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3,67

sur 210 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un pays sort de la guerre, une guerre fratricide, peut-être celle des Balkans, elle n'est pas nommée. Un enfant sauvage, presqu'un homme, sort des bois. Il est accueilli avec méfiance par les hommes du village. Il ne sait rien. Il ne parle et ne comprend aucune langue. Une corneille pour seule amie, c'est un garçon apeuré qui s'invite à la table des hommes. Il doit tout apprendre d'eux.

Difficile de parler de ce beau roman sans trop dévoiler l'argument, il faut y rentrer comme on rentre en poésie, avec curiosité et sensibilité. L'écriture de Sylvie Germain très charnelle et organique devient visuelle.

Les bois, l'eau, le froid, les animaux de la forêt, le village supplicié, tout est décrit avec une langue forte et belle. Si ce roman était un tableau ce serait : « Chasseurs dans la neige » ou « Jeux d'enfants » de Breughel l'ancien.

Oeuvre singulière, fable philosophique et poétique sur la construction d'un être humain et la reconstruction d'une société humaine après l'effroyable chaos d'une guerre. « A la table des hommes » nous emporte très loin en littérature pour peu que l'on accepte le voyage.
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J'ai apprécié le roman de la de Sylvie Germain, un agréable moment de lecture. Une guerre civile fait rage, que voit-on sortir du bois ? Un enfant sauvage, nous dirons plutôt presque un jeune homme. Recueilli par des hommes, cet enfant va découvrir qu'ils ont des faiblesses, apprendre qu'ils aiment détruire et qu'ils ont le mépris de la vie. L'enfant sera appelé Abel, entre ces femmes qui n'ont plus d'hommes, ceux-ci sont partis à la guerre, elles vont lui apprendre le langage ; tout doucement il va apprendre à vivre et surtout…….réapprendre à faire confiance aux hommes qui n'ont pas toujours été agréables avec lui. Des idées noires vont se révéler à un moment de sa vie. Il saura ce qu'il devra faire.
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« Le ciel au-dessus de lui [est] déchiré par des traînées de feu stridentes, la terre autour de lui [...] ébranlée par des déflagrations, empuantie par des gaz. »
Pays ravagé par la guerre, où l'on a perdu toute trace des hommes de 15 à 65 ans, même après la fin du conflit.
Période indéterminée, lieu indéfini... Pas grave, ces imprécisions, on sait bien que l'Histoire de l'humanité se répète : « le problème n'est pas que le monde ne tourne pas rond [...], il ne l'a jamais fait et ne le fera jamais, mais plutôt qu'il s'acharne, précisément, à tourner en rond, en vrille folle sur lui-même, toupie ventrue gavée de sang et de fureur, ivre de ses propres cris et vrombissements, siècles après siècles, continûment. »

Personnages principaux : un porcelet, une corneille. Et surtout, un jeune garçon sorti de nulle part (pas tout à fait, pour le lecteur). Ceux qui l'ont trouvé l'ont surnommé Babel. Il lui manque « sa mère, son nom, sa langue maternelle, son pays, toute son enfance. »
« Il est né au seuil de l'adolescence, nu de corps, de mémoire et d'esprit, et il s'en accommode. »
Il est fasciné par la nature, la forêt, les animaux et, dans le monde des humains, par la langue et les mots : « Plus il avance dans le territoire des mots, plus celui-ci s'évase, s'accroît, il s'accidente, se creuse ou s'élève. Il y a des moments où Babel oscille entre angoisse et vertige devant cette immensité qui lui semble en écho à l'infinité de l'univers - en expansion continuelle. »

Je recopie beaucoup d'extraits, parce que la richesse de ce livre est dans les mots, dans la plume de l'auteur, si juste et si belle (mais sans maniérisme).
Les thématiques abordées sont intéressantes, certes, mais la plupart peuvent paraître galvaudées : maternité charnelle, famille, langue, guerre, nature, arrogance et sentiment de supériorité de l'humain (lui le plus cruel, le plus indigne de tous les animaux*)... Tout est dans l'art de Sylvie Germain pour exprimer ces idées. J'apprécie particulièrement la pertinence de ses propos sur la violence humaine, sur la langue.

Entre « fabuleux et réalisme le plus contemporain » (quatrième de couverture), ce roman m'a longtemps rebutée. J'ai souvent oscillé entre ennui (lyrisme, nature) et coup de coeur. Grâce à tous les passages sublimes que j'ai relevés, mon impression globale reste très positive et je conseille cet ouvrage « fabuleux » (dans tous les sens du terme).

