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EAN : 9791030704518
464 pages
Au Diable Vauvert (07/10/2021)
3.91/5   141 notes
Résumé :
Turner, mercenaire, « aide » les transfuges des multinationales à déserter leur poste. Cette fois, il a pour mission de récupérer le cerveau de la biotechnologie de Mass-Neotek. Marly, acheteuse d'art à Paris, est engagée par un milliardaire excentrique afin de retrouver l'origine de mystérieuses et fascinantes créations apparues subitement sur le marché. Bobby, ou Comte Zéro, jeune et intrépide pirate de logiciel, opère dans les faubourgs de la Conurb. Il va se lai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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1984 : William Gibson frappe un grand coup avec Neuromancien (paru l'année suivante en France dans la collection Fictions des éditions La Découverte ; republié de nombreuses fois dont, en 2020, dans une nouvelle traduction de Laurent Queyssi aux éditions du Diable Vauvert). 1986 : il remet le couvert avec la suite de ce succès, Comte Zéro. On y retrouve l'univers de l'informatique et des zaibatsu, des hackers câblés et de la glace.

Les éditions du Diable Vauvert continuent donc la publication des oeuvres de William Gibson . Et cela me fait bien plaisir. Après avoir publié les derniers romans, elles reviennent aux fondamentaux. Et histoire de leur redonner un coup de jeune, les éditeurs ont demandé à Laurent Queyssi une nouvelle traduction, afin de remplacer celle de Jean Bonnefoy. Je ne suis pas en mesure de comparer leurs mérites respectifs, ne lisant pas couramment l'anglais. Je vais donc me contenter de parler du roman, ce qui est déjà pas mal.

Trois personnages se partagent notre attention. On commence avec Turner, un mercenaire qui vient de succomber à un attentat à la bombe lors d'une mission à New Delhi. Enfin, il n'est pas tout à fait mort, puisque, grâce aux technologies de pointe de cet univers, un chirurgien a été capable de remplacer les bouts qui manquaient, dont les yeux, par exemple, et de le reconstruire. Plusieurs mois tout de même ont été nécessaire. Puis une évaluation psychologique. Et le voilà près à repartir. Et ça tombe bien, d'anciens employeurs ont à nouveau besoin de ses services. Leur but : exfiltrer un génie d'une grande compagnie de bio-électronique. Sans se faire prendre et, surtout, sans que le génie ne meure lors du transfert. Car on ne plaisante pas avec la sécurité dans les zaibatsus. Les personnes clefs sont piégées en quelque sorte. Bombes physiques ou chimiques cachées dans le corps et que les « propriétaires » peuvent déclencher à distance en cas de trahison. Il s'agit de ne prendre aucun risque.
Turner est le côté violent mais rationnel de l'oeuvre. Il agit froidement, toujours après réflexion, même si ses sentiments sont mis à rude épreuve. Tout comme ses certitudes sur le monde qui l'entoure, après son accident. Il est aussi un personnage type de Gibson, que l'on retrouve par exemple dans la duologie de Périphériques, avec ces hommes d'armes qui manient une technologie de pointe et gèrent les situations de crise sans état d'âme.

Autre personnage, Marly, qui tenait une galerie à Paris avant qu'un scandale (un faux qu'elle aurait tenté de vendre comme un original) ne l'amène à la faillite. Un mystérieux commanditaire la fait venir pour un entretien d'embauche. Elle rencontre alors son futur employeur : Josef Virek, un homme extrêmement fortuné mais dont la santé est plus que défaillante. Il vit, si l'on peut appeler cela vivre, dans une cuve et ne peut apparaître aux autres humains que sous forme numérique. Il veut que Marly retrouve pour lui l'artiste qui crée des oeuvres d'art aux pouvoirs étranges : des boites qui contiennent des objets du quotidien mis en scène de telle manière qu'on ne peut qu'être ému, touché, en les observant.
Marly préfigure, de son côté, en quelque sorte, Hollis, le personnage principal de la trilogie Blue Ant (Identification des schémas, Code Source et Histoire Zéro). Cette ancienne chanteuse est elle aussi engagée par un homme très riche (propriétaire de revue, cette fois-ci). Comme Marly, elle aime les vêtements et apporte une attention particulière à la mode, aux accessoires. Enfin, comme la galeriste, elle est à la recherche d'objets d'art. Un art au pouvoir intense, qui peut changer les choses, émouvoir au plus profond les êtres.

