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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je suis ravie que ce livre soit enfin traduit en français !  

Ce roman de Gong Ji-young est poignant mais aussi glaçant. Nous ressentons de la révolte, du dégoût mais aussi de la compassion. Il nous bouleverse par son histoire et par ce que le roman dénonce. Il est en effet inspiré de faits réels et nous plonge dans l'horreur vécue par de jeunes enfants malentendants : les agressions sexuelles et viols qu'ils ont subis dans une école privée par le principal et deux autres personnes. 

Nous retrouvons ici la plume très engagée de cette auteure coréenne qui met toujours en lumière des faits de société, des causes ou des combats importants pour elle (comme la peine de mort dans « Nos jours heureux » par exemple). 

Gong Ji-young dénonce ici plusieurs choses : tout d'abord les agressions en elles-mêmes, mais aussi la corruption qui sévit à tous les niveaux : les agresseurs ne sont pas tout de suite inquiétés puisque ce sont des personnes haut placées dans la ville, ils écopent de peines légères et continuent d'exercer malgré les horreurs qu'ils ont commises. Inho et Yujin se battent pour faire éclater la vérité et afin que les agresseurs soient punis, mais ils se rendent finalement compte que ce ne sont pas des choses faciles à réaliser. Ils se retrouvent face à des murs : face à la police corrompue, face à des habitants ne voulant pas croire que des « personnes aussi respectées et ayant beaucoup oeuvré pour la ville » puissent faire de telles horreurs, face à des avocats ou à des magistrats n'ayant d'yeux que pour leur carrière et prêts à tout pour avancer. 

L'auteure dénonce également la condition de ces enfants malentendants et des enfants handicapés mentaux : la mauvaise prise en charge au niveau éducatif (des professeurs ne connaissant pas la langue des signes), les mauvais traitements subis, le dédain auquel ils font face, le regard général de la société sur eux : ces enfants n'ont pas l'impression d'exister pleinement en tant que personne. 

J'ai été bouleversée par Inho et Yujin, ces deux belles personnes prêtes à tout pour aider ces enfants. Leur combat est admirable et nécessaire pour faire avancer la société. Yujin, cette jeune femme pleine de force et de courage, mène de front ce combat tout en s'occupant de ses petites filles, dont l'une d'elle à des soucis de santé. Difficile pour la jeune femme divorcée et ayant peu de moyens. Yinho quant à lui est très intéressant : personnage tiraillé par ces convictions d'un côté et par sa famille de l'autre, il a souvent des réflexions passionnantes sur la nature humaine et sur les devoirs d'un citoyen. 

Les petites Yeon-du et Yuri sont très touchantes et courageuses, elles forcent d'ailleurs le respect. 

Gong Ji-young a réussi avec brio à instaurer une ambiance très particulière, et ce dès le début du roman : Mujin, cette ville éloignée, plongée dans une brume épaisse, apparaît comme mystérieuse et inquiétante. L'école est elle aussi drapée dans la brume et se dérobe aux regards, nous donnant l'impression que ce qui s'y passe n'est connu de personne. L'école semble être un lieu inaccessible. 

L'ambiance est pesante, tout comme cette chape de brouillard, et il se forme une sorte de malaise, notamment dès les premières pages avec ce jeune enfant décidé à se suicider. Nous sommes tout de suite « plongés dans le bain ». Les chapitres sont courts, ce qui donne un récit haletant, comme pressé par les événements et par la gravité des choses. 

J'ai également beaucoup aimé cette boucle qui semble être bouclée, ou version plus pessimiste, l'impression de revenir à la case départ avec cette brume qui réapparait à la dernière ligne du récit. le roman s'ouvre et se ferme donc sur ce brouillard épais. 

