AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 273 notes
5
21 avis
4
43 avis
3
16 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme beaucoup de jeunes hommes de sa génération, Antoine doit tout quitter pour aller en Algérie. Nous sommes en 1960, il a une vingtaine d'années, sa femme attend leur premier bébé et lorsqu'elle a exprimé son refus de mettre cet enfant au monde seule, le médecin suisse consulté n'a pas voulu pratiquer une IVG : « Si toutes les femmes de soldats avaient avorté, la terre serait dépeuplée ». Et puis « l'Algérie, ce n'est pas la même chose qu'une guerre », assure-t-il.

De guerre, il n'est en effet pas question officiellement, on parle seulement de ‘maintenir l'ordre', de 'pacifier'. Antoine part, laissant à Lyon sa femme et le bébé à naître. Il a choisi d'être infirmier : « Il n'était pas d'un tempérament guerrier, il préférait soigner ».
En effet, on ne lui demande pas de prendre les armes. Il travaille dans un hôpital de guerre, et est parfois envoyé sur le terrain pour soigner des blessés ou ramasser des cadavres. Mais ces corps abîmés ou détruits ne mentent pas et lui parlent bien d'une guerre sauvage, eux, pas d'un simple ‘maintien de l'ordre'.

❤ Superbe livre ! le plus beau que j'ai pu lire jusqu'alors sur cette guerre d'Algérie encore taboue, ‘faite' par mon père bien malgré lui, et dont il ne parlait pas, sauf pour justifier son aversion pour les oranges – je comprends pourquoi en suivant Antoine, cet homme si jeune, doux, bienveillant et sensible, immergé dans l'horreur.

--- « Il y a ceux qui auront fait l'Algérie, et les autres. Il y a ceux qui auront vu, et ceux qui auront perçu les événements en lisant les journaux, en écoutant les conversations sur le zinc, en se contentant de parcourir leurs lettres mensongères. »
--- « Les mois qu'ils viennent de vivre seront comme un secret, une expérience embarrassante qu'ils tairont instinctivement. […] Ils sont priés de ne plus y penser. De chasser le mauvais rêve d'un revers de la main. La guerre d'Algérie n'a pas eu lieu. »

On voit le flou dans lequel l'armée maintient ces appelés pour les apaiser ou les manipuler. Ils sont moins informés que leurs proches restés en France, la réalité leur apparaît progressivement - attentats en Algérie et à Paris, représailles, 'ratonnades', torture...

Brigitte Giraud évoque joliment l'amitié, les confidences, l'amour, les lâchetés, les remords, le désespoir et l'autodestruction. Les détails du quotidien et les sentiments plus ou moins avouables donnent au récit une grande justesse : la jalousie envers les chanceux restés en France, le besoin soudain d'un fils d'échanger avec son père, parce que lui aussi a connu la guerre ; les lettres qu'on envoie, dans lesquelles on ne dit pas tout, où l'on rassure, et celles qu'on reçoit : « Le bonheur devant la phrase d'une mère, qui pour la première fois laisse deviner son amour, et à qui en retour ils tentent d'exprimer, sans trop s'épancher, l'attachement qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de nommer. »

Une lecture à partager, notamment avec nos grands enfants. Contrairement aux deux ou trois précédentes, leur génération et celle de leur père ont été jusqu'alors épargnées par la mobilisation de civils. Une chance inouïe...

■ L'écriture et la sensibilité de Brigitte Giraud m'avaient déjà beaucoup touchée dans 'Nico' et 'Une année étrangère' (autres thèmes, autres blessures).

♪♫ la guerre selon Rimbaud, Vian, Reggiani : https://www.youtube.com/watch?v=xTMCWN2WrsA
Commenter  J’apprécie          540
Tous les livres de Brigitte Giraud me touchent profondément. Entre nostalgie douce-amère et pensées , sentiments qui se devinent implicitement au creux des phrases , délicatesse de l'écriture, l' auteure nous emmène loin, émotionnellement et psychologiquement...

