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Brigitte Giraud nous relate ici un pan de la guerre d'Algérie où vont s'entrecroiser les trois personnages principaux. Antoine qui rejoint l'Algérie comme infirmier, bien embarrassé de laisser son épouse Lila enceinte en France. Lila qui partira à son tour rejoindre Antoine et puis Oscar, le rescapé amputé, silencieux et qui n'aura de cesse de fasciner et d'aimanter Antoine.
Le loup est à mon sens Oscar ce soldat peureux et fuyant les hommes et leur barbarie où il trouvera près d'Antoine la confiance nécessaire pour se relever et avancer.

Beaucoup de longueurs dans cette histoire racontée à la troisième personne, sans aucun dialogue, difficile pour ma part de cerner les émotions et le fil de l'histoire. Un roman certes bien écrit mais dans lequel il m'a manqué ce petit plus.
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Antoine doit quitter Lila, son épouse enceinte, maintenant que l'armée l'a jugé apte à partir en Algérie. Heureusement, on a tenu compte du fait qu'il n'était pas prêt à se battre. Il va donc être infirmier - mais soigner peut être aussi sauvage et dangereux que se battre. À l'hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès, si Antoine découvre en Oscar, un jeune caporal amputé d'une jambe, un ami et un sens à sa présence en Afrique du Nord, il va découvrir aussi la sauvagerie des hommes.

Avec Un loup pour l'homme, Brigitte Giraud signe un beau roman sur la guerre d'Algérie. De ceux qui laissent une trace parce qu'il parle de fraternité, d'amitié, d'amour, de paternité. La fille d'Antoine (et de Lila) n'est autre que Brigitte Giraud qui rend ici un vibrant hommage à son père, mais aussi à toute une génération de jeunes hommes traumatisés par les horreurs d'un conflit dont ils se sentaient étrangers.
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Comme beaucoup de jeunes hommes de sa génération, Antoine doit tout quitter pour aller en Algérie. Nous sommes en 1960, il a une vingtaine d'années, sa femme attend leur premier bébé et lorsqu'elle a exprimé son refus de mettre cet enfant au monde seule, le médecin suisse consulté n'a pas voulu pratiquer une IVG : « Si toutes les femmes de soldats avaient avorté, la terre serait dépeuplée ». Et puis « l'Algérie, ce n'est pas la même chose qu'une guerre », assure-t-il.

De guerre, il n'est en effet pas question officiellement, on parle seulement de ‘maintenir l'ordre', de 'pacifier'. Antoine part, laissant à Lyon sa femme et le bébé à naître. Il a choisi d'être infirmier : « Il n'était pas d'un tempérament guerrier, il préférait soigner ».
En effet, on ne lui demande pas de prendre les armes. Il travaille dans un hôpital de guerre, et est parfois envoyé sur le terrain pour soigner des blessés ou ramasser des cadavres. Mais ces corps abîmés ou détruits ne mentent pas et lui parlent bien d'une guerre sauvage, eux, pas d'un simple ‘maintien de l'ordre'.

❤ Superbe livre ! le plus beau que j'ai pu lire jusqu'alors sur cette guerre d'Algérie encore taboue, ‘faite' par mon père bien malgré lui, et dont il ne parlait pas, sauf pour justifier son aversion pour les oranges – je comprends pourquoi en suivant Antoine, cet homme si jeune, doux, bienveillant et sensible, immergé dans l'horreur.

--- « Il y a ceux qui auront fait l'Algérie, et les autres. Il y a ceux qui auront vu, et ceux qui auront perçu les événements en lisant les journaux, en écoutant les conversations sur le zinc, en se contentant de parcourir leurs lettres mensongères. »
--- « Les mois qu'ils viennent de vivre seront comme un secret, une expérience embarrassante qu'ils tairont instinctivement. […] Ils sont priés de ne plus y penser. De chasser le mauvais rêve d'un revers de la main. La guerre d'Algérie n'a pas eu lieu. »

On voit le flou dans lequel l'armée maintient ces appelés pour les apaiser ou les manipuler. Ils sont moins informés que leurs proches restés en France, la réalité leur apparaît progressivement - attentats en Algérie et à Paris, représailles, 'ratonnades', torture...

Brigitte Giraud évoque joliment l'amitié, les confidences, l'amour, les lâchetés, les remords, le désespoir et l'autodestruction. Les détails du quotidien et les sentiments plus ou moins avouables donnent au récit une grande justesse : la jalousie envers les chanceux restés en France, le besoin soudain d'un fils d'échanger avec son père, parce que lui aussi a connu la guerre ; les lettres qu'on envoie, dans lesquelles on ne dit pas tout, où l'on rassure, et celles qu'on reçoit : « Le bonheur devant la phrase d'une mère, qui pour la première fois laisse deviner son amour, et à qui en retour ils tentent d'exprimer, sans trop s'épancher, l'attachement qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de nommer. »

Une lecture à partager, notamment avec nos grands enfants. Contrairement aux deux ou trois précédentes, leur génération et celle de leur père ont été jusqu'alors épargnées par la mobilisation de civils. Une chance inouïe...

