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sur 1028 notes
Le régal est à nouveau au rendez-vous car lire Jean Giono, c'est retrouver une simplicité et une beauté dans le style comme dans les décors et les personnages qu'il campe. Tant pis si je ne lis pas dans l'ordre La Trilogie de Pan (Colline, Un de Baumugnes, et Regain) puisque le troisième opus me tombait sous la main, je n'ai pas hésité et je ne l'ai pas regretté.

La description très vivante de ce village d'Aubignane, pas très loin de Manosque, quelque part du côté de Banon, rend vite nostalgique d'une période pas si lointaine mais, à la réflexion, que la vie y était dure ! D'ailleurs, le village se meurt. Gaubert, le vieux forgeron, s'en va chez « l'enfant ». le Panturle a perdu sa mère, « victime du mal » et la Mamèche qui a vu son homme enseveli au fond du puits qu'il creusait pour fournir de l'eau au village, est un peu folle…
Pourtant, le Panturle est encore jeune et plein de vie, à quarante ans. Aussi, la Mamèche promet de lui trouver une femme, avant de disparaître mystérieusement. Pendant ce temps, Giono nous présente Gédémus, un rémouleur. Il part de Sault avec une jeune femme, Arsule, connue auparavant sous le nom de Mademoiselle Irène. Comme par hasard, c'est elle qui tire la carriole… enfin, quand c'est son tour !
L'auteur nous gratifie alors de scènes magnifiques sur le plateau, en plein vent avec des apparitions bizarres jusqu'à ce qu'on se retrouve près d'Aubignane mais là, il ne faut plus rien dire afin de ne pas divulgâcher la fin de l'histoire, les moments les plus savoureux de lecture.
Son roman étant divisé en deux parties, la seconde est formidable d'espoir, c'est le Regain ! j'ai adoré ces scènes de travail dans les terres remises en culture, celles de la foire de Banon et les remarques concernant ce blé d'Inde imposé par certains conseillers agricoles bien intentionnés, blé qui ne supporte pas le climat sec et chaud de ce qu'on appelle aujourd'hui les Alpes de Haute-Provence. Je pense que ce qu'écrit Jean Giono entre les deux guerres mondiales devrait bien faire réfléchir aujourd'hui.
L'auteur gratifie même son lecteur d'un retour improbable d'un certain Gédémus et d'une fin très morale. Je le répète, lire Giono est un véritable délice car il raconte si bien, faisant revivre une époque où l'homme vivait en harmonie avec la nature, souffrait avec elle mais savait la respecter pour en obtenir la nourriture indispensable à sa subsistance.

Formules savoureuses, expressions d'autrefois donnant une langue ô combien moderne et chantante qui charme toujours le lecteur près d'un siècle plus tard, c'est Giono !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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La Provence bien sûr, un village mort, les maisons sont abandonnées, en ruine souvent, la terre est en friche. N'y reste plus qu'un irréductible Panturle qui vit surtout du produit de sa chasse. Et puis arrive une femme qui va changer sa vie, c'est le retour à la terre, à la culture. le blé va pousser, la vie va revenir dans ce hameau perdu et déshérité. Un beau roman champêtre aux accents et parfums de Provence. Une écriture simple, sans fioriture, tout comme l'histoire contée dans Regain.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Probablement le meilleur livre de Giono que j'ai lu jusqu'à présent. Vous allez sans doute vous poser la question pourquoi je lis encore des romans qui ont été écrits en cette moitié de XXe siècle alors qu'il y en a encore des milliers à découvrir et qui sortent régulièrement. Eh bien voilà, j'ai décidé de lire cet ouvrage pour plusieurs raisons. La première étant que, faisant partie d'une association qui s'intéressent de très près à cet auteur puisque nous allons réaliser un livre de peintures (qui sera probablement publié début 2014) sur les paysages chers à Giono, je me devais de le lire. D'ailleurs, nous nous sommes rendus à Vachères pour peindre le clocher bleu et qui fait que lorsque l'on se trouve devant lui, "il est toujours midi".
La seconde raison qui m'a poussé à vouloir découvrir cet ouvrage est que le président de l'association avec lequel nous faisons ces stages a lui-même adapté ce roman en pièce de théâtre et le joue régulièrement sur des scènes (amateurs bien entendu) et enfin la troisième raison est tout simplement que l'action se déroule chez moi, en pleine Provence.

