10 ans après avoir mis 6 mois à lire
les Faux-Monnayeurs, voilà que soudain je me sens éprouver de la sévérité à l'égard du jeune homme intolérant que j'étais à 17 ans. "Allons donc ! Puisqu'on parle tant de
Gide, c'est moi qui doit avoir un problème". Je me rends donc à l'écume des pages pour achter Les nourritures terrestres. Il est rare que je regrette d'avoir acheté un livre, et bien voilà, j'ai regretté l'avoir acheté dès la préface de l'auteur. L'égocentrisme jouissif de
Gide est pour moi le témoignage le plus éloquent du déclin de l'esprit français dans l'entre-deux guerre. Il n'est point étonnant que les dadaïstes aient fait un procès à Barrès, et que
Gide ait remplacé ce dernier comme maître à penser de l'époque (il sera lui-même détrôné par
Sartre après-guerre). Vous voulez comprendre la débandade de mai-juin 40, ne cherchez pas plus loin, il vous suffit d'ouvrir une page de
Gide.