Comte Zéro, qui donne son nom au roman, est un wilson : un jeune innocent qui n'y connaît rien et commet bévue sur bévue. Mais il n'est pas le seul responsable. Car s'il risque de mourir dès son apparition dans le récit, c'est parce que son « dealer » lui a refourgué un matériel bien trop dangereux pour lui. Un programme qui l'a amené là où il n'était pas de force à tenir. Heureusement, au dernier moment, une voix féminine le sauve. Qui est-elle ? Et dans quoi Bobby (son vrai prénom) s'est-il fourré ?
Avec Bobby, William Gibson place son Candide qui va nous servir de guide dans les méandres de cette société hyper hiérarchisée, familière de nos jours, mais autrement plus originale en 1986. Il est le naïf qui, par son expérience, a un intérêt pour des puissances qui le dépassent. Cela lui permet de rester en vie et de s'introduire dans des milieux qu'il se contentait d'imaginer. Peut-être finira-t-il par mériter son surnom de Comte Zéro.

La question que l'on se pose, en tant que lecteur, bien sûr, c'est : quel lien entre ces personnages aux parcours et aux univers si différents ? Que l'on se rassure, la réponse arrive. Vers la toute fin, même si quelques indices se profilent peu à peu à l'horizon. Et cela se fait tout naturellement, de façon très intelligente. William Gibson a su créer un univers original (pour l'époque : depuis, il a été copié et transformé de multiples manières) et à le consolider à chaque récit. Il a su apporter une touche d'exotisme bienvenue avec l'irruption du culte vaudou dans son explication de l'interface dans laquelle surfent les hackers. Selon certains personnages, les puissances qui interviennent dans cet espace seraient des loas, sortes d'esprits dans la religion vaudou. Cela remplace l'incompréhensible de la technologie qui semble prendre vie (comme les I.A.) par l'incompréhensible des divinités. Et cela passe parfaitement. D'autant qu'on est habitué à cet univers magique en SF. Rien que, l'année dernière, chez Phenderson Djèli Clark, dans la novella Les Tambours du dieu noir.
Vérification de la solidité de ce monde dans le troisième roman de cette trilogie, Mona Lisa s'éclate, qui devrait paraître début octobre, là aussi dans une nouvelle traduction. D'ailleurs, le titre lui-même changerait pour devenir Mona Lisa disjoncte (en V.O. : Mona Lisa Overdrive). J'en reparlerai sans doute alors.

Belle redécouverte que cette nouvelle lecture de Comte Zéro. Et ce n'était pas du luxe, car je n'avais que de très lointains souvenirs de la fois où je l'ai découvert, voilà une trentaine d'années. J'ai apprécié la force de cet univers, qui reste très attirant et très actuel, malgré son âge. Les personnages, par leur côté décalé, nous interpellent et l'histoire est bien construite, toute en alternances et en découvertes progressives. Une lecture à recommander fortement !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Est-ce un roman ou un scénario de film ? La question s'impose légitimement dans la profusion de répliques si bien solidarisées avec la progression de l'intrigue que celle-ci ne vient après-coup qu'en guise de confirmation des propos qui ont été déjà énoncés, la rendant superficielle, tandis que l'action s'est déjà diluée dans le dialogue.


S'enchaînent ainsi, dans des fantasmes superposés, le rêve de l'action dans le dialogue, et la mélancolie de la rêverie dans l'action, ces deux tendances trouvant à se conjoindre dans le fantasme de la nouvelle Eve schizophrénique, vision romantique de la maladie mentale qui se trouve souvent exploitée dans la SF à travers des personnages féminins. Rêve masculin d'une femme qui saurait vraiment qu'elle ne sait pas ce qu'elle dit ? Cette touchante naïveté déclinée dans un texte à la densité volatile éloigne tout sentiment de rassasiement.


La réalité ennuyeuse me semble soudainement des plus enviables.
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Turner est un mercenaire chargé d'exfiltrer Christopher Mitchell, l'inventeur des biopuces, de chez Maas Biolabs, pour le compte d'une corporation rivale.
Marly, propriétaire d'une galerie d'art parisienne, se fait embaucher par Josef Virek, l'un des hommes les plus riche du monde, pour rechercher l'origine de plusieurs oeuvres d'art.
Bobby se voyait déjà devenir un grand pirate informatique – il se fait appeler Comte Zéro – mais se fait griller le cerveau par une glace noire dès sa première passe sur le réseau. Il survit miraculeusement, sauvé par une étrange apparition.