Bon, revenons maintenant à ce qui vous intéresse vous : tout d'abord, il faut que vous sachiez que Regain" est le troisième tome de la "trilogie de Pan' mais que, si comme moi, vous décidez de commencer par ce tome-ci sans avoir lu les deux premiers ("Colline" et "Un de Baumugnes") au préalable, vous ne serez nullement perdu. le décor : un petit village perdu :celui d'Aubignane où ne vivent plus que trois habitants. Après le départ ou le décès de deux d'entre eux ne résidera plus que Panturle, un pauvre paysan pour qui la vie paraît bien triste jusqu'au jour où arrive dans sa vie une femme. Cette dernière, Arsule, anciennement connu sous le nom de Mademoiselle Irène, a quitté le vieux Gédémus avec qui elle a fait tout le trajet jusqu'à Aubignane et avec lequel elle a vécu pendant deux ans afin de recommencer (pour la troisième et dernière fois) une nouvelle vie !

Voilà en ce qui concerne la situation, la présentation des personnages principaux (retenez simplement Arsule et Panturle) ; pour ce qui est de l'action, il s'agit simplement de la rude vie à la campagne (eh oui, désolée pour ceux où celles qui s'attendaient à quelque chose de plus mouvementé) et, pour moi qui ai eu des grands-parents paysans qui, toute leur vie, se sont tués à la tâche en cultivant leurs terres, je peux vous assurer que l'action est bel et bien là !
A cela, n'oublions pas de rajouter les magnifiques descriptions de la Provence et je vous assure que, vu à travers les yeux de Giono, cela vaut le détour ! A découvrir !
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Ils quittent un à un le pays
pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés

chante le poète

Dans le petit hameau, Panturle est bien seul depuis que Gaubert le forgeron a rejoint ses enfants. La Mamèche lui a promis qu'elle lui trouverait une femme, car elle sait que le solitude est une souffrance, elle qui a perdu homme et enfant. Il faudra du temps pour que Panturle comprenne comment elle a tenu sa promesse.
Le courage et la détermination, ainsi que le désir de rendre la vie plaisante pour sa jeune femme conduisent Panturle à redonner vie au village, à la sueur de son front. de la femme et par la femme, la vie surgit : en lui offrant le pain issu de son travail, Panturle jette les bases d'un renouveau :

«  je vois que la terre d'Aubignane va repartir. L'envie de pain, la femme… Je connais ça, ça ne trompe pas. Ça va repartir de bel élan et ça redeviendra de la terre des hommes ».

Au coeur de la Provence , si les hommes vivent de peu, au rythme lent des ânes et des chevaux pour essayer de faire survivre les maisons et les terres peu à peu désertées, la nature elle, règne en maître. C'est un personnage en soi, au coeur de ce récit du terroir : vent et pluie sont plus vivants que les survivants d'une époque révolue :

« il y eu d'abord un grand peuplier qui s'est mis à leur parler. puis ça a été le ruisseau des Sauneries qui les a accompagnés bien gentiment en se frottant contre leur route, en sifflotant comme une couleuvre apprivoisée ».

La mythologie transparait à travers les thèmes abordés : ce n'est pas un hasard si les trois romans Colline, Un de Beaumugnes et Regain sont rassemblés sous l'égide de Pan.

La lecture peut être déroutante car le vocabulaire est d'un autre temps, le temps d'un savoir-faire disparu. Ne pas s'y attarder, c'est ce qui donne une tonalité authentique au récit.

