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L'échelle de Jacob",
Gong Ji-young.
Il est des livres qui sont touchants et qui portent des messages positifs, édifiants. Ce roman en fait partie et son style à la fois léger et au langage riche mène facilement le lecteur sensible vers de multiples cieux. Il y a tout d'abord une culture intéressante, transcrite à travers cette histoire; celle de la partition de la Corée après la seconde guerre mondiale, du déferlement du communisme extrémiste et de l'avènement des dictatures tant au nord qu'au sud. L'histoire aussi du développement, en ces années de guerres, d'occupations et de barbaries, des congrégations de moines Bénédictins et des relations entre l'Allemagne et le Pays du Matin Calme. Il y a aussi la poésie de la description des paysages, situations et personnages, qui même en n'étant point sujet à la synesthésie donne aisément à vivre et ressentir au sein de ce roman.
Mais le thème de ce roman est l'Amour, le véritable Amour. Nous suivons le personnage principal, frère Jean, et deux de ses compagnons de noviciat, dans leur abbaye bénédictine en Corée du Sud de nos jours. le sort, destin, Dieu, hasard, (peu importe, non ?) fera qu'ils devront faire face à des situations qui les amèneront à s'interroger profondément sur la nature de cet Amour. Amitiés, amour filial, désirs, tentations, attentes, ..., pertes, souffrances, tourments, tous ces thèmes sont abordés avec clarté et intelligence, mais contexte de l'oeuvre oblige, à la lumière de la culture chrétienne.
Quelques bonnes phrases, pêchées ça et là :
"Qu'est-ce qui fait le plus souffrir les êtres humains? C'est le doute".
"En général la souffrance nous rend égoïste, alors qu'on peut parfois mieux la dépasser en consolant les autres qu'en étant soit même consolé"
"L'amour arrive tel un orage, sans prévenir; il vient comme ça, un peu comme une rafale surgissant de nulle part quand on se repose, assis à flanc de montagne pendant une randonnée. On dit que c'est à nous de le choisir ou pas. Mais si on peut le refuser, c'est que ce n'est sans doute pas de l'amour, à peine un souffle de vent".
"Par nature, l'amour n'est pas quelque chose de capricieux, car une fois qu'il est là, il ne disparait jamais. La tristesse se dilue, la souffrance finit aussi par être plus diffuse et ne laisser qu'une trace."
Et pour s'accorder avec la douceur de ce livre, un bon Jukro noir Coréen à la saveur si chocolatée