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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Et si le tsunami de récits post-apocalyptiques ayant déferlé en librairie ces dernières années nous rapprochait inexorablement de la fin du monde, de l'humanité ? Avec 'La Terre des fils', en voici encore un, comme un cri primal décrivant comment l'homme agit lorsqu'il redevient une bête, cette fois à travers le destin de deux fils n'ayant jamais connu "le monde d'avant" et tâchant de survivre.
Le grand talent de Gipi, c'est sa capacité à dire beaucoup avec une grande économie de moyen, du noir et blanc cru, des lignes qui s'entrecroisent et une grande précision de trait. C'est terriblement beau, discrètement inventif et surtout passionnant. Au final, voilà une BD qui donne envie d'en lire plus !
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"La Terre des fils » de Gipi est un très bel album noir et blanc prenant parti intimiste d'un monde dévasté par la pollution, la montée des eaux et autres catastrophes qui ne nous sont pas vraiment dites, le lecteur comprend juste de lui même qu'il n'y a plus rien ou presque, que les gens survivent grâce à la pêche de poissons toxiques de par les catastrophes passées ou encore de viande de chien errant.

La génération de la catastrophe a vieillie, les enfants nés par la suite sont des adolescents mais aussi ont des dégénérescences dues aux conditions et à l'état de la planète. Mentalement ou physiquement déficients mais loin d'être des imbéciles, les deux ados que nous suivons font tout leur possible pour survivre et ne pas se faire tuer bêtement.

L'histoire est triste mais magnifique à la fois, très dure en fait, en imaginant que cela pourrait arriver vu comment l'humain traite la Terre et les efforts presque inexistants qui sont fait, j'en ai froid dans le dos.

Les personnages eux sont très intéressants, l'auteur joue beaucoup sur la psychologie de ceux-ci. Les personnages secondaires sont eux placés dans le contexte et nous font comprendre ce que pourrait donner un monde pollué et pourri à l'extrême, sans compter les fous, les dégénérés, les adorateurs de dieux inventés ou dérivés du christianisme mais à la sauce violence, du cannibalisme et autres folies.

J'ai beaucoup aimé et vous conseille cet album dessiné en noir et blanc et à l'histoire intimiste mais captivante.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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« Sur les causes et les motifs qui menèrent à la fin, on aurait pu écrire des chapitre entiers dans les livres d'histoire.

Mais après la fin aucun livre ne fut plus écrit ».

Dans un paysage désolé et stérile, un père et ses deux fils survivent, sur une cabane lacustre, dans un univers post-apocalyptique où rien ne pousse, où l'on récupère les os humains, où l'on mange les chiens. Nulle tendresse du père envers ses deux fils, qui apparaissent dès les premières pages comme des êtres primitifs, l'un tondu, l'autre hirsute, qui n'échangent que quelques paroles utiles dans un langage pauvre. Pourtant ce langage à la syntaxe malmenée devient au fil des pages poétique. Seul le père possède le langage : il écrit dans un carnet, tandis que ses deux fils l'espionnent, sceptiques et hébétés. Dans cette oeuvre sombre où l'amour a disparu, où l'humanité a disparu, c'est finalement le livre qui deviendra le centre de la quête des deux fils.

Le dessin de Gipi, crayonné noir sur blanc, sobre, a quelque chose d'urgent, de rapidement esquissé, de faussement naïf, qui sert parfaitement ce récit au bout de l'enfer.
Cernés par le lac, les deux fils ont interdiction de s'aventurer au-delà, et de toucher aux cadavres rejetés par le lac. Ils sont seuls, avec le voisin Anguillo et la sorcière. Plus loin vivent deux jumeaux « Grossetête » dont ils ne savent rien sinon qu'il ne faut pas s'en approcher.

Mais un jour, leur père ne rentre pas du lac. Une fois leur père disparu, son cahier, objet de fascination et de rejet, devient la quête du cadet : qu'est-il écrit dedans ? Et bien entendu, en sous-texte, est-ce que mon père m'aimait ? Tout au long de leur voyage initiatique, les fils découvrent et pratiquent aussi, au début, la barbarie du monde qui les entoure. Dans cet univers hostile, on songe au roman de Cormac Mac Carthy, The Road, qui se joue entre un père et son garçon et où l'univers extérieur à la relation apparaît, simplement suggéré, comme le décor totalement effrayant d'une humanité réduite à ses instincts les plus barbares, telles les communautés d'hommes rencontrées par Rick dans le comics Walking Dead.

