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sur 656 notes
Certitudes et incertitudes, espoirs et attentes. Les mots se réfléchissent, les rencontres se fuient et se trouvent.

Les lignes s'écrivent, les pages se noircissent et la vie passe puis lasse.

Chapitres de doutes et d'interrogations nous amenant progressivement à nos miroirs cachés.

A connaître dans ces approches et ces détours.
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Un texte "facile" à lire, mais difficile à interpréter!!
Toute la subtilité de ce texte d'André Gide consiste à livrer un roman à la première personne, même s'il y a plusieurs narrateurs via les courriers, qui semble relativement banal : un couple de jeunes amoureux s'éloigne l'un de l'autre à force de retarder leur engagement pour nombre de raisons qui apparaissent plus comme des prétextes que de véritables impératifs.
C'est le premier degré du texte, et le titre du livre suggère une expérience de nature spirituelle puisqu'il est fait mention de la porte étroite. Même si ce n'est jamais explicité dans le livre, c'était probablement évident pour les contemporains de Gide. La porte étroite fait référence à une réponse de Jésus à un jeune homme riche qui lui demande comment accéder au royaume de Dieu. Jésus répond qu'il faut se délester de ses richesses. Et d'expliquer à ses disciples que pour atteindre le royaume de Dieu, il faudra se dépouiller de tout ce que l'on porte, comme on doit délester un chameau pour le faire passer par la porte étroite (petit portillon accessible quand les grandes portes ne sont pas ouvertes).
Il s'agit donc de dépouillement, et d'une interprétation de l'évangile assez austère qui était probablement courante du temps de Gide, beaucoup moins mise en avant aujourd'hui. On parle également dans le texte de quiétisme (doctrine consistant à penser qu'on peut gagner son salut passivement, en s'abstenant d'agir mal) et de jansénisme (doctrine opposée exigeant beaucoup d'efforts de peur que la grâce de Dieu ne manque pour sauver le croyant). Alissa incarne à sa façon les excès du jansénisme par son désir de privation du bonheur, tandis que Julien incarne le quiétisme par son attitude d'acceptation inerte.
Bref, nos deux amoureux semblent plus en recherche spirituelle qu'en recherche charnelle, et le lecteur assiste à la désincarnation progressive de leur amour. La clé en est probablement dans l'attitude de la mère d'Alicia, qui bien que dépressive avait un amant, et donc une jouissance immodérée. Sa fille semble vouloir prendre le chemin inverse, un chemin d'austérité et d'abnégation, dont il est inutile ici de rappeler les différentes étapes, si ce n'est qu'elles vont la conduire à une sorte de mélancholie mortelle à force de réprimer ses sentiments.
Tout au long de la lecture, je n'ai pu m'empêcher de me demander, mais que ne cédent-ils à la passion des corps? le journal intime trouvé en fin d'ouvrage en livre une clé : les moments de grande froideur d'Alissia correspondent à ses luttes les plus intenses contre ses désirs.
Que Gide aie voulu critiquer l'austérité des moeurs de son époque et montrer à quel point elle pouvait être mortifère, nul doute là dessus. Cette austérité est un héritage du XIXème siècle et va continuer à peser sur la foi chrétienne tout au long du XXème siècle, on en voit aujourd'hui des traces dans les scandales liés à des maltraitances dans les orphelinats : il fallait maîtriser les tentations de la chair.
Nos deux héros sont de bonne volonté, presque trop, puisqu'ils acceptent les séparations, et même les provoquent comme de nouveaux moyens de s'assurer de la sublimer leur amour et de s'assurer de sa pureté.
L'intrigue se complique par l'amour de Juliette, la soeur d'Alicia, pour le narrateur. Une nouvelle chance pour Julien de rencontrer l'amour, qu'il va également laisser passer. Juliette va se marier à un homme qu'elle n'aime pas, mais avoir des enfants et être heureuse, tout en restant amoureuse de Julien. Elle représente le pragmatisme et le compromis alors qu'elle est à priori la plus passionnée des deux soeurs. Sa porte étroite à elle se révélera féconde.
Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec une mystique contemporaine du roman : Thérèse de Lisieux, qui va également être en prise avec la dépression, et également donner sa vie, jeune, dans une extase mystique, en 1897, soit douze ans avant l'écriture du roman. La publication des journaux intimes de Thérèse lui vaut un succès mondial rapide et il n'est pas impossible que Gide en ait eu connaissance.
Quoiqu'il en soit, le livre fut salué du temps de Gide comme un éloge de la vertu, ce qu'il n'est probablement pas, car qui peut envier les deux protagonistes de l'histoire qui sacrifient ce qu'ils ont de plus beau pour une illusion qui n'a finalement pas de sens, et qui ne devient qu'un immense bourbier.
La conclusion en serait plutôt : méfiez-vous de trop chercher la porte étroite. La vie est effectivement suffisamment riche en porte étroites pour qu'on n'aille pas s'en inventer des supplémentaires!
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Ce roman composite, en partie épistolaire, s'ouvre sur une citation de Luc 13:24 “Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite”; c'est dire assez l'atmosphère de puritanisme protestant qui attend le lecteur dans se roman qui a pour cadre la bourgeoisie havraise. Cette citation liminaire est renforcé par le passage du livre où le pasteur de la congrégation choisit et commente le verset de Mathieu 7:13 : “Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là”.

