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3,7

sur 2136 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne connaissais pas André Gide mais après cette lecture des faux-monnayeurs, je vais en lire d'autres. J'ai adoré les personnages de Bernard, Olivier, Édouard, malgré leurs défauts et carrément honni Gueridanisol. Je suis dans un club lecture et j'ai hâte de débattre de ce livre. Je le conseille vivement.
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Classique parmi les classiques, ce roman est resté selon moi un peu trop caché aux yeux de l'Histoire littéraire, ou bien son succès demeura trop court. Les Faux-Monnayeurs, c'est le titre du livre qu'Edouard projette d'écrire, mais dont l'inanité de perfection -peut-être- le bloque. C'est aussi un des fils de l'intrigue, reliée à d'autres récits qui s'enchevêtrent pour former ce chef-d'oeuvre.

Chef-d'oeuvre que j'ai trouvé honnêtement très moderne pour son temps, autant que traditionnel. Paru en 1925, il reprend beaucoup des thématiques du réalisme du XIXème ; l'argent, la canaille, la psychologie étayée, l'amour déréglé, la famille dysfonctionnelle, ... et, en parallèle, dénote un aspect essayiste, une documentation trouble fondée à partir des réflexions d'Edouard (fortement Gide, hein, on va pas se mentir), qui tient dans son journal des pistes de questionnements sur le roman, la façon de l'écrire, les moyens employés, le but. Et, encore ! original par l'application qu'on peut en faire au XXIème. La langue de Gide est humble, modeste, et ouvre son horizon à tous les lecteurs, qu'ils soient adeptes de classiques ou de romans plus contemporains.

J'avais peur, comme c'est toujours le cas quand j'ouvre un classique, de me perdre dans des élucubrations absconses, des mots trop loins cherchés, au service d'une intrigue complexe et embrouillée. Bon, pour être embrouillée, celle des Faux-Monnayeurs ne fait pas exception, mais il suffit sincèrement d'être concentré pour en saisir toute la pelote.

Ce roman m'a aspiré. Je peinais à terminer les dernières pages non par ennui ou sentiment de longueur, mais bel et bien parce que je ne voulais pas le fermer. Il contient tant de passages d'abord spirituels, qui nous rapprochent de l'auteur et nous fait nous identifier (quelque soit le personnage et c'est la force de Gide !), mais aussi réflectifs et instructifs, sur les comportements familiaux ou amicaux - à quoi ils poussent, quelles conséquences d'une telle éducation, quel prétexte au mépris destructeur de vie ?-, sur le roman et le travail qu'il demande (comme exprimé ci avant), et puis émouvant, parce que l'auteur manie l'art de l'expression sentimental à la perfection, il sait méthodiquement quelle image amener, quel verbe et adjectif pour l'accompagner.
La morale prend une place immense dans le roman, et n'émet aucun jugement vraiment dépréciatif sur les actes des personnages ; vision que j'apprécie puisqu'elle met en relief l'idée que l'humain n'est pas ou blanc, ou noir, mais à la fois fragile, bizarre et attentionné.

Ensuite, il est bien entendu que cet ouvrage ne fait pas fit d'une grande partie autobiographique. On sait tous que Gide avait sa part d'homosexualité, et Edouard avec Olivier n'est pas sans la dévoiler, à la fois subreptice, intelligente et évidente. L'abord critique de l'éducation puritaine, aussi.

Ce que j'ai trouvé intéressant d'autre part, c'est la manipulation des personnages, presque tous relégués au premier plan, à l'exception de deux ou trois qui sont extérieurs à l'intrigue. Et cela aussi est moderne. Il n'est pas un personnage qui n'ait pas son lot de rétrospectives, ses douleurs et ses craintes, son évolution ou sa déperdition inexpliquée ou volontaire.

Enfin, c'était une très belle lecture, bourré d'éléments riches pour ceux qui étudient les Lettres, tout en restant divertissante, mordante et fabuleuse...

PS : peut-être la fin du roman restera-t-elle ce qui m'a le moins plu, je pense qu'à l'image du reste, la dernière phrase aurait pu s'approprier un brin de beau..
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André Gide a usé de son propre personnage dans ce roman, comme il l'avait déjà fait d'un procédé de composition en miroir, en se mettant en scène: un romancier en train d'écrire son roman. Il introduit ainsi au sein de l'oeuvre une méditation esthétique et surtout un détachement ironique toujours à la recherche d'un roman pur. Il a abordé tous les genres dans le roman en se montrant subtil dans l'analyse traduisant les aspects multiples et contradictoires avec pour seule ambition d'assumer au possible de l'humanité tout en déclarant: Je n'aime pas l'homme, j'aime ce qui le dévore.
Entre athéisme et vérité l'alternance gidienne lui value le prix Nobel en 1947.
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Ce roman est d'une puissance que je n'imaginais pas. J'ai d'abord eu du mal à m'y plonger, je ne connaissais pas l'auteur, je ne comprenais pas le titre, l'histoire ne m'attirait pas. Et puis tout d'un coup j'ai compris et, purée, qu'est ce que je suis contente de m'être accrochée!
C'est un roman sur les relations, sur la profondeur de chacun, les doutes, les volontés, les remords, les vengeance, l'amour peu importe de quel type.
C'est un roman où on comprend les enjeux des jeunes adultes envers la vie.
Et puis le journal d'Édouard, c'est un cadeau, une bénédiction. À travers lui, on se retrouve, on se découvre, tout en découvrent les personnages, et surtout on dépeint Édouard, ce personnage central, cet écrivain sans livre, cette âme sensible et amoureuse.