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* « [...] les animaux et les humains, quelle que soit leur parenté, ne peuvent pas être confondus et tomber sous les mêmes jugements ; les premiers vivent en paix avec leur finitude, en droite conformité à leurs instincts, en plein accord avec le monde, ils vivent la vie en plénitude ; les seconds, taraudés par l'idée d'infini, sont en lutte avec leur finitude, en conflit constant avec leurs instincts qui n'en prennent pas moins le dessus la plupart du temps, en violent désaccord avec le monde, ils vivent la vie par à-coups plus ou moins réussis. »
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En pleine guerre civile, alors qu'une bombe éclate au-dessus d'un village, seuls une femme et un porcelet sont miraculeusement épargnés. Elle vient de perdre son nourrisson et va finalement nourrir le petit animal...
Mais il se retrouve bientôt tout seul et il est bien obligé de se débrouiller pour survivre.
Un jour en pleine forêt, le jeune porcelet, par une surprenante et magique mutation devient... Babel, un jeune homme plein de charme, mais naïf car il ne sait rien de notre monde.
Le lecteur assiste alors à l'éveil de cet adolescent charismatique, à sa découverte du monde et des hommes.
Il va apprendre à parler et à comprendre les hommes, mais gardera toute sa vie un lien très fort avec la nature et les animaux, avec qui il communique sans problème, comme il le fait avec cette mystérieuse corneille qui le suit depuis sa naissance.

Le roman, très prenant au départ, tombe très vite dans l'abstraction.
L'auteur s'interroge...
Quels sont les points communs entre les animaux et les hommes ?
Qui de l'homme ou de l'animal, apparaît comme le plus sauvage ?
Qu'est ce qui nous distingue des animaux ? Est-ce le langage ? les croyances ? les sentiments ? l'amour ?
Elle aborde donc des thèmes très intéressants et d'actualité.
Mais, j'ai trouvé ce roman trop déroutant !
J'ai bien compris que l'auteur a voulu parler de la cruauté de notre monde, de la guerre, des croyances et de la violence qu'elles engendrent.
Elle a voulu opposer à ce mal, l'innocence, la candeur, la fragilité et la sensibilité d'un être né au coeur de la nature, pur et incapable de faire du mal, lui seul capable d'ailleurs de la préserver et de l'aimer.
C'est en effet le sujet principal du livre que, vous aurez compris, il faut interpréter à un autre niveau que celui de l'histoire.

On retrouve dans ce roman-fable-conte, la plume très poétique de l'auteur, ses merveilleuses descriptions de la nature, ses mots qui nous embarquent dans un voyage imaginaire et, si l'histoire nous apparaît incroyable (et elle l'est !), la réflexion philosophique sur la nature humaine, qui l'accompagne, reste tout à fait intéressante.

Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Une belle écriture que voilà !
Roman un peu magique, un peu philosophique.
Le thème de l'enfant sauvage, entre humanité et animalité, permet de poser un regard extérieur sur l'homme et ses façons d'agir.
Sylvie Germain fait passer de nombreux messages, transmet de belles valeurs avec une plume toute en finesse et richesse.
Cela relève presque du mythe.
Elle nous plonge dans les parfums de la forêt en évoquant par les sens plus que par l'intellect, les horreurs de la guerre. On ressent sans presque réfléchir.
J'ai adoré cette façon de faire.
J'émettrais juste un petit bémol sur la fin, un peu trop ancrée dans l'actualité, le petit truc qui m'a semblé de trop et qui nous amène dans un concret trop puissant alors qu'il était jusque là évoqué avec cette intelligence qui fait comprendre souvent plus en profondeur et nous amène à plus d'empathie, qu'une description détaillée.
Mais c'est à lire, sans aucun doute.
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Alors qu'elles vont au lavoir, les femmes trouvent un jeune garçon nu qui ne sait pas parler. Il a une allure singulière. Il est pris en charge par Ghirzal la plus âgée.
Le lieu, l'époque ne sont pas précisés. C'est un pays qui se reconstruit suite à une longue guerre.
Surnommé Babel, le jeune inconnu observe ses contemporains, tente de les approcher, mais il lui manque les codes de la vie en société et le langage. Alors que ceux des animaux, des plantes, du cosmos lui semblent familiers. Il a un lien privilégié avec une corneille qui l'accompagne.
Dans la culture amérindienne, la corneille désigne la Loi sacrée. Elle perçoit l'Illusion qui réside dans l'interprétation que l'humanité donne aux mondes, tant physique que spirituel.
En apprenant à devenir humain, Babel va découvrir la vacuité de l'existence et perdre sa relation au monde : « simplement, l'harmonie établie entre lui et son environnement s'est distendue, il n'est plus porté par le flux du temps, et l'insouciance paisible où il flottait se dissout, sans raison… Commence une lente dérive vers l'insignifiance, il ressent une sensation de fadeur, une impression de vide. » On va le rebaptiser Abel, comme le second fils d'Adam et Eve.
L'étymologie du nom d'Abel est incertaine : Elle peut être issue de l'hébreu Hèvèl signifiant souffle, vapeur, vanité, l'auteur biblique construisant ce prénom pour symboliser l'existence précaire d'Abel. Elle peut également avoir une relation avec l'akkadien aplu ou ablu, « fils » et serait une construction littéraire de l'auteur biblique pour mettre en parallèle ce prénom avec celui d'Adam (« humanité ») et d'Hénoch (« homme »).1
Il va regarder avec son oeil de Candide la société humaine : la méchanceté, la bonté, la guerre « passions congénitale de l'humanité, elle ne cesse jamais sur la terre, pas un jour, pas une heure, elle se déplace, c'est tout… ».
On retrouve dans cette fable, un thème que Bernard Werber avait développé dans « le père de nos pères » : L'homme et le porc ont des patrimoines génétiques proches et pourraient avoir une ascendance commune.
Fable, conte philosophique, ce récit à l'écriture poétique est un réquisitoire contre la prédation violente et gratuite dont les hommes font preuve que ce soit envers les animaux ou leurs contemporains.