C'est un chant d'amour pour la terre et une quête désespérée d'un ancrage en ce temps où l'obsolescence programmée n'était perceptible qu'à l'échelle d'une génération, créant un illusoire sentiment de permanence.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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♬ Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie, loin de la terre où ils sont nés ♬

Regain est ce court roman de Jean Giono qui vient conclure la trilogie de Pan. Je vous ai déjà chroniqué les deux premiers volets, Colline et Un de Baumugnes. Les trois récits peuvent se lire dans un autre ordre que celui proposé par cette trilogie et indépendamment les uns des autres. Ce sont trois histoires différentes, avec des personnages que l'on ne retrouve pas d'un récit à l'autre, sauf un seul : la nature dans ce décor à la fois éblouissant et rude de Provence...
Et puis, avec le recul de ces trois lectures, j'aperçois la beauté d'une fresque paysanne qui se dessine, magnifique et sensuelle, où la terre se désire et se livre dans les gémissements du vent et l'équilibre instable du ciel.
À force, les gens de là-bas ont fini par être façonnés par la nature, par lui ressembler. Ainsi, je ne suis pas prêt d'oublier Panturle qui ressemble à un morceau de bois et lorsqu'il ouvre les bras béants, il devient un arbre. Dire que sa mère n'était pas plus grande qu'une sauterelle !
Je ne suis pas prêt d'oublier non plus la vieille Mamèche. Elle sait qu'il faut une femme pour Panturle afin qu'il reste ici... Elle ne s'en ira pas avant... Un jour, elle s'efface et disparaît derrière le paysage comme par enchantement, elle devient une feuille morte qui glisse sous la porte, au moment de transmettre la suite de l'histoire. C'est une passeuse...
Ni Arsule, ni le vieux Gaubert, ni L'amoureux, ni Alphonsine, ni Gédémus...
Je crois les revoir défiler devant moi une dernière fois au moment où je referme ce livre qui clôt La trilogie de Pan. Je voudrais les emporter dans mes souvenirs.
Ce sont des personnages pétris d'amour et de fraternité, taiseux, secrets, suspendus à leurs destins.
Même ceux qui n'ont pas la bonté naturelle en eux se laissent parfois assaillir par la grâce d'un instant, le chant d'une fontaine, le feu dans l'âtre, un geste qui comprend et apaise...
On sent que les personnages sont habités par quelque chose de plus grand qu'eux.
Et puis, surtout, on y retrouve aussi le style inimitable de Giono : mystique, solaire, animal.
Regain, c'est une terre qu'on croyait ancienne, éteinte, peu à peu oubliée des femmes et des hommes, comme ce village qui s'appelle Aubignane, qui se vide et qui se meurt.
Ici, le tranchant d'un plateau cisaille le paysage en deux, avec des maisons qui se tiennent désormais presque au bord d'un vide sidéral, celui de l'oubli...
C'est un pays renfrogné, qui s'endort, balayé par des vents parfois enragés.
Savez-vous que la terre s'endort si des gestes doux et ancestraux finissent par s'éloigner d'elle ? Elle a besoin qu'on lui parle, qu'on la remue tranquillement, pas outrageusement...
Parfois il faut un peu de vie pour combattre la fatalité.
Regain, c'est une terre qui attend qu'on la délivre de l'oubli et du silence des landes.
Aubignane attendait peut-être ce peu de vie pour retenir ces pierres au bord du vide, écarter le genêt, affuter le soc d'une charrue... Aubignane attendait peut-être quelqu'un comme Panturle... ou d'autres encore...
Regain, c'est une joie qui dévale plus forte qu'un ruisseau.
Ce sont des chevaux qui tournent brusquement leurs têtes étonnées vers ces lointaines formes éblouissantes qui apparaissent dans le paysage, un vert pâturage hallucinant qui s'allume comme un brasier et enflamme le printemps. Comme j'ai aimé cette image ! Je ne connais que Giono capable de décrire un tel instant sidérant...
C'est une chanson serrée dans les lèvres de Panturle, entassée dans sa gorge et qui ne demande qu'à s'envoler...
Ce récit a quelque chose de magique et de mystérieux, d'attachant aussi, il y a une odeur de genêts, de pain chaud, de désir qu'on étreint dans la lumière de Provence.
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Je suis une nouvelle fois tombé amoureux fou de cette écriture qui vous enlace et vous agace les sens, c'est "ce vent, page 48, qui entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main ; il lui coule entre les cuisses ; il lui baigne toutes les cuisses, il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins, les hanches mouillées de vent."


