Je me souviens que j'avais acquis cette saga sur les conseils de Sylly, suite à ma chronique sur
L'Odyssée d'
Homère il y a un an et demi, et que cet empoussiérage où Troie s'enlisait n'avait pas échappé à la grande fan de Gemmel devant l'éternel qu'est Cassie qui a donc profité du Destockage de PAL en duo, dont la session portait cette fois sur le thème de la Fantasy, pour m'en proposer la lecture... * Pour de vrai, elle m'a subtilement prise par les sentiments pour que je choisisse Gemmel et pas Cerutti, et dans ma grande faiblesse, j'ai cédé à sa douce pression... he... ce qui maintenant lui met la pression à elle, héhéhé, car ai-je aimé ? n'ai-je pas aimé ? verdict immédiatement*
Ceux qui me suivent sur ce blog savent à quel pont je suis raide dingue d'Hector, le héros troyen ! Aussi trépignais-je d'impatience à l'idée de le retrouver (en espérant naïvement, puisque Gemmel revisitait le mythe troyen, qu'il nous offrirait peut-être une fin différente ! * oui, on peut toujours rêver he !!*) Sauf que... sauf que... ce premier tome porte sur Hélicon, un prince dardanien renié par son père. Les scènes où il apparaît le montrent comme un homme généreux et compatissant, contredites par le point de vue des adversaires qu'il a rencontrés et qui le dépeignent comme un homme cruel et sanguinaire. le lecteur se demande pendant une partie du roman où se situe la vérité et quelle est la personnalité réelle d'Hélicon. Est-il victime de l'exagération et de la mauvaise foi de ses ennemis ? ou la terreur qu'il inspire est-elle fondée ? J'ai bien aimé que l'auteur laisse planer ce doute autour du héros, qui apparaît comme un être tourmenté et complexe.
J'ai bien aimé également sa manière de se ré-approprier la
légende troyenne et de ré-inventer une personnalité aux héros connus, si bien que, même en connaissant l'histoire, nous sommes souvent surpris par le parti pris de l'auteur. Par exemple, Priam ne bénéficie guère d'une image très flatteuse. Il est en effet dépeint comme un homme cupide, dépourvu d'amour et se servant de ses enfants au gré de ses intérêts politiques. Au début du roman, il a d'ailleurs fait exécuter 5 de fils qui complotaient contre lui. Sa cour bruit de complots visant à le destituer (ou le tuer tout court), et seul Hector arrive à maintenir l'unité familiale.
D'ailleurs, Hector, Hector, où es-tu ? On ne parle que de lui durant la majorité du roman sans jamais le voir ! Tout simplement parce qu'il a été envoyé en Égypte combattre aux côtés des Hittites, auxquels les Troyens sont inféodés, le puissant pharaon Ramsès à la bataille de Qadesh. C'est aussi un autre aspect que j'ai apprécié dans cette oeuvre : intégrer les autres grandes puissances étrangères (hittite, égyptienne) à l'intrigue et ne pas se focaliser sur les seuls peuples intervenant dans
l'Iliade. En outre, concernant les intrigues politiques et les descriptions de la vie quotidienne ou militaire, le roman penche plus vers un récit historique que de fantasy, ce que j'ai bien aimé.
D'autres changements ont été effectués par rapport au mythe original : Anchise est mort avant la guerre de Troie, la mère d'Énée n'est pas la déesse Aphrodite, Mycènes s'apprête à faire la guerre à Sparte...
J'ai été très surprise de trouver Ulysse attachant (personnage que je ne peux pas sacquer dans
L'Odyssée). Par contre, comme d'habitude, j'ai adoré Andromaque, qui se démarque tout de même de l'originale par un caractère indépendant et un comportement de virago (sans aucune connotation péjorative de ma part, hein !)...
Mon bémol portera sur la rapidité avec laquelle l'auteur passe sur certains passages, ne donnant pas assez d'épaisseur à l'intrigue. J'aurais également aimé qu'il s'attarde sur les personnages pour leur donner plus de profondeur et étoffer leur potentiel psychologique (qui est de ce fait un peu gâché). D'ailleurs, les personnages foisonnent tellement qu'il m'est arrivé d'oublier à quel moment certains étaient déjà apparus (je ne me souvenais plus par exemple pour quelle circonstance Attalus avait été introduit !). Et pour finir, même si le style est efficace, je déplore sa trop grande simplicité. Je trouve que Gemmel donne parfois trop d'importance à l'action pure au détriment de l'intrigue...
Pour conclure, malgré quelques réserves, j'ai été captivée par l'histoire d'Hélicon (même en l'absence de mon bien-aimé Hector). Gemmel revisite la
légende troyenne avec beaucoup de talent, modifiant la personnalité de certains protagonistes connus, inventant d'autres personnages, ce qui nous occasionne quelques belles surprises narratives ! Je lirai la suite avec beaucoup de plaisir...
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