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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il serait naïf de croire que les livres peuvent changer le monde et pourtant, parfois, ils contribuent à l'améliorer. C'est le cas de Les enfants du silence, de Gong Ji-young, paru en 2009 en Corée du Sud, dont le retentissement a été tel qu'il a permis qu'une loi soit votée afin de durcir les peines pour les auteurs d'agressions sexuelles sur les mineurs et les handicapés. L'affaire dont s'est inspirée l'écrivaine coréenne est d'un sordide inimaginable, celle du viol répété d'enfants sourds dans une école privée, au vu et au su de toute une ville corrompue par l'argent. le livre est très documenté et ne lésine pas sur les détails les plus atroces, au risque d'écoeurer le lecteur. Il est certain que la romancière aurait pu sinon édulcorer, du moins faire preuve de moins de précision clinique mais il est évident qu'au moment de l'écriture, qui a dû être pénible, elle était animée par une colère sourde que l'on comprend facilement, notamment à cause du procès inique qui s'en est suivi et de la quasi impunité des tortionnaires. Malgré tout, Gong Ji--Young ne réussit pas tout à fait à mélanger les éléments de fiction, et notamment à faire vivre son personnage principal, autour des faits avérés. Il en résulte un certain déséquilibre dans le roman qui ne saurait cependant pas occulter la réalité, transcrite avec une crudité glaçante, qui explique sans doute que le livre a mis plus de dix ans à être traduit en français.
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Rarement j'ai ressenti autant d'angoisse à la lecture d'un roman...
Il ne s'agit pourtant pas d'un thriller, mais d'un récit tiré d'une histoire vraie, celle d'une école pour enfants sourds où certains élèves sont régulièrement agressés et violés par des adultes de l'établissement, torturés, dans une assurance d'impunité totale, un silence absolu.
Cette angoisse vous prend dés l'arrivée dans cette ville soumise à un brouillard sinistre qui semble vouloir cacher cette école et ses pratiques amorales. On est là dans un décor de film d'horreur !
le protagoniste principal, petit à petit, malgré ses doutes, les pressions sociales gigantesques, va participer de l'éclosion de la vérité, rendre possible les témoignages des petites victimes.. Déjà le roman a la très bonne idée de nous faire grâce de tout manichéisme (on aimerait se dire que les violeurs vont être punis mais on n'est pas ici dans un roman où l'on tient compte de la volonté puérile du lecteur, on est dans dans un roman qui se sert de ce qu'a été une réalité, dans l'un de ces lieux d'enfermement)
Pourtant, quand on a travaillé dans ces lieux où des êtres fragiles sont à la merci de personnes toutes puissantes (prisons, orphelinats, écoles, maisons de retraite, accueil pour personnes handicapées, colo, structures sportives, lieux de cultes, crèche........) la violence est infailliblement là. Il n'existe par exemple pas d'école maternelle sans violence. J'ai travaillé dans nombre de ces lieux, jamais jamais je n'ai trouvé un lieu sans violence : ça fait partie intrinsèquement de ces structures en huis clos, ça fait partie infailliblement de ce qu'est l'être humain.
Régulièrement sortiront des témoignages sur l'une de ces structures (comme dernièrement "les fossoyeurs" de Castanet) des reportages façon Cash Investigation sur France2, on s'épouvantera ailleurs qu'une femme fasse boire à un bébé du Destop pour le faire cesser de pleurer, mais tant que ces structures existeront, tant qu'il n'y aura pas de regard extérieur permanent, de caméra vidéo dans toute salle de classe, on donnera à certains un pouvoir absolu sur d'autres.
Il y a là une telle naïveté chez l'être humain ; je m'étonne de la propension incroyable de chacun à oublier ce dont il est capable. Parce que même si il l'on a pas travaillé dans l'un de ces lieux, la littérature depuis au moins Sade nous a dit ce qu'était l'humain au plus prêt.
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