Clôturant la trilogie de Pan, Jean Giono nous livre avec Regain, à travers des fresques magnifiques, ce délice de langage, une sensualité vibrante, un récit qui vous prend aux tripes, un monde qui nous invite à redécouvrir la terre, comme à flâner dans l'herbe sous le murmure du vent.

"C'est, d'abord, un coup de vent aigu et un pleur de ce vent au fond du bois ; le gémissement du ciel, puis une chouette qui s'abat en criant dans l'herbe.
Voilà l'aube. Page 81."

L'ayant lu à mon adolescence, je l'ai repris à l'occasion d'une virée autour de Manosque, j'ai retrouvé l'ambiance chaude et parfumée des collines de Haute-Provence, de ce pays balayé par les vents, doux ou ardents qui vous distillent une musique à vous donner des frissons.


Regain comme renouveau, comme une renaissance, comme une métamorphose, comme les herbes qui repoussent après la première coupe, plus puissante alors, celle qui va s'épanouir tout le printemps.

Le regain n'est pas seulement une image il est l'essence même de la trilogie de Pan.

Dans ce roman, nous percevons dans la première partie tout un passé qui s'éteint, un passé très lourd, où les hommes ont fini par baisser les bras devant une nature rebelle âpre sauvage, balayée par des vents qui dessèchent les âmes et assèchent les ruisseaux.


Mais la magie de ce roman, est de nous prendre à témoin, nous conter comment revivifier cette terre, la rendre de nouveau nourricière, imaginant une autre façon d'être et de vivre en harmonie avec cette nature, en la respectant, en la faisant s'épanouir.

On a parlé ironiquement d'un retour à la terre, ce n'est pas un retour, c'est la suite et le point d'orgue des deux premiers romans de la trilogie de Pan, réinventer la vie. le destin de Panturle et d' Arsule sera de créer un art de vivre en communauté, restaurer un ordre immuable, revivifier la façon d'être avec les éléments naturels qui les entourent, le rythme de la terre vivante et perceptible par tous nos sens.

Dans "Colline" les 12 personnages et le simplet sombrent dans la peur et l'affrontement, dans leur perception d'une nature hostile qui va tout emporter, comme l'affirme Janet le personnage central des Bastides Blanches, inlassablement il prédit la fureur de la nature, le déchaînement des éléments. le vieux Janet devenu invalide, les yeux fixés sur le calendrier, annonce les futures catastrophes

Dans le deuxième roman, "Un de Baumugnes", c'est l'écoute qui devient le fil conducteur de l'intrigue, l'écoute d'Albin, son chant intérieur qui le ronge, l'écoute du vent comme une plainte que seuls les amours savent dévorer. L'écoute des bruits de la Douloire, comme celui de la flûte de Pan, va produire l'effet le plus extraordinaire, devant Pancrace le vieux va s'effondrer pour laisser place à ce quelque chose que l'on pourrait appeler la compréhension ou l'acceptation.


Après la fronde et la peur, après l'acceptation de l'autre après l'acceptation de la nature parfois rebelle, parfois prophète, que faire ? Sinon planter la vie, tailler la terre et semer les graines.


