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Citations sur Ferdydurke (82)

L'homme dépend de l'image de lui-même qui se forme dans l'âme d'autrui, même si c'est l'âme d'un crétin.
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L’être humain ne s’exprime pas de façon directe et conforme à sa nature, il passe toujours à travers une forme définie. Cette forme, ce style, cette manière d’être ne viennent pas seulement de lui-même, mais lui sont aussi imposés de l’extérieur — et voilà pourquoi le même individu peut s’extérioriser sagement ou au contraire sottement, sanguinairement ou angéliquement, avec ou sans maturité, en fonction du style qui lui échoit et de sa dépendance à l’égard d’autrui. Si les vers et les insectes sont toute la journée à la recherche de nourriture, nous passons notre temps, nous, à la poursuite de la forme, nous nous battons avec d’autres hommes pour un style et un genre de vie.
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De nos jours des peuples entiers savent, au même titre que les individus, fort bien organiser leur vie psychique et ils sont très capables de créer des styles, croyances, principes, idéaux, sentiments selon leur désir et en fonction de leur intérêt immédiat ; mais ils ne peuvent vivre sans style ; et nous ne savons pas encore comment défendre notre fraîcheur intime contre le démon de l'ordre. Il faudra de grandes inventions, des coups puissants assenés sur la cuirasse de la Forme par des mains nues, il faudra une ruse inouïe et une réelle honnêteté de pensée, et un extrême affinement de l'intelligence, pour que l'homme, débarrassé de sa raideur, puisse concilier en lui la forme et l'absence de forme, la loi et l'anarchie, la maturité et la sainte immaturité.

(P. 125)
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Galkiewicz : Ça ne bouleverse personne. Ça n'intéresse personne, ça ennuie tout le monde. Personne ne peut en lire plus de deux ou trois strophes. Oh, mon Dieu ! Je ne peux pas...

Le professeur : Galkiewicz, c'est inadmissible. La grande poésie, étant grande et étant poésie, ne peut pas ne pas vous enthousiasmer, donc, elle vous enthousiasme.
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Je pressens (...) que bientôt viendra le moment du Grand Tournant. Le fils de la terre comprendra qu'il ne s'exprime pas en accord avec sa nature profonde, mais dans une forme artificielle qui lui est douloureusement imposée du dehors, soit par les hommes, soit par les circonstances. Il en viendra donc à avoir peur et honte de sa forme, alors que jadis il la révérait et s'en glorifiait. Nous nous mettrons bientôt à redouter notre personne et notre personnalité en discernant qu'elles ne sont pas pleinement nôtres. Et au lieu de meugler : "Voilà ce que je crois, voilà ce que je sens, voilà ce que je suis, voilà ce que je soutiens", nous dirons avec humilité : "Quelque chose en moi a parlé, agi, pensé..."
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Chacun porte son bonheur en soi.
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- Qui est là ? répéta-t-il avec circonspection, soucieux de ne pas se montrer ridicule au cas où il n'y aurait eu personne.