Gong Ji-young nous prouve ici que la littérature est importante, elle porte des combats et permet de faire avancer les choses puisqu'ici la publication du roman et ensuite l'adaptation en film ont permis de remettre en lumière cette affaire de viol et de faire rejuger l'affaire (et augmenter les peines). 
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C'est suite à une critique élogieuse de ce roman (merci Fuyating !) que j'ai eu envie de le découvrir à mon tour.
Les enfants du silence c'est d'abord l'histoire (hélas vraie) d'enfants sourds placés dans un établissement spécialisé et subissant des agressions sexuelles de la part du principal et de deux autres responsables. Mais c'est aussi le récit de la dénonciation de ces actes et du procès qui suivra.
Les enfants du silence c'est également un récit bouleversant avec des passages à la limite du supportable. J'ai plusieurs fois été obligée de faire des pauses dans ma lecture pour faire redescendre la tension et le malaise que je ressentais. Pourtant très rapidement je reprenais le livre car j'avais envie de connaître la suite.
Lorsqu'on sait que grâce à ce livre et à l'émotion qu'il a suscité en Corée du Sud les peines des agresseurs sexuels ont été alourdies, on se dit que Les enfants du silence c'est aussi la preuve que la littérature tient une place importante dans notre société et qu'elle a le pouvoir de faire évoluer les choses. Elle permet de mettre en lumière des événements importants, des situations révoltantes et des comportements inacceptables qu'il faut faire changer. Un fort sentiment d'indignation m'a habitée pendant ma lecture et m'habite encore une fois le livre terminé. Il y a bien sûr les atrocités commises par des hommes sur des enfants handicapés mais il y a également le déni d'une partie de la population, le refus des autorités compétentes de s'impliquer et même la complicité de certains qui aident à camoufler les faits.
Au-delà du récit et du témoignage de l'auteure, il y a des qualités littéraires indéniables dans ce livre. Gong Ji-young réussit à mettre au service d'une noble cause son talent d'écrivain et c'est tout à son honneur.
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Je venais de lire L'Echelle de Jacob, de cette auteure, et je voulais prolonger ma lecture dans son univers.
Les Enfants du silence est un livre très différent. Ici, quoique oeuvre de fiction, ou roman, il s'agit davantage d'une oeuvre documentariste. Les faits réels sont à la fois les instigateurs de l'élaboration de ce livre et ils sont présents à toutes les pages.
Le côté roman est très réduit. J'y mettrai le personnage du professeur par qui la vérité éclate mais qui par lâcheté, sauvetage personnel, ou familial, n'ira pas jusqu'au bout. L'auteur nous montre ainsi que la pureté n'existe pas, l'innocence non plus, surtout chez les adultes.
La réalité est là et on sait qu'il s'agit d'une "histoire vraie". Des enfants sourds voire aussi atteints de déficience mentale sont dans un centre spécialisé, honoré, financé, médaillé, dirigé par de gros pervers sournois qui violent atrocement ces enfants. Souvent issus de familles peu munies intellectuellement et financièrement. La situation décrite (vraie) est abominable. Abominable est un mot faible.
Puis, grâce à l'acharnement d'une jeune femme responsable du centre des droits (on notera que les autorités officielles de l'éducation nationale ne répondent pas, pensant surtout à leur carrière), le procès des bourreaux a enfin lieu.
L'auteur ne ménage pas ses efforts pour dénoncer la collusion, dans des conflits d'intérêts infinis, multiples, de la justice, de l'éducation, de la police, et des autorités territoriales.
Tiens, tiens, tiens... nous sommes en Corée du Sud dans les années 2010, mais cela résonne à mes oreilles, et me rappelle des histoires vraies, elles aussi, ici, en France.

La partie première du livre, ce qu'il se passe dans l'école, est décrite de telle manière que je n'ai pas trop été émue. Est-ce une volonté de l'auteur ? de rester froide, de décrire, durement ce qu'il se passe ? si c'est le cas, elle a réussi.
La deuxième partie, concernant le procès. Là, ce n'est pas l'émotion, c'est la colère, qui s'exprime contre un tel niveau d'injustice, une telle mascarade, une parodie du pot de fer contre les pots de terre. .
Et malgré ce beau livre qui rend hommage aux petites victimes, je vois tous les jours que les puissants restent impunis en Corée du Sud et ailleurs.
Merci à Gong Ji-young d'utiliser sa belle plume pour livrer ses combats contre l'injustice et pour plus d'humanité.




