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sur 710 notes
Une fois encore cette auteure a su me charmer avec sa plume, sa sensibilité et ses personnages remarquables. J'ai adoré Mathilde, quelle gamine, courageuse, malheureuse parfois, déterminée, combattante.
Très beau roman sur cette famille touchée par la maladie et tout s'écroule, il faut rebâtir ailleurs, autrement avec les moyens du bord parfois avec trois fois rien. C'est une histoire qui ne peut que toucher de voir combien cette petite fille va aller de l'avant, se battre, pour l'amour de son Paulo, protéger son frère, et faire le lien entre les membres de sa famille.
Je déplore, le manque de soutien de la grande soeur, autant qu'elle est infirmière, la maladie fait peur, éloigne, divise.
L'auteure a su mettre en avant, les difficultés de l'époque pour ceux qui n'avaient pas encore la chance d'avoir la sécu, eh oui la sécu on déplore son trou, ses cotisation élevées, mais on oublie combien elle sauve de vie au quotidien. Si Paulo aurait pu cotiser à la sécurité sociale, il aurait pu se faire soigner à temps et à fond au lieu de se contenter d'une radio elle gratuite mais pour le reste c'est système D. Fort heureusement, le sanatorium est ouvert aux tuberculeux payé par un fond de "solidarité' je n'ai pas bien compris ni approfondi ce point.
En toile de fond, il y a la guerre d'Algérie qui fait rage, une nouvelle époque se profile.
Le système social de l'époque et les cas des enfants laissés en famille d'accueil, c'est pile ou face, on tombe bien ou pas.
Mathilde m'a beaucoup touchée, du début jusque la fin, petiote, elle aurait fait tout pour que son père la regarde, la fasse danser, l'aime autant que sa grande soeur. Et pourtant, Mathilde sera sur tous les fronts, jamais elle n'abandonnera le combat, bravant les interdits, prenant des risques juste pour visiter ses parents au sanatorium.

Encore une belle prouesse de cette auteure qui sait retranscrire l'histoire avec justesse et émotion.


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Odile et Paulot, les parents irresponsables et immatures. Les enfants, Annie l'aînée, Mathilde née quelques années après la mort de leur petit garçon, mauvaise place dans la fratrie et Jacques le cadet presque invisible. Paulot tient un café-bar-guinguette, est généreux avec tous, fait beaucoup la fête le samedi soir, tout va bien. Odile supporte tout par amour pour son Paulot. Annie la princesse de ses parents, danse le samedi soir avec son père. Mathilde arrivée par erreur alors que ses parents ne voulaient plus d'enfant, en plus une fille que Paulot appellera son p'tit gars, n'aura de cesse de gagner en vain l'amour de son père. Jacques le petit, l'invisible.

Dans le monde de ces gens, il n'y a que le présent qui compte. Alors quand la maladie fait son apparition et touche Paulot, c'est le drame. Il part au sana, les clients désertent le café à cause de la contagion, Odile doit cumuler les petits boulots et se décharge largement sur Mathilde.

Mathilde encore enfant fait face prenant la place petit à petit de sa mère.

Paulot sort du sana, continue à fumer comme un pompier, continue à faire la fête quand il peut. Mais la misère est là. de déménagement en déménagement, de boulot raté en boulot raté, aucun des deux ne voudra redevenir salarié, pourtant la sécurité sociale aurait pû prendre en charge les frais médicaux. La faim est là aussi et partager une boite de sardine à quatre un soir de Noël, dans un plat d'argent n'est guère réjouissant.

Annie, l'aînée a déjà fui le domicile familial, profitant de son âge pour rencontrer l'élu de son coeur, son futur mari. Tous les prétextes seront bons pour éviter d'aider ses parents et sa fratrie.

Paulot retombe malade, Odile est malade à son tour. Les deux partent au sana en laissant leurs enfants comme ça, sans regrets, sans remords, sans inquiétude. Loin du tracas de la vie courante Odile va revivre une lune de miel avec son Paulot tout à elle au sana.

Mathilde et Jacques sont placés séparément dans des familles d'accueil.

