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« Il y avait de la fesse. » (10)

… de la sensualité, oui, mais aussi une liberté d'écriture affolante, la magie de la phrase qui fait tournicoter les sens. Sans un mot de trop, ce texte est un petit bijou. J'y ai trouvé le même éblouissement qu'à la lecture de « Raboliot » ou de « L'épervier de Maheux ». Cette densité terrienne, ces racines qui rejoignent celles des arbres et des plantes parmi les insectes, redonnent une dignité à l'être humain.

« Lui en vouloir ? Pensez un peu si je lui en voulais ! Ah, pauvre ! Depuis la soupe de la veille, cette rage de douleur, ça m'avait donné ma maladie ordinaire : mon mal d'aider. » (71)

« Voilà comment je les aime, les hommes. Ah, il y en a bien encore quelques-uns de de ce genre par ici. Ça console des autres. » (83)

Pas de ces bons sentiments qui sucrent à outrance la littérature de caddie, pas de morale de pacotille, mais une vision authentique de la bonté, du service aux autres. On se prendrait à rêver à cette belle idée, on serait tentée de se donner un nouveau souffle.

L'homme Giono se laisse disparaître derrière l'inventivité de la langue qui acquiert une vie propre et s'égaille sur les plateaux en souffles imprévisibles, à l'image du vent de « Regain ».

« Les choses de la terre, mon vieux, j'ai tant vécu avec elles, j'ai tant fait ma vie dans l'espace qu'elles laissaient, j'ai tant eu d'amis arbres, le vent s'est tant frotté contre moi que, quand j'ai de la peine, c'est à elles que je pense pour la consolation. » (15)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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J'ai lu ce court roman en un jour, je n'arrivais plus à le lâcher ! Je voulais connaître la suite, évidemment, et puis j'étais tellement bien avec Albin et de vieil Amédée. Ce sont des personnages qui apaisent, qui réparent, et pourtant les douleurs qu'ils rencontrent sont immenses.
Une fois entrée dans la langue de Giono, habituée à sa syntaxe et son vocabulaire, je l'ai savourée pleinement. J'ai l'impression qu'elle seule permet de rentrer au coeur de cet univers, au plus près de la nature et des hommes, en connivence avec leur ressenti, bien au-delà des mots.
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Amedée, un ancien mais toujours vigoureux journalier agricole qui loue ses bras aux fermes le long de la rivière non loin de Manosque, nous raconte une histoire. Il nous parle de son amitié d'avec Albin et de son amour avec Angéle rencontrée sur les rives de la Durance.

Cette histoire singulière est celle d'une amitié qui finira par s'estomper au profit d'un amour qui se construit. Dans ce récit au format maitrisé et au style imagé, où la campagne et la nature sont omniprésentes, Jean Giono nous parle de parole donnée, de franchise, d'effort, de travail bien fait et d'un sens de l'honneur mal placé.

