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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Antoine doit quitter Lila, son épouse enceinte, maintenant que l'armée l'a jugé apte à partir en Algérie. Heureusement, on a tenu compte du fait qu'il n'était pas prêt à se battre. Il va donc être infirmier - mais soigner peut être aussi sauvage et dangereux que se battre. À l'hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès, si Antoine découvre en Oscar, un jeune caporal amputé d'une jambe, un ami et un sens à sa présence en Afrique du Nord, il va découvrir aussi la sauvagerie des hommes.

Avec Un loup pour l'homme, Brigitte Giraud signe un beau roman sur la guerre d'Algérie. De ceux qui laissent une trace parce qu'il parle de fraternité, d'amitié, d'amour, de paternité. La fille d'Antoine (et de Lila) n'est autre que Brigitte Giraud qui rend ici un vibrant hommage à son père, mais aussi à toute une génération de jeunes hommes traumatisés par les horreurs d'un conflit dont ils se sentaient étrangers.
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Peut-on parler de catharsis collective sur la guerre d'Algérie par la profusion de romans dédiés à la période ?
Brigitte Giraud apporte sa pierre très personnelle à l'édifice de mémoire en évoquant une petite page d'histoire familiale: un père, jeune conscrit, une mère enceinte, une naissance à Sidi Bel-Abbès.

Le jeune appelé du contingent va faire ce qui n'est pas encore une guerre, dans une blouse blanche d'infirmier, aux plus près des blessés et des sacs mortuaires.
«Sauveur et fossoyeur».

L'auteur imagine, recompose, reconstitue quelques mois d'adaptation à un nouveau pays, à un climat, des paysages, une population multiple. La villégiature devient presque agréable, d'autant que la jeune épouse vient rejoindre son mari et accoucher sur place. Petite vie quotidienne bousculée peu à peu par une violence larvée d'attentats et de suspicions.

Ici s'évoque le bouleversement imposé par la conscription sur des gens ordinaires, peu informés du contexte politique.
Peu de combats dans ce récit, mise à part des interventions sanitaires de terrain. le quotidien est banal, répétitif, fait de compassion face aux douleurs. Des amitiés se créent, entre soldats, entre soignants et blessés. le temps semble même se traîner, dans un climat psychologique mutique et plombé.
La compréhension viendra insidieusement sur la notion de « pacification », accompagnant le mutisme des soldats, l'indicible des traumatismes, l'incapacité à partager un vécu qui les a parfois explosés en pleine jeunesse.

Un roman au style fluide, sensible, descriptif, qui touche par sa simplicité de narration et une délicate distance qui permet de tout évoquer. Si les faits n'apparaissent pas nouveaux, c'est l'écriture qui donne toute sa densité au propos.
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Un jeune appelé, un infirmier qui ne veut pas tuer, obtient de passer sa guerre d'Algérie dans l'hôpital militaire de Sidi Bel Abbès. Sa femme l'y rejoint, sa fille (l'auteure) y naît. Il s'y lie d'amitié avec un grand blessé qui lui révélera sa faute et sa culpabilité. D'autres se suicident, d'autres encore rêvent qu'ils sont dévorés par les fourmis, les moins sensibles ne dessaoulent pas. Les morts sont rangés dans les sous-sols en attendant leur rapatriement, on écrit leur nom à la plume, en belles lettres cursives . Les lettres mentent, l'armée aussi. Et les jours passent dans la petite ville poussiéreuse... Excellent. Extrêmement pudique, extrêmement maîtrisé, sur le point de vue des appelés impliqués malgré eux, mais pas que... Je recommande ce livre à tous ceux que cette histoire, vieille de près de 60 ans, intéresse encore.
Ainsi qu'à ceux qui aiment la belle littérature.
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En 1960, Antoine est envoyé en Algérie pour participer à des "opérations de maintien de l'ordre". Il a choisi d'être infirmier. Il laisse en France son épouse Lila, et le bébé qu'elle porte. Pas sûr que devenir père alors que l'on participe à une guerre soit une bonne idée...
En métropole, la désinformation donne une image biaisée des événements, du moins à ceux qui ne cherchent pas à creuser au-delà du discours officiel.
Sur place, Antoine comprend peu à peu que la France est bien en guerre. Il lui suffit de constater l'état de certains patients à l'hôpital. Parmi eux, Oscar, amputé d'une jambe et qui ne peut (ou ne veut) plus parler. Entre Antoine et Oscar, une relation singulière s'installe, remarquablement restituée par la plume de Brigitte Giraud.

La guerre d'Algérie est un sujet peu traité dans la littérature française. Ce silence reflète probablement la mauvaise conscience collective du pays. Celle-ci s'estompe peu à peu, au rythme des disparitions de ceux qui y ont participé (contre leur gré pour la plupart), et il n'est pas étonnant que des auteurs s'emparent enfin du sujet.