On retrouve tous ces aspects dans ce roman, consacré à la guerre d'Algérie, vue par trois personnages: deux appelés, Antoine, infirmier, Oscar, grand blessé, et Lila, la femme d'Antoine, enceinte de leur premier enfant, qui viendra le rejoindre pour un temps à Sidi-Bel-Abbès, où il est cantonné dans un hôpital militaire.

C'est la ville où est née l'auteure, et cela se sent. On peut d'ailleurs penser qu'elle s'inspire de la vie de ses parents, car le livre leur est dédié.L'atmosphère particulière des lieux, odeurs, sirrocco qui dessèche tout, boulangerie avec les meilleures montecao, garage pied-noir, tout sonne vrai. Antoine s'y rend après son travail, et y retrouvera Lila dans leur petit meublé.

La relation d'intense amitié qu'Oscar, amputé d'une jambe ,nouera peu à peu avec Antoine est très émouvante et subtilement décrite. Oscar qui souffre encore plus de ce qu'il a vécu, dans une embuscade de sa troupe contre des rebelles.

L'auteure montre bien, sans parti pris, combien cette guerre a été cruelle, dans un camp comme dans l'autre, les appelés ignoraient tout de ce qu'il se passait vraiment. Et que de sequelles dans les esprits et les corps de ces jeunes, lorsqu'ils sont rentrés en France! Personne ne pouvait comprendre leur détresse. C'est malheureusement le cas de toute guerre... Mon beau-père, appelé lui aussi, n'en parlait jamais...

Le personnage d'Antoine , spécialement, m'a émue. Il voulait soigner, aider. Son dévouement, au-delà de la fatigue , est magnifique. Et sa relation complexe mais empreinte de tendresse envers sa femme est bien rendue.

Un livre ardent et sombre à la fois, solaire et douloureux, qui laisse son empreinte en nous. Durablement. Comme cette image d'un loup protecteur, rêvé ou vrai?

Commenter  J’apprécie          5110
Ce livre bouleversant nous raconte la vie d'un infirmier militaire à la fin de la guerre d'Algérie (eh oui ! ce fut bien une guerre véritable et non des évènements comme on le faisait croire à l'époque !). C'est un roman d'amitié et d'amour, il se marie, a un enfant dans la foulée et surtout croise la trajectoire d'un appelé amputé d'une jambe à la suite d'un concours de circonstance que le lecteur ne découvrira qu'a la fin du récit. C'est aussi l'histoire d'un passage à l'âge adulte, que j'ai trouvé bien plus profond qu'Indocile, le précédent roman que j'ai lu au sujet de cette guerre - souvent le hasard me fait lire plusieurs bouquins d'un même thème -.
Le style est abrupt, mais il concourt à rendre le récit plus vivant.
Commenter  J’apprécie          280
J'ai vraiment adoré ce roman .Antoine,le héros principal est un très beau personnage dont la personnalité, la conscience politique,la sensibilité vont évoluer grandement à à travers cette période de guerre.La relation avec Oscar est tout particulièrement touchante,une grande leçon d'une amitié dont on devine assez facilement qu'elle est vouée au drame.Madame Giraud décrit, dans la troisième partie,la montée des intolérances et des haines d'une façon remarquable,nous remuant au plus profond de nous mêmes. Puisqu'elle parle de sa propre histoire et surtout donc de celle de ses parents,elle a su avec une extrême finesse rester dans un ton juste,ne tombant jamais dans le misérabilisme,c'est du grand art.Le retour des soldats et la visite d'Antoine à Oscar touchent au sublime de la désespérance. C'est vraiment un livre à lire,un livre très éclairant sur cette période vraiment opaque des "événements d'Algerie"Merci,madame.
Commenter  J’apprécie          160
Improbable et superbe, ce roman démontre que ce n'est pas toujours l'intrigue qui dessine le chef d'oeuvre !

Sur une tragédie lupesque, qui occupe à peine une dizaine de feuilles entre les pages 190 et 200, et qui aurait pu conduire Brigitte GIRAUD à se contenter d'un conte ou d'un récit, voici une évocation des années soixante, en France et en Algérie, en trois chapitres titrés Antoine, Lila, Oscar.

