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Citations sur Ceux de 14 (111)

Être gai, savoir l’être au plus âcre des souffrances du corps, le rester lorsque la dévastation et la mort frappent durement auprès de vous, tenir bon à ces assauts constants que mènent contre le cœur tous les sens surexcités, c’est pour le chef un rude devoir, et sacré. Je ne veux point fermer mes sens pour rendre ma tâche plus facile. Je veux répondre à toutes les sollicitudes du monde prodigieux ou je me suis trouvé jeté, ne jamais esquiver les chocs quand ils devraient me démolir, et garder malgré tout, si je puis, cette belle humeur bienfaisante vers laquelle je m’efforce comme à la conquête d’une vertu.
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Nous marchons, chassés en avant par une poussée inouïe dont j’éprouve seulement alors la sensation nette. Nous sommes courageux et nous voulons bien faire ; mais où sont nos canons qui feraient taire ceux-là ? Nous sommes bousculés, nous cédons. Et doucement une impression naît en moi s’affirmant jusqu’à m’accabler je nous sens petits en face de cette force.
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Debout près d'elle, le front contre la vitre, je laisse mes yeux vagabonder par la plaine somptueuse et douce. Toute la Woëvre s'offre à eux, vaste comme la mer et vivante comme elle. Le pied des collines y plonge à travers le foisonnement des arbres, jusqu'à la bigarrure des champs. Les prés sont verts sur le rivage, les bourgades blanches et roses, les bois pourpres et dorés. Des étangs pâles, qu'une buée fine dépolit, semble une frange d'écume laissée par la caresse des vagues ; longues vagues bleues qui moutonnent au loin, jusqu'à d'aériennes collines entraperçues à limite de regard, baignées de ciel, flottantes sur l'horizon comme la silhouette d'une autre terre. A travers l'étendue des bouquets d'arbres émergent, pareils à des îlots luxuriants ; des routes s'allongent, blancs sillages. Quand on les suit des yeux, on découvre bientôt des pointes de clochers qui s'effilent, aiguës comme des mâtures de voiliers. Les têtes rondes des saules, sur la brume exhalée des rivières, ont l'air de grosses bouées qui dérivent. Lointaines, des fumées glissent, étirées sur la fuite d'invisibles steamers. Et le soleil déjà haut, épanoui en plein azur, laisse ruisseler de toutes parts l'averse fastueuse des rayons. Leur poudroiement nimbe l'étendue ; des reflets s'allument, des eaux scintillent, des feuillages miroitent, une prairie glauque luit, comme une houle au flanc poli. Et je songe, immobile, presque sans un souffle, tandis que je contemple la Woëvre pleine de clartés, au "sourire innombrable" de la mer.
"Beau temps, mon lieutenant ?"
Pannechon, debout contre moi, s'incline aussi vers la fenêtre.
"Dommage que tout ça grouille de Boches !"
Je réponds, agacé :
"Laisse-moi tranquille !" (p 459-460)
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Une marche craque, un glissement de pantoufles frôle la porte ; une petite femme très maigre se dresse sur le seuil et nous dévisage sans mot dire.
"Bonjour, madame", salue Pannechon dans un sourire.
Bouche close, elle va droit à l'armoire, et de tout près, attentivement, elle examine les vantaux, la serrure.
"V'nez voir un peu là."
Elle ne s'est même pas retournée ; mais elle a parlé si bref que Pannechon lui a obéi.
"C'est vous qu'avez abîmé mon armoire ?
- Moi ?
- Bien sûr, c'est vous ! J'étais pas loin ! Y a personne qu'a pu monter depuis l'officier qu'est là...
- J' dis pas qu' c'est pas moi... Et après ?"
Pannechon, résolument, fait tête en se croisant les bras. Déjà il s'est ressaisi ; et même un début de sourire frémit au coin de ses narines.
"Vous énervez pas, madame. Tout c' que vous allez pouvoir dire, je l' sais. Mon lieutenant m'a déjà expliqué...
- Vo'e lieutenant !... Est-ce que c'est à lui, mon armoire ? Est que c'est à lui la maison ?
- C'est pas à vous non plus, c'est à un gendarme.
- C'est à mon oncle ; et tant qu'il n'est pas là, c'est à moi... Et puis d'abord... Ah ! mais... Ah ! mais...
Elle s'est mise à marcher par la chambre, en proie à une colère qui blêmit son visage et fait bégayer sa parole. Elle se retourne, vient droit à moi :
"Laissez-nous les deux, monsieur ! Elle est pas à moi, l'armoire ? J'aurais pas l' droit d' causer, ici ?... Ah ! c'est comme ça ! Eh ben ! on va voir !"
Elle me pousse presque sur le palier, referme la porte dans mon dos. J'entends, en descendant, glapir sa voix suraiguë, des pas précipités qui font geindre le plancher ; et aussitôt, en croyant à peine mes oreilles, un bruit de coups qui grêlent en avalanche.
J'ai failli remonter, pour jouir de l'étonnant spectacle. La discrétion l'a emporté. J'ai achevé de descendre, songeant :
"Il ne se laissera toujours pas tuer." (p 451-452)
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_ " Hein, Pannechon, ce sont de rudes gars ?
_Et puis des vrais hommes, mon lieutenant.
_Des vrais hommes ?
_Comme je vous dis : c'est une idée qui m'vient rapport aux boches. Eux aut"es, les casqu ' à pointe, c'est pas des vrais hommes. A preuve qu'ils fouillent la terre comme des taupes, qu'i's grimpent dans les arbres comme des singes, qu'i's gueulent la nuit comme des z'hiboux. Total : i's font la guerre comme des cochons. "
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Ce soir, la fin du jour est infiniment limpide et belle sur le vallon. Le ciel pâlit au zénith, et mes yeux cherchent sans se lasser la caresse ineffable du couchant, errant de l'émeraude froide et transparente aux ors qui s'échauffent jusqu'à l'ardeur flambante de l'horizon, sans rien perdre de leur fluidité.
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Encore un effort vers la résignation, vers l'adhésion totale à tous les ordres qu'on nous donnera, quels qu'ils doivent être
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Je m'étais battu, et ils ne savaient pas ce que la bataille avait fait de moi
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Écoutez-moi, ces soirs où je suis vrai pour vous. Seulement ceci, ô mes absents : ne pas mourir en vous ; ne pas mourir à cause de vous.
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Les souvenirs se lèvent sous chacun de mes pas.
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