Brigitte Giraud le fait habilement, sans esprit polémique, disséquant la manière dont certains l'ont vécue, parfois dans leur chair. Revers de la médaille, j'ai trouvé quelques longueurs dans ce roman, peut-être en raison aussi d'une lecture trop morcelée.
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Au coeur du printemps de l'année 1960, Antoine apprend deux événements qui vont changer son destin. D'une part que Lila sa jeune femme est enceinte et de l'autre qu'il est appelé pour l'Algérie. C'est un jeune couple qui s'aime, mais Lila ne veut pas porter un enfant seule dans l'attente du retour d'Antoine et dans la crainte de ne pas le voir revenir. Quant à Antoine, il ne souhaite pas porter les armes et demande à être infirmier pensant se protéger de la guerre au sein de l'hôpital. Et puis, il y a Oscar le jeune soldat blessé avec qui Antoine va lier une relation particulière.

En trois chapitres, chacun portant le nom d'un des protagonistes, l'auteur dessine un pan de l'histoire à travers le destin de jeunes soldats qui n'avaient pas choisi d'en faire partie.

Ce qui me touche dans l' écriture de cet auteur, c'est son sens du détail et la façon dont elle donne à voir l'état, l'intériorité d'un personnage par des gestes simples et quotidiens.
Après avoir fermé ce livre il me reste des images précises, des Polaroïds d'instants de vie comme Antoine et Martin le cuisto fumant leur dernière cigarette de la journée dans l'arrière cour et traçant des dessins dans la terre ocre pour remplir ces moments de flottement.
Elle met en lumière, avec une grande simplicité, des sentiments troubles et confus qui ponctuent régulièrement l'existence, comme le sentiment de malaise lors de retrouvailles où les corps maladroits trahissent la confusion des esprits.
C'est une grande portraitiste des états d'âmes. Ainsi, par un détail comme le regard qui fixe les pales du ventilateur pour se soustraire au regard du médecin, elle nous renvoie immédiatement à une gêne que nous avons tous connue. Ou encore lorsque « Antoine se désole, comme si il était responsable du fiasco...Comme si le mauvais temps faisait de lui un garçon ennuyeux»

Brigitte Giraud est née à Sidi-Bel Abbès, là où se situe l'hôpital militaire d'Antoine et l'on sent l'amour qu'elle a pour cette ville, ces lumières dorées, ces orangers, et l'ombre des palmiers qui se projettent sur les murs. Ce qui est incroyable au vu de son sujet c'est que ce livre est solaire.
Et en fermant ce livre, je n'ai eu qu'une envie: partir là-bas.