Antoine, fils d'un résistant communiste défiguré par les tortures allemandes et rongé par les événements de Budapest, a demandé à être appelé en tant qu'infirmier afin de ne pas tenir un fusil. Son épouse Lila décide de le rejoindre, à Sidi Bel Abbès, tout près de Sidi-Brahim, pour accoucher. Mais Antoine se consacre à Oscar, soldat amputé, enfermé dans son silence et que le poids de ses remords finira par emporter … le tout juste avant les accords d'Evian.

Brigitte GIRAUD, véritable peintre impressionniste, évoque cette époque, cette tragédie et ses personnages, individus ordinaires en qui nous tendons à nous incarner , avec des phrases brèves, ciselées, riches d'une tonalité et d'une musicalité extraordinaires.

Nourrie de souvenirs familiaux, Brigitte GIRAUD a un immense talent pour évoquer ces lieux, ces destinées et ces atmosphères et nous offrir un livre qui, à mes yeux, rejoint ceux de Patrick MODIANO décrivant l'après guerre.

Un loup pour l'homme ne laissera pas ses lecteurs indemnes !

Je suis impatient de rencontrer cet écrivain et remercie FLAMMARION et BABELIO pour cette mémorable découverte.
Commenter  J’apprécie          160
Brigitte Giraud en est à son neuvième roman et son talent mériterait davantage de reconnaissance. On a parlé de Un loup pour l'homme mais, à part une présence dans les listes de sélection pour différents prix, on en est resté là et c'est dommage car c'est un livre plein de sensibilité, de tendresse et d'humanité.

L'Algérie, Brigitte Giraud y est née, à Sidi-Bel-Abbès, justement la ville où Antoine et Lila, ses deux principaux personnages qui, comme ses parents, vont se retrouver. Auparavant, Lila tente de faire interrompre sa grossesse car Antoine est appelé par l'armée. Elle a 22 ans et son mari va lui être bientôt confisqué. Ne voulant pas porter les armes, il a fait une formation d'infirmier militaire.
Avec la traversée de la Méditerranée, dans la cale d'un bateau, où s'entassent près de mille hommes, l'auteure réussit une page qui remue autant que la houle avant qu'Antoine découvre que soigner pouvait être sauvage et dangereux. « On leur avait dit Algérie, maintenir l'ordre, personne ne leur avait parlé de combats. »
Après Alger, il se retrouve à l'hôpital de Sidi-Bel-Abbès et apprend de nouveaux mots : djebel, gourbi, fellagha, mektoub… Sa vie est détaillée dans son quotidien. Il se rapproche d'un jeune soldat amputé de la jambe : Oscar. Il le rassure et découvre en même temps la souffrance et la misère.
Lors d'une permission, Antoine sent que la situation évolue : « La peur est là qui gagne, celle de la guerre qui couve, celle de la vie qui vient dont il pressent qu'elle est trop exigeante pour lui. » Il écrit régulièrement à Lila mais voilà que celle-ci décide de le rejoindre. Courage ou inconscience ?

Dans la seconde partie, Lila et Antoine s'installent dans un appartement et cela permet de découvrir un peu plus la ville. Lila découvre que « les Arabes font la plonge et passent la serpillère. » La guerre se rapproche. Antoine est au contact des morts, des blessés. Quand il rentre chez lui, ce n'est pas facile après les élans des premières semaines : « Ils sont chacun dans leur univers, il se change en bout de bois, presque un intrus à sa table. »

