Mercure, sel et soufre.
Camille a un projet : fusionner les corps et les esprits, créer une nouvelle humanité, ouvrir une nouvelle ère. Lui, l'esprit et l'âme, a besoin de Sarah, air et eau, et d'Aniss, terre et feu. Eux qui se sont aimés jusqu'à se déchirer, jusqu'à la folie et la haine, jusqu'à l'indifférence et la douleur.
Séance de psychanalyse alchimique pour se transformer, abolir les genres et les identités. Et ne faire plus qu'un ?
Les dessins fourmillent de visions sublimes, dérangeantes parfois, mais absolument saisissantes, dotés d'une force indéniable, magnétique, des cases chargées de symboliques qu'on ne comprend pas forcément mais qui transcendent le dessin, le rendent marquant.
Les personnages parlent comme au théâtre, sonnent comme de la poésie : rien n'est naturel dans le style, ni facilement compréhensible, c'est à la fois très éthéré et trop chargé. Les mots sont parfois beaux, mais la plupart du temps c'est hermétique, on reste à l'écart quand on aimerait être emporté.
Ça touche au métaphysique, à la philosophie, à la psychanalyse et à l'alchimie, dans un amalgame pas toujours bien digéré.
Les transitions entre les cases, les pensées et le temps ne sont pas toujours évidentes.
Tout le monde ne rentrera pas dedans, clairement.
Moi-même j'y ai peiné, j'ai essayé de me laisser porter et transfigurer par le récit, mais au final je suis resté globalement très extérieur, loin des personnages et de leur but quand la force aurait été de nous faire fusionner nous aussi à eux, plein d'empathie. On aimerait ressentir les mêmes passions, les mêmes rages, les mêmes peurs, les mêmes folies et le même amour. La même transformation.
L'alchimie aurait été sublime. Ici, pas sûr qu'elle se soit faite.
À part pour les dessins, où Thomas Gilbert confirme que son trait et ses visions savent faire vibrer quelque chose à l'intérieur de nous. Quelque chose de vif et puissant.
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Le récit, à l'instar de l'illustration de couverture, est tout aussi mystérieux. Nous sommes même quelque peu déboussolés, sans trop comprendre le scénario, jusqu'au bon tiers de l'ouvrage. Puis, petit à petit, les choses s'éclaircissent... tout en restant tout de même assez opaques. Car il faut accepter de se laisser porter par ce récit très spirituel, onirique, et torturé. C'est à la fois captivant et déroutant. Heureusement, les illustrations nous entraînent dans cette aventure : à la fois magnifiques et dérangeantes, elles nous montrent la profondeur de ces personnages atypiques. En toile de fond, viennent se greffer différentes thématiques comme la spiritualité, les événements traumatisants et la place qu'ils occupent, le polyamour, l'impact des rencontres sur notre vie, la fusion entre les corps et les esprits, la création à son commencement. Un roman graphique déstabilisant, loin d'être une lecture BD évidente.
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Thomas Gilbert avec son dernier roman graphique ne choisit pas la facilité. Comment reproduire les turpitudes qui transcendent le corps et l'âme de l'humain ? Comment les dompter pour créer un sur-moi ?
Honnêtement je suis partagée entre une admiration pour le sujet choisit et traité et la lassitude ressentie à la lecture.
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Un roman graphique qui sort des sentiers battus et où on ne sait jamais si on est dans un récit psychiatrique ou fantastique. Les 3 héros veulent fusionner pour créer une entité nouvelle qui va révolutionner le monde. Soit, pourquoi pas. le but et le sens de cette histoire ne me sont jamais apparus vraiment clairement, avec des scènes de nus ou de gore gratuites qui m'ont un peu lassée. Par ailleurs, les héros sont très tourmentés (ils m'ont un peu donné mal à la tête). Ce n'est vraiment pas une BD à mettre en toutes les mains.
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Une oeuvre hors du commun, une histoire qui questionne et dont on n'a pas toutes les clés. Un ovni littéraire et un monstre de génie graphique et artistique. On ne sort pas indemne de la lecture de ce roman graphique... Plusieurs mois après, il me questionne encore !
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