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sur 1812 notes
Pâris a enlevé Hélène. Les Grecs demandent réparation. Mais Andromaque et Hector ne veulent plus la guerre, et sont prêts à perdre la face pour gagner la paix. Cassandre sait que l'inévitable est en marche.

Très bonne pièce, très caustique. Les répliques sont savoureuses, et les personnages sont superbes, mais au plus fort de leur médiocrité. Facile à lire, j'aimerais beaucoup assister à une représentation de cette pièce.

Une réplique d'Hélène, dans la scène 8 de l'acte I, m'a marqué: "Je n'aime pas beaucoup connaître les sentiments des autres. Rien ne gêne comme cela. C'est comme au jeu quand on voit le jeu de l'adversaire. On est sur de perdre." Quel cynisme!
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Une pièce en 2 actes que j'ai eu du mal à apprécier.
Le premier acte me semble très "savant", bourré de références à L'illiade, ce qui devait ravir ceux qui l'ont lu. de culture non classique, j'ai eu la désagréable impression d'une oeuvre "aristocratique", pas ouverte au petit peuple. Désagréable.
Le second acte était plus appréciable, j'y ai trouvé ce que j'y cherchais : les craintes de la guerre d'un écrivain de 1935. Troie c'est la France, les Grecs l'Allemagne, les plus illustres négociateurs ne pourront empêcher la guerre. C'est fin et compréhensible sans culture classique.
Et ça devient bon.
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Jean Giraudoux (1882-1944) s'est fait une spécialité d'adapter au monde moderne les mythes de l'humanité : mythes antiques ("Amphitryon 38", "La Guerre de Troie n'aura pas lieu", "Electre"), bibliques ("Judith", "Sodome et Gomorrhe"), germaniques ("Ondine") ou contemporains ("Siegfried"). Comme ses confrères Cocteau, Anouilh ou Sartre, il a eu le souci de faire passer par le biais de ce théâtre "hors d'âge" des préoccupations intemporelles, ce qui est logique, mais aussi des interrogations on ne peut plus modernes, je dirai même d'actualité.
Ce n'est jamais aussi vrai que dans "La Guerre de Troie n'aura pas lieu". Rappelons le cadre : nous sommes en 1934, la crise de 1929 n'en finit pas de répercuter ses conséquences néfastes pour les économies mondiales, la montée des périls s'accentue de jour en jour, l'Italie et l'Allemagne ont déjà basculé vers le fascisme, l'Espagne s'apprête à le faire, en France, les sympathisants d'extrême droite ne se cachent plus et passent même à l'action (émeutes du 6 février 1934)... Giraudoux est à la fois germanophile (cf. "Siegfried") et pacifiste. C'est pourquoi il décide, par cette pièce, d'appeler les Français à militer pour la paix.
Car le sujet de "La Guerre de Troie n'aura pas lieu", c'est bien ça : la guerre et la paix. Et rien n'est simple, parce que dans les deux camps il y a des partisans de la guerre et de la paix, Côté troyen, Hector, sa femme Andromaque, sa mère Hécube, sa soeur Cassandre sont pour la paix, le poète Démokos pour la guerre. Côté grec, le sage Ulysse est pour la paix, mais il a fort à faire avec certains de ses compagnons va-t-en guerre, tel le belliqueux Olax. Entre les deux camps, la belle Hélène, coquette "cascadante", coqueluche des Troyens qui ne veulent pas la laisser partir, Pâris, qui n'aime plus Hélène mais et ne se résout pas à la renvoyer, le soi-disant expert Busiris qui trouve les bons arguments "pour", et aussitôt après les bons arguments "contre", quand on lui montre où est son intérêt.... Mais finalement, la pièce est jouée dès le début : c'est la Fatalité qui aura le dernier mot, la guerre de Troie aura bien lieu.
Giraudoux a le don exquis de conjuguer gravité et légèreté, poésie, fantaisie et tragédie dans une pièce qui pourrait paraître historique, voire anachronique, mais qui est surtout intemporelle et universelle. Son propos est très brillamment illustré par une langue fluide, élégante et très évocatrice. Comme dans "Electre", le texte est primordial. On comprend que les metteurs en scène (Jouvet en tête) se soient pris d'engouement pour ces merveilleuses pièces de théâtre, chefs-d'oeuvre d'intelligence et de profondeur, de fantaisie et de poésie, qui constituent de magnifiques cadeaux pour les acteurs et les spectateurs.
Et j'ajouterai pour les lecteurs, le texte imprimé est tout également délectable.

