J'ai découvert ce roman sur Instagram et je savais que si le sujet m'attirait - une plongée dans l'univers imaginaire de
Lewis Carroll - la lecture en serait dérangeante, voire malsaine. En effet, sous couvert d'un roman fantastique, parfaitement écrit et documenté, l'auteur,
Ghislain Gilberti, nous propose l'image d'un
Lewis Carroll autiste, pédophile et opiomane.
Alice Price, étudiante et DJ, vient de terminer son mémoire sur le thème de "
Lewis Carroll et l'invention du nonsense". Elle a l'habitude de prendre des drogues, mais la poudre violette qu'elle vient d'absorber dans les toilettes de cette salle de concert lui font un étrange effet. Dans un "very bad trip", elle va se retrouver plongée dans le monde enchanté de
Lewis Carroll, mais côté sombre.
Alice Price suit exactement le même parcours que son homonyme dans le conte, mais les personnages sont tous toxiques et malsains : le chat du comté de Cheshire est un horrible spécimen, sans poils, aux griffes et dents acérés, la chenille, le chapelier et le lièvre de Mars sont des drogués et même le lapin blanc est un espion de la reine. Wonderland est devenu une prison dans laquelle
Lewis Carroll invite ses "amies enfants" pour mieux les soumettre à ses désirs.
En effet, en parallèle, Alice se retrouve plongée dans des moments de la vie de
Lewis Carroll. Certains sont franchement dérangeants et sortis de l'imagination de l'auteur. Mais si à Wonderland Alice est actrice de l'histoire, dans le "passé" elle n'est que spectatrice de scènes qui la révoltent. Sautant d'un monde à l'autre Alice va tenter de délivrer les fillettes en anéantissant le monde sordide créée par
Lewis Carroll.
Même si j'ai trouvé l'idée de départ assez intéressante et le (bad) trip de cette étudiante au Pays des Merveilles pluôt bien adapté, j'aurais aimé autre chose qu'une version "côté obscure" du Pays des Merveilles original. L'idée d'intercaler des scènes de la vie de
Lewis Carroll, en particulier ses relations avec les fillettes qui lui ont servies de modèles, est intéressante, mais totalement partiale.
Bien sur nous sommes dans un roman où tout peut être écrit, choquant ou non, mais j'aurais aimé des références sérieuses sur lesquelles étayer la thèse de l'auteur... Donc roman original, gothique et sombre à souhait, mais à ne pas prendre forcément au pied de la lettre, car il présente quand même la vision d'une héroïne droguée...