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« Si on éliminait tous les humains de ce paysage, l'endroit serait un paradis, se dit-il. Un magnifique paradis…vide de sens. »

Le silence, il m'a habité longtemps après avoir terminé la lecture de ce roman. Roman écrit d'après des faits réels. Bien que j'aurais aimé que ça ne soit qu'une fiction, je dois me rendre à l'évidence, les horreurs racontées ici, elles se sont passées. Ce livre a marqué à vie la Corée, et il me marquera sans aucun doute de la même manière.

Nous suivons Inho, un homme au chômage depuis près de six mois dont la femme vient de lui dégoter un poste d'enseignant dans une ville de campagne, Mujin. Son épouse et sa fille restent à Séoul, il part seul. Dès le départ, rien de vas. Cet endroit est étouffé par la brume, qui semble prendre vie en se glissant dans chaque recoin. Une enfant qui disparait dans le brouillard, un autre qui se fait renverser par un train…L'école pour laquelle il va travailler est un établissement privé spécialisé dans l'enseignement des enfants sourds-muets. Inho a appris un peu de langue des signes mais il se rend vite compte que personne ici ne la maîtrise. Les autres enseignants lui crache de faire en sorte que les élèves ne fassent pas de bêtise, mais que de toute façon ils sont trop bêtes pour apprendre quoi que ce soit.
Lors de son premier cours, l'un de ses élèves est en pleurs. Inho apprend que son petit-frère vient d'être renversé par un train. Les enfants sont émaciés, leurs yeux dévoilent une colère mêlée de peur. Quelque chose cloche.
Un jour, une de ses élèves est absente. Il la retrouve le soir en train de se faire malmener par la femme en charge de l'internat. Horrifié, il la sauve de ses griffes et tout commence. Je ne vais pas tout vous dire mais il est question des crimes les plus odieux et inhumains qui soit : l'abus de pouvoir, le viol et la violence sur des mineurs, qui plus est, porteurs d'un handicap.

Ce livre a été un choc, plusieurs fois ma gorge s'est serré, tant l'horreur de ce que je lisais me choquait. Émotionnellement, j'étais à bout après avoir tourné la dernière page. L'injustice, la folie de l'espèce humaine, l'extrémisme religieux, la suprématie indécente de l'argent et du pouvoir étaient là, devant mes yeux. Heureusement, de magnifiques personnages vont se battre avec et pour ces enfants. Tout comme Inho, j'ai senti dans mon coeur un « immense bloc de glace se briser dans un vacarme assourdissant. »

Ce roman est paru en 2009 en Corée et il était grand temps qu'il soit disponible pour les lecteurs français. Plus que jamais, ce genre de lecture est nécessaire. Gong Ji-young raconte ces événements avec beaucoup de fragilité, de force et de justesse. L'autrice dévoile dans leur horreur brute ces immondices jusqu'à alors cachées.

Un roman qui nous rappelle à tous notre condition d'être humain doué d'empathie, dont l'existence est en partie définie par nos actions et notre pouvoir d'aider l'autre.

« Il ne fait qu'un avec ces enfants. Cela compte beaucoup pour lui. Alors qu'il est venu à Mujin à la recherche d'un gagne-pain, il se rend compte qu'une lumière brille en lui, une douce lumière qui confère de la dignité à son existence. »