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Relecture moderne de l'Iliade, la pièce de Giraudoux reprend la trame d'origine c'est à dire, l'enlèvement de Hélène de Sparte pour ensuite présenter deux points de vue : ceux qui sont pour une guerre éventuelle et ceux qui sont contre.
La pièce nous permet d'avoir un peu tous les points de vue des protagonistes jusqu'au vieillard troyen qui passe inaperçu. Un bon classique en somme !
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Je n'ai jamais vu la pièce et viens de découvrir le texte à la faveur de la boîte à livre au bout de ma rue.
Cette pièce (c'est aussi ce que présente la préface de cette édition) est une métaphore de la situation de l'époque, à la veille de la 2ème guerre mondiale. Je l'ai lue aujourd'hui comme un témoignage d'une époque culturelle et théâtrale que je connais mal, et c'est tout à fait intéressant.
Je n'ai jamais lu l'Iliade et les seules références que je connaissais étaient Là Belle Hélène version opéra bouffe et Ilium version space opéra de Dan Simmons.

Le style avec beaucoup de tirades, des allusions un peu appuyées et l'absence de mise en scène, rend l'exercice de lecture un peu fastidieux. La pièce  est bavarde voire même carrément ennuyeuse parfois. Quelques rares touches d'humour, beaucoup d'érotisme et de violence (dans le texte), une écriture plutôt moderne.
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La guerre de Troie n'aura pas lieu ? eh bien, si, L Histoire ou (et?) le Destin veut qu'elle ait eu lieu, mais comment en est-on arrivé là ?

Petit rappel de l'histoire : Tout à commencé un jour de banquet où la déesse de la Discorde qui n'était pas invitée (un peu comme Maléfique à la naissance d'Aurore ...) décide de lancer la Pomme de la discorde où il est écrit "pour la plus belle". Bien sûr, les déesses toutes aussi superficielles et orgueilleuses les unes que les autres demandent à Zeus (mâle dominant mais plutôt pleutre sur ce coup) de désigner LA plus belle. Celui-ci décide de confier cette tâche (si existentielle) à Pâris, un troyen (le plus beau de tous les humains) qui choisit la belle Aphrodite qui lui promis l'Amour de la plus belle des mortelles .... la fameuse Hélène. Sauf que Hélène, grecque d'origine, est mariée à Ménélas ... et c'est là que commence le drame : ils partent vers Troie rejoindre le père et roi de Troie, Priam. Ménélas, quant à lui rameute tous les rois des états grecs, qui en pinçaient tous pour la belle Hélène et lui avaient juré protection (Ulysse, Achille, .. pour les plus connu).

La pièce de Giraudoux, commence donc quand Hector, fils de Priam et frère de Pâris, rentre de guerre, en se disant qu'il a bien mérité un peu de repos et qu'il va enfin profiter de sa femme Andromaque (la célèbre Andromaque, bien connu des "raciniens") qui de surcroit, attend un petit (la fameuse pièce d'échange au coeur de l'ouvre de Racine). Et là, il apprend que son frère, Pâris n'est pas rentré seul et qu'Hélène est tellement bêeelle que personne ne veut qu'elle parte et puis tant pis s'il y a une guerre après tout ...
Le pauvre Hector ! Il tente tout pour éviter cette guerre, la persuasion auprès des hommes et d'Hélène, l'humiliation (en passant outre les gifles de Oiax et même la cour qu'il fait à sa propre femme) et la démonstration, avec Ulysse. Il est épaulé de sa soeur Cassandre, qui prédit tous les malheurs que cela engendrera sur Troie, mais comme Apollon a bien fait son boulot, personne ne la croit (je rappelle, qu'elle a le don de divination mais Apollon, furieux d'avoir été éconduit par la demoiselle, lui a retiré le don de persuasion) et de sa femme Andromaque (qui sent bien que c'est elle qui va perdre beaucoup dans l'histoire ...) qui essaye elle aussi de dire à Hélène de repartir en Grèce, en vain ...à la fin elle lui demande au moins d'aimer Pâris pour que les hommes ne meurent pas pour rien ...
De l'autre côté, chez les grecs, Oiax qui au départ, est très virulent et veut tuer Pâris pour l'affront fait à Ménélas et aux Grecs, ressort, après sa discussion avec Hector, plutôt raisonné et est prêt à repartir. Reste plus qu'à décider Ulysse, messager des grecs, qui lui n'est ni pour ni contre, ils s'en remet au Destin.
Le pire personnage est donc Demokos, le poète "guerrier", il trouve tous les faux prétextes pour que les autres aillent au combat (pas fou le gars, c'est pas lui sur le front ...): la fierté troyenne, les valeurs à défendre, les femmes à protéger, et enfin le mensonge.