Commence le combat le plus violent, le plus épuisant pour Mathilde. Sortir de sa famille d'accueil, revivre dans la maison familiale pourtant placée sous scellés, faire en sorte que Jacques puisse venir vivre avec elle, rendre visite à ses parents le samedi dans une indifférence parentale assez choquante, étudier pour avoir son diplôme de comptable, travailler pour faire vivre sa famille, sans aucune aide de sa soeur évidemment, sans aucune aide des anciens amis des parents qui ont déserté le navire eux aussi pour cause de contagion. Anciens amis, élus à la mairie qui refuseront d'aider financièrement les enfants.

On dira plus tard à Mathilde : “mais tu arranges tout à chaque fois.” Ce sont ces mots que je retiendrai dans cette histoire, Mathilde vaillant petit soldat qui pourtant n'a pas le choix, elle est bien obligée de tout arranger pour survivre.

le style de l'auteure est percutant et émouvant. J'ai suivi le combat de Mathilde le coeur serré, l'irresponsabilité des parents avec colère et la fuite d'Annie avec rage.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Ce livre m'a profondément touchée. Charmée par une écriture sensible, j'ai accompagné Mathilde dans ses tourments, ses rêves et ses blessures.
Ce roman n'est pas qu'une simple histoire de vie, il est aussi porteur de messages et de réflexions sur l'histoire et l'humanité.
Une perle ! A lire absolument.
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Cette année (participation aux match de la rentrée littéraire chez PM) je décide de découvrir une nouvelle auteure : Valentine Goby. J'ai lu beaucoup de bien sur les blogs amis et notamment sur son livre " Kinderzimmer ".

La belle couverture dont les Editions Actes Sud ont le secret attire mon attention également alors je me décide pour ce livre.

Dans cette histoire on plonge dans l'univers de Mathilde Blanc.

Dans celui de sa famille : ses parents Odile et Paulot, sa grande soeur Annie et son petit frère Jacques.

Au tout début l'atmosphère est à la fête : les parents tiennent un café en bord de Seine, c'est les guinguettes, les flonflons du bal, c'est froufrou, Étoile des neiges... le folklore des cafés, les bords de Seine, des airs qui nous reviennent. Jours de bonheurs d'amours et d'insouciance.

On se retrouve comme dans une photographie en noir et blanc de Doisneau et c'est agréable de "revoir" cette période sous la plume de Valentine Goby.

Mais hélas très très vite, la maladie et le malheur vont frapper cette famille. C'est la tuberculose qui va s'immiscer dans l'union de cette famille.

Valentine Goby dresse dans ce livre le portrait de la société des années 50 - 60 en se penchant sur ce qu'elle n'a pas de très glorieux...

C'est par le combat quotidien de Mathilde que l'on va mesurer le malheur et l'éclatement dans le dénuement de ce noyaux familial. La famille Blanc est tout simplement éclatée de force.

Mathilde croyez moi c'est une sacré jeune fille ! Elle n'aura de cesse d'essayer de préserver l'unité familiale. Coûte que coûte, sans relâche... Tout ceci au détriment de sa jeunesse, de sa liberté et de sa santé ...

Vraiment Mathilde est une enfant et une jeune adolescente puis une femme qui force l'admiration.

Elle m'a vraiment touchée. Et quand un jour, elle n'en peut plu, j'ai éprouvé pour elle énormément d'empathie.

Ouf, heureusement quelques mains tendues arrivent, pas celles que l'on attendait mais des bonnes personnes comme cette amie un peu simple Jeanne, ou encore une directrice de collège Mme Lefebre,ou bien encore un ambassadeur algérien Walid.

La tuberculose effraie beaucoup, elle isole les malades et désunit les familles...

Le sanatorium est un refuge, une enceinte de protection intérieure et extérieure.

Un paquebot dans les arbres où les Odile et Paulot vont vivre ensemble, forts de leur amour.

J'ai vraiment apprécié de découvrir l'histoire de cette jeune fille, qui traverse tant d'épreuves et qui arrive à force de courage et d'abnégation à s'en sortir.

Oui Mathilde est revenue de loin ! (j'ai dans la tête la chanson de Jacques Brel même si elle ne raconte pas la même histoire elle parle d'une Mathilde à fort caractère !)

Valentine Goby a une plume qui embarque, on visualise bien les lieux et on ressent physiquement les choses.

Une chose m'a décontenancée, le choix du narrateur... J'ai eu beaucoup de mal à le ou la cerner... Narrateur omnipotent, narrateur témoin ou confident...