Une histoire de bons gaillards, faits en bois d'arbre et clairs comme de l'eau et qui vivent en osmose avec leur terroir.
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Un de Baumugnes
Jean Giono (1895-1970)
Publié en 1929, ce magnifique roman de Jean Giono fait partie de la trilogie de Pan avec « Regain » et Colline » que j'ai par ailleurs commentés, une oeuvre triple dont l'inspiration est née de la terre et de l'âme populaire. L'action se situe comme de coutume sur les plateaux crépitant de soleil et de solitude de Haute Provence dominant le ronronnement de la Durance non loin de Manosque.
Tout commence à la Buvette du Piémont où Amédée, un vieux journalier en fin de foulaison à Marigrate, remarque un jeune garçon triste et taciturne qui, la boisson faisant, se confie à lui avant de quitter le village les travaux finis. C'est Albin, un jeune homme clair comme l'eau, qui tombé amoureux de la belle Angèle Barbaroux, belle à crier au péché, se l'est vue ravir par un garçon de mauvaise vie, un certain Louis dont l'intention est clairement de la faire travailler sur les trottoirs de Marseille. Albin foudroyé par la beauté d'Angèle :
« …Elle était sur l'autre bord de la Durance…C'était bien elle. Je la reconnaissais à la forme juste de son geste. Elle avait troussé son jupon et elle était nue de toutes ses cuisses ; sans corsage, elle était nue de ses seins roux comme de grosses prunes et, ainsi faite, elle pataugeait dans l'herbe et l'eau en chantant. »
Trois années ont passé et Albin est toujours inconsolable. Amédée, tel un père, décide alors de contrer le destin, se rendre à la Douloire, la ferme des Barbaroux où restent Clarius le père, un être fruste et sauvage, Philomène une mère accueillante et Saturnin l'homme à tout faire.
« Ça sentait le champ de maïs ténébreux…Ça sentait la résine et le champignon et l'odeur de la mousse épaisse. Ça sentait la pomme sèche. » Amédée loue ses services, «il est de la terre, il aime la terre lourde de blés, avec des cyprès contre les bastidettes, avec des touffes de chênes verts, avec de l'herbe roussie par le soleil et des ruisseaux vides où coule, à la place de l'eau, le bruit des charrettes, le parfum du thym et le rire des gardeuses de chèvres. »
Amédée a sa petite idée et s'engage alors dans une aventure dont le final est assez hallucinant après des jours de tranquillité agreste et bucolique au milieu des thym et sarriette.
Albin est de Baumugnes, la montagne des muets, le pays où on ne parle pas comme les hommes. Parlant à Amédée :
« Baumugnes, c'est moi. C'est fourré dans ma peau : les choses solides, de la couleur et du goût des herbes, du chant des arbres, du grincement des maisons de bois dans le vent glacé, et des choses, comme qui dirait des choses d'air, ça qui fait que le coeur tremble de joie, ou s'alentit, adoloré, de ce que le bruit, le parfum ou la couleur porte en plus de sa chose propre. »
Déjà on remarque le style original pour ne pas dire originel de Giono, un style poétique adapté au terroir mettant en lumière la richesse de la terre et les travaux qui s'y rattachent, une terre riche de secret et de violence, terroir où les passions sont silencieuses, un style surprenant et authentique. Un hymne à la liberté et à la gloire des vivants, un appel au bonheur dans la pudeur et la dignité, malgré la rudesse et la rusticité des sentiments qui souvent cachent une tendresse émouvante avec un bel élan d'amitié quasi filiale entre Amédée et Albin.
Un chef d'oeuvre.
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Je confirme avec ce roman que j'ai découvert un magnifique auteur qui est Giono, il était temps ! ;) Et que dans la trilogie de Pan que j'ai lue à l'envers, je n'aime toujours pas Colline mais que j'ai adoré Regain !

Un de Baumugnes est une histoire d'amour et une histoire d'amitié fabuleuses !

Après les moissons deux hommes causent dans un bar. L'un confit à l'autre son désespoir d'avoir laissé partir une belle jeune femme dans les griffes d'un méchant garçon !

Le second n'aura de cesse de chercher à retrouver cette jeune femme. Il part vers la ferme familiale...

Entre les descriptions de paysage d'arrière Provence, les mots chantants, cette magnifique langue pleine d'évocations, et tout ce bon sens paysan, voilà un roman à lire pour le fond mais aussi pour la forme.
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J'avais aimé "Collines", j'avais préféré "Regain", j'ai encore plus aimé "Un de Baumugnes".
Petit roman plein de poésies : bien sûr la Provence et ses paysages, mais aussi les belles âmes et cet amour singulier. Les deux héros Amédée et Albin ont chacun à sa manière une exceptionnelle grandeur d'âme.
Peu enclin à l'exercice de la citation, en lisant je me suis surpris à penser que les passages sublimes sont légion.
J'ai eu la chance de lire cette trilogie dans cet ordre qui n'est pas celui de Giono.
Immense et court roman.
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Il faut réussir à rentrer dans l'écriture rurale et franchouillarde qu'utilise le conteur de Manosque mais, une fois dedans, on est pris dans une histoire d'hommes entiers aux sentiments purs, une histoire d'amour fou et d'amitié pudique, un monde où la Nature est présente à chaque instant, spectatrice sensible de la vie des hommes, un monde magique car le réel est fantastique si les hommes le souhaitent, un monde perdu que seul Giono est capable de nous faire découvrir par sa plume. J'ai trouvé ce texte exceptionnel, un texte qui fait du bien, d'une beauté capable de soigner les âmes.
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Il ne m'aura pas fallu longtemps après « Colline » pour continuer la « Trilogie de Pan », par « Un de Baumugnes », qui n'est pas la suite du précédent.
Cette fois encore, la magie de l'écriture a fait son oeuvre d'enchantement.