Le corps principal du récit traite d'amours adolescentes contrariées. Jérôme aime Alissa, sa cousine, depuis sa tendre enfance, mais celle-ci inexplicablement, est prise d'une lubie de sacrifice en faveur de sa soeur cadette Juliette, qui est secrètement éprise de celui-ci, alors qu'Abel, ami de Jérôme, et amoureux de cette dernière, qui n'éprouve rien pour lui. Par dépit et secouée par le peu d'échos que son amour éveille dans le coeur de Jérôme, tout à Alissa, Juliette précipite ses fiançailles avec un honnête négociant en vin peu raffiné par les grâces de la culture. S'ensuit une relation épistolaire d'Alissa vers Jérôme, que ses études et son appel sous les drapeaux ont éloigné. Mais le temps à passé, rien de ce qui a été vécu, qui à subit les assauts du temps, ne reste identique; et tout passe… nevermore! dirai le corbeau de Poe. Lorsque sonne le temps des retrouvailles, la gêne s'est glissée entre eux, leur relation se déroule sous le signe de la contrainte…

Cet amour éthéré, cet obsession de la sainteté, de la vertu, chez Juliette, ses subtilités et ses détours, cette pudibonderie, mon laissé indifférent sinon passablement agacé. De l'aveu du narrateur d'ailleurs même, “un peu moins orgueilleux, notre amour eût été facile”. Je n'adhère que rarement, en effet, à ces sortes d'amours déracinées de leur indispensable terreau de passions humaines et terrestres, et la déclaration de l'Amant de Lady Chatterley me semble bien plus belle, car plus humaine : "Je t'aime avec mes couilles et tout autant avec mon coeur". Clairement l'oeuvre de Gide qui m'a le moins transporté.
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Gide est un auteur que j'ai toujours voulu lire mais l'occasion ne s'en était jamais présentée jusqu'à cette .
J'ai été ravie par cette découverte.
Il ne s'agit pas d'un roman à rebondissement ni d'une histoire palpitante. Il faut donc passer son chemin si c'est cela que l'on recherche.
Il faudrait à mon avis d'abord lire la biographie de l'auteur pour bien comprendre sa position par rapport à la croyance religieuse.
En effet, dans ce livre, il s'agit de l'influence de la religion (ou plus exactement une des façons d'y croire et de la pratiquer) sur les relations amoureuses.
La porte étroite. le titre est très parlant car en plus d'être tiré de la bible, il illustre très bien le comportement des deux protagonistes.
Tout est si compliqué pour ces deux êtres qui ne cessent de se lancer des défis et de se fixer des objectifs de plus en plus hauts.
Lui, soucieux de séduire, idéalisant la femme qu'il aime. Celle-ci, indécise, ne sachant visiblement pas trouver un équilibre entre sa foi et son coeur ou aimant beaucoup plus l'idée d'être aimée que l'amour lui-même ?
Le style est parfait. Je me suis délectée de ces échanges épistolaires qui rappellent très bien ce que disait je ne sais plus qui: "Les mots nous ont été donnés pour déguiser notre pensée".,
Sous certains aspects, le livre peut sembler long malgré le nombre de pages plutôt négligeable. Il pourrait même agacer certains lecteurs.Mais n'est ce pas là le but recherché ? Une façon silencieuse de "critiquer", de montrer comment certains peuvent se compliquer gratuitement la vie avec certaines croyances religieuses ou pas et ce sans que l'auteur ne s'implique directement.
Ceci dit, la relation entre les deux concernés aurait-elle duré si elle avait été "consommée". Certains ayant tendance à courir après un idéal beaucoup plus qu'une personne.
Cependant, je pense avoir très mal compris la fin du roman. Qu'est-il donc arrivé à Alissa ?
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Prix Nobel de Littérature en 1947, André Gide est un écrivain né à la fin du XIX ème siècle et décédé en 1951. Son oeuvre
est monumentale : ("Les Caves du Vatican", "Voyage au Congo", "Le retour du Tchad" ) etc.

