"Il faudrait que la joie soit paisible. Il faudrait que la joie soit une chose habituelle et tout à fait paisible et tranquille, e non pas batailleuse et passionnée."
On n'a que le bon temps qu'on se donne
"Quand on dit qu'il n'y a pas de joie, on perd confiance. Il ne faut pas perdre confiance. Il faut se souvenir que la confiance c'est déjà de la joie."
C'était une nuit extraordinaire.
Il y avait eu du vent, il avait cessé, et les étoiles avaient éclaté comme de l'herbe. Elles étaient en touffes avec des racines d'or, épanouies, enfoncées dans les ténèbres et qui soulevaient des mottes luisantes de nuit.
(Incipit)
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" L'homme ...
[...] en réalité, il est comme un feuillage
[...] composé d'images éparses
comme les feuilles dans les branches des arbres
et à travers lesquelles il faut que le vent passe
pour que ça chante "
On a l'impression qu'au fond les hommes ne savent pas très exactement ce qu'ils font. Ils bâtissent avec des pierres et ils ne voient pas que chacun de leurs gestes pour poser la pierre dans le mortier est accompagné d'une ombre de geste qui pose une ombre de pierre dans une ombre de mortier. Et c'est la bâtisse d'ombre qui compte.
Au fond de tout .il faut que ton corps désire .Sinon ,tu as bon avoir tout ,tu as tout mais tu ne te sers de rien .
Ce passage selon moi, résume à lui seul, la primauté de l'art. La nécessité d'enchanter la vie et d'y mettre du merveilleux, de l'invention, de l'inattendu. Que serait triste notre existence sans cela. :-)
"Jourdan, tu te souviens d'Orion fleur de carotte ?
- Je me souviens
- Le champ que tu labourais, le tabac que tu m'as donné ?
- Je me souviens
- Tu m'as demandé : "N'as-tu jamais soigné les lépreux ?"
- Je me souviens comme d'hier. Tu m'as répondu: "Non; je n'ai jamais soigné les lépreux."
- Tu traînais une grande peine.
- Oui
- Plus de goût
- Non.
- Plus d'amour.
- Non.
- Rien.
- La vieillesse, dit Jourdan.
- Tu te souviens, dit Bobi, de la grande nuit ? Elle fermait la terre sur tous les bords.
- Je me souviens.
- Alors je t'ai dit: regarde là-haut, Orion-fleur-de-carotte, un petit paquet d'étoiles.
Jourdan ne répondit pas. Il regarda Jacquou, et Randoulet, et Carle. Ils écoutaient.
- Et si je t'avais dit Orion tout seul, dit Bobi, tu aurais vu les étoiles, pas plus, et, des étoiles çà n'était pas la première fois que tu en voyais, et çà n'avait pas guéri les lépreux cependant. Et si je t'avais dit : fleur de carotte tout seul, tu aurais vu seulement la fleur de carotte comme tu l'avais déjà vu mille fois sans résultat. Mais je t'ai dit : Orion-fleur-de-carotte, et d'abord tu m'as demandé : pardon ? pour que je répète, et je l'ai répété. Alors, tu as vu cette fleur de carotte dans le ciel et le ciel a été fleuri.
- Je me souviens, dit Jourdan, à voix basse.
- Et tu étais déjà un peu guéri, dis la vérité.
- Oui, dit Jourdan
On ne voyait presque plus la graine des étoiles
Inutile ? Inutile pour leur monde, mais dès qu'on sait que notre travail dans ce monde c'est de faire de la richesse pour les autres, est-ce que ça n'est pas précisément ça l'inutile... ?