■ L'écriture et la sensibilité de Brigitte Giraud m'avaient déjà beaucoup touchée dans 'Nico' et 'Une année étrangère' (autres thèmes, autres blessures).

♪♫ la guerre selon Rimbaud, Vian, Reggiani : https://www.youtube.com/watch?v=xTMCWN2WrsA
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Tous les livres de Brigitte Giraud me touchent profondément. Entre nostalgie douce-amère et pensées , sentiments qui se devinent implicitement au creux des phrases , délicatesse de l'écriture, l' auteure nous emmène loin, émotionnellement et psychologiquement...

On retrouve tous ces aspects dans ce roman, consacré à la guerre d'Algérie, vue par trois personnages: deux appelés, Antoine, infirmier, Oscar, grand blessé, et Lila, la femme d'Antoine, enceinte de leur premier enfant, qui viendra le rejoindre pour un temps à Sidi-Bel-Abbès, où il est cantonné dans un hôpital militaire.

C'est la ville où est née l'auteure, et cela se sent. On peut d'ailleurs penser qu'elle s'inspire de la vie de ses parents, car le livre leur est dédié.L'atmosphère particulière des lieux, odeurs, sirrocco qui dessèche tout, boulangerie avec les meilleures montecao, garage pied-noir, tout sonne vrai. Antoine s'y rend après son travail, et y retrouvera Lila dans leur petit meublé.

La relation d'intense amitié qu'Oscar, amputé d'une jambe ,nouera peu à peu avec Antoine est très émouvante et subtilement décrite. Oscar qui souffre encore plus de ce qu'il a vécu, dans une embuscade de sa troupe contre des rebelles.

L'auteure montre bien, sans parti pris, combien cette guerre a été cruelle, dans un camp comme dans l'autre, les appelés ignoraient tout de ce qu'il se passait vraiment. Et que de sequelles dans les esprits et les corps de ces jeunes, lorsqu'ils sont rentrés en France! Personne ne pouvait comprendre leur détresse. C'est malheureusement le cas de toute guerre... Mon beau-père, appelé lui aussi, n'en parlait jamais...

Le personnage d'Antoine , spécialement, m'a émue. Il voulait soigner, aider. Son dévouement, au-delà de la fatigue , est magnifique. Et sa relation complexe mais empreinte de tendresse envers sa femme est bien rendue.

Un livre ardent et sombre à la fois, solaire et douloureux, qui laisse son empreinte en nous. Durablement. Comme cette image d'un loup protecteur, rêvé ou vrai?

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Peut-on parler de catharsis collective sur la guerre d'Algérie par la profusion de romans dédiés à la période ?
Brigitte Giraud apporte sa pierre très personnelle à l'édifice de mémoire en évoquant une petite page d'histoire familiale: un père, jeune conscrit, une mère enceinte, une naissance à Sidi Bel-Abbès.

Le jeune appelé du contingent va faire ce qui n'est pas encore une guerre, dans une blouse blanche d'infirmier, aux plus près des blessés et des sacs mortuaires.
«Sauveur et fossoyeur».

L'auteur imagine, recompose, reconstitue quelques mois d'adaptation à un nouveau pays, à un climat, des paysages, une population multiple. La villégiature devient presque agréable, d'autant que la jeune épouse vient rejoindre son mari et accoucher sur place. Petite vie quotidienne bousculée peu à peu par une violence larvée d'attentats et de suspicions.

Ici s'évoque le bouleversement imposé par la conscription sur des gens ordinaires, peu informés du contexte politique.
Peu de combats dans ce récit, mise à part des interventions sanitaires de terrain. le quotidien est banal, répétitif, fait de compassion face aux douleurs. Des amitiés se créent, entre soldats, entre soignants et blessés. le temps semble même se traîner, dans un climat psychologique mutique et plombé.
La compréhension viendra insidieusement sur la notion de « pacification », accompagnant le mutisme des soldats, l'indicible des traumatismes, l'incapacité à partager un vécu qui les a parfois explosés en pleine jeunesse.

Un roman au style fluide, sensible, descriptif, qui touche par sa simplicité de narration et une délicate distance qui permet de tout évoquer. Si les faits n'apparaissent pas nouveaux, c'est l'écriture qui donne toute sa densité au propos.
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Comme dans toute rentrée littéraire, quelques thématiques se croisent au gré de plusieurs romans. Cette année trois grands romanciers français ont choisi de parler de la guerre d'Algérie et de le prendre comme cadre principal de leurs intrigues. C'est le cas des derniers romans d'Alice Zeniter, Jean Marie Blas de Roblès et de Brigitte Giraud, le seul des trois que nous avons lu jusqu'à présent dans cette très abondante rentrée.

Pour son neuvième roman, et le premier qu'elle a écrit à la troisième personne, la romancière lyonnaise (c'est peut-être cela qui nous a décidé à le lire, chauvins que nous sommes :o) née à Sidi Bel Abbès choisit de s'inspirer de l'histoire de ses propres parents dont le père a été appelé dès son très jeune âge à combattre , et qui intégrera l'hôpital militaire de Sidi Bel Abbès et de sa mère,, Lila qui, enceinte, va décider de le rejoindre en plein conflit, de cette guerre taboue qui n'ose dire son nom.