La fin permet de nous en faire une idée mais j'aurais aimé que le narrateur se positionne davantage...

Lors de ma dernière lecture je vous avais annoncé que je souhaitais une lecture plus légère ... et en compagnie de mon Bounty ... soupir :-( tristesse...

Ce ne fût pas le cas, mais grâce à la volonté farouche de Mathilde cette lecture m'a donnée de bonnes leçons de vie. L'important c'est de ne jamais baisser les bras et si parfois c'est trop lourd on a le droit de s'accorder un peu de lâcher prise ou même d'être un soupçon égoïste ...

Cette lecture je l'ai vu comme un portrait de la société française des années 50-60 à travers le parcours de Mathilde. A cette époque la sécurité sociale était à ses débuts et ne concernaient pas tout le monde. Il est bon de se rappeler tous les avantages que nous avons désormais et qu'il nous appartient de conserver.

Valentine Goby fait aussi entrer aussi dans l'actualité de ces années là, la guerre d'Algérie. Les évènements algérien comme on le disait à l'époque...Elle le fait par le prisme de la presse et des jeunes hommes ayant participé à cette terrible guerre (le frère de Jeanne, un fiancée, un ambassadeur Walid...). J'ai aimé le parallèle que l'auteur fait entre l'histoire de Mathilde et celles des algériens.

Une belle lecture poignante,
Une histoire d'amour de la famille
Un portrait dérangeant dans une vision idéalisée de l'époque des 30 glorieuses.
Et un portrait féminin tout en rage et fragilités.

Mathilde mérite votre bon coeur chers amis !

Alors bonne lecture à vous !

Une note : 17/20



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Ce que j'aime dans les romans de Valentine Goby, c'est qu'elle me raconte à la fois une histoire qui me touche et qu'elle élargit mon champ de connaissance. Après les Kinderzimmer de son précédent roman, elle nous invite à découvrir le sanatorium d'Aincourt où vont séjourner les parents de Mathilde.
Nous sommes dans les années 50, époque à laquelle la Sécurité sociale était presque exclusivement réservée aux salariés. Or les parents de Mathilde sont cafetiers et atteints de la tuberculose. Valentine Goby nous raconte les difficultés de se soigner quand on est pauvre, la double peine d'être à la fois malade et rejeté par les autres villageois qui craignent la contagion, l'amour d'une fille pour ses parents, la logique implacable des services sociaux qui se contentent d'appliquer des schémas type au lieu de considérer la situation particulière de la famille Blanc et les désirs profonds de chacun de ses membres. Si l'argent manque cruellement chez les Blancs, l'amour familial est bien présent : la belle complicité d'Annie et de son père, celui presque exclusif d'Odile pour son mari Paulot, celui de Mathilde pour son père et pour son frère. Malgré son jeune âge, Mathilde n'aura de cesse de s'occuper de ses parents et de son frère, au risque de s'oublier et d'y laisser sa santé.
