette Bruce.
Pour les plus jeunes, OSS 117, c'est Jean Dujardin, mais pour les lecteurs de romans d'espionnage c'est une succession de tomes (plus de 240 tomes parus entre 1949 et 1972, aux couvertures si reconnaissables, à la trame narrative répétitive et au racisme hiérarchisé caractéristique...) qui amorce son déclin avec l'arrivée de James Bond ; mais surtout en France, la concurrence de SAS de Gérard de Villiers. Avec l'émergence de cette concurrence, Josette Bruce reprendra la plume de son défunt mari pour poursuivre les aventures de son héros de papier, tout en intégrant les nouveaux codes du succès utilisés par De Villiers : plus de violence, plus d'érotisme.
Morgane Gay-Bianco dresse un panorama du roman d'espionnage contemporain, analyse une soixantaine de romans de la série OSS 117 tout les mettant en perspective avec les événements géopolitiques liés à la Guerre Froide et l'histoire de la France. Elle met également en avant le fait que ces romans ont nourri un imaginaire politique qui peu à peu s'est éloigné de la réalité, en ne cherchant surtout pas à creuser les sujets.
Bref, l'univers d'Oss 117 est manichéen, conservateur, violent et se veut être un pur divertissement.
Son analyse ne serait pas complète sans parler des adaptations télévisuelles et cinématographiques.
J'avoue ne pas avoir réussi à terminer cet essai, peut-être trop pointu déjà.

Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique

Je ne connaissais pas les aventures littéraires de OSS 117 mais simplement l'interprétation fort célèbre de Jean Dujardin. Cet ouvrage est donc un bon moyen de découvrir cet univers.

Le prisme d'analyse de la Guerre Froide est intéressant et permet de comprendre et cerner le contexte historique des récits de OSS117. de plus, l'auteur étudie également le rapport à l'Autre, autre étranger exotique séducteur ou violent, autre femme qui est forcément fragile ou traitre, et met en lumière les préjugés existant à cette époque qui font partie intégrante de l'univers OSS117.

Si l'étude est bien construite et se lit facilement, il est néanmoins surprenant que l'analyse ne porte que sur un échantillon de livres qui semble bien peu par rapport à toute la série. Par ailleurs, beaucoup de répétitions surviennent au cours du déroulé de l'étude et donne l'impression que cette dernière aurait pu être raccourcie ou qu'elle ne fait que tourner autour de 3/4 thématiques répétées sous diverses formes au cours des pages.

Il m'empêche que je suis désormais curieuse de lire un OSS117 !