C'est un grand livre sur cette guerre qui ne sera jamais nommée, qu'il ne fallait pas nommer, et sur ceux qui l'ont traversée sans en avoir le choix, sur la découverte d'un pays si beau qu'ils ne voudront plus le quitter et sur le cauchemar des combats qui s'y sont livrés.
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J'ai lu divers romans évoquant la guerre d'Algérie (1954-1962), vue notamment par des soldats français envoyés de l'autre côté de la Méditerranée. "Un loup pour l'homme" est assez particulier. Il est centré sur Antoine, un jeune homme d'esprit pacifique qui, appelé, obtient d'être apprenti-infirmier plutôt que combattant. Il a dû laisser en France sa femme Lila qui - contre son gré - attend un bébé. Antoine est délicat et timide, voire presque falot. Il fait son travail avec sérieux, à l'hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès; il s'insère dans ce milieu avec discrétion. Parmi ses patients il y a notamment Oscar: un soldat qui, blessé, a dû être amputé d'une jambe et qui refuse obstinément de parler. Au fond, c'est lui le personnage principal. L'énigme attachée à son destin est finalement le vrai sujet de ce roman. le lecteur découvrira à la fin le sens du titre du livre.
C'est une femme qui a écrit cette histoire; on le sent bien dans la (fine) description des caractères. L'auteure n'insiste pas sur les horreurs de la guerre, même si certains épisodes sont un peu durs. Elle refuse de "jouer des grandes orgues" et reste volontairement dans le mode mineur. A mon avis, c'est précisément cela qui fait l'intérêt de ce roman. On est assez loin d'autres livres sur le même sujet comme, par exemple, "Des hommes" (de Laurent Mauvignier).
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La guerre d'Algérie reste assez tabou en France et je pense que c'est la première fois que je lis un livre qui aborde cette période de cette façon. En partant de l'expérience de son père, Brigitte Giraud nous offre un roman très personnel.
La plume délicate de l'auteur éclaire cette époque confuse et complexe en nous livrant le portrait d'Antoine, un appelé, qui découvre en tant qu'infirmier les horreurs de cette guerre dont tout le monde tait le nom. Refusant de porter les armes, c'est en soignant le corps des autres qu'il va vivre «les évènements». Il va très vite se rendre compte qu'il ne sait rien de ce qui se passe, que les appelés n'ont aucune idée de la réalité du terrain.
Pour tenir face à l'indicible, il y a Lila, sa femme venue donner la vie sur ce théâtre de mort mais il y a surtout Oscar, soldat amputeì enfermeì dans son mutisme. C'est dans cette fraternité qu'il va puiser la force de continuer.
Ecrit à la 3ème personne, c'est toute la vie intérieure d'Antoine et l'ambivalence de ses sentiments face à cette période traumatique.
« Un loup pour l'homme » est encore en lice pour le Goncourt des Lycéens et je croise les doigts pour qu'il l'emporte tant ce livre est touchant.
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Antoine est appelé pour l'Algérie au printemps 1960 dans un moment où la thèse officielle est encore " le maintien de l'ordre" .
Antoine est jeune marié, sa belle épousée, Lila, 22 ans est enceinte et au vu de la situation, cette grossesse est prématurée. Mais le médecin consulté en Suisse refuse l'avortement.
Antoine ne veut ni porter, ni manier les armes et il demande à soigner, ce qui est accepté. Il sera donc infirmier à l'hôpital de Sidi bel abbès.
Lila, très déterminée le rejoint en Algérie pour donner naissance à leur premier bébé.
Brigitte Giraud raconte de manière sobre et sensible ce que vivent Antoine et Lila dans ce pays au bord de l'explosion. L'auteure dresse le portrait de quelques hommes engagés malgré eux dans ce déchirement.
Elle nous fait sentir la lumière, la chaleur, les couleurs et les sons de là-bas. Avec Antoine, on va percevoir peu à peu le changement d'ambiance, on va découvrir la violence, les premiers morts, la méfiance qui s'installe avec ceux qu'on cotoyait jusqu'alors. On a l'écho de ce qui se passe dans l'ombre, mais dont les appelés ne mesurent pas la pleine réalité.
Ce livre est comme un témoignage, sans jugement, sans parti pris, une histoire de vie avec au fil du récit des petites choses distillées pour nous permettre d'approcher le quotidien et les sentiments de ces jeunes hommes qui n'ont pas choisi ce combat.
Outre Antoine et Lila, il y a aussi Oscar, un jeune appelé qui a perdu une jambe dans des circonstances terribles qui seront révélées à la fin, auquel Antoine s'attache, dont il se sent responsable. Oscar ne parle plus, c'est ce qu'il a trouvé comme technique pour différer son "renvoi" en métropole et Antoine sera le seul avec lequel il peut s'épancher.
Un beau récit, que je recommande.

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L'histoire s'intéresse principalement à trois personnages: Antoine qui doit partir en Algérie, il sera infirmier à l'hôpital militaire Sidi-Bel- Abbés. Lila, sa compagne, enceinte, le rejoindra. Et Oscar, u, jeune soldat blessé très lourdement.
Antoine subit ce conflit, il doit soigner avec ce qu'il peut, il apprendra à vivre avec la terreur. Et il y aura ce secret terrible d'Oscar.
Ce sera aussi compliqué d'apprendre à se connaître avec sa jeune compagne.
C'est l'histoire des parents de Brigitte Giraud.
Un roman fort sur la guerre d'Algérie, les horreurs de cette guerre.
Une belle écriture, beaucoup d'émotion.
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Autour d'Antoine, jeune appelé, infirmier vite formé et envoyé en Algérie dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre en 1960, tournent deux autres personnages. Lila, sa femme, vite épousée et qui attend un enfant, et Oscar, un soldat blessé, amputé, tiraillé.

Dans une Algérie peinte sans folklore et avec un regard aiguisé, l'auteure nous invite à rejoindre la troupe. On entre dans les baraquements, on dîne à l'odinaire, on va au rapport et on participe aux opérations, on guette les insurgés, on a peur, on panse les blessés. Mais pas seulement, on partage aussi la vie de tous les jours, celle des habitants, la vie simple des gens, des européens et des algériens.

A travers les trois personnages et leurs relations, c'est aussi l'amour dans ces temps agités qui est relaté. L'amour d'Antoine pour Lila perturbé par l'irruption d'Oscar dans sa vie. La relation entre les deux hommes se tisse lentement, patiemment, comme une source de rémission qui distille peu à peu sa prophylaxie. Dans cette ambiance de plus en plus lourde, de plus en plus incertaine, c'est un point d'accroche, une main tendue, une nécessité.

Sans jamais céder sur le fond, Brigitte Giraud nous dépeint une Algérie prise dans ses contradictions qui la conduiront à la déchirure brutale de 1962.Et comme c'est à travers le regard de jeunes appelés du contingent, des jeunes qui rêvaient de jeunes filles, de danse et de musique et d'insouciance, c'est avec une certaine neutralité que l'on comprend bien qu'il n'y a pas un camp du bien et un camp du mal. Et finalement c'est un berger du djébel qui nous l'apprendra.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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