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EAN : 9786066005838
348 pages
Jurnalul National (31/12/2012)
4/5   1 notes
Résumé :
Conçu comme un grandiose « poème symphonique » en prose, comme une méditation avec un substrat initiatique, le volume « Cartea Oltului [Le livre de l’Olt] » a été canonisé, à juste titre, comme chef-d’œuvre de la littérature de Geo Bogza. Personnifié tel un héros mythique universel, mais, en même temps, avec on ne peut plus de spécifique local, l’Olt devient ici la Rivière sacrée par excellence. Les éléments primordiaux, les phénomènes naturels, les montagnes, les c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le titre se traduit par « Le livre de l'Olt ». L'Olt, d'une longueur de 615 kilomètres, prend sa source dans les Monts Hășmaș à l'est des Carpates à une altitude de 1 440 m et se jette dans le Danube près de Turnu Măgurele. Voici pour les présentations.
S'agissant de mes impressions de lecture, elles sont nécessairement idéalisées. Il s'agit d'une lecture très ancienne, une lecture scolaire, car à l'instar de la Roumanie pittoresque de Alexandru Vlahuță, ce livre figurait au programme du collège. La particularité de Cartea Oltului (1944) est son ton sensationnel qui glisse souvent vers un style ampoulé. Moi j'aime cependant cette épopée naturelle où s'entremêlent des tragédies et des drames humains. C'est un reportage féerique au charme un peu désuet et à la symbolique flamboyante.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les bergers qui vivent en été sur les sommets de Hășmașul Mare sont témoins, souvent avec effroi, de certaines tempêtes terrifiantes. Nulle part, aussi loin que se portent les regards et aussi loin que va l’imagination à l’intérieur des frontières du pays, il ne pleut, il ne neige et il ne vente tant, et avec autant de fureur, que sur ce colosse de pierre, contre lequel se brisent tous les nuages d’Ardeal.
Au bord d’un précipice, un sapin se met à vaciller, jusqu’à ce qu’il touche celui de gauche, ensuite celui de droite, comme s’il faisait ses adieux aux frères avec lesquels il avait passé son enfance, et, d’un saut tragique, il se jette dans le vide. D’autres, emportés par la folie générale, se précipitent à sa suite vers des destinations inconnues et fatales. On les retrouvera plus tard, qui sait où, mordant la poussière et couverts de blessures profondes, comme des soldats tombés au combat.
Une seule tempête, qui a fait rage il y a déjà un certain temps sur ce monde dévasté par de violents tremblements d’air a arraché de ses flancs cinquante milliers de sapins, les emportant dans les ravins. On les y aperçoit encore maintenant, tel un amas d’ossements frêles, emmêlés chaotiquement, qui pourrissent au fond des vallées perdues.
Même les pics les plus orgueilleux se sentent menacés par les ouragans qui se déchaînent contre eux. Aveugles, brutales, les masses d’air les frappent de plein fouet, essayant de les arracher de leur place. Mais les pics, obstinés, résistent. Face à la puissance brute des éléments, ils opposent la leur, avec des dizaines d’arêtes tranchantes, qui s’entrechoquent violemment.

(traduction Dolores Toma)
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Le sentier est, peut-être, le premier témoignage de la place que l’homme allait prendre dans l’univers, et, dans les temps les plus reculés, il était probablement riche de significations importantes. Avec lui, l’errance et le chaos prenaient fin, pour faire place à une ère nouvelle, celle de la certitude. De la grotte à la rivière, et de la rivière à la grotte, une génération finit par coucher l’herbe, et les suivantes héritèrent du sentier battu, et le conservèrent, comme un trésor légué par les ancêtres. Aujourd’hui encore, au fond des bois dans lesquels le règne des temps immémoriaux n’a pas été troublé, rien n’a autant d’importance que cette corde poudreuse, la seule capable de chasser des cœurs l’inquiétude et la peur de s’égarer.
Pour les premiers hommes, mis brusquement face à l’immensité et à l’énigme de l’espace, le sentier a dû être plus important que la hache ou que l’arc pour la chasse. Telle une liane infinie, il liait un horizon à un autre, permettant aux hommes de s’agripper les uns aux autres, pour ne pas sombrer dans l’inconnu, comme dans un gouffre sans fond.
À des époques totalement oubliées, un sentier aura signifié toute une civilisation. Une civilisation pour la conquête de laquelle de nombreuses générations d’hommes et de femmes, dont personne ne se rappelle plus l’origine, n’ont cessé de durcir la plante de leurs pieds en parcourant des sols vierges et rudes. Millénaire après millénaire, ère après ère, des tribus et des peuplades ont parcouru la terre de long en large, guidées par le soleil et les étoiles, jusqu’à ce qu’elles eussent réussi à la marquer de l’empreinte de leurs pieds, imprimant en elle les méridiens de leur audace et de leur opiniâtreté.