P. 374
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- Oui, M. le Professeur, dit le directeur avec fierté, ce corps enseignant recruté avec soin est exceptionnellement pénible et désagréable. Vous ne trouverez pas ici un seul corps agréable, ce ne sont que des corps pédagogiques, et si la nécessité me contraint parfois à engager un maître assez jeune, je veille toujours à ce qu'il possède au moins une particularité repoussante.
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Je ne connais rien de plus affreux qu’un être humain à qui un autre être humain a fabriqué une gueule. Tout est bon au second pour renforcer le premier dans le ridicule, la mascarade, le grotesque, car la laideur accrue de l’un nourrit la beauté de l’autre. Croyez-moi : le cucul qu’on peut fabriquer à un autrui n’est rien en comparaison de la gueule !
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Dites-moi votre avis : ne pensez-vous pas que le lecteur n'assimile que des parties et de manière partielle ? Il lit une petite partie, un morceau, puis il s'arrête avant d'aborder le suivant, parfois même il commence par le milieu ou par la fin et va à reculons vers le début. Plus d'une fois il parcourra quelques morceaux et abandonnera, non pas que ça ne l'intéresse pas, mais tout simplement une autre chose lui est venue à l'esprit. Et même s'il lisait le tout, pensez-vous qu'il concevra une vision globale  et qu'il comprendra les relations  harmonieuses des différentes parties s'il n'en est pas instruit par un spécialiste ? Ainsi un auteur doit peiner pendant des années, il coupe, il arrange, il enlève, il recolle, soufflant et suant, pour qu'un spécialiste dise au lecteur que la construction est bonne ? Mais allons plus loin, entrons dans le domaine de l'expérience personnelle. Est-ce qu'une sonnerie de téléphone ou une mouche ne risquent pas d'arracher quelqu'un à sa lecture au moment précis où toutes les parties constituantes convergent vers l'unité d'une solution dramatique ? Et que se passera-t-il si le lecteur voit son frère, supposons, entrer dans la chambre pour lui dire quelque chose ? La noble tâche de l'écrivain est gâchée à cause d'un frère, d'une mouche ou d'un téléphone. Pouah, vilaines mouches, pourquoi vous attaquer à une race qui n'a plus de queue pour se protéger ? Considérons ceci de surcroît : cette oeuvre unique et exceptionnelle que vous avez élaborée, ne fait-elle pas partie d'un ensemble de trente mille autres, non moins uniques, qui paraissent chaque année avec régularité ? Détestables parties ! Devons-nous construire un tout pour qu'une parcelle de partie de lecteur absorbe une parcelle de partie de cette oeuvre, et encore partiellement ?



   Il est difficile de ne pas plaisanter à ce sujet. Les plaisanteries viennent d'elles-mêmes. Nous avons appris depuis longtemps à nous débarrasser par la moquerie de ce qui nous moque trop cruellement. Un génie sérieux viendra-t-il un jour pour regarder en face les petitesses  concrètes de l'existence sans éclater d'un rire obtus ? Et qui saura opposer à ces petitesses sa grandeur ? Eh toi, mon style, trop pétillant, trop léger !



   Remarquons encore (pour boire jusqu'à la lie le calice de la partie) que ces canons et principes de construction auxquels nous sommes asservis sont dus à une partie seulement de la société, et encore une partie très secondaire. Une partie insignifiante du monde, un groupe réduit de spécialistes et d'esthètes, un microcosme gros comme le petit doigt, qui pourrait tenir tout entier dans une seule salle de café, se remue en vase clos et produit des postulats de plus en plus raffinés. Bien pis, ces goûts ne sont même pas authentiques : votre construction ne plaît qu'en partie à ces gens, ils préfèrent pour une plus large part leur propre science en matière de constructions. L'artiste doit-il donc faire tant d'efforts en ce domaine pour que le connaisseur puisse étaler ses capacités ?

   Chut ! Attention, mystère, voici un créateur de cinquante ans qui crée, à genoux devant l'autel de l'Art, en pensant au chef-d'oeuvre, à l'harmonie, à la précision, à la beauté, à l'âme et au triomphe ; voici un connaisseur qui s'y connaît, qui approfondit avec profondeur la création du créateur, laquelle parvient au lecteur - et ce qui avait été enfanté dans une totale douleur est accueilli de la façon la plus partielle, entre un coup de téléphone et une côtelette. D'un côté l'écrivain donne son âme, son cœur, son art, sa peine, sa souffrance, mais de l'autre le lecteur n'en veut pas, ou s'il veut bien, ce sera machinalement, en passant, jusqu'au prochain coup de téléphone. Les petites réalités de la vie nous détruisent. Vous êtes dans la situation d'un homme qui a provoqué un dragon mais qui tremble devant un petit chien d'appartement...
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