La troisième partie met en lumière Oscar alors que Lila a accouché d'une petite fille. Quel style ! Quelle écriture pour nous faire partager la joie d'Antoine, heureux, éperdu de bonheur !
« Il oublie la rébellion qui gagne, il sait que ce temps est suspendu, qu'on est juste avant une vague qui promet d'être noire. »
Tout au long d'une lecture qui fourmille de détails, j'ai été vraiment surpris par la délicatesse de l'auteure, par sa finesse d'analyse psychologique pour parler des sentiments des appelés, de leur rapport au pays, des souffrances des blessés, des dégâts irrémédiables causés par ces années de guerre. Quand ces appelés rentrent : « Ils laissent un pays qu'ils n'ont pas eu le temps d'aimer, ils laissent tout ce qui fait un homme de 20 ans, et qu'ils ne retrouveront jamais. » Antoine « a fini par comprendre le rôle que jouait l'armée française, le lourd tribut payé par la population algérienne et il se sent trahi. »

Certaines scènes sont terribles, haletantes, sauvages. Il faut lire Un loup pour l'homme pour éclairer notre mémoire, nous informer toujours plus sur une période dont les traces sont toujours visibles aujourd'hui.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          140
1960, Antoine part pour l'Algérie en tant qu'infirmier, ayant demandé à ne pas porter les armes. Son épouse Lila, enceinte, le rejoindra après quelques mois.

C'est à travers le regard du jeune homme que l'on découvre cette guerre, à laquelle il pensait échapper en suivant une formation d'infirmier, et qu'il côtoie finalement au plus près. Une guerre qui ne dit pas son nom, l'essentiel pour l'armée française étant de « ne pas laisser croire que les appelés sont en danger ». Mais les blessés qui arrivent continuellement à l'hôpital de Sidi-Bel-Abbès où il est en poste, et les interventions de secours sur le terrain ne lui laissent aucune illusion sur la réalité.

Après l'arrivée de Lila, Antoine devient un privilégié qui peut chaque soir quitter la vie militaire pour retrouver une vie de famille. Mais ce n'est pas aussi simple pour lui, sa faculté à occulter, lorsqu'il se trouve avec sa femme, ce qu'il a fait ou vu pendant ses heures de garde étant parfois au dessus de ses forces, l'amenant presque à regretter pendant de courts moments la présence de la jeune femme.

Parmi toutes les personnes hospitalisées, Antoine s'intéresse beaucoup à Oscar, amputé d'une jambe, qui ne parle pas. Une étrange relation s'installe entre les deux hommes comme si chacun voyait dans l'autre une bouée de sauvetage, une note d'espoir dans cette période sombre. Antoine sent que ce mutisme cache plus que le handicap qu'Oscar va devoir assumer à l'avenir, et il va tout faire pour l'amener à se confier.

Le récit est très fort, décrivant avec une certaine simplicité dans l'écriture le quotidien de jeunes gens plongés dans une expérience traumatisante dans un pays qui avait pourtant beaucoup pour les séduire.

Un roman magnifique, d'une sensibilité et d'une subtilité impressionnantes, qui véhicule une grande charge émotionnelle.
Commenter  J’apprécie          100
Quelle belle histoire. Un roman à caractère historique ça ne pouvait que me plaire et en plus je n'avais lu que de bonnes critiques. Alors quand j'ai connu l'opportunité offerte par #Priceminister avec les matchs de la rentrée littéraire, je l'ai mis en premier choix. Et bingo je l'ai reçu.
Je me suis plongée dedans aussitôt. L'incipit m'a fait douter…. Un style que je trouvais haché, journalistique heurtait mon sens du romanesque. Mais la guerre… ce n'est pas romanesque.
Antoine doit partir, alors il part en laissant au pays sa femme et son enfant à naître. Il part vivre la guerre d'Algérie dans un hôpital. S'il ne prend pas part au combat il découvre quand même la violence des attaques, des blessures au travers des appelés qu'il doit soigner. Il prendra sous son aile Oscar et tissera des liens profonds avec le blessé. Mais jusqu'où pourra-il l'aider ? saura-t-il le faire sortir de son mutisme ?
Sa femme, elle n'en peut plus de vivre seule, alors elle le rejoint l'Antoine. Une chance ? Comment laisser à la porte de l'appartement les difficultés de la journée, l'horreur des blessures ?
La guerre d'Algérie, Voilà un sujet qui commence à être abordé dans les romans. J'ai beaucoup apprécié ce livre qui nous plonge dans une réalité difficile. L'éloignement du pays, de la famille, le dépaysement, la promiscuité, les violences envers la population locale, voilà de quoi tourmenter les esprits de ces jeunes envoyés là-bas.
Ce livre m'a beaucoup plu. Je reprocherai quelques longueurs et répétitions. Mais ceci ne doit pas vous arrêter c'est une très belle histoire.
Commenter  J’apprécie          100
Des phrases courtes, des chapitres courts, pour la plupart, mais que d'émotions passent entre ces lignes...
On suit Antoine, jeune appelé de 20 ans et surtout jeune marié qui va bientôt être en plus jeune papa!
Lila, la jeune mariée, désoeuvrée par cette grossesse, et par le départ de son homme à la guerre.
Et Oscar, jeune appelé également mais qui lui a déjà subi la violence des évènements en perdant une jambe.
Que de choses racontées par le filtre de ces jeunes gens et quel talent de cette auteure pour nous le retranscrire...
On sent cette tension, ces mensonges, ces rancoeurs, ces injustices et cette violence non expliquée mais ressentie...
Vraiment beau roman, fort, et qui révèle aussi l'amour de ce pays, tant meurtri et tant incompris.
Commenter  J’apprécie          100
En attendant avec impatience la rencontre avec l'auteur, je remercie infiniment Babelio et Flammarion pour m'avoir permis de lire ce livre avant sa sortie.

