Je referme ce livre avec le sentiment d'avoir pris une claque. Et d'avoir moi aussi, l'espace des quelques dizaines de pages de la fin, Vécu Vite.
La structure du roman est intrigante dès le début : cette litanie des Si, dans l'un des tous premiers chapitres, cette liste de choses qui ont eu lieu et mené à l'accident du mari de
Brigitte Giraud, mais qui, si elles n'avaient pas eu lieu, auraient peut-être mené à un résultat différent.
D'abord, je me suis demandé pourquoi se faire du mal en se posant toutes ces questions - avant de me rendre compte que c'est ce que nous faisons tous dans ce genre de situation.
Puis j'ai eu peur - pour les amis, pour la famille, pour tous ceux qui sont mentionnés dans ces nombreux Si : “Si je n'avais pas téléphoné à ma mère” serait-ce une accusation ? Comment peuvent-ils se sentir après cette lecture?
Mais non, ce ne sont pas des accusations - seulement ce besoin impérieux de mettre du sens là où il n'y en a pas, de comprendre l'incompréhensible, de mettre des mots sur ce vide qui pèse au milieu de tout.
Enfin, j'ai repoussé la fin - pourtant inévitable - et interrompu ma lecture pendant quelques heures avant d'y revenir, mûe par le besoin d'arriver au bout des choses. Les derniers chapitres sont grandioses - une montée en puissance, une angoisse qui grimpe, alors que les Si, si larges au début “Si je n'avais pas voulu vendre l'appartement” se transforment en des Si tous petits, des si insignifiants, et du coup terrifiants par leur impact : “Si Claude avait écouté Don't Panic de Coldplay, et non pas Dirge de Death in Vegas, avant de quitter le bureau” Une chanson de 3'27min au lieu de5'44min… A peine plus de 2 minutes qui peuvent - ont peut-être ? - fait toute la différence.
Un livre à lire donc, sur un sujet difficile mais terriblement bien amené.