J'ai adoré ce roman en fin de compte, j'ai adoré l'écriture fine et précise, les enjeux, le monde qui est décrit.
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Quel chef d'oeuvre, quelle sensibilité dans la peinture des êtres, dans leurs contradictions les plus intimes et dans leur évolution au milieu d'un monde qui les influence plus qu'ils ne croient. Ce livre, sublime, est mené d'une main de maître par André Gide qui se permet de presque négliger la trame narrative pour mieux se concentrer sur ses personnages. À travers eux, il nous fait passer des messages personnels et des analyses sur l'art assez percutantes. Seul bémol pour moi, la tendresse excessive qu'il entretient en parlant des principaux protagonistes...troublante quand on connaît ses rapports avec les adolescents.
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André GideLes Faux-Monnayeurs ****1/2
J'ai fini ce livre nuitamment, en ce mois de décembre 2022. Je vais sans doute paraître naïf, surtout si des « gidiens » me lisent, mais j'ai trouvé le style et la manière de Gide incroyablement moderne. Ce livre est paru en 1925, alors que Gide a déjà 56 ans, donc en pleine maturité de vie. Il y a tellement de livre écrit par des jeunes qui « sonnent » vieux (ainsi pour n'en citer qu'un le dernier « Les liens artificiels » de Nathan Devers) qu'il est incroyable de lire un livre écrit par un « vieux » (surtout à l'époque) qui sonne comme s'il avait été écrit en 2022 ! Tout est dans ce livre étonnant : les liens entre les personnages, les dialogues, le positionnement du narrateur qui se balade de groupe en groupe telle une caméra indiscrète, l'histoire en elle-même qui ne raconte finalement pas grand-chose et se termine par un fait divers absolument tragique concernant un personnage secondaire du roman. Il y a bien sûr une histoire de faux-monnayeurs mais elle est tellement accessoire qu'on se demande ce qu'elle fait là…à tel point que lorsque le juge vient mettre en garde Vincent contre le comportement de Georges concernant la circulation de fausse monnaie, l'un de ses frères, en fait il ne vient pas du tout pour cela, mais pour parler de Bernard, son « fils » ! D'ailleurs, c'est cette mise en garde qui au final aboutira, de manière tragique au fait divers cité plus haut. Ce livre est kaléidoscopique et n'a pas pris une ride. Une vraie surprise tellement j'avais d'a priori sur Gide (pas que, j'ai commencé son journal que j'ai trouvé inutilement tourné sur soi…mais je l'ai lu dans sa version expurgée et je pense qu'elle ne rend pas hommage à l'auteur. En tout cas, ce livre est franchement à recommander.
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Considéré par Gide comme son unique roman - reléguant ainsi ses autres écrits à de simples "récits", 𝐿𝑒𝑠 𝑓𝑎𝑢𝑥-𝑚𝑜𝑛𝑛𝑎𝑦𝑒𝑢𝑟𝑠 développe une intrigue complexe; un véritable puzzle, lequel au fil des pages se reconstitue; une pelote de laine bousculant la chronologie linéaire de l'histoire, enchevêtrant le fil du temps. A travers ce foisonnement de personnages et d'actions, Gide évoque le problème de la création romanesque; il procède à une mise en abyme - terme que l'on doit d'ailleurs à Gide, le roman qu'envisage d'écrire Edouard, figure majeure du roman, s'intitulant lui-même 𝐿𝑒𝑠 𝑓𝑎𝑢𝑥-𝑚𝑜𝑛𝑛𝑎𝑦𝑒𝑢𝑟𝑠. Cet ouvrage, émaillé de nombreuses références littéraires: Stendhal, Balzac, La Fontaine, Flaubert, etc., que les protagonistes ne cessent de rappeler, invite à des réflexions sur l'homme et l'apparence. Tous les personnages du roman témoignent de la mauvaise foi de l'être humain, de la comédie qu'il joue en société et en lui-même pour lui-même. Par conséquent, l'omniprésence du mensonge, de la fausseté et de l'impossibilité pour l'homme de se montrer naturellement, sans filtre, sans feindre d'être quelqu'un d'autre que soi s'applique également pour le réel. Boris Vian affirme dans l'Avant-Propos de 𝑙'𝐸𝑐𝑢𝑚𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 que "l'histoire est entièrement vraie puisqu'[il] l'[a] inventée d'un bout à l'autre". Gide pourrait donc démontrer que la littérature, en dépit de son aspect invraisemblable, décalé de la réalité, nous montre ce que l'on ne saurait voir, en l'occurrence le théâtre constant de l'existence humaine, à l'image de Proust qui par ses métaphores nous montre l'originalité de chaque objet que l'on ne percevait plus qu'avec une sensibilité et vision toutes étiolées et décaties, renforçant notre acuité.
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Ça m'a pris du temps à lire car c'est écrit minuscule, mais franchement, j'ai vraiment beaucoup aimé! Ce qui m'a le plus plu, ce sont les personnages en eux mêmes. Ils sont développés, creusés, cohérents et nuancés. Il n'y pas de méchants ou de gros enfoirés ou de "gentils". Non, au contraire, ils ont tous quelque chose en plus qui fait qu'ils sont humains et très attachants pour la plupart. Mon petit coeur va vers Olivier particulièrement >3 c'est quelqu'un de gentil, de bienveillant, de pur qui essaie vraiment de faire de son mieux partout où il va! Il est sensible et a un grand coeur ^^ Mais maladroit, facilement manipulable et influençable. Et puis quand il rougit ou perd pied souvent..... Je fonds devant lui... Il est si mimi :3
Sinon, mention spéciale à Edouard, Laura, Boris, Pauline, Bernard ou même Georges. Ils sont tous uniques et se sont tous démarqués! Et ce qu'ils vivent est touchant!

