Vivre vite

Il aura fallu vingt ans à l'autrice pour recomposer intérieurement

Toutes les choses insignifiantes, et pourtant érigées a posteriori en symboles vivants,

Toutes ces choses qui composent les jours, les heures et les minutes qui ont précédé l'accident inéluctable,

Comme autant d'événements anodins qui jalonnent le parcours d'un couple jusqu'à la séparation : fulgurante, tragique.

Ces jalons forment, chapitre après chapitre, des mises en garde, des avertissements, que seuls le lecteur et l'auteur expérimentent en tant que tels,

Laissant le destin d'un homme en cours, dans aucune lutte avec lui-même ou avec les éléments qui l'entourent.

Cest ici le tragique d'un simple fait divers : un accident de moto mortel au début de l'été 1999.

La machine infernale est en marche ; aucun homme ni aucune femme, même avec tout son amour, ne peut l'arrêter,

L'ivresse et le plaisir d'un matin d'été, frais et ensoleillé, tiennent à distance les raisonnements, les élucubrations,

Les "Si" romancés par les vivants, ceux qui restent après coup,

Quand il ne reste plus rien de la machine, du corps,

Que des morceaux brûlés, abîmés, presque incertains, gisant au sol,

Et auxquels seules les phrases, seul le récit peuvent essayer de redonner une forme et une âme.

Il se trouve que j'ai lu ce Goncourt 2022 juste après avoir lu le Goncourt 2023 ”Veiller sur elle”. Au début, franchement je trouvais que ce n'était pas du tout du même niveau et de loin. Cette sensation s'est un peu atténuée tout au long de la lecture, il y a un crescendo dans l'intérêt que l'on prête au témoignage et pour finir j'ai bien aimé ce livre.

Petite critique à chaud de ce Goncourt dont on m'avait simplement dit qu'il ne méritait pas son prix. Peut être est-ce par pur esprit de contradiction, mais j'ai été très agréablement surprise.
Le récit est tout entier tendu vers l'accident qui a coûté la vie de Claude, le mari de l'auteur en 1999. A travers la description des paramètres qui auraient pu être différents et ne pas mener vers cette issue fatidique, Brigitte Giraud redonne couleur et épaisseur à leur vie il y a 20 ans. Je ne suis pas sûre de saisir la visée de ce roman: catarsis, hommage, ...? Mais je salue le resultat: un texte dense, intense, qui parle de la perte sans fioriture et avec beaucoup de subtilité. J'étais un peu sceptique tout au long du roman mais à la fin, quand on peut prendre un petit pas de recul, avec l'impression d'être face à un tableau qui ne s'observe pas par petit bout mais dans son ensemble. J'ai pu voir le résultat de cette toile qu'elle a tissé: parler du deuil sans écueil.

Signature de l'acte. Accident. Déménagement. Obsèques. C'est ainsi que Brigitte Giraud résume le bouleversement de sa vie, lorsqu'en 1999, un accident de moto lui enlève Claude son compagnon.
Le couple vient alors d'acheter la maison dont il rêvait, pour y vivre avec leur jeune fils, autour de la musique pour lui et de l'écriture pour elle. L'auteure s'y installe seule avec son enfant. Vingt ans plus tard,lors de la vente de la maison, elle ressent le besoin d'étudier l'enchaînement des faits et des circonstances qui ont mené à l'accident, et elle imagine quelques instants arrêter le destin.
J'ai été très émue par ce témoignage poignant qui rappelle que la vie peut basculer en quelques secondes.

La narratrice exorcise sa peine en disséquant les circonstances ayant mené à l'accident de moto de Claude, son mari, dans les rues de Lyon. Au long des pages de ce court roman et des “Et si …?” le lecteur pénètre un peu dans l'intimité de l'histoire de ce couple et de ce qui a conduit à l'inéluctable. Je découvrais cette autrice avec ce roman , j'étais bien entendu influencé par le prix Goncourt, j'ai aimé son style direct et la douce tristesse qui imprègne ce livre. En racontant ces semaines précédant l'accident et les petites causes menant au grand effet, elle semble se débarrasser des images qui la hantent depuis 20 ans pour pouvoir reprendre vie après ce long deuil.

«Vivre vite» de Brigitte Giraud est un livre intime et introspectif, qui décrit les pensées et la frustration d'une jeune femme qui a perdu son mari dans un accident de moto.