Un roman à ajouter absolument à votre liste de livres à lire.
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Je viens de terminer, bouleversée, de ce roman tiré de faits réels . Inho, marié et père d'une petite fille accepte un poste d'enseignant que sa femme lui a trouvé par relations, dans un institut pour enfants sourds. Si les événements sont véritablement arrivés, la ville de Mujin, "ville embrumée" est un lieu imaginaire enveloppé de brume, métaphorique de ce qui est caché parce que honteux, inimaginable et pratiquement indicible si ce n'est sous la plume de Gong Ji-young et, lorsque l'atmosphère se détend et apporte un certain espoir, le brouillard se dissipe. Dès son arrivée Inho est saisi d'un sombre pressentiment confirmé par le cri indescriptible que pousse une petite fille en le voyant, par les deux "accidents" mortels survenus en un mois, le pot de vin humiliant qui lui est réclamé, l'impression de dureté et de fausseté du directeur d'étude et du principal, son jumeau. Inho retrouve dans cette ville Yujin, qu'il a connue étudiante dix ans auparavant. Dès son premier cours, il s'adresse en langue des signes aux enfants leur présente un poème de Prévert, l'illustre : les regards des enfants s'éclairent. Au fil des journées Inho découvrent des indices inquiétants, s et viols et des conditions de vies inadmissibles pour des élèves en situation de handicap puis des violences, des viols et des crimes. L'histoire se déroule telle une enquête bouleversante . Il y a les véritables auteurs de ces viols, ceux qui les soutiennent par intérêt car ces criminels sont richissimes. Gong Ji-young met à jour les rouages d'une société aux rouages bien huilés avec les fautes, crimes, complaisances, graves lâchetés, petites lâchetés, renoncement de ceux qui n'en peuvent plus, corruption,misère des victimes et de leurs familles et courage de ceux qui tentent de se dresser contre l'injustice et l'impunité. Yujin s'avère une aide courageuse et indéfectible dans ce combat. Ces faits se déroule dans une Corée où la dictature a été évincée au profit d'une démocratie qui ne peut perdurer sans l'aide de ses citoyens, leur prise de conscience, leur courage et leur lutte contre leurs propres faiblesses humaines.L'ouvrage, "Les enfants du silence" retrace cette bataille bouleversante dont on espère qu'elle va aboutir. Grâce aux commentaires, j'ai appris que, depuis la parution de cette oeuvre, les peines avaient été alourdies et la loi révisée. C'est un livre dur, qui,non seulement émeut les lecteurs mais le rend plus clairvoyant, l'aide à comprendre le fonctionnement d'une micro -société et de la société et, en dépit des difficultés, le fait d'écouter et d'agir même si tout ne se déroule pas comme on le souhaiterait donne un sentiment d'espoir devrait nous rendre à la fois plus apte à appréhender une réalité sombre et complexe et surtout à nous rendre meilleur.
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Livre lu après avoir revu (avec une grande difficulté) le film Silenced, basé sur ce roman.

Comment parler de ce livre, ce film et surtout de cette affaire sans avoir le coeur lourd...
Le roman est tirée de l'affaire "Gwangju Inhwa" de 2005.
Dans le livre, l'auteure a choisie de situer l'histoire dans une ville fictive portant le nom de Mujin. le nom de l'école est Ja-Ae dans le roman.
Dans ce roman, nous suivons Kang Inho, un professeur venu pour enseigner dans une école pour enfants malentendants.
Ce qu'il va découvrir au sein de ces murs est innommables.

Enfants battus, humiliés, maltraités, violés...
Beaucoup de personnes voient, mais ne font rien. Ils préfèrent baisser les yeux, pour ne pas perdre leur travail, garder leur réputation ou simplement par peur.
Mais Kang Inho, ainsi que d'autres protagonistes vont refuser de garder les yeux fermés et de se taire. Ils vont décider de montrer la réalité en filmant les témoignages d'enfants abusés au sein de cette école qui est, en passant, généreusement subventionnée par le pays.

Suivant l'évolution de cette affaire, on observe impuissant, les tragédies qu'ont subit certains enfants mais aussi, l'injustice qui plane constamment.
Nous sommes comme des témoins incapables de réagir face à l'horreur que nous lisons.
On ne peut en ressortir indemne, quand on voit à quel point la loi peut être injuste et surtout, jusqu'où la corruption peut mener certains.
Je suis passée par beaucoup d'émotions au fil des pages.
Incompréhension, dégoût, écoeurement, haine, tristesse...