Demain un enfant, le blé, et le bon pain seront portés par la présence de Pan , appelé parfois vent de printemps, pour investir complètement la nature, la joie entrouverte faire jaillir le regain l'émerveillement d'un couple de paysans.
Panturle l'exprime par ces mots, « je l'ai revue je l'ai comprise, cette quête mystérieuse de l'enfant ; ce besoin qui me faisait regarder en face le coin du ciel d'où naissait le vent ».
Ou encore, "je l'ai comprise cette terreur, et pourquoi dans la colline, j'arrêtais mon pas, je regardais peureusement derrière mon épaule pour saisir l'étrange présence, et seul, le large dos de Lure montait au fond de l'horizon."


Éblouissement des gens de la terre semble peut-être puéril pour ceux qui s'imaginent encore, que la nature est belle et docile. C'est un tombereau de clichés pourraient dire certains, qui ne s'en privent pas, mais qui n'ont jamais, travaillé la terre, comme un paysan. Est-ce un cliché, d'exprimer page137, "celui de s'attendrir devant le premier tranchant de l'araire, quand la terre s'est mise à fumer. C'était comme un feu qu'on découvrait là-dessous."


Dans les pas de Giono, Serge Joncour a créé avec Chien-Loup une véritable symphonie autour de la découverte du bonheur de côtoyer un village déserté, très haut sur les collines, à Orcières, et d'affirmer que ces lieux encore préservés, invite à des relations harmonieuses, mais aussi à instaurer entre les hommes des relations fondées sur le respect de la parole donnée.


Giono appellera cela, la civilisation paysanne. Face à la barbarie des temps modernes la civilisation paysanne a encore des valeurs à partager, mais pour cela, il est impératif de ne plus parler de cliché.
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Le petit village d'Aubignagne se meurt. Les uns après les autres les villageois l'abandonnent laissant leurs maisons s'écrouler et les éléments reprendre leurs droits. Aujourd'hui c'est Gaubert, le forgeron, qui remballe son enclume, plus de toc … toc … toc, le coeur du village s'en va vivre chez son fils. Reste que la mamèche, quatre-vingts ans au compteur et Panturle qui est encore dans la force de l'âge. La mamèche lui promet une femme puis elle disparait.
Gédemus est rémouleur, Arsule l'accompagne et tire la meule. Ils font halte à Aubignagne et frappent à la porte de "Panturle" qui ne répondra pas. C'est en voulant les suivre qu'il tombera dans un ruisseau, et lorsqu'il revient à lui, Arsule et à ses côtés. Ensemble ils commenceront tout doucement à faire revivre ce petit village.
Sur le thème de la désertification, Jean Gionio nous livre un récit plein de poésie avec des paroles qui chantent la vie d'un autre temps. Beaucoup de dialogues nourrissent notre imaginaire, surtout celle de faire revivre Fernandel et Oranne Demazis, me rappelle plus le troisième. Une histoire simple avec des gens simples, mais c'est le talent de conteur qui fait de ce livre une oeuvre incomparable, nous plongeant dans une Provence baigné de soleil ou je crois même avoir entendu quelques cigales.
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Me voici dans la relecture de Regain de Jean Giono. C'est le dernier tome de la trilogie de Pan, je ne sais pas si je lirai ensuite les autres.
C'est La Provence, destination de mon mois de mai, qui m'a remis Giono et mes lectures adolescentes en mémoire. Mon souvenir en classe de quatrième est une lecture de révélation, fulgurante et résonnante. La rédaction qui avait sanctionnée la fin de la lecture était à la hauteur de ce coup de coeur, de cette flèche, de cette envolée lyrique et extatique.
Relire Regain, est pour moi aujourd'hui quelques dizaines d'années plus tard prendre le pouls de ce qui faisait frémir mes quatorze ans. Ma lecture est sur écran géant: je me regarde lire, je relis, je savoure, je recopie, je note ; incroyable, je retrouve le rythme d'une élève studieuse qui sait qu'elle devra rendre copie.
Je suis éblouie, fascinée devant tant de poésie, les métaphores pleuvent et soufflent pour annoncer le Regain de la terre et des hommes.