Une figure féminine émerge cependant de ce cauchemar : la sorcière. Amie, amante, mère, guérisseuse, le voile n'est pas vraiment levé sur son identité, mais c'est le seul personnage apportant chaleur ou réconfort dans ce monde vicié et empoisonné. Avant de tomber malade, le père va la voir pour y chercher des remèdes, et de l'amour. Ses deux fils iront la trouver pour savoir que faire lorsque leur père ne revient pas du lac, pour savoir si elle sait lire, afin de les aider à percer le mystère des mots écrits dans le cahier. Des mots illisibles pour les fils mais illisibles aussi pour le lecteur : pas moins de dix pages du roman graphique sont noircies par cette écriture fine et délavée par l'eau du lac – ou par les pleurs du père.
Mais cette entrevue est interrompue par Les Fidèles. Horde terrifiante et glaçante, les Fidèles vénèrent le dieu Trokool, arborent des tee-shirts avec des smileys, et attendent les like de l' « uberprêtre ». Êtres primitifs d'une ère post-technologique, ils se révèlent de véritables barbares, pratiquant viols, torture, esclavagisme. Mais la technologie a disparu : il ne reste que les mots, vides de sens, qui désignent alors des pratiques archaïques, et servent une pensée où la raison, la science froide a laissé la place à la superstition, l'absurde, la pensée magique. Vivant dans une usine dont on devine l'atroce production , on s'y sent comme aux dernières portes de l'enfer. Non sans ironie, Gipi affuble l'un des Fidèles d'un tee-shirt « Hotel California » : la mythique chanson dont, rappelons-le les paroles évoquent un lieu « qui peut être le paradis ou l'enfer », un lieu où « on est tous prisonniers de son plein gré », et qui se termine ainsi :

« And in the master's chambers
They gathered for the feast
They stab it with their steely knives
But they just can't kill the beast
Last thing I remember
I was running for the door
I had to find the passage back
To the place I was before
« Relax, » said the night man
« We are programmed to receive
You can check out any time
But you can never leave »

Cette référence nous invite peut-être à une interprétation de l'oeuvre dense, sobre, puissante de Gipi. Qu'est-ce que la Terre des fils, sinon celle que nous voulons laisser à nos enfants ? Mais son récit n'est pas seulement une fable post-apocalyptique écologique. Elle nous rappelle aussi que ce qui compte, c'est l'amour et le livre. Or l'amour est dans le livre-cahier du père, et c'est finalement lui qui unit les deux frères et les sauve de l'enfer ; un enfer qui n'est pas seulement extérieur à nous, même s'il est ici figuré par les Fidèles, mais qui peut aussi être en nous : céder ou non à la déshumanisation et à l'instinct de violence. Comme la chanson le dit « they just can't kill the beast ». La bête est en nous et on ne peut pas la fuir, mais on peut l'apprivoiser.
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(LX971) Un ovni que j'ai beaucoup apprécié : le genre d'ouvrages qui vous marque durablement autant par son étrangeté que par la force qui s'en dégage. le dessin crayonné au stylo se révèle d'une très grande sensibilité. Pour moi, l'une des grandes réussites de cet album tient dans le cadrage et les points de vue méticuleusement choisis pour suggérer, souligner, exprimer une émotion. L'univers post-apocalyptique intrigue, amuse parfois ou nous effraie. Les personnages sont d'une grande justesse, jusque dans leur âpreté et leur folie. Sans doute, l'album peut-il être détesté pour ces mêmes raisons, tant sa singularité ne laissera pas indifférent. J'espère en tout cas qu'on pourra lui trouver une place de choix dans la sélection du Prix BDz'îles en Lycée, comme j'espère qu'il fera date dans la BD à l'instar de Blast par exemple.
(BT976) C'est assurément un chef d'oeuvre : un dessin minimaliste et nerveux, un scénario intrigant qui laisse des zones d'ombres. On se demande comment autant de noirceur peut surgir avec une telle économie de moyens....J'hésite pourtant à le mettre entre des mains de lycéens à cause de la violence montrée ou suggérée.
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Quand on ouvre cet ouvrage, on n' est pas séduit par le graphisme. Mais très vite ces traits qui semblent être fait au bic et sans travail préalable, donnent du mouvement et on arrive à apprécier pleinement les planches. La violence et les discours orduriers sont omniprésents mais c'est la fin du monde avec toutes les dérives présentes chez les êtres humains. Testez et faites vous une idée, je suis rentré assez vite dans l'histoire.
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Une des plus belles variations sur le thème « le jour d'après » qu'il m'ait été donnée de lire ; bouleversant.
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Sur Terre, dans une zone rurale marécageuse, dans un futur plus qu'inquiétant, deux jeunes garçon vivent une époque cruelle et apocalyptique. Aux côtés d'un homme violent et mystérieux, ils obéissent, ils chassent, ils survivent. Auprès de cet homme, un père ? Ils ont défense de s'éloigner, éduqués de rien sauf de la certitude d'être seuls survivants sur une planète limitée. Mais un jour ils découvrent de nombreux cadavres pas très loin, et la visite de plusieurs hommes pour commercer...