L'histoire du roman qui nous occupe se déroule en Normandie, dans la société bourgeoise, tant au Havre qu'à Fongueusemare, tout proche, à Nîmes et ses environs, et à Nancy.
Deux adolescents, Alissa, cousine de Jérôme, plus âgée de deux années que celui-ci, et Juliette, soeur de Alissa, se rencontrent dans la famille. Maison cossue, parcs et jardins boisés, des haies vives, des chemins qui favorise le cahe-cache, les écoutes indiscrêtes des parents et invités, ont vite raison de l'innocence des jeunes gens.
Jérôme a la coeur qui penche pour Alissa. Une correspondance s'installe entre les deux épris.
Ce sont les années de découverte, de "revoir"; des années d'échange de courriers, une lettre répondant aussitôt à une autre lettre, avec la complicité éclairée de la soeur d'Alissa, Juliette.
La conscription, à Nancy, éloigne alors pour des années (7 ans à cette époque) les deux jeunes gens.
Lorsque dans la vie nous écrivons avec tant de patience, vite vient une question, au fil des années, des printemps, des hivers, qui écrit à qui ?
Et André Gide de poser ladite question :"N'écirions-nous que pour nous-mêmes ?"
La jeune femme qui se sent vieillir, apostrophe son coeur et le questionne à l'aune de sa foi.
Alors, quelle place pour cet amour qui se dit mais ne se fait pas ?

On ne sort pas indemne de cette lecture. Ce roman est une confidence Pour celui qui lit, et écoute le duo,

Je conseille fortement ce livre paru en 1909, toujours d'actualité; que j'ai lu en un jour.

Entrez dans ce texte brillant, vous ne pourrez le quitter. Superbe, touchant. Et, émouvant.