Je me suis beaucoup attachée aux membres de la famille Blanc. J'ai admiré la force de Mathilde qui fait tout pour prendre soin de ses parents, pour leur permettre de se soigner, pour récupérer son frère dont elle est séparée puisqu'ils sont tous deux placés dans une famille d'accueil différente au moment où leurs parents intègrent le sanatorium pour y être soignés. A l'heure où les jeunes de son âge vivent de manière insouciante, Mathilde rend visite à ses parents chaque semaine, et ça lui prend du temps car le sanatorium est situé loin chez elle. Elle se creuse les méninges pour trouver de l'argent pour vivre tout simplement. Fort heureusement, à un moment de sa vie, la chance semble lui être plus favorable grâce à l'aide de la directrice de l'école où elle apprend la comptabilité. Valentine Goby nous montre qu'il n'est pas facile d'accepter du soutien quand on a eu à se battre toute seule depuis si longtemps. J'ai beaucoup aimé tous les passages traitant de la relation entre la directrice et Mathilde.
Encore un très bon moment de lecture en compagnie de Valentine Goby.
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Un paquebot dans les arbres de Valentine Goby est un roman très touchant, que j'ai emprunté à la bibliothèque.
Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de l'enfance quand la tuberculose envoie son père et, plus tard sa mère, au sanatorium d'Aincourt. La tuberculose va entrer dans la vie de la fillette et changer sa vie. Ses parents, alors cafetiers, vont avoir une vie très différente de ce qu'elle était.
Ce roman est bien ficelé, l'histoire bien écrite et j'ai apprécié que l'auteure traite avec beaucoup de pudeur de l'entrée de la maladie dans la vie de cette famille. La tuberculose est une maladie que je connais mal, le sujet m'a donc beaucoup intéressé.
Mathilde est très attachante, sa vie n'est pas facile et certains passages sont très tristes.
Cet ouvrage est bien ficelé, je l'ai lu très rapidement et j'ai apprécié ma lecture.
C'est le second roman que je lis de cette auteure mais pas le dernier, je la relirais avec plaisir.
Je mets quatre étoiles :)
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Je trouve la couverture de ce livre magnifique. Cette enfant pleine de vie, sautant dans les herbes me fait penser à une figure de proue, en adéquation avec le titre.
La quatrième de couverture, quant à elle, ne me prépare pas à la descente aux enfers que je vais vivre avec cette famille si unie, même dans l'adversité, surtout dans l'adversité.
L'auteur s'attaque, avec beaucoup d'humanité et une très belle écriture, à des sujets difficiles.
( cf : « Kinderzimmer » ).
Ce livre m'a directement touchée au coeur et je l'ai lu avec souvent les larmes aux yeux.
Et pour cause. le sujet me touche de près puisque ma mère est morte de tuberculose. Elle a connu le sanatorium, le pneumothorax , la difficulté à respirer, la perte de poids etc. Mes parents non plus n'avaient pas la Sécurité Sociale. Mon père s'est ruiné pour essayer de sauver sa femme.Toutes choses qui m'ont été cachées, pour me préserver, et que je découvre, avec horreur, dans ce livre.
Et je comprends seulement aujourd'hui que l'ostracisme que j'ai subi, ( terme que je ne connaissais évidemment pas à l'époque ) comme Mathilde, venait simplement du fait que ma mère était morte de la " peste blanche " et que les gens avaient peur de la contamination. Dans ces années-là, cette maladie faisait peur, avec raison, un peu comme le sida aujourd'hui.
Quelle drôle de critique, me direz-vous. C'est vrai. Elle est trop personnelle. Mais c'est ainsi que j'ai vécu ma lecture, je ne peux le cacher.
Toutefois, je n'ai pas vécu ce qu'a vécu Mathilde " fille étymologique ", j'ai été protégée.
J'admire le courage et la ténacité dont elle a fait preuve ainsi que sa capacité de résilience, d'autant plus qu'il s'agit, si j'ai bien compris, d'une histoire vraie.