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Il serait mal venu de dévoiler l'identité de Babel...Mais cela serait-il possible? Ce qui le définit et ce qui m'a touché, c'est le regard qu'il porte sur le monde, à la fois cru, voire cruel, parce qu'il ne triche pas, mais aussi poétique et empreint de candeur.Ce qui le dévoilera à lui même ce seront ces rencontres multiples, personnages inattendus et vrais, bruts comme la terre glaise et non comme la violence qui les entoure.Ce parcours initiatique m'a progressivement et profondemment associé à cette question qui surgit puis se réaffirme sous différentes formes: Qui sommes nous et pour qui nous prenons nous?! L'Essence même de la vie ne doit-t-elle pas relativiser l'écart entre culture et nature revendiqué par les Hommes?...
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Sylvie Germain reste pour moi un auteur singulier, utilisant un registre très large allant de la poésie à un langage choquant, à la limite de l'obscénité, tout en surfant sur la vague du fantastique- féérique.
C'est toujours très réussi, et particulièrement dans cet opus où la vie de Babel, devenu Abel, l'autorise à décortiquer le profil le plus cruel de l'Humain, si on peut encore parler d'humain.
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Magnifique roman sous forme de conte fantastique ou se croisent le destin d'une corneille et d'un enfant sauvage né cochon, élevé par un humain, recueilli par une daine et renaissant humain.
A travers une nature sauvage faite de forêts, refuge préféré de ce petit homme, nous le suivrons à travers son parcours si complexe ou il doit tout apprendre.
Ce roman à l'écriture si magnifique fera un texte si addictif ou se mêlera à la fois le monde animal et la violence humaine, la haine de certains de ces êtres qui basculera jusqu'à la folie meurtrière qui sera sans nous rappeler malheureusement la réalité de certains événements récents ou le droit de penser, la liberté d'expression peut en déranger certains au point de non retour.
Sylvie Germain mélange a merveille le monde animal et le monde de la nature pour nous servir une fable fabuleuse, poétique et philosophique à la fois.
Étrange littérature à découvrir à la hauteur de Magnus que l'auteure nous avait écrit en 2005.
Un formidable voyage d'évasion accompagné d'une corneille...
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En novembre 2013, j'étais passée complètement à côté de Petites scènes capitales, trouvant le roman à la fois trop intimiste et peu touchant, trop académique du point de vue de la langue.
Cette fois, je me suis laissée séduire (pour mon plus grand plaisir) par cette histoire peu ordinaire ! Pas loin du coup de coeur !!

Dans un pays en guerre, en un lieu et une époque indéterminés, Babel le porcelet, soudainement transformé en jeune garçon, est recueilli par une communauté d'où les hommes sont absents. Il apprend le langage, la sociabilité, l'amitié. Sylvie Germain, dans un grand roman à la prose quasi lyrique, évoque notre animalité grâce à un roman-fable à la limite du fantastique.
L'apocalypse est pour demain
L'histoire de Babel-Abel est avant tout un récit d'initiation au parfum philosophique : dans un monde cruel, apocalyptique, quel est le devenir de l'homme ? Quel héritage peut-on recevoir d'hommes et de femmes déchus, traumatisés par la guerre et comment survivre au milieu de la barbarie ? Douloureux apprentissage que celui de cet enfant sauvage, lié à la nature, profondément innocent puisque sans vécu, sans éducation, fortement marqué par son animalité et qui tente de gagner son humanité par une volonté de survie hors du commun.
Un souffle d'espoir
Le roman, servi par une narration majestueuse, au style riche, évoque certes la cruauté sans limite des hommes, leur violence, mais entrouvre d'autres perspectives sur la condition humaine, laissant entrevoir un peu d'espoir au milieu des ombres, révélant par moments toute la générosité et la beauté du monde. Entre conte fabuleux et réalisme, Sylvie Germain nous donne à réfléchir sur nos existences, sur les grandes questions du monde contemporain (conflits, terrorisme, fanatisme religieux, liberté d'expression...) et sur notre rapport à la nature. A la table des hommes est une histoire universelle à la fois sombre et porteuse d'espoir.
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