Comme quand j'ai vu le film, j'ai depuis quelques jours le coeur lourd et la gorge nouée.
Je pense qu'il est nécessaire de connaître ses histoires pour les faire entendre, faire évoluer les choses.

Quand l'auteure a sortie ce livre, cela a permit à beaucoup de prendre conscience de cette affaire et ont souhaité faire changer les choses.
Le film Silenced a contribué fortement à ce chamboulement, car après sa sortie en 2011 (soit 6 ans après que l'affaire ait été jugée), la Corée du Sud a été indignée et a vu l'affaire rejugée. Surtout, chose importante, le livre et le film ont permit de revoir et changer la loi.
En octobre 2011, la loi DOGANI voit alors le jour. Ce qui n'est pas rien.

Malgré la difficulté de l'histoire, les émotions vives ressenties, pouvoir avoir accès à ce genre d'histoire est important.
Je recommande fortement sa lecture.
je rajoute toutefois que si comme moi, vous souhaitez connaître en détail les faits réels, préparez-vous à l'éventualité de faire des cauchemars. Car malheureusement, la réalité est encore pire que ce qui est décrit dans le roman et le film...

C'est une oeuvre difficile, mais utile et importante.
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Les enfants du silence nous conte l'histoire de Inho parti de Séoul pour enseigner dans l'école Ja-ae qui accueille des enfants déficients auditifs. L'école est située dans la ville de Mujin, « baie embrumée » ; la ville est imaginaire mais les évènements racontés ont réellement eu lieu. Inho part travailler dans cette école suite à l'échec d'une entreprise personnelle , loin de sa femme et de sa fille, afin d'exercer son métier d'enseignant. Il est assez surpris qu'on n'exige de lui aucun diplôme spécialisé afin d'enseigner à des enfants en situation de handicap, que la maîtrise de la langue des signes ne soit pas indispensable pour ce poste…
Son arrivée à Mujin est loin d'être sereine : « Il a peur de ce pressentiment sinistre qui le saisit au premier jour de sa nouvelle vie ».
Le premier contact avec le principal de l'établissement est très déplaisant et il ressent très vite un malaise dans l'école : « C'est simplement qu'un calme étourdissant règne ici. Aucun bruit ne filtre. Il se sent oppressé comme s'il se trouvait au fond de l'eau ».
Inho va très vite s'apercevoir que quelque chose ne va pas dans la façon dont on traite ces enfants en situation de handicap et il va vite découvrir ce que cache l'école Ja-ae et tenter, avec une amie avec qui il a fait ses études et qui travaille dans le centre des droits de l'homme de la ville, de venir en aide à ces enfants et de mettre à jour les agissements des responsables de l'école. Commence alors un long et difficile combat avec les institutions locales, les notables bien sous tous rapports fréquentant le club-house et le temple locaux, les représentants de l'ordre, de la justice.
Les enfants, en confiance avec Inho vont parler ; leurs témoignages sur les horreurs subies en huis-clos vont être à l'origine d'une déferlante de plaintes et d'autres témoignages. Puis va avoir lieu un procès et puis quoi ? Les peines seront-elles à la hauteur des horreurs subies et des traumatismes de ces enfants atteints pour certains d'entre eux à la fois de surdité et de déficience mentale et dont les familles démunies pour certaines vont accepter de signer un accord amiable et d'abandonner les poursuites. Inho et Yujin sont-ils des idéalistes naïfs qui pensent pouvoir s'attaquer aux puissants ?
Ce roman est portée par une écriture qui peut-être très poétique et contemplative et l'atmosphère avec ce brouillard omniprésent en est parfois presque surnaturelle.
Dans une note de post-face, GONG Ji-young cite un texte de Paul Eluard recopié dans un vieux cahier alors qu'elle souhaitait devenir écrivaine :
« Rien de plus affreux que le langage poétisé, que les mots trop jolis liés à d'autres perles. La poésie véritable s'accommode de nudités crues, de planches qui ne sont pas de salut, de larmes qui ne sont pas irisées. Elle sait qu'il y a des déserts de sable et des déserts de boue, des parquets cirés, des chevelures décoiffées, des mains rugueuses, des victimes puantes, des héros misérables (…) car la poésie est dans dans la vie. »
GONG Ji-young parvient parfaitement à mettre la poésie au service d'une écriture dédiée aux plus faibles, aux travailleurs, à la condition des femmes, à la maltraitance des personnes en situation de handicap, convaincue que les livres peuvent changer nos sociétés. L'écrivaine y est parvenue avec ce livre, qui a déclenché un séisme en Corée et fait aboutir au changement de la loi.
Une très belle découverte et une écrivaine à suivre.
Un immense merci à la personne qui m'a offert ce livre et qui a deviné combien il me plairait….
C'était une lecture bouleversante.



