Périphériques

Périphériques met en scène deux futurs foncièrement différents mais reliés par un évènement spécifique désigné comme le Jackpot. Un roman complexe qui présente deux visions sombres de notre avenir, dans deux lieux distincts subordonnés à une seule et même intrigue. le rapport au temps est un des éléments centraux de cette histoire où une gameuse se retrouve témoin d'un crime dans un univers qu'elle pensait être virtuel. William Gibson n'explique ni les acronymes ni les obscurs termes techniques qui abondent dans son récit, privilégiant les manigances et les dialogues, il laisse de côté toutes descriptions et repères temporels relatifs à son univers. Au lecteur de rassembler les pièces de ce puzzle cyberpunk et d'en imaginer l'environnement et déduire les implications de l'histoire. Il faut, de ce fait, patienter un tiers de l'ouvrage avant de pouvoir faire le lien entre les intrigues et comprendre les connexions entre les deux réalités parallèles. Les enjeux autour de ce que Flynne a vu, la nature de cette simulation dans laquelle a eu lieu ce meurtre et pourquoi des groupes de gens influents s'y intéressent autant, se dévoilent peu à peu tout comme le contexte dans lequel les protagonistes évoluent. Progressivement ce monde effroyable et complexe se dessine avec ses technologies prospectives et ses travers dévastateurs. Un monde ou les frontières entre l'imaginaire et le réel se confondent ou s'effacent subitement, provoquant des répercutions imprévisibles et pernicieuses. L'effondrement environnemental et sociétal qui sépare ces deux visions du futur, est terriblement actuel et rend ce roman pertinent. Entre dystopie, ingénierie évolutive, paradoxe temporel et réalités parallèles qui entremêlent les prospectives, cette histoire laborieuse et indigeste aux multiples implications propose une perception amère et résignée de l'avenir. Même si son concept pourrait paraître passionnant avec cette mise en scène d'êtres humains issus de temporalités alternatives imbriquées grâce à la physique quantique, Périphériques souffre de longueurs pesantes, d'un flagrant manque d'action, de confusion, de propos alambiqués et d'un style fragmentaire et plutôt hermétique. On se demande souvent de quoi il est question ou qui parle à qui et de quoi. Les personnages s'avèrent peu profonds, apathiques, sans véritable impact sur les évènements. Quelques idées pertinentes mais peu d'attrait, rien dans le récit qui puisse au final soutenir un intérêt sans faille. On est face à une histoire des plus classique, largement surfaite, peu inspirée, au choix narratif peu intelligible et de façon générale inintéressante. de nombreux auteurs autrement plus captivants et avisés que William Gibson ont a déjà traité du même thème et souvent de manière plus élaboré et passionnante que cet illusoire Périphériques vide de sens.