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Pan est le dieu des bergers. Dans le sud de la France, au début du XXè siècle, Panturle est un pauvre berger. Dans son village d'Aubignane, tout le monde est parti, il ne reste que lui.
C'est, je pense, un roman d'atmosphère.
C'est un classique qui crie l'amour de la Terre cultivée et les Paysans.
Ce livre est aussi une ode à une région : la Provence.
J'ai d'abord un peu modifié ma « patate de sensibilité», comme l'écrit Nastasia. Je m'explique :
Je l'ai lu en 2015. A cette époque, je sortais d'une longue période de lecture de thrillers, j'aimais l'action et les rebondissements ! Quand j'ai lu « Regain », j'ai trouvé ça très « mort » : 2 étoiles !
.
Mais aujourd' hui, je m'aperçois que :
c'est un hymne à la lenteur ;
mais je me rappelle, en le relisant, comme on est bien à la campagne… ;
mais c'est très bien écrit, une sorte de poésie en prose, un hymne à la douceur et à la lenteur campagnarde, avec des mots choisis pour la Nature que j'adore, le vent, les plateaux, les arbres morts, les genévriers…
Cependant, sur le même sujet, je préfère « La billebaude » d'Henri Vincenot, qui va plus loin que Jean Giono, et soutient une belle philosophie rurale contre les folies du progrès.
Cette lenteur, le covid nous y a convié, démontrant que non seulement les soignants, mais aussi les agriculteurs étaient indispensables à la vie.
.
Et c'est aussi et surtout un hymne au troc et à l'autarcie.
Comme chez Vincenot, les agriculteurs du début du XXè siècle vivent de peu, vivent presqu'en autarcie, vivent de troc, et ça, j'aime bien ! Ils n'entrent pas dans cette société de consommation qui va pourrir, à mon avis, les citadins et même aussi les ruraux.
Le troc, l'autarcie, j'aime !... car …
Le troc, ce serait la grève de l'argent, de la banque et des riches : les riches seraient obligés de bosser vraiment à la production ;
l'autarcie, c'est le contraire de la dépendance : jadis, on était pratiquement indépendant, tout le monde bossait, le chômage n'existait pas.

A 17 ans, je voulais faire le concours de l'ENSA, parce que j'étais amoureux de ma prof de bio, et j'avais vraiment bien aimé les deux stages effectués dans une ferme à » traire les vac », à tourner la baratte à beurre, à monter les bottes de paille dans le chariot, et aussi à conduire la moissonneuse !
.
Ce livre a donc gagné une étoile par rapport à 2015, car je pense mieux apprécier la poésie du livre qu'à l'époque.
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Ce livre a l'odeur de mes livres d'enfance , ceux pris à la bibliothèque quand j'étais enfant.

Il sent l'ancien temps, comme le temps que Jean Giono nous décrit là.

Une écriture qui rend hommage à la nature, à celle que les paysans façonnaient à la sueur de leur front il y a longtemps mais peut être pas tant...

Je pense ainsi à mon grand-père maternel, ouvrier agricole ayant vécu quand on travaillait la terre avec les chevaux, quand on aiguisait sa faux sur sa pierre.

Mon grand-père tuait les lapins et en vendait même parfois la peau. Je l'accompagnais sur la terre pour ramasser les patates et mes souvenirs remontent en vagues nostalgiques comme une mer de blé aux touches rouges des coquelicots et bleus des bleuets.

Un livre, un classique, une écriture qui rend hommage à la terre et aux gens qui la vénèrent et qui en ont besoin.

Un autre temps mais une ode à la nature et à ce qu'elle nous offre.

Des portraits tout en humilité et en fragilité mais aussi en force et en adaptabilité.

Une rencontre d'amour ♥ Arsule et Panturle pour un regain.


Une très belle lecture.
Il est toujours agréable de découvrir des classiques.
Je suis heureuse de l'avoir lu,
il m'a emmené au coeur de la terre dans toute sa poésie.
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