Amédée, ouvrier agricole plus très jeune, se loue à la tâche de ferme en ferme pour un toit, la soupe et quelque argent. le dimanche soir il retrouve ses collègues pour boire le coup, et fait la connaissance d'Albin, un autre tâcheron comme lui, de trente ans son cadet, qui semble remâcher son malheur dans son coin. Mis en confiance et détendu sous l'effet du vin, il va se confier à son collègue et lui conter son histoire. Celle d'une rencontre un peu féerique d'une jeune et très belle fille, Angèle, qui pour son malheur sera tombé sous l'emprise de Louis, un fieffé personnage qui aura tôt fait de l'emmener à Marseille pour la mettre au turbin sur le trottoir. Seulement Albin ne peut oublier la belle et veut aller chez les parents d'Angèle pour savoir ce qu'il est advenu de cette dernière. Pressentant un malheur ou des mensonges, c'est Amédée qui va s'en charger, et promet à son compagnon de lui donner quelques nouvelles d'ici la Toussaint.

À partir de ce moment, l'histoire au présent se met en marche, et dans la bouche d'Amédée c'est presque une enquête policière qui débute. Comme dans le premier volume de la trilogie, grâce à une écriture ramassée, drue et riche, Giono nous emmène dans ces paysages de Haute-Provence qu'il connaît si bien et dont il nourrit son récit. Moins axée sur la force de la nature mais davantage sur la psychologie des personnages, c'est une galerie de portraits d'hommes et de femmes simples, quelquefois rustres, mais toujours aux sentiments contenus, que l'auteur nous présente. Dans un pays sauvage, c'est à travers les humains que la dureté de la nature va ressortir parfois avec beaucoup de violence. Clarius le père, prompt à empoigner son fusil ; Saturnin le valet, en proie à des rires plus inquiétants que drôles ; maman Philomène, soumise mais à l'occasion rebelle ; Albin, volontaire et idéaliste ; Louis, fourbe et fainéant ; Angèle, confiante sans retenue ; et ceux de Baumugnes dont on découvrira l'histoire. Au milieu de tous, évolue Amédée, courageux, rusé, philosophe et conscient de son propre sort, sans doute le plus attachant de tous…
Dans cette histoire aux accents de tragédie antique, on retiendra la beauté des images et la complexité des caractères, avec une pointe de suspense qui est la bienvenue dans un récit lent et mesuré. Même si le roman est court il faut cependant du temps pour le lire et en apprécier le contenu, car chaque mot, chaque respiration, chaque image a son importance. Pour paraphraser Saint-Exupéry, s'il n'y a rien à rajouter, il n'y a rien à retrancher et c'est ce qui fait la force de ce livre.
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L'histoire d'Un de Baumugnes me tentait beaucoup. On est plongé au coeur d'une famille, pas toujours très ouverte et sympathique mais qui reste très soudée malgré les événements qui surviennent et les ragots qui vont bon train. L'image de la folie de l'homme face à la solitude et l'isolement dans sa campagne est marquante. C'est surprenant, rustre mais ça me semble très réaliste. Et encore une fois, j'ai trouvé Jean Giono agréablement poétique.
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Ce n'est pas mon préféré loin de là car Giono y verse un peu trop dans le manichéisme entre le méchant des villes « un type de Marseille, un jeune tout creux comme un mauvais radis… » et le gentil paysan montagnard . Et puis le scénario de mélo style « séduite et abandonnée » (qui est encor aggravé dans le film « Angèle » ) .. Mais même un livre de Giono moyen est quand même au dessus du panier car il y a cette langue merveilleuse , cette capacité à faire vibrer les descriptions d'une incroyable sensualité et c'est aussi une belle histoire d'amitié.

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