Cela m'amène au deuxième point: les relations entre eux. C'est de l'amour pur quoi. Ca se sent qu'ils s'aiment tous à leur façon. La relation de Bernard et Olivier mon dieu. C'est une amitié très forte, très fragile à la fois. C'est tellement beau.... Ils ont des difficultés quelques fois à communiquer (Notamment à cause de Bernard qui est super maladroit dans ses propos et il blesse Olivier sans s'en rendre compte. Ce n'est pas quelqu'un de méchant, il a un bon fond. ) mais cette amitié entre eux..... Et je n'oublie pas la relation Edouard/Olivier ou Edouard/Bernard. C'est magnifique. Et toutes les relations apportent quelque chose à l'histoire, c'est incroyable!

Et en fait ces deux points-là sont aussi les petits défauts que je pourrais reprocher: au début, il faut bien tout suivre et savoir qui est qui car ils entretiennent tous des relations familiales ou amicales ou amoureuses. Et il y a beaucoup de personnages donc ça peut vraiment être déroutant et nous perdre facilement! Ça était un peu mon cas ; j'étais un peu perdue par moments. Mais passé ça tout suit son cours et j'avais du mal à décrocher! C'est profond, les dialogues sont toujours justes, et il y a plein de réflexions très intéressantes dissimulés et de ref! (On parle de Rimbaud..... Bernard je t'aime pour ça. )

Évidemment, il y a quelques longueurs, mais c'est tout à fait normal dans ce genre de lecture!

Sinon le titre euh?? Ok, on en parle un peu, mais pas tant que ça?? Il y a effectivement un trafic de fausses monnaies, mais bon pour moi ce n'est pas au centre de l'histoire vraiment??? So i don't know. Pour moi, c'est vraiment une ode aux personnages et aux relations de chacun et de comment ils s'en sortent pour avancer!

Et je vais finir sur une très bonne note en parlant du style et de l'écriture: c'est si bien écrit!!! J'ai été transporté!!

Juste pour moi la fin n'est pas suffisamment développé ce qui est dommage par rapport au reste du livre. J'aurais aimé en apprendre plus.
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Critiquer Les faux-monnayeurs est aussi compliqué que d'en résumer la trame. Voici néanmoins ce que j'en ai retenu.
Il s'agit-là du livre d'une vie - la vie d'André Gide. Toutes ses angoisses et ses désirs nous y sont confiés, en particules déposées dans chacun de ses personnages. Il nous y dévoile une jeunesse terrible - puisqu'aussi savante que subversive. Les sujets « tabous » ne sont pas cachés, mais abordés avec une grande subtilité. Sexualité occultée et ordre familial brisé ; ce livre est avant-gardiste, ce qui en fait une oeuvre intemporelle.
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Probablement le roman le plus célèbre de l'auteur. Il s'agit d'une plongée parmi les grandes familles protestantes de la ville de Lyon, avec un secret de famille qui concerne l'un des personnages principaux. J'apprécie la façon dont est décrite la haute société lyonnaise, ses coutumes, et la pourriture morale qui s'empare de toutes les générations.
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