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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Subversif. Révolté ...révoltant? 

L'Agneau Carnivore est une provocation de la première à la dernière ligne.

Imaginez une famille-tombeau: Carlos, le père, un zombie républicain atteint de "mort chronique",  réfugié dans son bureau d'avocat quasi déserté par les clients et  buvant jusqu'à la lie le calice de sa défaite aux accents triomphaux d'une radio franquiste qui lui serine les discours du général honni; Mathilde, la mère, "morte-née ",  théâtrale  et glaciale, jaune comme ses rosiers maudits, qui surjoue la convention, la dévotion, la protection, pour mieux en souligner la dérision, et enfin Clara,  Clara-à- tout- faire, , Clara-à-tout-être, Clara,  robot domestique et dévoué, mais aussi Clara anticléricale virulente et veuve "rouge"dévorée de ressentiment.

Et dans ce tombeau familial, les deux fils , Antonio le grand, le brun, le fort,  et Ignacio, le petit, le blond, le faible- également  Narrateur de ce huis-clos "carnivore".

Deux fils, comme une bombe de scandale contre la norme, un feu  de subversion contre la loi, une proclamation sensuelle contre la mort, un cri contre l'indifférence, une ruade contre la soumission.

Deux fils dynamitant  la règle, la loi, la foi, par la seule arme en leur pouvoir :  l'amour...

...L'inceste!  Une passion cumulant les outrages:  homosexualité et pédophilie-le petit est initié très jeune, par le grand,  au sexe  interdit .

Mais pourtant, dès que cet amour se frotte au monde extérieur,  le scandale est vite étouffé sous peine d'en éveiller d'autres: celui des moeurs d'un clergé tout-puissant dont cet inceste pédophile n' excite pas que  le zèle; celui  des moeurs machistes des couples "normaux" dont les pratiques sexuelles n'ont rien à  reprocher à celles des deux frères amoureux, celui des moeurs de tous les petits collégiens espagnols mis sous cloche  dans des institutions non-mixtes...

Finalement,  l'amour assumé,  éclatant,  provocant des deux frères a presque quelque chose de sain et, en tout cas, de vivant à côté de toute cette hypocrisie,  de cette cagoterie empoisonnée. ..


Ajoutons que ce terrorisme sexuel, un peu anar', un peu surréaliste,   n'a rien d'une métaphore : les scènes de profanation - le baptême, la communion, le mariage- "sentent le soufre", comme dit la mère, pas dupe, et même nettement complice, comme tous les adultes- référents de la maison,  la mère elle-même de plus en plus subversive...

Agustin Gomez-Arcos parle de lui, dans ce livre incendiaire.

De son enfance, de ses amours, de sa famille, de l'Espagne franquiste dont il a dû fuir la censure. L'agneau carnivore est son premier livre écrit directement en français. .même si par ses thèmes,  ses couleurs, ses mots et ses maux, il est si terriblement espagnol.

On pense à un Garcia Lorca enragé,  à un Luis Buñuel romancier.

La langue est beĺle, musicale avec son  leit-motiv- "Elle, maman.. " ou baroque, avec les mille variations des épithètes désignant Clara, l'âme du logis:  Clara-esclave, Clara-muette, Clara-sorcière, Clara-Numance..

Oui, décidément, après avoir été conquise par Ana non, je reste aficionada d'Agustin Gomez-Arcos, même s'il faut dire que ce n'est pas un livre consensuel ...et s'il est même plutôt clivant!

Un grand écrivain espagnol de langue française à découvrir !
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Ce livre se lit sur plusieurs plans et est remarquable à plusieurs titres.La narration, qui se déroule dans l'Espagne franquiste, est tout d'abord un éloge du non-conformisme : la mère que l'origine bourgeoise aurait dû pousser dans les bras du franquisme devient amoureuse d'un communiste et se ruine pour le sauver, les deux frères sont follement amoureux l'un de l'autre. On voit les personnages prendre de l'épaisseur au fil des pages, au fur et à mesure que le narrateur prend de de l'âge : au début du livre, lorsque le narrateur est enfant, la mère est ridicule de conformisme, le père est lâche, la bonne est un robot domestique ; en fin d'ouvrage, le narrateur est arrivé à l'âge adulte, la mère est un exemple de subversivité et de don de soi, le père est un héros à qui l'histoire du pays a joué un sale tour, la bonne est l'âme de la maison ; les personnages gardent néanmoins leurs parts d'ombre et de faiblesse. Beaucoup de passage sont plein d'humour, à l'image de la description de la belle soeur qui a un diplôme de blondeur et d'intelligence, ou des descriptions du confesseur et du professeur particulier. le style d'écriture enfin, élaboré et frappant, me fait penser au style d'un écrivain portugais que j'aime beaucoup, Antonio Lobo Antunes. Il faut cependant savoir que la lecture n'est pas facile, les 2 premiers chapitres notamment doivent être surmontés. Prochaine étape pour moi qui vient de découvrir cet auteur : lire "Ana Non".
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Pour moi, ce livre est un chef d oeuvre; une fois les premiers chapitres passés (le temps de s'adapter au style de l'auteur), on est happé par cette histoire, jusqu'à considérer comme normal ce qui se passe entre ces deux frères.

A lire et relire, ce qui est mon cas
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Espagne, 1974. Après plusieurs années en exil, le narrateur retourne dans la maison familiale dans l'espoir d'y retrouver son frère aîné. Durant cette attente fébrile, il se remémore son enfance et son adolescence. Dans une Espagne oppressée par la poigne de la dictature, hantée par le cauchemar de la guerre civile, sous le toit d'une maison bourgeoise décadente, se dessinent les silhouettes de son monde : sa mère, digne et froide, son père présent mais absent, sa fidèle bonne Clara et son frère-amant Antonio...
Ce roman sent le souffre... Critique sans concession du régime franquiste, de l'hypocrisie sociale et religieuse, requiem aux idéaux perdus, c'est aussi l'histoire d'un amour dévorant entre deux frères.
Si le style est parfois brut et cru, il se fait le plus souvent allégorique voire onirique (ah, ce passage du puits aux papillons !).
Les familles heureuses inspirent rarement de grands romans, les familles malheureuses, elles, peuvent engendrer des chefs d'oeuvre...

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Un style extraordinaire, une histoire touchante...
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Il arrive parfois qu'un livre nous interpelle sans qu'on ne sache rien de lui. C'est ce qui m'est arrivé avec l'Agneau carnivore : une couverture on ne peut plus neutre (j'ai lu le grand format qui a une couverte … blanche), et ce titre, qui m'a tout de suite parlé.
J'ai été séduit par la beauté de la plume et des instantanés, rares pourtant sont les livres où je distingue des images mentales aussi poussées des scènes décrites. le contraste entre la poésie et la pureté de certains moments et l'irrévérence et le scandaleux présents tout du long du récit ne laissent pas indifférent.
Je pense qu'il est très facile de détester ce livre, qui mettra sans doute mal à l'aise beaucoup de monde mais pour moi ça a été un coup de coeur, que je n'explique pas particulièrement mis à part que « ça m'a parlé ». Un peu mystique je sais ! 

Typiquement le genre de livre que je ne conseille jamais à mon entourage malgré le fait qu'il fasse facilement partie de mon top 5 : c'est le livre qui doit aller vers le lecteur et non l'inverse (comme les baguettes) !
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