Comte Zéro se déroule huit ans après les évènements parus dans Neuromancien. le fait de suivre trois histoires permet d'apprécier les nombreuses facettes de cet univers. William Gibson continue de développer sa vision de l'avenir, avec ses corporations tentaculaires au pouvoir renvoyant les nations au rang de concept obsolète, sa biotechnologie rendant toujours plus floue la frontière entre l'humain et la machine et, bien sûr, le cyberspace.

La matrice est devenue le théâtre d'apparitions étranges que les hommes ont bien du mal à interpréter. Et comme souvent face à l'inconnu, l'humain se réfugie dans la religion. Catholiques' musulmans et bouddhistes sont évoqués, mais c'est le vaudou qui sera à l'honneur. William Gibson rend fascinante l'alliance du surnaturel et de la technologie et, en mettant en scène autant de convertis que de sceptiques, permet au lecteur de se faire sa propre opinion du phénomène.

J'avais déjà lu ce roman il y a de nombreuses années et, dans mon souvenir, il pouvait très bien se lire indépendamment des autres tomes. À la relecture, je suis bien obligé d'admettre que j'avais tort.
Le roman est construit de telle manière qu'aucun des personnages n'aura une vu d'ensemble sur l'histoire. Seul le lecteur sera en mesure de reconstituer le puzzle, mais seulement si il aura également lu Neuromancien. Les évènements du précédent roman de Gibson sont régulièrement évoqués, mais souvent de manière vague, et il me semble difficile de bien saisir tous les ressorts de l'intrigue sans en avoir une pleine connaissance.

Avec Comte Zéro, William Gibson continue de tisser un univers fiche et cohérent que je trouve toujours aussi passionnant à parcourir. Ceux qui ont apprécié Neuromancien peuvent se jeter dessus sans hésiter.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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Mouvement Rastafari dans Neuromancien, Voodoo Boys dans Comte Zéro. Danbala, Loas, etc intégrés au cyberspace. Dans le cyberpunk, j'aime comment le multiculturel sert la subculture.
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L'un doit prendre en charge le "cerveau" d'une invention de Maas Neotek.

Le comte Zéro, plus communément baptisé Bobby, vit une première expérience violente et meurtrière lors de sa première excursion sur le réseau.
Sauvé in extremis par... une vision ? une illusion ? En tout cas, une femme.

Une autre, galeriste à Paris, devient l'employée d'un homme riche et puissant. Sa mission ? Retrouver l'origine de certaines oeuvres d'art.

Si vous n'avez pas lu Neuromancien... comment vous dire ? Difficile de vous y retrouver.

Donc, mon conseil est le suivant : courrez vous procurer le tome 1 !

Je connais peu ou prou le cyberpunk, cet univers bien particulier, qui semble même hermétique de prime abord. Je me suis engagée dans ces deux lectures comme une touriste dans le désert, sans trop connaître le terrain, et en oubliant la réserve d'eau !

Et pourtant.
La lecture de ce tome 2 fut aussi agréable et fluide que le premier. Cela tient en grande partie au travail de l'auteur dans mon cas, qui manie la littérature et notamment son genre avec une dextérité de vétéran. Il vous prêtera sa gourde si, comme moi, vous partiez mal équipé :D

