Karine Giebel, une auteure que j'aime particulièrement et dont j'ai lu pratiquement tous les écrits qui pour la plupart ont été des claques monumentales et des bouffées d'émotions à n'en plus finir. Autant vous dire que chaque nouvelle parution est une attente pour moi et pour bon nombre de lecteurs. Elle revient avec «
de force », son dernier roman paru chez les Éditions Belfond.
Maud, une jeune femme de 20 ans fait son jogging avec son chien Charly quant au détour d'un raccourci, elle tombe nez à nez avec un homme. Celui-ci, qui semble la connaître et savoir tout d'elle, l'attaque sauvagement et tente de la violer. Elle n'y échappera que grâce à l'intervention in extremis de Luc Garnier, jeune homme de 28 ans, qui passait par là et qui alerté par les cris de la jeune femme femme, vole à son secours. Maud n'est pas n'importe quelle jeune femme. Elle est la fille du professeur Armand Reynier, un imminent chirurgien qui dirige la clinique de L' Espérance à Nice, homme puissant, riche au caractère autoritaire. Quelques jours plus tard, le père de famille reçoit un effrayant message et sentant que la menace est encore bien réelle, décide d'engager le sauveur de sa fille, Luc, qui s'avère en plus être garde du corps, pour protéger les siens. le jeune homme prend donc ses quartiers dans la villa des Reynier, et va rapidement s'apercevoir que dans cette famille tout n'est pas très clair et que derrière chaque membre semble se cacher un certain nombre de secrets. Plus les jours avancent et plus la menace se précise. S'il veut réussir sa mission, Luc va devoir rapidement répondre à certaines questions. Qui peut en vouloir à ce point à la famille Reynier et pourquoi ?
J'ai ouvert la première page de
de force et tout de suite, je me suis laissé happer. Un prologue énigmatique, un premier chapitre avec l'agression contre Maud qui donne le ton. Que c'est bon de retrouver la plume de
Karine Giebel. Je me laisse glisser dans cette histoire, qui je le sens, va être savoureuse, et je ne me suis pas trompée.
Une des grandes forces de
Karine Giebel réside incontestablement dans le fait de délivrer à chaque fois des histoires différentes (je me demande toujours à quelle « sauce » je vais être mangé) mais toujours avec son style, bien à elle, percutant et qui ne peut laisser personne indifférent.
de force ne fait pas exception à la règle…Ici, point de rebondissement en série, mais une histoire sombre où la tension est omniprésente et qui tel un étau m'a compressé, de plus en fort en plus fort. Spectatrice de la menace qui plane sur les Reynier et des tortures psychologiques qui leur sont infligés, j'ai souvent senti ce petit goût amer et qui rend votre salive difficile à avaler. Ce petit goût particulier de la peur….Et quand je dis tortures psychologiques, je n'exagère pas. Imaginez-vous avoir une épée de damoclès au-dessus de votre tête et de celle de votre famille, avec une personne qui vous en veut À MORT, et qui à grand coup d'agressions, de provocations, de menaces, ne vous laissent plus aucune seconde de répit. Alors oui, cela donne des sueurs froides, des nuits cauchemardesques, une tension permanente, une peur qui vous habite, un sentiment horrible d'impuissance…et c'est exactement ce genre d'émotions que m'a procuré
de force.
Karine Giebel s'est enroulée autour de moi et a resserré son étreinte, rendant ainsi son livre impossible à lâcher.
Une autre gran
de force de
Karine Giebel réside également dans l'intensité mise pour dépeindre ses personnages. Là encore, on retrouve cette marque de fabrique. Peu nombreux, ils sont travaillés avec précision, leurs âmes disséquées sous toutes les coutures. Jamais tout blanc ou tout noir, les personnages de
Karine Giebel ne sont jamais « creux » et révèlent souvent un côté sombre et une part obscure. Mais même si certains ne nous paraissent pas très « fréquentables », on s'attache quand même à eux et
Karine Giebel arrive nous faire ressentir de l'empathie. Et c'est exactement ce que j'ai retrouvé dans
de Force. La descente aux enfers du professeur Reynier, cet homme au caractère pourtant autoritaire, taciturne, qui aime le pouvoir, qu'on l'admire et qui croit pouvoir tout acheter avec son fric quitte à écraser les gens sur son passage, m'a beaucoup touché. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour lui. Arrivé dans cette famille, j'ai senti que tous n'étaient pas très clairs. Les relations entre chacun sont étranges, voire malsaines. On doute, on s'interroge et
Karine Giebel entretient parfaitement ce sentiment de suspicions jusqu'à la fin.
Une fin qui m'a, d'ailleurs, surprise et qui d'un coup accélère le rythme, qui a pu par moments semblait lent pour certains mais qui m'a, moi, nullement gêné. Au contraire, je pense que pour pouvoir apporter ce fort côté psychologique,
Karine Giebel, se devait de prendre son temps pour véritablement poser son histoire et « creuser » ses personnages de la sorte. Puis malgré ce faux rythme par moments, qui monte finalement crescendo, j'ai trouvé la construction du roman très bien réussie. Des chapitres courts, parfois seulement des paragraphes et ces deux mots :
de force, répétés à différents endroits du récit qui donnent de l'impact et une résonance particulière. Oui, pour moi c'est vraiment une belle réussite !!
En conclusion,
de force a été un excellent moment de lecture. J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver la plume de
Karine Giebel dans ce nouveau roman qui entre dans le rang de mes favoris de l'auteure.
Je ne peux bien évidemment que vous conseiller de découvrir «
de Force » et je vous le garantis, votre lecture ne se fera pas
de force…mais pour votre plus grand plaisir ;-)
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