(traduction Dolores Toma)
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Dans cet espace, où les masses de pierre semblent écraser tout, la source se montre si frêle, qu’il ne serait pas étonnant que sa vie s’éteignît un instant après. Étonnante est, au contraire, la témérité avec laquelle elle affirme son existence face aux pics altiers. Dans la nuit saisie d’étonnement, l’Olt commence son histoire, digne d’être écoutée, dans un recueillement absolu, par les montagnes, par les hommes, par l’univers entier.
À l’éternité des montagnes, il oppose une autre éternité : celle de l’eau qui jaillit du rocher et qui, par ce dont elle est composée, est plus vieille que toutes les montagnes réunies. Des centaines et des milliers de siècles sont condensés dans le chuchotement de la source, l’un sous l’autre, remontant de plus en plus loin, jusque dans la nuit et avant la nuit des temps. Dans ce lit d’ères, l’eau coule sur son passé, comme sur une roche gigantesque, dont la couche la plus profonde remonte à l’instant où la terre s’est détachée du soleil.
C’est alors qu’elle a commencé à exister, et, depuis lors, dans chaque molécule et dans son énorme totalité, elle est restée la même. Le mince filet de l’Olt provient directement des masses liquides géantes qui ont recouvert la planète, à l’époque où les continents étaient encore loin de naître. Depuis, dans les ruisseaux, dans les fleuves, dans les mers, l’eau est restée la même : élémentaire, unique.

(traduction Dolores Toma)
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Un obstacle inattendu s’oppose, dès le premier instant, à ce voyage, qui s’annonce comme le plus fécond qui soit, d’un bout à l’autre d’une noble existence, à ce voyage qui pourrait donner lieu à un vaste et grave tour du monde : la séparation, difficile au plus haut point, de la contrée d’où il va partir.
Où le monde pourrait-il être aussi grandiose que sur ces sommets sur lesquels rien ne fait obstacle aux regards, où qu’ils veuillent se diriger, et où ils se dirigent, effectivement, jusqu’à ce qu’ils touchent l’infini ? Quels autres horizons pourraient se comparer à l’océan de pierre, sur l’étendue duquel émerge le Ceahlău, à l’océan instable dont les vagues donnent à l’univers un bercement plus large, une résonance plus profonde ?
Quitter ce moutonnement infini de montagnes, si proche à la fois du ciel et des fondements sonores de la terre, voilà ce qui paraît impossible. Tout son tumulte retient l’être dans les yeux duquel il s’est miré, le tirant en arrière, ne le laissant se détacher qu’à grande peine et douloureusement, provoquant aussitôt en lui le sentiment d’une perte irréparable.

(traduction Dolores Toma)
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La vérité est que, après être venu à la lumière du jour et après s’être mis à courir sur les rochers, le filet d’eau ne perd à aucun moment le contact avec une infinité de gisements liquides, qui, par des voies secrètes, vont l’enrichir sans cesse, tout comme l’être humain, quelque évolué qu’il fût, ne se coupe pas de ses gisements ancestraux obscurs, dont il reçoit sans cesse des énergies insoupçonnées et des impulsions énormes.
Des milliers de galeries s’entrelacent dans la pierre, tel un inimaginable labyrinthe de nervures, infiltrant leurs pointes d’aiguille jusque sous les crêtes les plus hautes, dans des dépôts, pas plus grands qu’un ongle, sous la croûte des rochers, pour laisser s’écouler dans le ruisseau qui vient de naître, goutte-à-goutte, toute la sève et toute la force de Hășmașul Mare.
L’Olt semble être, ainsi, un arbre aux racines ramifiées sous l’écorce d’un vaste et chaotique territoire, si bien que, si on pouvait l’arracher, tel un sapin par la tempête, il tirerait avec lui la ronde immense des crêtes, des précipices et des pics où il a vu la lumière du jour. C’est à travers ce fabuleux réseau de racines, comme à travers un arbre de vie géant, que la montagne fait parvenir la nourriture à la rivière à laquelle elle a donné le jour.

(traduction Dolores Toma)
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