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Gong Ji-young est une immense romancière coréenne, j'ai adoré tous ses livres traduits avec une grosse préférences pour Nos jours heureux (qui j'espère fera l'objet d'une réédition aux éditions Picquier, le livre étant en rupture de stock). Avec Les enfants du silence, la romancière signe encore une fois un titre fort et sûrement autant que son autre livre susmentionné...

Voilà un roman glaçant, effrayant et nécessaire; un roman qui prouve que la fiction, la littérature peut changer les choses d'une certaine manière. La littérature peut rendre le monde meilleur en dénonçant les horreurs et injustices, peut permettre de réveiller les consciences. Les enfants du silence s'inspire de faits véritables et raconte la terrible souffrance d'enfants sourds victimes de prédateurs sexuels, d'agressions violentes; des êtres qu'on ne veut pas écouter et aider, des êtres réduits à leur seul handicap; des enfants violés, des enfants battus. Rappelez-vous que tout ceci a eu lieu, que tout ce qui est raconté est vrai et que ce roman a permis à la société coréenne de prendre pleinement acte et conscience de ce qui se passait en son sein. le silence face à de telles atrocités ne peut être accepté.

J'ai lu ce livre en apnée, terriblement émue et choquée par tout ce qui était dévoilé, de voir des enfants être traités ainsi, subir autant de sévices sans que personne ne réagisse avant l'arrivée d'Inho, le personnage principal. La fin est poignante et révèle d'autant plus les failles de la justice, les failles de la morale et les conséquences de nos choix, ces choix et regrets qui nous poursuivent toute notre vie. On ne peut pas dire qu'on a "aimé" un tel livre car il met en avant une histoire véridique et effroyable, mais on peut dire que ce roman est poignant; on peut dire que c'est le genre de roman qui change une vie et notre société, qui nous amène vers plus de justice et de lumière.

Gong Ji-young est une romancière talentueuse et courageuse, une des plus grandes de notre époque. Avec ce livre elle donne littéralement une voix à ce que l'on n'écoute pas, elle ouvre nos yeux, nos oreilles et surtout notre coeur à la détresse d'autrui et cela permet de démontrer que la force de la littérature repose sur cette faculté à frapper ce qu'il y a de plus fort en nous, de faire appel à notre humanité.

En définitive, Les Enfants du silence est le roman le plus déchirant que j'ai pu lire jusque là dans cette rentrée littéraire et je ne peux que vous le conseiller.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Ce livre, je l'attendais avec impatience pour son thème : la maltraitance des mineurs handicapés et parce que j'avais découvert il y a peu la magnifique plume de cette formidable autrice Gong JI-young avec L'échelle de Jacob. Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est à la bombe qui explose dès que vous l'ouvrez. J'avais beau savoir qu'il avait eu des répercussions telles qu'il avait changé la loi coréenne sur la répression des violences sexuelles sur les mineurs handicapés je n'étais malgré tout pas préparée.