"L'Algérie, ce n'est pas la même chose qu'une guerre." C'est ce qu'affirme le gynécologue genevois en refusant de pratiquer l'avortement que Lila est venue solliciter. le bébé, Lila n'en veut pas puisqu'Antoine, son mari, est "appelé" en Algérie. Comment apprendre à aimer seule un enfant sans savoir s'il connaîtra un jour son père ? Lila ne s'en sent pas capable. Pour ne pas avoir à porter une arme, Antoine a suivi une formation d'infirmier militaire et, à son arrivée en Algérie, il est affecté à l'hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès. A ce poste, la guerre vient à lui à travers les corps et les esprits massacrés des jeunes soldats qu'il soigne, révélant un au-delà de l'horreur que le jeune homme perçoit malgré les silences des officiers. Cette proximité de la guerre, que finalement personne n'évoque en ces termes, passe par la proximité des corps meurtris qui suscitent chez Antoine une profonde compassion. Chacun de ses gestes est imprégné d'une empathie muette qui donne tout son sens aux soins qu'il offre. Amputé d'une jambe, Oscar, replié dans un silence douloureux, personnifie l'ensemble de ces jeunes gens à la vie mutilée et Antoine se donne pour mission de rendre la parole et le goût de vivre à ce blessé qui l'obsède. Une mission presque sacrificielle puisqu'elle l'éloigne de Lila, pourtant venue en Algérie pour être près de lui.
L'écriture de Brigitte Giraud joue de tous ces hurlements retenus pour faire émerger la douleur pure, sans explications, sans justifications, puisque l'épouvante ne peut en avoir. Les motivations d'Antoine restent aussi impénétrables que les raisons de la présence des jeunes soldats français en Algérie. Certes, des hypothèses, des interprétations sont possibles mais elles restent du domaine de l'indicible. le rythme de la narration accuse le contraste entre la menace oppressante des attentats et des embuscades et la luminosité des paysages éblouissants de soleil, entre des moments de pause où la vie pourrait être la même qu'en France et de brusques accélérations où la folie et la violence déchirent un peu plus les certitudes.
Il y a dans ce roman un mélange intime de douceur et de fureur qui m'a chavirée. J'ai ressenti des émotions comparables à celles que l'on éprouve face à certaines Pietà : un chagrin incommensurable et le saisissement devant une ineffable beauté.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (602) Voir plus



Quiz Voir plus

A présent

Comment s'appelle le mari de la narratrice ?

Jules
Claude
Sam

5 questions
13 lecteurs ont répondu
Thème : À présent de Brigitte GiraudCréer un quiz sur ce livre

{* *}