Le destin fait que ...

Mais éloignons-nous un peu de la guerre de Troie car comme dans L Histoire, cette pièce sert de cheval de Troie à Giroudoux pour nous dire ce qu'il pense de la guerre, des décideurs, de la vanité des hommes et de la future guerre qui se prépare.
Nous sommes en 1935, aux prémisses de la 2nde guerre mondiale et Giraudoux, qui a combattu à la 1ère a bien senti dans l'atmosphère qui règne qu'une 2eme n'est pas loin de se déclarer. Et donc, clairement, les causes, ce ne sont pas pour une belle femme ou pour suivre un quelconque destin mais à cause des hommes et principalement ceux qui ne sont pas sur le terrain, les décideurs, les chefs (représenté par Priam) et les intellectuels, les patriotes sur le papier (Demokos, dans la pièce).

Un petit mot sur le style d'écriture, il use du mélange des genres entre la tragédie, la comédie et l'absurde (voire burlesque) : voir les citations. Il a su rester dans l'histoire grecque tout en parsemant des faits d'histoire contemporaine (a savoir sur la 1ère et la 2nde guerre mondiale) très habilement et intelligemment.

Un grand auteur !!
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Par son oeil de diplomate d'alors, l'auteur avec sa verve et son talent, récrira une entrée en guerre de passions et de fiertés blessées qui se grava dans l'Histoire de l'Antiquité.

Sans difficultés, les protagonistes apparaissent, s'installent et l'histoire se déroule avec limpidité et simplicité.

Alors que certain régime apparaisse au détriment d'autre qui s'impose, un conflit que l'on croyait pourtant impossible se prépare.

Paris, Achille, Priam et la belle Hélène ne sont plus mais les prénoms changeront et les belligérants s'affronteront sur un autre théâtre aux scènes toutes aussi sanglantes et effrayantes.

Pièce à lire et découvrir dans toute sa richesse littéraire et historique.
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J'ai terminé il y a peu la série netflix « Troie » et je l'ai beaucoup aimée, car l'univers de la mythologie me passionne depuis toujours. J'ai trouvé cette série beaucoup plus réussie que le film américain que nous connaissons tous. Elle était beaucoup plus fidèle au mythe d'origine. Bon, l'ennui c'est qu'on sait tous comment ça se termine... mais cela reste agréable à regarder pour les amateurs du genre.
Bref, quand je suis tombée sur l'oeuvre de Giraudoux, ça m'a donné envie de replonger dans cet univers.

La préface m'a appris que cette oeuvre était en fait une façon de dénoncer la Seconde Guerre mondiale et cela m'a quelque peu échappé à vrai dire. Cette pièce de théâtre date un peu et même si elle est encore très agréable à lire, son message d'origine ne saute plus aux yeux.

On n'en comprend pourtant pas moins bien le message de paix véhiculé. J'ai de plus beaucoup apprécié le côté délicieusement absurde de cette oeuvre et les plaisanteries subtiles (ou pas) qui la jalonnent. Un classique qui mérite d'être lu.
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Encore à mes yeux une réussite de Jean Girodoux, surtout placée dans son contexte: en effet le conflit légendaire n'est qu'un prétexte pour pointer l'inevitabilité de la guerre à venir: la seconde guerre mondiale.

Dans la fatalité de la pièce Girodoux cherche les raisons de la guerre à venir et d'une certaine manière de toute les guerres.

Une pièce que j'ai lu suite à une dictée qui m'en a fait découvrir un extrait (que j'ai ajouté pour les curieux), et une lecture que je n'ai en rien regretté. Riche et intéressante, mais aussi distrayante.

J'aimerais bien la voir un jour jouée.
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C'est une pièce des années trente, et qui marque l'inquiétude et le pessimisme de Jean Giraudoux, alors diplomate, face à la montée du nazisme et des périls en Europe. Une actualité est donnée au mythe de l'Antiquité.
Le renouveau du tragique dans un contexte difficile: le héros troyen Pâris et sa mère Hécube s'opposent à ceux qui ne voient dans la guerre qu'une occasion de se mettre en valeur...
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