Witold Gombrowicz est considéré comme un des plus grands auteurs du XXe siècle, j'ai lu quelques uns de ses ouvrages les plus connus et encensés, comme Ferdyduke, Pornographie et bakakaï, et je viens de terminer ce roman,
Trans-Atlantique. Hélas, l'ensemble de son oeuvre m'échappe, me déroute un peu. Il en va de même pour ce dernier roman à saveur autobiographique. Je suis capable d'en apprécier certaines qualités littéraires mais ce n'est pas le genre d'oeuvre qui m'intéresse particulière. L'histoire ? En septembre 1939, après quelques semaines en mer,
Gombrowicz débarque à Buenos Aires. Presque aussitôt, il apprend que son pays natal, la Pologne, doit se défendre contre l'agresseur allemand. On ne le sait pas encore, mais il s'agit de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs Polonais expatriés se demandent s'ils ne devraient pas porter secours à leurs compatriotes.
Gombrowicz se moque d'eux. À quoi bon ! le temps de rebrousser chemin, ils seront pris derrière les lignes ennemis à l'effort de guerre des Français ou des Anglais. Et l'histoire lui donnera raison, malheureusement !
Pendant le mois qui suit,
Gombrowicz et plusieurs expatriés se la coulent douce à Buenos Aires, dans cette Argentine qui leur propose tous les divertissements possibles, et l'ennui aussi. Dîners, rencontres dans les salons, dans les bars, échanges oisifs, disputes entre amis, etc. Les péripéties de Gonzalo, entre autres, sont assez drôles. L'auteur raconte quelques unes de leurs mésaventures, mais aussi ses échanges avec d'autres personnages, des vieux, qui lui reprochent son inaction, sa débauche, sa moralité discutable son abandon de la patrie. En même temps il veut profiter de sa jeunesse. Sans doute
Gombrowicz était lui-même tiraillé par ces choses.
La petite communauté polonaise forme une société de bien-nantis sclérosée, refermée sur elle-même, dont le regard (ou du moins les pensées) sont constamment tournées vers la Pologne même s'ils n'osent pas l'admettre. D'où la signification du titre :
Trans-Atlantique. Tout a un lien avec ce qui se passe à travers l'Atlantique. Les personnages (et peut-être l'auteur lui-même) ne ressent que de l'indifférence à l'endroit de sa patrie mais, en même temps, ce vide devient difficile à combler selon moi.
Je dois au moins reconnaître que l'auteur a su dépeindre des personnages uniques, faciles à comprendre, ridicules à leur manière mais en même temps attendrissants. Pareillement pour l'atmosphère, à la fois lourde (ils refusent la guerre, tournent le dos à la patrie, certains se retrouvent sans moyens) et légère, du fait des nombreuses péripéties risibles que les exilés subissent et font subir. Il est clair que, du fait que je n'aie pas embarqué totalement dans le délire de
Gombrowicz, je sois passé à côté de plusieurs éléments fort intéressants. Un critique plus objectif pourra sans doute décrire beaucoup mieux le style de l'auteur.