Il est formé (ou du moins le titre des différents chapitres) au conditionnel passé. L'écrivaine a réussi à "ironiser le deuil" et se souvient surtout des beaux moments de la vie. Est-ce un récit thérapeutique ou un livre qui s'adresse à tout le monde, à travers l' universalité de la mort ? le roman nous fait, en tout cas, réfléchir sur la vie.

N.B.: cette critique participative a été rédigée par les élèves de notre cours de littérature
Lien : https://franskkulturhus.no

Qui ne s'est jamais perdu dans ses pensées, refaisant une scène loupée, se reprochant un mauvais choix. Et si ...
Dans ce livre Brigitte Giraud va jusqu'au bout. Ose. Ose imaginer ce qui aurait pu éviter le décès de son mari. Un courage inouï, qui nous captive, en admiration le lecteur imagine et perçoit le désespoir de celle qui ose défier le destin, alors qu'elle sait qu'elle ne pourra jamais rien y changer. destin qui est scruté à la loupe, aucun détail n'est oublié. Ce sont bien la somme de ces détails qui ont fait ce destin ...

Un voyage introspectif intime, bouleversant, dont on ne sort pas indemne.

Vingt ans après le décès accidentel de son Mari, la narratrice revient sur les heures, les jours, les événements personnels, familiaux, nationaux ou internationaux qui ont précédé cette terrible épreuve. Chapitre après chapitre, elle imagine ce qui aurait pu NE PAS se passer et aurait ainsi évité le drame. le style est dynamique, l'écriture claire et concise, cela donne un peu le vertige.
L'auteure a choisi de ne pas exprimer la douleur, les sentiments, la détresse qu'elle a du ressentir. Mais au fil des chapitres on devine aisément qu'elle a cherché encore et encore à comprendre, à expliquer pour tenter d'apaiser sa souffrance.
Cet ouvrage peut être déstabilisant pour certains lecteurs, mais il a le mérite d'offrir une approche originale du processus d'un deuil intolérable. Et quelle prise de conscience sur le fait que la destinée de chacun ne tient qu'à des petits riens.

Le fond : l'autrice revient sur le jour de l'accident de la route qui a couté la vie à son mari Claude en 1999. Et si ce jour-là, Claude n'avait pas pris cette moto ? Et si l'ingénieur d'Honda n'avait pas créé ce monstre d'acier ? Et si…
La forme : une écriture simple et directe.
Pour conclure, un livre personnel à la portée universelle, une rétrospection sur le cocktail hasard, coïncidence, et fatalité qui aiguille un destin. Et si, et si, et si… j'fais des détours dans le papier
 

Et si !
J'ai donc lu le prix Goncourt 2022, en à peine plus d'une journée.
Je m'attendais à une lecture difficile, style "l'anomalie" d'Hervé le Tellier, il n'en est rien.
Une lecture très simple, fluide, parfois trop dans le détail bien que le livre ne dépasse pas 200 pages (mais pourquoi nous expliquer que tel titre est issu de tel album, sorti telle année ? Franchement, on s'en moque un peu non ?)
Mais donc la lecture est simple ! J'avais ce livre chez moi depuis mon anniversaire dernier et c'est la récente critique d'un lecteur quant à un de mes livres qui m'a poussé à la curiosité.
Et si je n'avais pas croisé ce lecteur ?
Oui, la vie est faite de "si", de moments réussis et de regrets ancrés à jamais.
Que serai-je si la vie m'avait oté (elle l'a fait pourtant) un être cher ?
Aurais-je jeté sur un manuscrit tout la chronologie des evènements ratés ou regrettés ?
Aurais-je décroché...le prix Goncourt ?
A la dernière question, la réponse est non !
Sur le message final, je retiens ce que j'avais appris dans une fomation quant à la position managériale : si nous ne sommes pas toujours responsables, nous restons parties prenantes.
Je ne conteste ni le talent, ni l'écriture de Brigitte Giraud. Il y a de jolies phrases (dont une de 16 lignes !!!!!), de belles tournures, de sages reflexions. Et...ma perplexité quant aux critères d'attribution d'un prix aussi prestigieux.
Bref, j'ai posé 3.5 étoiles sur 5.
Et un petit clin d'oeil.
J'ai commencé la lecture jeudi matin, jusqu'à en arriver au passage où elle regrette que Claude n'ait pas écouté" Don't panic" de Coldplay. Je suis fan de Coldplay. Jeudi matin, je prends ma voiture, allume la radio et qu'est-ce qu'il apparait sur l'écran multimédia de la voiture ?
Allez, les paris sont ouverts !