C'est effectivement un très, très beau livre. Les Editions Plumes de Carotte nous offre un herbier magnifique. Collection des senteurs, des savoir-faire. Les parfums gardent la mémoire des hommes. Les portraits de plus de soixante dix plantes sont ici présentés.
Avec ces notes végétales les parfumeurs composent des symphonies. L'armoise, la gaïac, la tagète, l' élémi vous conteront leur histoire, leur voyage, et leur plus grandes oeuvres.
A découvrir également les ouvrages ethnobotaniques et ethnonaturalistes dans la même collection aux Editions Plume de carotte !
Astrid SHRIQUI GARAIN
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superbe livre mais quel volume ! c'est très encombrant
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Si l'on est souvent capable de décrire un tableau ou une sculpture, de commenter un livre, voire un air d'opéra, on a souvent du mal, faute d'un vocabulaire qui lui soit propre, à transmettre l'émotion que peut inspirer un parfum.
Chez Guerlain, j'ai un rôle de traductrice d'émotions entre le marketing et le parfumeur-créateur, de transcription des souhaits du marketing dans le langage technique du parfumeur...
Et j'entends souvent dire...
C'est frais ! S'entend très souvent. Ne cherchez pas de fraîcheur technique, tout simplement ça sent bon, c'est agréable.
C'est épicé. Ce parfum a du caractère, même si, techniquement, il ne contient absolument pas d'épices.
C'est fort ! C'est lourd ! Apparemment le parfum n'a pas plu. Il faut une aptitude particulière pour arriver à développer des fragrances qui ne sont pas proches de ses propres goûts et de son univers.
Il y a trois parfums, trois perceptions dans ce parfum ! C'est grave. Cela veut dire que l'on différencie assez bien les notes de tête, de cœur et de fond. Traduction : le parfum n'est pas assez lié, l'envolée ne prépare pas bien la conclusion et l'évolution du parfum ne se fait pas de façon harmonieuse.
Cela me rappelle la terre mouillée. Le patchouli est peut-être un peu trop dosé... ou pas assez habillé.
Trop acide, trop amer, racle la gorge... L'essai est un peu trop hespéridé et montant.
Ça sent la lessive, la savonnette. Probablement une overdose de dihydromyrcénol, ou bien le parfum est tout simplement trop musqué.
Ça sent le bébé ! Traduit une forte présence de muscs blancs ou de fleur d'oranger.
Le surdosage de notes musquées est souvent perçu comme positif.
La poudre de riz, le vieux livre, une odeur sèche, très nasale, « qui gratte», C'est l'impression que donnent des notes trop irisées, boisées trop violette classique. Le mimosa, une matière difficile à travailler, peut également évoquer cet aspect rêche et vieillot.
C'est sale, ça sent la vache, le cheval ou l'écurie. Cela signifie que les notes animales, indol ou cuirées, du genre civette ou paracrésol pour les notes « cheval », sont en excès.
Le bonbon, le caramel, le lait chaud, la guimauve, le gâteau qui sort du four. Facile à corriger: trop de vanilline, de vanille, ou de veltol qui peuvent donner ce côté framboise et caramélisé.
Ça sent les légumes, la tomate. Les notes vertes, cis 3-hexenol, triplal, sont un peu seules (pas assez accompagnées !) et un peu brutes.
Ça sent le gazoil, l'essence. Souvent un excès de notes vertes du style cis 3-hexenol.
Ça me vrille dans le nez. Les bols ambrés, du style karanal, peuvent donner cet effet. J'y suis personnellement très sensible et je les repère en traces,
Une odeur de vernis a ongles, de banane, une note laque. Très souvent dans la bouche des femmes: le parfumeur doit comprendre qu'il y a notamment trop de notes acétate de benzyle.
Une odeur de colle blanche. Facile ! C'est l'effet que donnent l'aldéhyde anisique, l'héliotropine ou la coumarine.
Le shampooing à la pomme verte. Ce n'est pas un commentaire positif, ça fait un peu cheap».
La crème solaire, les vacances, la plage, le sable chaud... Ces notes sont volontaires de la part du parfumeur, car elles sont plutôt positives. Elles sont très appréciées et très européennes », mais un peu moins connues des Asiatiques et des Américaines qui fuient le soleil.
Ça sent le fromage. Peut signifier la présence d'une note animale couplée à une note butyrique.
Le foin, l'herbe coupée. C'est une référence plutôt positive qui bien évidemment exprime les notes vertes, comme le triplal.
La tête de poupée, le celluloïd. C'est une évocation manifeste des poupées parfumées à la vanille comme la poupée Corole, qui ont marqué les petites filles. Et elles n'oublieront jamais ces notes !
Ça sent le poireau. Attention à la qualité du vertofix. Cela peut être gênant !
Le pain grillé, le brûlé. Probablement trop de pyrasines.
Je ne sens plus rien, mon nez est comme anesthésié. Il faut peut-être y voir la présence de notes violette, avec les ionones.
Lors de mon dernier voyage au Canada, des journalistes m'ont dit d'un parfum Guerlain «c té écœurant ce parfum là pour exprimer qu'elles l'adoraient. Qu'il était à leurs yeux tout simplement sublime ! D'où l'importance du décryptage. Il est indispensable de comprendre ce qui se cache derrière les mots parfois crus et poser les bonnes questions pour approfondir le sens des remarques.
Sylvaine Delacourte est directrice du développement et évaluation des parfums Guerlain. Le discours du marketing d'une marque étant quelquefois étranger au parfumeur, celui du parfumeur n'étant pas toujours compréhensible par le commun des mortels, Sylvaine Delacourte, à l'interface de ces deux univers, assume la mission délicate de traduire les souhaits et les émotions des uns et des autres.
Chaque pays possède des goûts spécifiques et je dois m'adapter. Au Mexique, par exemple, il faut des parfums puissants, des notes vertes, nitriles, plus techniques, qu'il faut appliquer sur des bases très fortes, savon, shampooing, gel douche, difficiles à couvrir, donc des contraintes techniques assez compliquées. Ajouter à cela des prix de vente locaux assez bas qui imposent une contrainte supplémentaire dans le choix des matières premières !
Au Moyen-Orient, par contre, il me faut choisir des notes vanillées, très orientalisées, chaudes, lourdes. En Asie, il faut des départs, des « top-notes », hyper performantes, très puissantes. C'est un véritable exercice de style! - Natalie Zagigaëff
"La force naît de la contrainte" tel est le principe de création énoncé par Léonard de Vinci. Les parfumeurs doivent se faire confiance et chercher à être eux-mêmes avant tout dans l'exercice de leur art, en laissant du temps au temps, comme la nature sait le faire. Elisabeth de Feydeau
Intrigante fleur de cassie...
C'est une fleur aussi intrigante de difficile à travailler. C'est un genre de mimosa, plus dense, plus rond, plus mystérieux... Un ingrédient qui développe des notes animales proches de l'ylang. J'aime la travailler bien que ses effets soufrés et aldéhydés la rendent délicate à apprivoiser.
L'essence de bois de gaïac est méconnue et rarement mentionnée dans les descriptions olfactives des parfums.