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La porte étroite est le lieu où tout se noue et se dénoue.
Cette porte décrite dans le verset du pasteur comme celle qui conduit à la vie est, comme le chemin, si étroite que deux personnes ne marchent pas de front (p 167). C'est pourquoi, entre vertu et amour facile, naturel et médiocre, Alissa choisit « mieux que l'amour » : une « joie progressive » qui va la conduire, sinon à la vie, à la pureté de son amour exacerbé pour Jérôme.
Plus sur anne.vacquant.free.fr/av/
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Un amour contrarié par le destin et les prétentions d'élévation spirituelle des protagonistes. Rien ne m'exaspère plus que les amoureux maudits par rien d'autres que leur propre bêtise, et leur conception malsaine de l'amour.
Il faut dire quand même que la beauté du texte me fait parvenir au terme du roman, et que les sentiments suscités chez moi, bien que négatifs sont forts. Il y a sans doute là, quelque chose à méditer.
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Ce roman, l'un des plus beaux d'André Gide (1869-1951), paru en 1909, montre l'inhumaine cruauté de la course au sublime dans une atmosphère de dolorisme exalté et de mysticisme protestant suranné qui m'a fait penser par certains côtés au «Festin de Babette» pour ceux qui ont vu le film. Jérôme et sa cousine Alissa s'aiment d'un amour profond, mais fort intellectualisé, et teinté de masochisme. Cela nous donne des phrases comme «Ne nous voyons plus, nous serons plus proches», «crois-tu que nous soyons jamais plus près l'un de l'autre que lorsque, chacun de nous oubliant l'autre, nous prions Dieu?», «être séparés pendant la vie pour être plus proches après la mort», «nous trouvions dans la longueur de cette séparation une épreuve digne de notre vaillance», «De loin, je t'aimais davantage» et il ne faut pas rechercher le bonheur car «Il y a plus important que le bonheur: la vertu». Au nom cet amour plus grand, de cet absolu, il faut renoncer aux fiançailles. Les séparations amènent des lettres exaltées. Jérôme ne comprend pas tout à fait cette fuite d'Alissa dans le sublime et confie tout à Juliette, la soeur d'Alissa, sans se rendre compte que Juliette l'aime secrètement d'un amour sans doute plus profond. Juliette se résigne à épouser quelqu'un qu'elle n'aime pas, mais avec qui elle trouvera quand même une existence heureuse. Alissa fuit le monde et meurt seule dans la sainteté et la solitude. A la dernière page du roman, Gide nous apprend que pendant toutes ces années où Jérôme se confiait à Juliette en lui parlant d'Alissa, Juliette fit l'indifférente, gardant tout ce temps pour elle seule un amour sans espoir. le titre du roman provient de l'évangile de St Luc (XIII, 24, «Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite» : la porte est trop étroite pour qu'on puisse y passer à deux ensemble, dit Alissa.
C'est un roman autobiographique qui nous rappelle l'amour intellectualisé de Gide – homosexuel – pour sa cousine, et l'atmosphère pesante du milieu protestant qui était le sien. Rappelons-nous qu'André Gide a obtenu le Prix Nobel de littérature 1947.
Plus d'un siècle après, ce roman touche par son côté tragique qui ne doit pas décourager le lecteur car il touche à la profondeur de l'âme humain. Aujourd'hui, il est difficile de comprendre que deux êtres puissent ainsi faire le malheur de l'autre (et de Juliette) dans cette recherche d'absolu idéalisé à l'extrême? Ceci dit, c'est un roman magnifique, plein de poésie et de délicatesse. Un grand classique à lire ou relire avec plaisir.
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André Gide a écrit ce récit en 1909. Le narrateur, Jérôme, est lié depuis l'enfance à sa cousine Alissa. Tous deux, animés par une commune ferveur religieuse, veulent se comporter comme des êtres d'élite. Arrivés à l'adolescence, ils se croient amoureux l'un de l'autre; ce sentiment reste purement platonique. Pour diverses raisons, leurs fiançailles ne les conduisent pas au mariage: celui-ci sera retardé indéfiniment. La soeur cadette d'Alissa, Juliette, familière avec Jérôme, en devient amoureuse; mais elle décide d'épouser un homme très ordinaire. Jérôme et Alissa restent théoriquement proches, pratiquement éloignés - et chastes, naturellement. En définitive, le projet de mariage est annulé et Alissa meurt peu après.
J'avais découvert ce roman pendant l'adolescence et il m'avait alors considérablement irrité. A la relecture, j'ai eu la même réaction ! Toute l'intrigue me semble bizarre et très anachronique. Cette austérité, cette aspiration à la perfection morale, cette prétendue pureté n'ont rien qui puisse me plaire. Quel est ce soi-disant amour entre Jérôme et Alissa ? C'est peut-être "philia" ou "agapè", mais ce n'est certainement pas "éros". En lisant ce livre, j'ai songé à Sigmund Freud qui était actif lors de la parution de "La porte étroite": Alissa aurait tiré certainement profit d'une psychanalyse avec le Maître - et aussi Jérôme (dont la libido semble éteinte), d'ailleurs…
Ces situations bancales, ces personnages ambigus, ces lubies idéalistes, si énervantes qu'elles soient, sont parfaitement développés dans le roman. Gide est un grand écrivain
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LA PORTE ETROITE - André GIDE. Juin 1998 N° 201

J'ai relu avec grand plaisir ce roman de Gide pris au hasard dans ma bibliothèque. J'y ai retrouvé cette atmosphère désuète des amours d'adolescents et de ce temps où on parlait encore de fiançailles, de sentiments amoureux, d'attente, de cour, de timidité, de sacrifice, d'élans vers Dieu, de recherche de sainteté... Toutes choses qui ne font plus partie des thèmes traités actuellement par notre littérature contemporaine.
L'entéléchie recherchée en Dieu par Alissa au prix du sacrifice de son amour pour Jérôme était sans doute le reflet de ce siècle puisque ce livre est paru en 1909.
Ce que j'ai apprécié surtout, au-delà même de l'histoire c'est le texte lui-même, tressé dans ce style si particulier, à la fois simple et clair qui fait tellement honneur à notre belle langue française.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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