Quant aux événements relatifs à l'Algérie et à son indépendance, même si un de mes frères était directement concerné, ils ne m'ont pas particulièrement intéressés.
J'étais obnubilée par la vie des " tubards ".

Ce livre, pour des raison très personnelles restera à jamais dans ma mémoire. Si j'en ai le courage, je le relirai un jour... peut-être...
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Un paquebot dans les arbres ou l'histoire d'une famille qui se dérobe hors de la terre. Un père diminué par la tuberculose, ensuite la mère, entre ces deux là, trois enfants dont Mathilde. Mathilde c'est ce bébé qui entend comme premiers mots déçus «c'est une fille » de ce père qui rêvait d'un fils pour remplacer celui mort cinq ans plus tôt.

Quand la maladie emmène les parents au sanatorium, les enfants sont tirés et ballottés en zone sûre, loin de la maladie mais plus loin encore du cocon familial, de l'harmonica du père, du besoin pressant que Mathilde nourrit de tendre vers la fierté et l'admiration de son père et tant pis si elle n'est qu'une fille.

Le sablier coule, emporte les rêves, et sème de la misère comme tombe la pluie.

Je ne suis pas vraiment parvenue à rentrer dans ce roman, je n'ai pas trouvé les émotions, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages.
Dans le même style, le roman qui m'avait davantage bouleversé c'est « Le château de verre » de Jeannette Walls. Même style d'histoire mais bien plus accrochante et plus parlant. Ce n'est que mon maigre avis bien-sûr, les romans c'est comme les sentiments, chacun regarde et ressent là où quelque chose ou quelqu'un lui murmure à l'oreille ce qui fait battre le coeur.
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J'ai caché
Mieux que partout ailleurs
Au jardin de mon coeur
Une petite fleur

Cette fleur
Plus jolie qu'un bouquet
Elle garde en secret
Tous mes rêves d'enfant…
…L'amour de mes parents… - Petite fleur de Sidney Bechet

Petite fleur... les mots de Bechet, tels une ritournelle qui ne connaîtra aucune fin, si ce n'est la fatalité physique de la mort qui nous arrache aux gens que l'on aime. Petite fleur, immortelle, enracinée dans les souvenirs ressurgissant de l'enfance... Mathilde a besoin de nous raconter cette histoire qui, aux yeux de l'auteure, n'est rien de moins qu'une histoire d'amour entre la petite fille de jadis et son père. Cinquante ans après sa mort, comme un pèlerinage de mots et d'émotions, elle retourne sur les ruines du sanatorium d'Aincourt où il a fini ses jours, dans les années 30, atteint de tuberculose.

J'entends sourdre la mélodie de Bechet... « Elle garde en secret, Tous mes rêves d'enfant »... Les odeurs se sont effacées, pour mieux oublier, je suppose, mais il reste les images, les regards inquiets, les rêves bien sûr, nourrit d'espoir. Elle sortait à peine de l'enfance, ne comprenant pas bien toutes ces agitations autour d'elle, autour d'eux, ce grand vide, une nouvelle famille et ce que pouvait bien signifier un sanatorium. La tuberculose, les bacilles, le sang qui s'écoule de la bouche. Elle mettra des années à saisir l'ampleur de ces mots. Ce père qui ne sera plus jamais le même homme. C'est donc que là-bas, dans ce lieu que l'on nomme sanatorium, on devient quelqu'un d'autre? Tant de questionnements auxquels Valentine Goby nous amène à réfléchir : le sens de la famille, l'amour inconditionnel, les responsabilités de chacun quand la famille éclate. Mathilde, encore si petite pour tout porter sur ses seules épaules, rembourser les dettes, prendre soin de son petit frère, nourrir ses parents, sauver la maison de la Roche, hypothéquée, étudier et gagner sa croûte. Au milieu du tumulte, se faire discrète, invisible, rester tranquille, parce qu'il y a déjà suffisamment de soucis. Et sa soeur Annie, détachée de tout...

« Son ventre est une permission de repli supplémentaire contre lequel tout reproche se fracasse.
La grossesse est une île. »

J'entends sourdre la mélodie de Bechet...

« Dans mon coeur, Tu fleuriras toujours, Au grand jardin d'amour »…

Au café le Balto, un homme souffle des notes dans un harmonica Hohner. C'était le bon vieux temps, le temps d'« avant ». Son harmonica posé sur une table basse, il prit Odile dans ses bras pour danser un slow. Sur le pont d'un paquebot...

« Une femme et un homme se mettent à danser. Serrés, sur leur bout de terrasse. C'est une salle de bal sur le pont d'un paquebot, on en oublierait presque les côtes manquantes, les lobes tranchés, les cavernes ouvertes, les bras quasi noirs du père et l'eczéma qui ronge sa peau… »

Sur mes vingt ans
Je m'arrête un moment
Pour respirer
Ce parfum que j'ai tant aimé

N'aies pas peur
Cueillie au fond d'un coeur
Une petite fleur
Jamais ne meurt



Merci mon sweet manU pour ce « roman solaire ». Mathilde est une femme forte et pleine de vitalité, comme je les aime. Elle avait besoin d'amour et de reconnaissance, du regard fier de son père. Je crois qu'elle l'a compris, un peu plus tard...

Merci à Valentine Goby d'écrire d'aussi beaux romans qui me charment et m'enchantent.
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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La campagne profonde dans les années 50, les campagnes de vaccination progressent mais la tuberculose fait toujours des ravages et remplit les sanatoriums. Un sujet douloureux abordé avec force au sein d'une famille en marge des bénéficiaires de la sécurité sociale : le père, Paulo, tient le café le Balto, aidé par Odile la mère. Lorsque a maladie frappe, c'est Mathilde, 9 ans, qui va tenter coûte que coûte de maintenir la cohésion familiale malgré la débâcle financière et sociale. J'ai été bouleversée par ce roman basé sur un témoignage véridique : c'est poignant, sobre et bien écrit.
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