Antoine, jeune infirmier va peu à peu se lier d'amitié avec Oscar le jeune soldat blessé qui va lui délivrer quelques confidences et secrets terribles sur cette guerre cruelle, comme toutes les guerres, et où tant de jeunes hommes ont été obligés de combattre sans le vouloir a priori.
En trois chapitres qui portent tour à tour le nom d'un des personnages principaux de l'intrigue, l'auteur dessine un pan d'une histoire méconnue et une belle leçon d'humanité et offre une jolie vision d'un pays, l'Algérie, aussi solaire que dangereux et incandescent.

Malgré quelques longueurs, on est vite happé par la plume élégante et le talent de portraitiste de la romancière…
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ce livre bouleversant nous raconte la vie d'un infirmier militaire à la fin de la guerre d'Algérie (eh oui ! ce fut bien une guerre véritable et non des évènements comme on le faisait croire à l'époque !). C'est un roman d'amitié et d'amour, il se marie, a un enfant dans la foulée et surtout croise la trajectoire d'un appelé amputé d'une jambe à la suite d'un concours de circonstance que le lecteur ne découvrira qu'a la fin du récit. C'est aussi l'histoire d'un passage à l'âge adulte, que j'ai trouvé bien plus profond qu'Indocile, le précédent roman que j'ai lu au sujet de cette guerre - souvent le hasard me fait lire plusieurs bouquins d'un même thème -.
Le style est abrupt, mais il concourt à rendre le récit plus vivant.
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Un jeune appelé, un infirmier qui ne veut pas tuer, obtient de passer sa guerre d'Algérie dans l'hôpital militaire de Sidi Bel Abbès. Sa femme l'y rejoint, sa fille (l'auteure) y naît. Il s'y lie d'amitié avec un grand blessé qui lui révélera sa faute et sa culpabilité. D'autres se suicident, d'autres encore rêvent qu'ils sont dévorés par les fourmis, les moins sensibles ne dessaoulent pas. Les morts sont rangés dans les sous-sols en attendant leur rapatriement, on écrit leur nom à la plume, en belles lettres cursives . Les lettres mentent, l'armée aussi. Et les jours passent dans la petite ville poussiéreuse... Excellent. Extrêmement pudique, extrêmement maîtrisé, sur le point de vue des appelés impliqués malgré eux, mais pas que... Je recommande ce livre à tous ceux que cette histoire, vieille de près de 60 ans, intéresse encore.
Ainsi qu'à ceux qui aiment la belle littérature.
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En 1960, Antoine est envoyé en Algérie pour participer à des "opérations de maintien de l'ordre". Il a choisi d'être infirmier. Il laisse en France son épouse Lila, et le bébé qu'elle porte. Pas sûr que devenir père alors que l'on participe à une guerre soit une bonne idée...
En métropole, la désinformation donne une image biaisée des événements, du moins à ceux qui ne cherchent pas à creuser au-delà du discours officiel.
Sur place, Antoine comprend peu à peu que la France est bien en guerre. Il lui suffit de constater l'état de certains patients à l'hôpital. Parmi eux, Oscar, amputé d'une jambe et qui ne peut (ou ne veut) plus parler. Entre Antoine et Oscar, une relation singulière s'installe, remarquablement restituée par la plume de Brigitte Giraud.

La guerre d'Algérie est un sujet peu traité dans la littérature française. Ce silence reflète probablement la mauvaise conscience collective du pays. Celle-ci s'estompe peu à peu, au rythme des disparitions de ceux qui y ont participé (contre leur gré pour la plupart), et il n'est pas étonnant que des auteurs s'emparent enfin du sujet.

Brigitte Giraud le fait habilement, sans esprit polémique, disséquant la manière dont certains l'ont vécue, parfois dans leur chair. Revers de la médaille, j'ai trouvé quelques longueurs dans ce roman, peut-être en raison aussi d'une lecture trop morcelée.
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J'ai vraiment adoré ce roman .Antoine,le héros principal est un très beau personnage dont la personnalité, la conscience politique,la sensibilité vont évoluer grandement à à travers cette période de guerre.La relation avec Oscar est tout particulièrement touchante,une grande leçon d'une amitié dont on devine assez facilement qu'elle est vouée au drame.Madame Giraud décrit, dans la troisième partie,la montée des intolérances et des haines d'une façon remarquable,nous remuant au plus profond de nous mêmes. Puisqu'elle parle de sa propre histoire et surtout donc de celle de ses parents,elle a su avec une extrême finesse rester dans un ton juste,ne tombant jamais dans le misérabilisme,c'est du grand art.Le retour des soldats et la visite d'Antoine à Oscar touchent au sublime de la désespérance. C'est vraiment un livre à lire,un livre très éclairant sur cette période vraiment opaque des "événements d'Algerie"Merci,madame.
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