J'ai hésité à intituler mon billet « Dirty Sexy Money », en référence à la nouvelle série de Canal que j'ai découvert il y a quelques semaines et que j'ai beaucoup appréciée. L'histoire d'une des familles les plus riches de New York, les Darling, qui vivent dans le l'opulence et le luxe. Une série mordante et sarcastique à prendre au 2ème degré, sur la duuure vie des riches (et où ma préférence va à Brian Darling, le prêtre… Enfin, bref, je m'égare déjà…)
Luxe, c'est d'ailleurs le titre original de ce roman américain, traduit par
Rebelles en français. On note d'ailleurs un bandeau d'un joli rose girly qui nous annonce que c'est LE livre « insolent et glamour » que « les filles s'arrachent aux USA ». Les filles. Parce qu'il s'agit bien de ça : un roman pour filles. Ados ou ados attardées comme moi.
Rebelles est donc à mon sens un Dirty Sexy Money dont l'intrigue se joue à Manhattan, en 1899 au tournant du siècle. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont pleins aux as et leur vie n'est que luxe, calme et volupté. Enfin, en apparence. Si tout semble lisse, comme peut l'exiger toute société mondaine qui se respecte, les ongles s'aiguisent en réalité dans l'ombre, et les perfidies se trament dans les recoins obscurs des grandes demeures new yorkaises.
Pour être honnête, ce roman est absolument bourré de défauts… que je me permets de lister, parce qu'ils sont trop gros pour qu'on puisse passer à côté :
- En premier lieu, les personnages principaux manquent d'étoffe et sont souvent à l'extrême limite de la caricature : Elizabeth est froide et fade, Pénélope est l'incarnation parfaite de l'odieuse méchante que l'on déteste d'emblée et à qui l'on ne souhaite que du mal (vous savez, c'est par exemple l'Elisa de Candy ou la Lavinia de Princesse Sarah… Ces petites pestes que l'on déteste parce qu'elles martyrisent la douce héroïne…), Henry est le vil et impénitent séducteur etc, etc. Seule peut-être la vive et effrontée Diana tire son épingle du jeu et offre un personnage plus nuancé.
- Il n'y a absolument aucun fonds ou vraisemblance historique dans la société américaine qui est décrite : a-t-on déjà vu des filles de bonne famille glisser des billets dans les mains de jeunes inconnus pour se faire vilement séduire dans les vestiaires ou fumer en cachette ? Les femmes portaient-elles des robes à décolleté vertigineux toute la sainte journée ? Conduisaient-elles elles-mêmes des Phaétons comme des Fangio en jupe ? Je vous dis, ce sont les Darling que l'on a costumé à la mode du XIXème siècle et que l'on fait évoluer dans un décor tendance et suranné.
- Il y a tout au long du roman des poncifs dignes des romans Harlequins (que je n'ai jamais lus, mais c'est tout à fait l'image que je m'en fais… ^^), comme par exemple la riche héritière prête à se damner pour un flirt dans le foin avec son rude mais ô combien sexy palefrenier…
- le style est scandaleusement mauvais (à moins que ce ne soit le résultat de la traduction, mais j'en doute…). On a ainsi pléthore de descriptions absolument inutiles sur la couleur et la matière des robes de ces demoiselles, le bois des parquets ou le tissu des bergères, l'étoffe des rideaux ou la couleur des chevaux. Etc. Etc. C'est tellement empesé que ça frise le ridicule. Ou qu'on a l'impression de lire le mauvais remake d'une description vestimentaire du catalogue de la Redoute, agrémenté d'un article de Maisons et Jardins :
« Avec sa tenue en faille noire au décolleté carré, à la taille ajustée et sa jupe volantée, elle semblait particulièrement menue à côté de Buck (…). Ils étaient seuls dans le grand salon aux fauteuils français recouverts de soie à rayures bleues et blanches, sous son plafond de huit mètres de haut. »
Et quand ce n'est pas ça, ce sont des répliques de dialogues cultissimement kitsch comme : « Vous avez l'air d'un prolo, Henry. » :) ) Fallait penser à la sortir quand même, celle-là, hein ?
- L'intrigue est cousue de fils blancs et même avec la fièvre de cheval qui me terrasse depuis deux jours, et ma toute petite capacité de concentration, on voit tout de suite de quoi il en retourne et comment les choses vont évoluer. C'en est presque trop facile.
Bon. Ça fait beaucoup tout ça, je vous l'accorde.
Et là, vous vous dites : « Ben, tiens, elle a dû oublier de rectifier la note qu'elle octroie au bouquin. Il y a un incompatible 4/5 qui s'affiche. »… Eh bien non ! J'ai bien mis, et je maintiens, un 4/5. Car je dois humblement l'avouer, bien que bourré des défauts les plus rédhibitoires, j'ai passé un très agréable moment avec ce livre.
C'est une lecture tout à fait divertissante, où les méchants sont vraiment méchants, les gentils, vraiment gentils, les laissés-pour-compte vraiment pathétiques et les histoires d'amour soooo romantic !
Je me suis laissée bercer par le rythme du roman, volontairement « too much » pour me délecter de ces histoires de gosses de riches qui n'ont de préoccupations que l'argent et l'amour. Finalement, à sa mesure, c'est très Sex, Drugs and Rock'n Roll. Les Darling, vous dis-je. Les Darling.
Bon, ok, il faut peut-être se dire qu'on lit ce roman avec seulement 2 neurones de connectés. Mais quand on l'a fait, c'est vraiment stimulant de suivre l'histoire de Diana, Elizabeth, Pénélope, Henry et Will. Chaque chapitre s'ouvre sur un billet « manuscrit » ou un extrait de magazine people de l'époque et on déborde vraiment d'envie de lire la suite. D'ailleurs, je crois qu'il y a un deuxième tome en préparation et oui, j'ose avouer que je connecterai de nouveau seulement deux neurones pour savoir si la méchante Pénélope obtiendra gain de cause… (naaaan, spa possible, mais c'est bon d'essayer de se faire peur…)
Et comme quoi, il m'est arrivé quelque chose que je ne croyais pas possible : trouver un roman mauvais et prendre cependant beaucoup de plaisir à le découvrir. Parce que les poncifs, c'est bon aussi pour le coeur : ça le conforte dans des images sécurisantes… Vanitas vanitatum, et omnia vanitas…
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