La Terre des fils s'ouvre sur une impression d'apocalypse totale. Deux garçons quasiment nus, sorte d'êtres préhistoriques s'interpellant en ânonnant, sur une lande sans nom, marécageuse et infinie, dépeuplée, poisseuse et mortifère. A quelle époque sommes-nous ? Que font-ils et où vivent-ils ? Une impression déstabilisante très bien rendue par l'auteur. Et puis, des petits détails nous évoquent tout de même une vie contemporaine, mais extrêmement marginale. Puis il y a ce carnet griffonné quotidiennement par le "père", écrit que les enfants ne savent pas lire quand l'un des deux, assoiffé de reconnaissance de la part de cet homme sans tendresse, brûle de pouvoir lire. Quand le père meurt, il s'agira de sauvegarder cet objet si plain de promesses, et de trouver à le faire déchiffrer. Tâche difficile... Comme une analphabétisation générale qui serait l'emblème de l'apocalypse.

Un ouvrage poignant, avec peu de dialogue mais une forte intensité dans le graphisme des planches, des cases en noir et blanc qui contiennent tant de cruauté et de manques. Un album sur la fin de humanité, ou son début, on ne sait plus trop.... Très grande découverte !
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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On ne sait pas ce qui est arrivé à la Terre. Elle semble déserte et dénuée d'humanité. Et pourtant, quelques rescapés tentent d'y survivre. Entre la chasse et la pêche, un père et ses deux fils voient leurs vies s'écouler. Pas de noms pour les nommer, ces deux adolescents parlent un langage dénué de tout. le père n'a pas daigné à leur enseigner ni la langue, ni la lecture. À quoi cela servirait… Il leur apprend plutôt à se défendre, à traquer les bêtes et à rester en vie.

Et pourtant ce père bourru, violent, qui interdit aux enfants d'utiliser le terme « aimer » cache un secret. Il écrit dans un cahier. Ses fils l'ont découvert mais il refuse de dévoiler les lignes patiemment écrites. Quand le père meurt de ce qu'on comprend être un malaise cardiaque, le plus futé des fils aura à coeur de connaître ce qui est écrit dans ce cahier noir. Mais où trouver des lecteurs parmi les rescapés devenus sauvages? La question se pose: Rester dans leur vieille maison ou partir à la rencontre des autres, quitte à risquer leurs vies? Décidés à braver les dangers, les deux frères partent sans retour en arrière.

En un mot: captivée. Captivée par ces deux fils analphabètes et leur père au coeur dur. Captivée par ce monde fichu et détruit. Captivée par ces survivants dont les instincts primaires rejaillissent pour survivre.

Gipi offre une oeuvre sensible et violente. Elle m'a totalement envoûtée par la force de ses traits et ses personnages hors-normes. J'ai parcouru les paysages dévastés en espérant que ces deux frères pourraient trouver de l'aide et non être confrontés à la bêtise et la barbarie des Hommes.

Ce roman graphique arrive à tirer sa beauté de simples choses. le vocabulaire utilisé est des plus basiques, des erreurs de syntaxe qui donnent à penser que le monde n'est plus, une fois le langage perdu, il ne reste rien. Je dois énoncer que la fin m'a déconcertée, à nous de nous faire nos propres interprétations.


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Ils sont deux les fils de cette terre... élevés dans un monde ou seul règne le chaos, la loi du plus fort ; A la dure pour mieux survivre, nulle place pour la tendresse, pour ne pas affaiblir, ne pas laisser transparaitre cette sensibilité qui n'a pas sa place dans ce monde où se côtoient violence et famine.
A la mort du père, les décisions s'imposent… rester en autarcie ou braver ces contrées inconnues tant craintes, affronter « l'autre » ? Et puis, que renferme ce carnet si scrupuleusement rempli chaque jour, par le père ? Eux ne savent pas lire, il ne leur a pas appris et tant de questions les hantent surtout lui, le frère débile humilié par le père. Et cette question persistante… ont-ils été aimé de lui ? Ce sera alors le départ, la recherche d'un monde meilleur, d'un lecteur de carnet…
Un récit dur mais que j'ai peiné à lâcher tant il captive, tant on espère la lueur d'espoir et un peu de bonheur pour nos personnages. les traits sont fins et la lecture agréable. Seule, la fin m'a laissé en proie au questionnement, elle aurait peut-être mérité plus de développement…
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Mon premier coup de coeur pour 2017.
Un récit post-apocalyptique qui emprunte autant à Sa Majesté des Mouches de William Golding qu'à La route de Cormac McCarthy.
Sur un lac, un père survit avec ses deux fils. Leur monde se meurt lentement. Pourquoi ? Gipi ne le révèle jamais. Ce n'est de toute façon pas le propos. le père, dernier témoin d'un monde disparu, se révèle dur avec ses enfants. A la limite de la cruauté. Ses fils so,nt partagé entre l'envie de voler de leurs propres ailes et le respect dû à celui qui les éduque.
Gipi est un grand conteur et un dessinateur hors pair. Son style peut sembler simpliste et broiuillon de prime abord. Il est d'une justesse absolue. Et il n'a pas son pareil pour faire vivre des personnages.
Un propbale indispensable de 2017.
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