C'est aussi ludique que brillant.
Entre critique social et univers abstrait.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il regarda l’heure sur l’horloge Coke du kiosque. Sa mère devait être rentrée de Boston, désormais, forcément, sans quoi elle manquerait une de ses séries préférées. Un nouveau trou dans la tête. Elle était folle, de toute façon, il ne s’agissait pas d’un problème dû à la prise installée avant la naissance de son fils, mais elle se plaignait depuis des années de parasites, de défauts de résolution et de contamination sensorielle, et elle avait fini par économiser assez de crédits pour se rendre à Boston en vue d’un remplacement au rabais. Dans le genre d’endroits où l’on n’avait même pas besoin d’un rendez-vous pour une opération. On se pointait et ils vous prenaient direct... Il savait comment elle était, ça oui, à peine la porte passée avec une bouteille sous le bras, sans même retirer son manteau, elle fonçait se brancher au Hitachi et se vidait le cerveau avec ses séries pendant six heures d’affilée. Ses yeux restaient dans le vague et parfois, s’il s’agissait d’un très bon épisode, elle bavait un peu. Toutes les vingt minutes, elle parvenait à se rappeler de boire une petite gorgée de sa bouteille.
Elle avait toujours été comme ça, pour autant qu’il s’en souvienne, et n’avait cessé de s’enfoncer un peu plus dans sa demi-douzaine de merdes synthétiques, fantasmes stimstim à suivre dont Bobby avait entendu parler toute son existence. Il avait encore la sensation désagréable que certains des personnages dont elle lui racontait la vie étaient des parents à lui, des oncles et des tantes charmants et fortunés qui débarqueraient peut-être un jour si seulement il ne se comportait pas autant comme une merde.
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Ils flanquèrent un pistard aux trousses de Turner , dans les vieilles rue de Delhi , calé sur ses phéronomes et sa couleur de cheveux . Il le rattrapa dans une rue nommée Chandni Chauk et se précipita vers sa BMW de location à travers une forêt de jambes nues et brunes et de pneus de vélo-pousse . En son coeur : un kilo d'héxogène recristalisé et de TNT en paillettes .
Il ne le vit pas venir . Sa dernière image de l'Inde devait être la façade en stuc d'un batiment nommé l'hôtel Khush-oil .
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Une serviette autour des épaules, dégoulinant, il emprunta l’étroit couloir jusqu’à sa chambre, un minuscule espace triangulaire tout au bout de l’appartement. Sa console d’holoporn s’alluma à son arrivée et une demi-douzaine de filles souriantes le regardèrent avec une joie non dissimulée. Elles semblaient situées par-delà les murs, dans des panoramas brumeux d’espace bleu pâle, leurs dents blanches et leurs jeunes corps fermes brillant comme des néons. Deux d’entre elles s’avancèrent et commencèrent à se toucher.
« Arrêtez », dit-il.
La console de projection s’éteignit aussitôt ; les filles fantasmes disparurent. L’appareil avait autrefois appartenu au grand frère de Ling Warren ; les cheveux et les vêtements des femmes étaient datés et plutôt ridicules. On pouvait leur parler et leur demander de se faire des choses toutes seules ou bien à plusieurs. Bobby se rappelait qu’à treize ans, il était amoureux de Brandi, celle avec le pantalon de latex bleu. Désormais, il aimait surtout les projections pour la sensation illusoire d’espace qu’elles offraient dans la chambre de fortune.
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— Mais vous avez bien quelqu'un ? Un homme à retrouver ?
— Une femme, si vous voulez tout savoir, dit-elle. [...] (Elle le lorgna, les yeux plissés.) On a un gosse, aussi. À nous. C'est elle qui l'a porté.
— Ligation d'ADN ?
Elle acquiesça.
— C'est pas donné, observa-t-il.
— Tu l'as dit ; j'serais pas s'il fallait pas terminer de régler la note. Mais elle est magnifique.
— Ta femme ?
— Notre gosse.
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[…]Lorsqu’elle entra le numéro de l’horloge, un résumé automatique des infos satellites apparut sur l’écran : une navette de la JAAL s’était désintégrée pendant sa rentrée dans l’atmosphère au-dessus de l’océan indien, des enquêteurs de l’axe métropolitain Boston-Atlanta avaient été envoyé examiner le site d’une explosion dévastatrice, et visiblement gratuite dans une banlieue résidentielle morne du New Jersey, des miliciens supervisaient l’évacuation du quart sud de la Nouvelle-Bonn suite à la découverte par des ouvriers du bâtiment, de deux ogives remontant à la guerre et peut-être équipées d’armes biologiques, et des sources officielles en Arizona niaient les accusations mexicaines concernant l’explosion d’un petit engin nucléaire près de la frontière du Sonora… Puis le résumé repris du début […]
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Vidéo de William Gibson
Extrait du livre audio « Mona Lisa disjoncte, trilogie de la cité tentaculaire, tome 3 » de William Gibson, traduit par Laurent Queyssi, lu par Nicolas Djermag. Parution numérique le 23 novembre 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/mona-lisa-disjoncte-9791035409906/
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