L'histoire :

La force de ce récit est qu'il prend racine dans des événements vrais, qui ont réellement eu lieu.

Inho est un jeune père de famille qui a fait faillite il y a peu et dont sa femme lui trouve un poste de professeur dans une bourgade éloignée de Séoul. Il arrive donc seul dans cette petite ville coréenne, un soir de brouillard et plonge de suite dans une atmosphère lourde. Pire, lorsqu'il se présente comme nouveau professeur dans cette école privée, chargée d'accueillir de jeunes enfants sourds, il se fait accueillir vertement par les dirigeants. Prenant son mal en patience, il prend à coeur son nouveau métier et découvre assez rapidement que les enfants de cet institut sont victimes d'abus sexuels depuis des années, avec la complicité de certains professeurs, de la police, de la mairie, ...
Des enfants réduits au silence d'autant plus facilement qu'ils sont atteints de surdité. Un long combat s'engage afin que justice soit rendue.

Ce que j'en pense :

Ce livre, plus qu'un coup de coeur est à classer dans les indispensables. Je connaissais son thème mais j'avais refusé de lire la quatrième de couverture pour me laisser un maximum de surprises. En avançant dans la lecture et en me prenant cet uppercut, j'ai réalisé qu'il s'agissait bien d'une réalité basée sur des faits documentés ce qui donnait au texte une force poignante.

C'est un livre qui me hantera longtemps car il crée une forte émotion. Il faut dire que les personnages Kim Yeon-du et Yuri et Minsu sont terriblement attachants et ce n'est pas qu'on compatit mais on est pris d'horreur face à leur sort.

Puis, il fait réfléchir sur des sujets qu'on n'a pas l'habitude d'aborder et le viol sur mineur en est un, qui plus est quand ils sont handicapés. Quels moyens ont ces enfants placés en institution de combattre la violence qui leur est faite par l'autorité quand même leur famille les a abandonné ? Si on prend du recul par rapport aux livres on peut s'interroger sur la façon dont sont traités en général les personnes handicapés, mineurs ou pas.

C'est aussi un formidable révélateur du mode de fonctionnement de la société coréenne.

Ce roman poignant a suscité un séisme dans la société coréenne et un changement législatif la loi Dogani, votée en octobre 2011 qui supprime le délai de prescription pour des agressions commises sur des enfants en dessous de treize ans et les femmes handicapées et augmente les peines de prison.

" Nous étions les véritables sourds puisque nous avons été incapable d'entendre leur souffrance. "

Lien : https://depuislecadredemafen..
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Les violences et maltraitances sur les personnes en situation de handicap ne sont pas rares. Elles sont d'autant moins rares que se sont des populations isolées, qui parfois ne comprennent pas les violences dont elles sont victimes et ne parlent pas.

C'est ce que vous trouverez dans ce roman. Une histoire poignante, au sujet d'enfants sourds, en institut, en Corée. C'est une histoire réelle, avec des noms de lieux et de personnages modifiés. Il provoquera le durcissement des peines à l'encontre des agresseurs sexuels.

Le résumé nous livre la moitié de l'histoire. Nous savons où nous mettons les pieds. Nous avons que des passages seront plus difficiles à lire. Évidemment, puisqu'il est question d'attouchements, de viols et de sévices. Âmes sensibles, s'abstenir. Mais je n'étais pas au bout de mes peines. Les témoignages des enfants sont glaçants malgré la pudeur du texte. Toutefois, le plus douloureux ici, a été le procès qui s'en est suivi. de nouvelles maltraitances, de la malveillance, la pression et l'appât de l'argent, le tout sous le regard de tous. de quoi être dégoûté de l'espèce humaine. Jusqu'au moment du verdict et où l'on se demande qui sont les sourds? Mais surtout les aveugles.

Vous l'aurez compris, c'est puissant. Si vous n'avez pas peur de vous confronter à cette cruauté, foncez.
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